Votre vie de tous les jours vous satisfait, la société dans laquelle vous vivait vous comble.
Alors, allez acheter
Fahrenheit 451 et brûlez-le !
Des enfants qui s'abrutissent à l'école et se défoulent pour de vrai à Grand Theft Auto.
Des adultes qui parlent d'une seule voix, celle de la Nation, celle de la norme. La lecture se résumant à lire des publicités ou des scripts de telenovelas.
La délation comme seul lien, l'égoïsme pour compagne.
Des pompiers au pas : protéger les citoyens du pire danger qui soit : la réflexion.
Bienvenue chez nous !
Brûle livre brûle.
Brûle connaissance brûle !
Brûle idée déviante brûle !
Brûle esprit critique, brûle !
Une anticipation visionnaire par bien des points, une prescience de l'avenir phénoménale. Car débarrassé de ces oripeaux SF, bien des points abordés par Bradbury sont devenus notre quotidien : Ses murs-écrans et le besoin d'en recouvrir chaque mur ressemblent furieusement à nos écrans plats dont nous devons acheter le dernier modèle plus grand, plus coloré, plus Hi-Fi pour admirer comme il se doit 22 connards en shorts.
Ces enfants qui s'amusent pour évacuer la pression à écraser les piétons, se bastonner, voler est le scénario du célèbre jeu vidéo Grand Theft Auto.
Que dire de ses émissions dont nombre de nos séries et télé réalité n'auraient pas à rougir.
Quand à la promotion du livre, de la Culture, cela fait bien longtemps que l'épitaphe a été gravé sur leurs tombes, le dernier coup de grâce rendu par Macron pour en faire un lieu de loisir publicitaire sans livres...
Beaucoup d'auteurs en aurait fait une anticipation pleine de fureur, de bling bling à la cyberpunk.
Ray Bradbury préfère prendre la voie de la poésie. Fini l'âge d'or, le monde change, les désillusions se ramassent à la pelle, le monde nouveau n'est pas celui espéré.
Texte cependant qui a quelques défauts : le revirement de Montag est un peu trop rapidement amené, les personnages manquent de profondeur (quand bien même ils reflètent la société décrite), l'enchainement des événements parfois improbables.
Le style m'a paru assez pompeux, mais cela reste un point subjectif et malgré la brièveté du récit, j'y ai trouvé quelques longueurs. Mais ce défaut fait aussi parti d'un certain éloge de la lenteur prôné par Montag.
Reste une fable critique sur les travers de la société, toujours d'actualité.
Une dystopie utopique car oui, les lendemains peuvent chanter.