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La très documentée ségrégation à l'encontre des peuples autochtones perpétrée par les Etats-Unis d'hier et d'avant-hier ainsi que les errements coloniaux des vieilles nations européennes épargnèrent sans doute pendant longtemps au Canada l'image d'un pays impérialiste. Désormais, nul ne peut ignorer les pages sombres de l'histoire de ce pays dont j'avoue avoir longtemps eu une représentation irénique. Joseph Boyden, fier d'une ascendance pluriculturelle, est un de ces artistes qui oeuvre à la reconnaissance des spoliations dont furent victimes les minorités ethniques de sa patrie. Minorité ? Un terme éloquent puisque nous parlons là d'une civilisation qui peuplait le continent depuis des millénaires et manquât de disparaître entièrement en une poignée d'années. D'ailleurs, l'emploi du passé simple mériterait d'être interrogé tant les conséquences d'une politique brutale d'assimilation sont encore douloureusement observables. Les suicides ou la consommation de drogues légales ou illicites sont les signes les plus tragiques. Mais les atteintes écologiques par le biais de la prédation capitaliste sur les ressources des immensités glacées sont d'autres violences qui pèsent aujourd'hui sur ceux que nous appelons injustement les Indiens. Dans ces treize nouvelles, Boyden célèbre la richesse des cultures autochnones mais surtout, il évoque tous les abus qu'elles subirent et donc subissent. Quelques unes de ces nouvelles sont ironiques, dressant des portraits tendres de rêveurs confrontés à une altérité souvent menaçante. Généralement, ces nouvelles narrent des tragédies où drogues, abus sexuels, spoliation sont de mises. Toutes ces histoires ont en commun d'être écrites avec précision. le style de Boyden est limpide même si ses thèmes, hélas, sont sombres.
Parmi ces treize nouvelles, j'ai un faible pour le jeune garçon qui se rêvait catcheur et pour la jeune fille sucre : dans cette « légende », Boyden déploie tout son art pour dénoncer le drame de la perte d'identité.
Tout au long du livre, Boyden, talentueux défenseur des opprimés, donnent une voix à des êtres déboussolés. le livre, construit comme un panorama qui suit les points cardinaux, se termine par le Nord. Les quatre dernières nouvelles mettent en scène une même histoire vécue par des acteurs différents. Dans cette splendide et quoique cruelle apothéose, l'écrivain sème, par la voix d'un vieux guérisseur, quelques graines d'espoir qui laisse à penser qu'un jour, l'humanité sera plus sage et plus éclairée. D'un océan à l'autre, il reste encore du bouleau !
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LÀ HAUT VERS LE NORD de JOSEPH BOYDEN
13 nouvelles réparties Nord Sud Est ouest.
Né avec une dent, mi Cree, mi Obijwa apprivoise un loup qui sera tué par un trappeur et la peau vendue à son professeur amant de sa soeur.
La vie s'écoule, mouches noires au printemps, chasse aux cerfs en hiver et désormais le Bingo Palace source de discorde entre les anciens et les jeunes indiens.
Trois copines avaient créé un groupe musical punk, abandonné depuis longtemps mais Jenny Two Bears, sans prévenir ses amies a signé un contrat pour un concert en envoyant une fausse cassette…
Langue Peinte est un mendiant, paumé, alcoolique, il assiste à un meurtre, il se souvient d'avant avec son pote, il voudrait voler, monter sur la tortue à l'origine du monde.
Dink est orphelin, un jour au retour de Toronto il poignarde Antoine, homme médecine et dit qu'il est devenu un Bear Walker, qu'il peut se transformer en animal à volonté!
Silvana en a marre de sa vie sur l'île, largue ses filles à sa mère et part avec le pilote d'hydravion, déception et alcoolisme à l'arrivée, piteux retour quelques semaines plus tard.
Et il y a Noha qui veut être catcheur, et cette petite fille Cree obligée d'aller à l'école des blancs et va devenir la Fille Sucre, et encore Rémi déficient mental qui travaille sur un projet de barrage, devient un Garçon Grenouille ou Linda qui s'est suicidée , un prêtre désespéré et enfin Joe le Cul de Jatte ivrogne qui bat le tambour à l'enterrement de Linda.
13 très belles nouvelles servies par cette écriture simple qui sait nous faire vibrer, nous entraîne dans les méandres de la vie de ces indiens déchirés entre modernité et traditions, entre jeunes et vieux, dans des réserves où ils sont souvent parqués sans espoir.
Joseph BOYDEN est l'auteur également du Chemin des Âmes.
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Plus que des nouvelles, ce sont des chroniques de la vie dans une réserve amérindienne qui s'offrent ici.
Une réserve dans laquelle traditions et modernité ont grand mal à cohabiter. le mal-être est profond, les histoires douloureuses, les modes de vie bouleversés (« Fille sucre » en est une triste illustration)
Tel un bon reportage, le recueil propose une grande variété des points de vue. Femmes, enfants, vieillards : l'auteur se glisse avec une grande aisance dans chacun de ses personnages.
Une grande variété de thèmes aussi : de la protection de la nature (« Abitibi Canyon », avec une lutte contre la construction d'un barrage particulièrement touchante) aux ravages de l'alcool (« Langue Peinte ») en passant par les rêves de gosse (« Kumamuk », étonnant récit initiatique d'un jeune garçon fasciné par une équipe de catch).
J'ai enfin eu une admiration toute particulière pour le dernier chapitre, « Nord », dans lequel les quatre nouvelles se répondent, à la manière d'un roman choral.
Après le splendide roman « Le Chemin des Ames » et le poignant « Les Saisons de la Solitude », cet auteur ne me déçoit décidément jamais.
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Joseph Boyden est la voix des Indiens. La plongée au sein des réserves Cree du Canada ne se fait pas sans douleur. Délinquance, drogue, alcoolisme, misère, le quotidien des hommes et des femmes n'est pas joyeux et pourtant l'auteur arrive à nous attendrir, à nous émouvoir, à glisser quelques sourires au milieu de nos larmes de rage.

Bien sûr, ce que les représentants de la religion catholique ont fait dans les pensionnats est abordé, notamment (mais pas seulement) à travers une nouvelle remarquable, Joe Cul-de-Jatte contre la Robe Noire, à la fois tragique et comique. Lorsque le narrateur joue de son tambour dans l'église, le lecteur frémit de tout son être et communie avec les Indiens dans une célébration funèbre extraordinaire. L'écriture magique de cet auteur nous immerge totalement dans un monde pourtant très éloigné du nôtre de telle manière que nous avons l'impression de participer, nous sommes au milieu des Indiens, nous sommes Indiens.

Terribles sont certaines phrases qui font écho à celles déjà lues ou à celles entendues dans le documentaire cité plus bas :

« Sam a le même rêve récurrent que moi. Il me l'a dit un jour. Les marches qui grincent dans la nuit quand le père McKinley monte au dortoir, mes yeux écarquillés de peur qu'il ne me choisisse encore cette nuit. »

Parfois les nouvelles se répondent les unes aux autres, d'ailleurs celles de la dernière partie qui évoquent les membres d'une même famille, forment comme un petit roman. D'un même événement, l'auteur nous propose des approches différentes. le croisement des regards donne de l'ampleur au message.

La Légende de la Fille Sucre montre de quelle manière les indiens ont été pervertis par la colonisation.

« Les Blancs ont apporté bien des choses aux Indiens. Les fusils, les moteurs hors-bord. La télévision. le café. le Kentucky Fried Chicken. le hockey sur glace. Les jeans extra large, les casquettes de base-ball. le rock'n roll, la cocaïne. Mais il y a un présent dont on ne parle jamais. »

Certaines paroles, comme celles de Soeur Jane sont tellement justes qu'on ne peut que les adopter :

« N'oubliez pas, Père Jimmy, qu'il n'y a pas si longtemps, ce peuple vivait en autosuffisance. Les jeunes d'ici sont écartelés entre ce qui n'est plus et ce qui n'est pas encore là ; entre tout ce qui fait leur identité de peuple et tout ce que nous leur demandons de devenir. »

Entre la femme qui tombe amoureuse d'un loup et l'homme qui se transforme en ours ou en corneille, entre celle qui tire les boules du bingo et le groupe féminin punk qui se reforme, l'auteur parvient à croiser spiritualité des traditions ancestrales et réalisme d'un quotidien difficile dans les réserves mais où l'espoir est permis.

Et parfois une lumière, une bouffée d'air, un petit garçon rêve de devenir catcheur et son regard innocent illumine tout à coup ce sombre tableau.

Ce recueil de nouvelles fait écho à l'excellent documentaire Tuer l'indien dans le coeur de l'enfant diffusé sur Arte et participe à mettre en lumière ces peuples malmenés.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Joseph Boyden est décidément un conteur hors pair... preuve en est une nouvelle fois avec ces 13 nouvelles composant "Là-haut vers le Nord" regroupées selon les 4 points cardinaux.

Qu'il évoque un groupe punk rock féminin ("La faute de Jenny Two Bears"), un jeune garçon fasciné par les catcheurs ("kumakuk"), ou un attentat contre un barrage ("Abitibi Canyon"), Boyden nous offre de magnifiques petits récits, émouvants, pleins de sensibilité et d'humanité. Des histoires possédant également une certaine mélancolie, car il s'agit de relater la situation peu enviable des indiens crees du côté de la Baie James, aux confins de l'Ontario. Alcoolisme, violence, chômage, les maux sont nombreux, les différents personnages peuvent en témoigner. Mais les récits ne sont pas larmoyants, il existe une petite lueur d'espoir dans chacun d'entre eux.

Je ne suis pas véritablement, à la base, un adepte des nouvelles, mais la qualité de celles formant "Là-haut vers le Nord" ne peut que me faire changer d'avis !
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Des nouvelles de la vie dans le Nord, des textes vivants, avec le poids du réel et l'énergie du spirituel.

Joseph Boyden décrit sans complaisance les problèmes des communautés autochtones du Nord de l'Ontario. Qu'il s'agisse des enfants enlevés à leurs parents pour les envoyer dans les pensionnats, des abus sexuels, de la consommation d'alcool et de drogue et même des jeunes qui sniffent de l'essence. Car non, la vie n'est pas facile pour ces jeunes « écartelés entre ce qui n'est plus et ce qui n'est pas encore là ; entre tout ce qui fait leur identité et tout ce que nous leur demandons de devenir. » (p.260)

Dans cette série de nouvelles, on trouve des drames, mais on y trouve aussi un peu de l'esprit de ces peuples, la solidarité, l'amour des parents pour leurs enfants, et parfois une étonnante résilience.

Je croyais que j'avais été touchée par ces récits parce que je suis déjà allée à Moose Factory, j'ai vu le barrage de la rivière Abitibi et j'ai vu danser une petite fille avec sa robe à clochettes. Mais au regard des critiques d'autres Babeliotes, je crois que j'ai simplement été touchée par l'humain, par la qualité de l'émotion et de l'écriture de l'auteur.
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Un très beau livre témoignage sur les indiens d'Amérique, plus précisément la tribu des Cree, au Canada. Des histoires d'hommes et de femmes vivants dans des réserves que les blancs ont inventées pour anéantir leur culture.
Joseph Boyden, avec une belle et riche écriture, nous fait entendre le point de vue de ce peuple à l'agonie, mais dont la force de vie est incroyablement présente et résistante.
C'est très triste de voir et de comprendre comment un peuple peut être anéanti, en séparant les enfants de leur parent, en utilisant la force et la violence, en introduisant l'alcool et la drogue, et comble de l'ironie, la parole de Dieu !
Un livre à lire et à relire, certainement.
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Joseph Boyden poursuit sa réflexion et nous fait découvrir à travers ses nouvelles la froide réalité de la vie dans les réserves pour les communautés Amérindiennes. le constat est accablant : drogues, violences, alcoolisme, suicide chez les jeunes.. la liste est longue et la souffrance de ces peuples Indiens réveille nos consciences abasourdies par tant d'inégalités aujourd'hui encore au Canada. Jamais plombantes malgré ce douloureux sujet, les nouvelles nous amènent, grâce à la puissance d'évocation de l'écriture de Boyden, à sublimer ce quotidien sinistré pour y retrouver ici et là les oripeaux d'une civilisation brillante qui a connu son âge d'or avant l'arrivée de l'homme blanc et son cortège de malédictions. le catholique que je suis ne peut que réfléchir aux nombreux dégâts apportés par la religion en ces contrées où on les traitaient ces hommes en éternels mineurs sans réelle conscience. Les destructions apportées à leurs cultures sont majeures, mais aussi les affres d'une existence sans but, sans horizon. Qui sont-ils ces autochtones comme on les appellent ? Les portraits dressés par Joseph Boyden nous offrent le visage d'une Amérique du Nord qui peine encore à donner une juste place aux peuples Amérindiens. « Là haut vers le Nord » confirme s'il en était besoin le talent de son auteur. Sublime.
Lien : https://thedude524.com/2015/..
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Il y a quelques années déjà que j'ai lu mon premier Joseph Boyden et, après ce quatrième roman, mon enthousiasme n'a pas du tout fléchi. Ce « jeune » auteur, même s'il est passé de la saga historique au roman plus moderne, il a toujours su donner une voix aux Amérindiens. Là-haut vers le nord ne fait pas exception, à la différence près que ce sont des voix multiples qu'il propose aux lecteurs. Ce recueil, divisé en quatre parties (est, sud, ouest et nord) avec leurs thèmes propres, elles-mêmes comprenant trois ou quatre nouvelles.

À travers ses personnages sensibles, Joseph Boyden jette un regard lucide sur les communautés amérindiennes de l'Ontario. Loin des stéréotypes et des clichés (quoique certaines sont plus difficiles à éviter, comme ce conseil qui débat sur ouverture potentielle d'un casino) mais aussi des complaisances. Quelques sont des alcooliques, d'autres des profiteurs. Mais même eux nous font pitié. En fait, particulièrement. D'autres ont été malchanceux depuis le début, souffrent de maladie, d'ignorance, de laisser-aller, du chômage. Tout n'est pas sombre ni misérable, quelques uns gardent leur dignité malgré les difficultés. L'espoir existe encore.

Cet ensemble de destins brisés, de rêves et d'espoirs vains, d'amour perdu d'avance, de désillusion, il est touchant. Et on ne cherche pas des coupables. Ni les Blancs qui auraient perverti les Amérindiens, ni ceux-ci d'être responsables de leur sort. Joseph Boyden raconte le présent, un point c'est tout. Certains pointent du doigt le matérialisme occidental mais ce nouveau démon a pris bon nombre d'Amérindiens. Plusieurs jeunes se détournent des traditions ancestrales. Sans oublier l'alcool et la drogue qui font ravage. Et la pollution, aussi. le monde est changeant, tourne comme les saisons, alors il faut s'y faire.

Je ne suis pas un grand lecteur de recueil de nouvelles mais Là-haut vers le nord m'a accroché. La plume du talentueux Joseph Boyden y est pour beaucoup. En peu de mots, il réussit à rendre vivant ses personnages, dont certains sont très colorés sinon attachants, puis à bien nous les faire connaître (il faut dire que plusieurs reviennent d'un nouvelle à l'autre, plusieurs histoires se déroulent au même endroit). Ce voyage vers des contrées peuplées d'Amérindiens est une bouffée d'air frais, d'originalité.
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Quatre points cardinaux, treize nouvelles qui forment le cercle, un rythme dans l'écriture qui vous prend aux tripes, le chant du tambour ne peut que vous ravir. Joseph Boyden chante la communauté indienne sans se voiler la face, sans tabous , sans à priori mais tout est dit et si bien dit.
Magie, poésie antidotes de violence et alcoolisme . Une fois de plus je ferme ce livre avec le regret de le voir terminé . le chemin des âmes m'avait conquise Là-haut vers le Nord me confirme l'immense talent de Joseph Boyden . A lire et relire sans modération ...
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