Le secret de Lady Audley

Chevalets et miroirs dorés, satins chatoyants, dentelles diaphanes, tout ce que l’or peut acheter ou l’art inventer avait été rassemblé pour embellir ce boudoir où milady était assise, écoutant les plaintes du vent et le frémissement des feuilles de lierre contre ses fenêtres, et regardant l’abîme rougeoyant du feu.

Chapitre 32

Elle m’a dit qu’elle s’était querellée avec son père et qu’elle voulait vivre loin de toutes les personnes qu’elle avait connues. Elle souhaitait en être complètement coupée. Elle avait beaucoup souffert et désirait éviter les problèmes.

Chapitre 27

La bibliothèque de George ne se composait pas d’une très brillante collection d’ouvrages littéraires. Il y avait un Ancien Testament en grec et la grammaire latine d’Eton, une brochure française sur l’exercice du sabre dans la cavalerie, un petit volume de Tom Jones dont la moitié de la couverture de cuir ne tenait que par un fil, un Don Juan de Byron, imprimé en caractères si fins qu’ils devaient avoir été inventés au profit spécial des oculistes et des opticiens, et un gros volume relié en rouge avec des dorures passées.

Chapitre 20

Oh ! George Talboys, George Talboys, réussirai-je jamais à me rapprocher du secret de votre destin ?

Chapitre 19

Une carriole attendait dans le brouillard pour emmener les jeunes mariés dans leur nouvelle demeure et quelques villageois, qui avaient connu Phoebe enfant, s’attardaient près de la porte du cimetière pour la saluer. Ses yeux pâles étaient encore plus délavés par les pleurs qu’elle avait versés et par leurs bords rougis. Le mari était agacé par ces démonstrations d’émotion.
— Qu’as-tu à pleurer comme un veau, ma fille ? dit-il durement. Si tu ne voulais pas te marier avec moi, il fallait me le dire. Je ne vais pas te tuer, n’est-ce pas ?

Chapitre 15

Une bien triste et sombre dame, à la silhouette vague et dépourvue de couleurs, les yeux, les cheveux, le teint et la toilette qui se confondaient en ombres si pâles et si incertaines, qu’un étranger superstitieux aurait pu prendre la mariée pour le fantôme de quelque autre mariée morte et ensevelie dans la crypte de l’église.

Chapitre 15

Elle frappa quelques accords, puis se lança dans une rêveuse sonate de Beethoven. C’était une des nombreuses contradictions de son caractère, que cet amour de mélodies sombres et mélancoliques, si opposées à sa nature frivole et enjouée.

Chapitre 11

Tous ses anciens souvenirs enfouis et non oubliés reparurent et se représentèrent à lui avec les lieux qui les avaient vus naître. Il se promenait à nouveau avec ses camarades officiers, sur la vieille jetée dans cette ville d’eaux miteuse, écoutant l’insupportable orchestre avec son cornet trop bas d’un ton et demi. Il entendait à nouveau ces vieux airs d’opéra et la voyait venir vers lui d’un pas léger, appuyée sur le bras de son vieux père, et prétendant (avec une dissimulation si charmante, si délicieuse, mi-sérieuse mi-amusée) qu’elle était tout entière à la musique, et complètement ignorante de l’admiration d’une demi-douzaine d’officiers de cavalerie qui la regardaient bouche bée. Il lui revint à l’esprit l’idée qu’il avait eue alors, qu’elle était quelque chose de trop beau pour la terre ou pour la vie de ce monde, et que s’approcher d’elle était entrer dans une atmosphère supérieure et respirer un air plus pur. Depuis lors, elle avait été sa femme et la mère de son enfant. Elle reposait dans le petit cimetière de Ventnor, et il y avait seulement un an qu’il avait commandé pour elle une pierre tombale. Quelques larmes lentes et silencieuses coulèrent sur son gilet, comme il pensait à ces choses dans sa chambre paisible et sombre.

Chapitre 7

Si quelqu’un avait dit à ce moment au jeune avocat qu’une chose aussi simple que la courte lettre de sa cousine était destinée à devenir, un jour, un des maillons du terrible enchaînement de preuves qui devait être plus tard lentement reconstruit et former le seul cas criminel auquel il dût jamais s’intéresser, Mr Robert Audley aurait peut-être levé ses sourcils un peu plus haut que d’habitude.

Chapitre 7

Lady Audley, à la vérité, en épousant sir Michael, avait fait un de ces mariages de nature à attirer sur une femme l’envie et la haine de son sexe.

Chapitre 1