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EAN : 9798397990929
263 pages
Auto édition (16/06/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Un homme grand et musclé, vêtu de noir et portant une cagoule le frôla brusquement en remontant précipitamment la colline en sens inverse. Mais le blond entendit bientôt d’étranges gémissements plaintifs provenant de l’arrière d’un rocher.
Balthazar le contourna et alluma la torche de son smartphone pour découvrir un jeune au visage ensanglanté gisant sur le sol et qui avait l’air mal en point :
— Romain ? s’écria-t-il. Que fais-tu ici ? Qui t’a arrangé dans cet état ?
Le grand jeune homme blond leva ses grands noirs vers lui et prit un air dépité dès qu’il le reconnut :
— Il ne manquait plus que ça ! pesta-t-il. Ça te fait plaisir de me voir ainsi, n’est-ce pas ?
— Tu n’arrives pas à te relever ?
— Il m’a pété la cheville, l’enculé, je n’arrive plus à tenir debout !
— Mais de qui parles-tu ?
— Le détraqué en noir, avec une cagoule, bordel ! Tu l’as pas vu ? J’étais assis sur ce rocher. Je regardais la mer et… Le type m’a attrapé par les cheveux et je suis tombé le cul par terre. Il s’est défoulé sur moi, à coups de pied et de poing. J’ai pas eu le temps de dire « ouf ». Il m’a juste défoncé ! J’ai essayé de me relever, mais ma chaussure s’est prise dans une faille de la roche. J’ai le pied dans le vide ! Il t’a entendu approcher et il s’est tiré, le bâtard !
— Qu’est-ce que tu fichais ici ? Tu ignorais qu’on trouve de tout dans les lieux de drague ?
— C’est pas ce que tu crois. Je ne venais pas ici pour ça ! Tu sais bien que Clément habite juste au-dessus ! Je lui ai envoyé des Snap, des SMS, la panoplie complète ! Il n’a même pas répondu ! Alors… Je sais pas, j’espérais juste qu’il…
— Qu’il quoi ? Tu en as après ses médicaments, c’est ça ?
— Oh ça, non ! Je préfère la MDNA, c’est moins fort. Avec son truc, c’était trop la zone. L’autre jour, je me suis fait un trip à l’envers, j’ai tellement dégueulé, j’ai cru que j’allais carrément crever ! Et puis ça bousille la libido aussi. J’arrive même plus à bander avec ses trucs…
— Bon, on te sort de là, ou tu comptes me raconter tes misères toute la nuit ?
Romain poussa un petit cri en essayant de se relever :
— Putain, ça fait trop mal !
— Je crois bien qu’on va devoir amputer jusqu’au nombril, plaisanta Balthazar. Finies les branlettes au clair de lune !
— Tout de suite ! Vous, les gays, vous êtes vraiment tous de gros obsédés ! Il n’y a que la bite qui vous intéresse ! pesta-t-il. Si je force un peu, je peux sortir mon pied, mais je risque de perdre ma basket et je vais me faire défoncer à la baraque par ma reum !
— Si tu préfères, je vais chercher une scie à métaux. On pourra toujours essayer de sauver la basket, poursuivit Balthazar un brin moqueur.
Il s’agenouilla pour passer le bras de Romain autour de son cou et le soulever d’un mouvement brusque :
— Eh ! C’est horrible ! Tu es sadique, ou quoi ? Tu veux te venger ?
Voyant que cette stratégie ne fonctionnait pas, Balthazar s’agenouilla au pied de l’adolescent. Il parvint à passer deux doigts entre la cheville déjà enflée et la roche qui l’emprisonnait. Il ramassa un morceau de bois et racla le minéral qui s’effrita bientôt. Après une dizaine de minutes de ce travail acharné, Romain put enfin sortir son pied :
— Et en plus tu as sauvé ma basket ! Tu es trop fort ! s’exclama Romain, reconnaissant.
— Ça n’a jamais été que ma seule ambition, continua Balthazar. Ça va ? Tu penses réussir à marcher un peu, ou je dois convoquer l’armée et le GIGN ?
— Non, ça va aller, répondit-il en boitant. Par contre, tu habites loin d’ici ? J’ai pas mal saigné et si je rentre avec le tee-shirt plein de sang, ma mère va encore croire que je me suis battu ou que j’ai replongé dans la came. Elle va me décalquer et me saouler pendant au moins une semaine ! Je pourrais me nettoyer vite fait chez toi ? Promis, j’en foutrai pas partout !
Balthazar observa l’adolescent admettant que si ses excès l’agaçaient, il ne pouvait pas pour autant abandonner le meilleur ami de Clément dans ce lieu de drague alors qu’il venait d’être agressé.
— C’est bon, mais on ne traîne pas, je travaille demain. Il faudra que tu ailles porter plainte. C’est peut-être une agression homophobe !
— Homophobe ? Je ne suis pas gay. Je ne peux pas porter plainte pour ça ! Sinon je vais passer pour un pédé !
Ils gravirent la colline qui semblait encore plus aride que lorsqu’il l’avait dévalée.
— Alors comme ça tu te drogues souvent ? questionna le plus âgé.
— Oui, j’aime bien me défoncer, rétorqua l’adolescent, comme si ce n’était qu’un trait de caractère anodin. Et ce n’est pas la peine de jouer les choqués ! Vous les gays, vous faites dix fois pire. Vous prenez du poppers pour vous en mettre plein le trou. Et le chemsex, c’est pas un traitement contre la grippe ! Faut pas me la raconter, à moi.
— Je ne te juge pas Romain, tenta de le rassurer le blond. C’est juste que tu es un beau garçon, en bonne santé, tu n’as aucune raison d’essayer de fuir la réalité à tout prix.
— Ma vie m’emmerde, continua le jeune homme. Je n’ai pas d’argent, pas d’avenir, personne pour m’aider ou me pistonner… Tu sais, une fois, on en parlait avec Clément et nous sommes arrivés à la conclusion que je suis son négatif. Il est brun, je suis blond. Il a de beaux yeux gris bleuté et les miens sont noirs Il sera bientôt riche et moi je ne serai jamais qu’un cassos. Il est brillant, moi je suis con et buté. Je suis un nid à embrouilles. Je suis nul au lit, je le sais, on me l’a déjà dit, deux fois. Y a pas d’embrouille, c’est comme ça. Dans les soirées, je suis celui qu’il ne faut pas inviter…
— Tu as encore beaucoup à apprendre avant de savoir te vendre correctement… Tu as le droit d’évoluer et de ne pas répéter toujours les mêmes erreurs. Il y a des choses qui s’apprennent.
Ils longèrent la maison de Clément et chacun s’enfonça silencieusement dans ses pensées respectives, comme si cette demeure imposait le respect...
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Chaque soir, Balthazar s’arrêtait chez sa mère, un brin aigrie et cynique. Elle vivait seule depuis trop longtemps dans une jolie maison de pêcheur multicolore, avec un petit jardin donnant directement sur la mer, dans le vieux village. Ulysse, son vieux chat de gouttière trônait dans la demeure, tel un prince acariâtre, crachant et griffant tout le monde, au gré de ses humeurs. Il exigeait un filet de poisson quotidien et seule sa maîtresse pouvait le caresser.
— Ça va, Maman ? Louise t’a apporté des oursins et j’ai acheté tes magazines.
— Je n’en veux pas, lâcha-t-elle sèchement. Et je te défends de les donner à Ulysse ! L’évier de la cuisine est encore bouché, se plaignit-elle pour la centième fois.
— C’est parce que tu ne vides pas correctement ton assiette dans la poubelle avant de la laver.
— Bien sûr que si ! répondit-elle en s’approchant, traînant les pieds dans ses patinettes comme si elle effectuait du ski de fond.
Alors qu’il dévissait le siphon de l’évier, Ulysse s’approcha de Balthazar, avec son air supérieur, conscient qu’il avait une meilleure place auprès de sa maîtresse que lui.
Des haricots verts, des petits morceaux de papier, et un bout d’os de poulet tombèrent dans la bassine que Balthazar jeta aux toilettes, sans faire de commentaires.
— Tu ne restes pas manger ? demanda la mère, sur un ton de reproche, tout en attrapant un magazine de ragots mondains.
— Non, je n’ai pas très faim, Maman.
— C’est Louise qui t’a encore coupé l’appétit, en te racontant ses histoires de fesses avec tous ses amants. Tu peux reprendre ses oursins. Je n’ai vraiment pas envie de me retrouver aux urgences avec une maladie vénérienne.
— Tu exagères. Louise est une fille généreuse, réfléchie et attentive, même dans les coups durs. Elle pense toujours à toi. Ses oursins ont été péchés ce matin. Elle sert aujourd’hui les mêmes aux clients de son restaurant.
La mère leva les yeux de son magazine, comme pour lui signifier que cela ne la rassurait pas. Elle changea de sujet :
— Tu as vendu quelque chose ?
— Non toujours rien.
— Il faut peut-être penser à changer de voie, avant de boire le bouillon, mon petit. Tout le monde n’est pas fait pour le commerce. Et dire que tu voulais transformer l’annexe de ta galerie en salle de spectacles. Tu as enfin payé ton URSSAF ?
Honteux, Balthazar évita son regard et s’approcha d’Ulysse pour se donner une contenance, mais ce dernier cracha devant sa main avant de se tourner pour lui exposer son gros postérieur.
— Va chercher le carnet de chèques dans le petit bureau à côté de la télévision, lui dit sa mère. Ça ne me dérange pas de payer tes charges, c’est juste ton héritage qui part en fumée en entretenant les feignasses de fonctionnaires. Moi, l’argent, tu sais…
Le fils se sentit misérable de se rabattre sur le trésor de guerre de sa mère. Mais avait-il d’autre choix ?
Sa mère lui signa un chèque en blanc.
— Inscris le montant nécessaire pour te remettre à flot et pose-le sur ton compte, dit-elle après avoir signé le document d’un geste désinvolte. Tu sais bien que ton père avait fait le nécessaire… Et puis je n’aime pas te voir ainsi. Tu es comme moi, tu n’as jamais su être pauvre.
Le fils plia soigneusement le gage de sa liberté retrouvée et le rangea méticuleusement dans son portefeuille. Puis il embrassa le front de sa bienfaitrice et repartit chez lui à pied en profitant du léger vent du soir qui rafraîchissait l’atmosphère en faisant glisser nonchalamment les nuages bas et nombreux.
Balthazar habitait dans un petit pavillon construit sur le toit d’un immeuble offrant une vue imprenable sur la mer. Il disposait d’une grande terrasse avec de très nombreuses plantes, fleurs, arbustes et même un olivier qui trônait au coin, tel un trophée érigé vers le ciel. Pour couronner le tout, aucun vis-à-vis ne nuisait à son intimité.
Souvent le soir, il prenait une douche, avant de lire nu, sur une chaise longue, à l’abri des regards, loin du tumulte de la ville, entouré de ses innombrables plantations où chantaient les cigales.
Il cherchait justement un peu de littérature pour accaparer ses pensées dans ses piles d’ouvrages. Il venait de terminer « Les Amours contre nature », car il ne vivait plus ses histoires d’amour qu’à travers les livres. Et c’est à ce moment qu’il tomba sur un vieil album de photos, sur la couverture de laquelle figurait Marcus, torse nu, posant avec son sourire ravageur qui charmait toujours son entourage.
Il en tourna aussitôt les pages avec une nostalgie et une tristesse qui l’accompagnaient depuis trop longtemps.
Son ex était un bel homme brun au teint mat, avec un corps musclé et velu. Il avait longtemps travaillé comme steward pour Air France. Ses déplacements incessants avaient eu raison de sa fidélité. Après de larmoyants regrets suivis d’excuses sincères, le Don Juan avait recommencé quelque temps plus tard. Puis ses écarts exceptionnels s’étaient transformés en vie cachée, pour finir en raison de vivre. C’est au cours de ces soirées festives, à tenter de tromper sa solitude, qu’il avait goûté aux plaisirs dangereux des paradis artificiels qui transforment tout en poudre, ou en poussière. C’est cette seconde option qui avait achevé prématurément son destin si prometteur.
En rentrant d’un week-end parisien, Balthazar avait retrouvé le corps froid de son amant étendu sur une descente de lit, à la fois désemparé, choqué et traumatisé, par toutes ces révélations successives. Les tromperies, les drogues, la mort, l’abandon, l’absence, le deuil interminable.
Pendant quelques semaines, Balthazar n’avait survécu que grâce à des antidépresseurs qui l’empêchaient de ressentir le moindre sentiment.
Sa vie à lui était devenue d’une platitude magistrale. Mais il valait mieux supporter l’ennui que de tenter d’affronter l’impensable vérité qui le rendait responsable de cette tragédie.
Balthazar referma l’album d’un claquement sec et le rangea avec la sensation que cette torture mentale n’avait que trop duré.
Nu, avec son verre de vin à la main, il traversa le salon, puis la terrasse pour s’accouder à la rambarde entourant la propriété.
Il contempla songeusement la nuit au ciel monochrome en écoutant chanter les cigales. Au loin, des nuages s’écartèrent soudain au-dessus de la mer pour laisser la pleine lune irradier les vagues, comme pour lui promettre un nouvel espoir.
Le moment était peut-être venu de laisser ce passé si lourd derrière lui et d’essayer d’apprendre à découvrir une nouvelle façon de vivre.
Balthazar ignorait sans doute que le destin aime s’amuser avec les habitudes des gens tranquilles, qui se plaisent à accepter leur sort. Il allait bientôt se retrouver sur le devant de la scène et défrayer la chronique, de la façon la plus inattendue.
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Au-delà de la terrasse, bien au-dessus de la mer, un éclair de chaleur illumina brusquement la nuit moite, comme un avant-goût de l’orage tant attendu. Les visages des six adultes semblèrent subrepticement s’arracher à l’obscurité pour devenir blafards, avant que chacun reprenne ses murmures pour s’indigner des prix de l’immobilier qui s’enflammaient à La-Forge-sur-Mer.
Pendant tout le repas, Balthazar observa discrètement Clément qui effectuait docilement le service. Bientôt sa silhouette juvénile, à la fois souple et preste, se détacha de l’attablée pour débarrasser les couverts et les assiettes à dessert.
Il disparut dans le salon à pas feutrés, les bras encombrés, derrière la grande baie vitrée.
Balthazar se tourna vers la mer au moment où il reçut une grosse goutte de pluie qui présageait l’arrivée prochaine de l’orage. Mais personne, autour de la table, ne bougea d’un pouce.
L’homme blond commençait à s’impatienter lorsque Clément réapparut, portant un large plateau avec trois grosses bougies, le service à café, et une assiette contenant des biscuits chocolatés.
Avec ces chandelles l’éclairant sous le menton, il aurait pu paraître effrayant, voire fantomatique. Mais non, Clément semblait toujours aussi jovial, ses grands yeux de loup des neiges pétillaient de vie. Bien que ne prononçant aucun mot, il semblait savourer l’atmosphère amicale et intime qui émanait de cette soirée tranquille avec les amis de Gabriel, dont le plus jeune devait avoir au moins le double de son âge.
Après avoir servi les invités, Clément s’éclipsa de nouveau, sous le regard intrigué de Balthazar pour qui il était devenu la seule distraction intéressante de cette réception où les adultes l’ennuyaient.
— Il aime rendre service, lui expliqua Gabriel, en devinant l’intérêt de son invité pour son protégé. Il s’imagine qu’il a besoin de payer son droit de vivre chez moi, alors que je ne lui ai jamais rien demandé. J’ai renoncé à le convaincre du contraire.
— Ce… ce n’est pas votre fils ? questionna Balthazar, stupéfait par cette révélation.
— Non. Mon ex-femme n’en voulait pas, à mon grand regret. Mais après notre divorce, je me suis bien rattrapé. Nous avons une relation très particulière, presque fusionnelle, reprit Gabriel, un brin crâneur, en allumant une cigarette. La seule chose que je crains avec lui, c’est qu’il mette une fille enceinte. Clément est très demandeur, sur le plan affectif. Vous savez, la maman de Clément est morte d’un accident de voiture. Son père a succombé d’un cancer du sang, quelques mois plus tard. Provoqué par le chagrin, sans doute… Il s’est retrouvé orphelin, il y a deux ans. Sur son lit de mort, son père m’a fait jurer de m’occuper de lui jusqu’à sa majorité. Alors, j’ai demandé à Clément s’il voulait que je devienne son tuteur. Cela s’est fait naturellement…
— Et comment ça se passe pour ses études et la vie quotidienne ? Ce n’est pas trop difficile ?
— Clément n’est pas un garçon compliqué, vous savez. Il ne cherche pas le conflit. Je crois qu’il est conscient que je ne souhaite que l’aider. Alors il veut juste me simplifier la tâche.
Louise s’immisça subitement dans la conversation, tout en tenant dans sa main celle de Gabriel.
— Les enfants ne sont pas en sucre, non plus, essaya-t-elle de nuancer. À seize ans, moi, je travaillais déjà. Je me levais dès l’aube pour aller acheter le poisson au port et l’apporter sur les stands de mes parents, quelle que soit la saison. Ce n’était pas facile pour moi qui étais si jolie, fragile et naïve. Les pêcheurs ne tarissaient pas d’éloge à mon égard. Les filles de la ville enviaient déjà ma souplesse et mes aptitudes de gymnaste. J’étais encore innocente, mais je devais apprendre à me protéger de tous ces beaux jeunes hommes qui ne rêvaient que de me serrer dans leurs bras virils.
Balthazar se leva brusquement pour rentrer dans la maison, à la recherche des toilettes.
Il se trompa de porte et pénétra dans la cuisine où Clément lavait la vaisselle sous une lumière tamisée. Sarah Vaughan miaulait « Summertime » sur une petite enceinte connectée, donnant une note mélancolique à la scène :
— Eh ! Bien dis donc, Gabriel doit être content de t’avoir sous la main, commença Balthazar pour l’aborder. Si j’ai bien remarqué, c’est toi qui t’occupes de tout, ce soir.
Surpris, le jeune homme sursauta et lâcha dans l’eau le verre à vin qu’il frottait pour se retourner, dévoilant son charmant sourire.
— Oh ? Balthazar ! Ça va ? Tu passes une bonne soirée ?
Clément possédait des cheveux noirs raides qui retombaient en une longue mèche sur son visage, couvrant régulièrement ses grands yeux gris bleutés.
Il émanait de sa personne une certaine nostalgie teintée d’amertume, comme si, en dépit de son jeune âge, il en avait déjà trop vu et trop supporté.
— Je n’aime pas rester à ne rien faire, poursuivit-il, doucement. Et puis je suis content que Gabriel reçoive un peu. Il passe sa vie dans son cabinet de kiné et ne s’octroie pas beaucoup de temps. Je trouve qu’il ne sort pas assez, à part pour faire de la plongée. Il n’est pas si vieux que ça et…
Il s’arrêta subitement de parler, comme s’il regrettait ses paroles.
— Il n’est pas si vieux et… ? insista Balthazar.
— Non, rien… je suis trop bavard, excuse-moi, dit-il en baissant les yeux. Je sais que je ne suis pas très intéressant…
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Le sourire de Balthazar s’effaça brusquement.
— J’aimerais retrouver un mec, mais après Marcus, c’est vraiment trop difficile… j’aurais l’impression de le trahir…
— Ça va faire deux ans qu’il est mort d’une overdose pendant un marathon du sexe, alors que tu étais en week-end professionnel à Paris. Il te trompait depuis longtemps, il volait dans la caisse de la galerie et claquait tout en drogue et entretenait des petits jeunes. Tu ne crois pas qu’il serait temps de tourner la page ?
— Je ne lui en veux pas… Il ne se passait plus rien au lit, entre nous. C’est vrai, parfois des hommes m’attirent et je sens bien que certains iraient facilement plus loin avec moi, mais j’aurais l’impression de trahir Marcus, de le tromper.
Louise hocha la tête, dubitative, presque cynique :
— Tu veux que je te dise la vérité, mon chéri ? Marcus est ton excuse. Tu ne veux pas te mettre en danger, car tu es trop orgueilleux pour te prendre un râteau. Tu es coincé dans ton confort et tes certitudes. Tu n’as plus la rage, ni l’envie, tu as seulement la flemme d’atteindre tes rêves. Tu pourrais facilement refaire ta vie. Tu parais encore jeune, tu es mince et bel homme. Il y en a qui paieraient cher pour être dans ta situation, avec ton corps svelte, ta culture et ton sourire de jeune premier. Et puis avant Marcus, tu es resté deux ans avec une femme, n’est-ce pas ? Tu as donc largement le choix…
— Peut-être que tu as raison, soupira Balthazar. C’est le moment des remises en question. Si ça continue, je vais renier mon coming out et redevenir un pur hétéro…
— Peut-être pas « pur », mais hétéro, c’est dans tes cordes.
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Vidéo de Taram Boyle
Sortie le 29 nov. 2022 En vacances en Italie avec sa femme, Thomas se sent frustré après la perte de son meilleur ami. En découvrant sa belle famille, il rencontre Eliott, à peine majeur, aussi charmant qu'avenant. Une relation scandaleuse va naître entre eux, dans la plus grande discrétion. Mais le désir est un dictateur intransigeant qui ne supporte pas les secrets... Pour son neuvième roman, Taram Boyle utilise l'univers familial comme décor, pour une romance où le désir est un ogre insatiable.
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