AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 3877 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Depuis le temps que j'entends parler de ces fameuses Chroniques martiennes, sa lecture devenait de plus en plus pressante alors je m'y suis mis finalement. J'ai été surpris de découvrir un recueil de nouvelles. Mais ça pourrait passer pour un roman, puisque toutes les histoires qui s'enchainent forment un tout, une suite logique. de la première expédition sur la planète rouge, dont les équipages auront connu des fins inattendues et un peu drôlasses, aux arrivages massifs de colons « comme des sauterelles, par nuages entiers […] » (p. 130) puis éventuellement de touristes, le tout projeté dans les années 2030 essentiellement.

L'auteur de science-fiction Ray Bradbury était un visionnaire car il a imaginé à quoi pourrait ressembler ces différentes expéditions sur Mars dans les années 1940, donc avant les missions habitées dans l'espace et sur la Lune, avant l'exploration de Mars par des sondes. Ainsi, il faut saluer son effort créatif. Pourquoi n'y aurait-il pas des êtres humanoïdes télépathiques, qui vivraient dans des maisons au confort semblable aux nôtres, préoccupés par leur propre existence, amateurs d'art et de religion ? On est loin des petits hommes verts. Toutefois, là où le génie de Bradbury m'a un peu déçu, c'est que la planète la planète rouge ressemble énormément à la Terre.

Mais Bradbury semblait avoir comme souci la crédibilité aussi. Les premières missions habitées vers Mars sont dirigées par quelques poignées d'astronautes, des militaires. Ces individus sont accueillis étrangement par les Martiens (un mari jaloux, puis un psychiâtre dans un asile de fous) ou bien se perdent dans des boucles spatio-temporelles. Très original ! Puis, un peu plus tard, les expéditions connaissent plus de succès mais les habitants de Mars sont presque tous disparus… victimes de la varicelle. Ça vous rappelle quelque chose ? L'arrivée des Européens en Amériques ? Dès lors, plus rien n'empêche la venue de colons en grands nombres. Il faut dire que, dans cette vision futuriste, la Terre souffre encore de multiples maux, comme la guerre ou une catastrophe nucléaire imminente, alors pourquoi ne pas tout recommencer à neuf sur une nouvelle planète ? Il me semble que ce cours des événements aurait pu se produire si notre planète voisine avait une atmosphère respirable…

Contrairement à plusieurs ouvrages de science-fiction que j'ai lus, hermétiques et compliqués, ici, dans les Chroniques martiennes, le style est limpide. Je l'ai lu rapidement, sans difficultés. le ton de plusieurs des nouvelles qui le composent assez varié, oscillant entre l'humoristique, le dramatique et même le poétique. Aussi, il aborde des thèmes sérieux comme l'environnement et la religion. Par exemple, ce Spender qui se rend compte que Mars est un endroit spécial, unique et qui essaie d'éviter que les Terriens ne viennent en grand nombre la saccager. Et que dire de ce père Peregrine qui vit une expérience spirituelle. Ce respect de la planète est touchant et fait écho aux groupes environnementaux ici sur Terre qui militent pour la protection de la nature. Par moment, l'auteur se fait également le critique de plusieurs enjeux sociaux comme le racisme. Ainsi donc, j'ai l'impression que l'auteur explore davantage l'humanité que sa planète voisine. Conséquemment, si certains pourraient penser que ce recueil a mal vieilli, il demeure un classique pour toutes ces raisons.

Dans tous les cas, Mars ne sera plus. Ou, du moins, la planète rouge comme on la concevait n'est plus dès lors où les Terriens se l'approprient et la transforment au gré de leurs besoins, « empoisonnée par la civilisation terrienne » (p. 318). Mais, en même temps, elle sera toujours. J'apprécie beaucoup les derniers mots du recueil, quand un garçonnet dit à son père qu'il a toujours voulu voir des Martiens. « Les voilà, dit papa. Il hissa Michael sur son épaule et pointa un doigt vers le bas. » Les deux colons fixent leurs reflets dans un lac.
Commenter  J’apprécie          770
J'ai longtemps boudé ces chroniques martiennes pour deux très mauvaises raisons : la couverture qui ne me plaît pas du tout, et le terme « Mars » qui m'évoque directement de la science-fiction vieillotte et totalement démodée. Il aura fallu l'insistance d'Amazon à me le conseiller en première page pendant de nombreux mois, et les commentaires souvent très élogieux pour me décider enfin à l'ouvrir.

Plutôt que de se focaliser sur les martiens, ce sont en fait les Hommes les vrais sujets d'étude de ce livre. En une trentaine de nouvelles, Bradbury expose une possible histoire de la colonisation de la planète rouge. Les thèmes les plus sérieux (les hommes vont-ils détruire le patrimoine martien pour en faire une copie conforme de la Terre ? Comment apporter le christianisme aux martiens ? Ou encore la grande fuite des Noirs d'Amérique qui préfèrent tout quitter pour tenter l'aventure martienne) côtoient des sujets plus légers (citons par exemple les premiers astronautes qui finissent dans un asile : se prétendre être un extra-martien en visite est en effet une maladie mentale très répandue sur la planète rouge).

Ces aventures martiennes sont très réussies et nous font passer par tous les sentiments : on s'amuse, on réfléchit sur quelques périodes troubles de notre histoire, on se laisse emporter par la poésie du récit. Un seul petit regret, la volonté de « faire un roman » a poussé l'auteur à écrire des transitions entre les nouvelles pour assurer un semblant de continuité : transitions qui sont loin d'être nécessaires, et qui n'apportent rien au texte.
Commenter  J’apprécie          660
J'avais lu ces nouvelles encore adolescent. J'ai voulu les confronter au passage du temps pour voir ce qu'il en resterait. Eh bien, j'ai été étonné par leur noirceur car j'en avais gardé une impression de douce poésie. Cette dimension est bien là, mais elle est mêlée à de la misanthropie, de l'humour parfois et une à une étonnante dimension politique. Evidemment ces textes sont prisonniers de leur époque (l'après-guerre, le mouvement des droits civiques, le MacCarthysme) mais ils les dépassent parfois par des audaces formelles ("Usher II").
Commenter  J’apprécie          434
Ce livre n'est pas un roman de science-fiction. de la fiction, il y en a à chaque coin de page. de la science, il n'en est volontairement point question, comme l'explique Bradbury dans sa préface rajoutée en 1997.
L'auteur fait fi de toute vraisemblance scientifique pour se concentrer sur l'imaginaire, la réflexion et la poésie.
S'en suivent autant de chapitres comme de petites nouvelles indépendantes, telles des tranches de vie d'hommes à la conquête de Mars.
C'est tout à la fois léger, profond, drôle, philosophique, théologique, décalé...
Un seul point commun, la profonde humanité du récit. Certains auteurs phares de la SF actuelle s'en inspirent sans doute toujours (comme Robert Charles Wilson, par exemple).
C'est délicieusement anachronique, comme cette touchante histoire des noirs qui partent tous vers Mars fuir la ségrégation, ou par ce sentiment constant d'assister à une nouvelle conquête de l'ouest.
Un texte rafraîchissant et optimiste quand on le replace dans le contexte post-seconde guerre mondiale.
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
Commenter  J’apprécie          421
Ces nouvelles sur Mars de Bradbury sont parues en 1950. L'âge d'or de la SF. Elles ont conservé un certain éclat jusqu'à aujourd'hui.

Le savoir-faire de l'écrivain est de découper un récit de la conquête de Mars en plusieurs épisodes concis et surprenants. Ce découpage en chroniques forment un ensemble très cohérent. Cela forme aussi un récit discontinu mais très dynamique!

L'autre qualité de Bradbury est de glisser, avec l'avancée de cette conquête, quelques critiques sur la société américaine d'alors: le racisme, le nucléaire et la censure. Avec pour cette dernière une chronique qui sera développée 3 ans plus tard dans Fahreinheit 451.

L'ouvrage n'a pas de considérations sur la technologie 80 ans plus tard. D'où le peu d'erreurs d'anticipation. Mais il conserve les thématiques universelles qui ont toujours permis à une civilisation d'en dominer une autre: les germes, les armes et l'acier.

Enfin le style poétique de l'auteur accompagnera le lecteur en manque d'émotion. C'est beau le désert sur Mars, la nuit.

Commenter  J’apprécie          413
Les fameuses nouvelles de Ray Bradbury, réunies en livre sous le nom de « Chroniques Martiennes »
Elles peuvent paraître désuètes ou un peu vieillottes, comme sorties d'un rêve, tristes ou mélancoliques- comme dans la « 3é expédition » où les explorateurs en provenance de la terre enfin arrivés sur Mars croient tout d'abord être revenus dans le passé en remontant dans le temps… la suite est complètement inattendue - elles restent néanmoins marquées par une sorte d'innocence ou de candeur humaniste. Décidément les Martiens ont des sentiments très… humains! Ces chroniques ont réellement fait le tour… du monde! Et Ray Bradbury écrivait: « La science-fiction est une description de la réalité. La Fantasy est une description de l'irréel. Donc Les Chroniques martiennes ne sont pas de la science-fiction, c'est de la fantasy »
Commenter  J’apprécie          395
Il est des livres dont on se rappelle toute sa vie. Pas nécessairement un livre qui change la vie, mais tout simplement des souvenirs dus à une lecture dans un contexte, une époque. Indéniablement, Chroniques Martiennes représente pour moi un de ces souvenirs marquants. Je me revois à l'âge de 13 ans, vivant à l'étranger à cause du métier paternel. Les cours à l'école française, et une prof qui, pour éviter de nous dégoutter de la littérature, ne nous imposait pas des romans classiques pour les fiches de lecture, mais nous laissait choisir dans une liste rédigée par ses soins.

Parmi ces livres, Chroniques Martiennes... Bizarre! La prof me laisserait lire de la SF... intrigué, mon choix se porte sur Bradbury. Et je m'évade vers Mars. Mais là, pas de récit de voyages spatiaux, de guerre intersidérale entre terriens et martiens. Juste des histoires de colons quittant la terre, espérant un monde meilleur. Histoires d'horreur ou paraboles sur la folie humaine, Bradbury dénonce la guerre, le racisme, la pollution. Des idées novatrices dans les années 50. Il y a même de la poésie par moment.La dernière nouvelle se lit comme une fin de roman, une véritable ode à l'espoir. On est bien loin de l'archétype des histoires d'anticipation.

Il est difficile de décrire ce que l'on ressent face à une telle oeuvre. Mais cela prouve que l'on peut être ému par un livre de science fiction du milieu du XXeme siècle. Pour l'anecdote, en 1990, à l'occasion du 40eme anniversaire des Chroniques, une nouvelle traduction française est publiée, afin d'être plus proche du texte original. Mais chose surprenante, les dates sont changées, projetant le récit trente et un an dans le futur par rapport aux dates d'origine (dans la version que j'ai lu, les dates sont 1999-2026. Pour la nouvelle traduction, 2030-2057. Pourquoi un tel changement? Mystère!). On y trouve également deux nouvelles inédites. Un très beau livre que je conseille à tout le monde, sans que l'on soit féru de SF.
Commenter  J’apprécie          382
Je me suis lancée dans la lecture de ce classique de la science-fiction, un genre que je ne lis pratiquement jamais, et j'ai appris par la même occasion un nouveau mot : « fix-up » (un recueil de nouvelles rassemblées de manière à former une histoire cohérente et qui se lit comme un roman). L'histoire en gros est celle de la colonisation de la planète Mars par les Terriens, à partir des années 2030. Dans la première édition de l'ouvrage, l'action se déroulait au début du XXIe siècle, mais elle a été projetée 30 ans plus tard par l'auteur lui-même dans une réédition datant de 1990, pour éviter que d'éventuels nouveaux lecteurs soient confrontés à un futur passé (vous me suivez ?). À ce compte-là, il faudrait aussi débaptiser 1984 d'Orwell, mais Bradbury ne soupçonnait peut-être pas la postérité qu'aurait son bouquin.
Ces chroniques décrivent des situations souvent loufoques et dénoncent au passage le racisme, l'évangélisation, l'exploitation des ressources naturelles et l'humanité destructrice en général, dans un style qu'on peut qualifier aujourd'hui de vieille école (années 50 quoi !). D'ailleurs, l'auteur a beau critiquer la société américaine de son époque, sa vision reste assez sexiste : bobonne (terrienne ou martienne) confinée au fourneau et au service de son chéri. Malgré ce bémol qui n'en est peut-être pas un, car il participe au caractère kitch de l'oeuvre, une lecture divertissante qui soulève des questions toujours actuelles.
Commenter  J’apprécie          261
Un classique de la SF
Il s'agit d'un recueil de nouvelles écrites entre 1945 et 1950, la plupart publiées auparavant individuellement, d'autres rédigées pour ce recueil. Ainsi, chacune est une histoire en soi.
De 2030 à 2057, Ray Bradbury imagine la conquête de Mars par les Terriens. Elle ressemble beaucoup à la conquête des Etats-Unis ou autres terres conquises de la même façon : appropriation des terres, évangélisation, racisme, extinction de l'espèce suite à un virus bénin. Ceux qui voulaient échapper au « système » retrouvent les mêmes travers : bureaucratie, hyperconsommation, contrôle (et on retrouve la destruction des livres par le feu dont l'auteur a fait un roman : Fahrenheit 451), peur et lutte contre le communisme. Et bien sûr, le positionnement contre la bombe atomique.
Une fois de plus, la SF est utilisée pour dénoncer les travers de la société.
Ce sont aussi de belles descriptions de Mars, une sublime poésie, une étrange mélancolie pour une terre imaginée.
Bref, une belle lecture qui plaira même à ceux qui ne sont pas fans de SF (comme moi) car c'est un roman à la fois poétique et politique.
Commenter  J’apprécie          252
Bon, comme j'arrive après 17 pages de critiques - parfois très copieuses - je vais tenter d'être un peu original et pas trop long. Je découvre ce livre souvent cité comme étant un classique dans le genre.. à 56 ans. C'est mon 1er Bradbury. J'ai été intrigué, surpris d'abord et assez vite séduit par l'imagination, l'écriture, l'inventivité des 1ers épisodes. Et puis plus j'avance dans le livre plus je suis admiratif de la variété des histoires et du propos, car parler de Mars pour Bradbury, à la sortie de la seconde guerre mondiale (d'après ce que j'ai compris) me semble un prétexte pour parler - dans "la 3ème expédition" par exemple - de l'Amérique (comme on dit en France..), c'est-à-dire des USA, disant à sa manière ce qu'un Henry Miller écrivait à la même époque (1945) dans le Cauchemar Climatisé, c'est-à-dire la cupidité et la violence des USA, des colons dans l'ouest, la connerie supérieure des Blancs du sud, la bêtise matérialiste d'une certaine classe moyenne etc. "Et la Lune toujours Brillante", quant à elle, m'a évoqué la mission dans Apocalypse Now. Je pense donc que Bradbury fait encore écho aujourd'hui : la Terre ne mourra peut-être pas d'une guerre nucléaire majeure mais de la cupidité du système capitaliste sans contre-pouvoirs. Bradbury est plus traumatisé par son époque que visionnaire sur l'avenir mais imaginer cette marche des Noirs 15 ou 20 ans avant celle des Droits civiques est plutôt bien vu.. Hiroshima et Nagasaki et la menace nucléaire qui planera sur toute les années 50 sont très présentes dans le recueil. Bradbury ne manquait pas de courage aussi car son discours sur le système d'enquête sur les activités anti-américaines (qui deviendront, en 1953/54, le Maccarthysme) est tout à fait clair, qui procédait de la même attitude que le pouvoir Nazi vis-à-vis de l'innovation et de la critique de la société dans la littérature et l'art..dont Bradbury parlera dans Fahrenheit 451. Bref, un auteur avec du fond et (même en traduction) de la forme. Des choses à dire et une manière intelligente, talentueuse et poétique de les écrire. Désolé, j'ai été trop long mais c'est un livre si intéressant et réussi !
Commenter  J’apprécie          250




Lecteurs (13717) Voir plus



Quiz Voir plus

Ray Bradbury, presque...

Fahrenheit ... ?

911
451

5 questions
136 lecteurs ont répondu
Thème : Ray BradburyCréer un quiz sur ce livre

{* *}