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Madeleine Jodel (Traducteur)
EAN : 9782070789238
560 pages
Joëlle Losfeld (15/06/2006)
3.4/5   21 notes
Résumé :
Aurora Floyd est la fille choyée d'un richissime banquier.
Une violente dispute l'oppose à son père lorsqu'elle revient d'une longue promenade à cheval avec son palefrenier. Aurora est envoyée à Paris dans un pensionnat pour faire ses études. On la retrouve un an plus tard, à nouveau chez son père. Réconciliée mais distante, marquée à jamais par un drame qui a éloigné d'elle l'homme qu'elle aime...Comme dans tous les romans à suspense de M. E. Braddon, le lec... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Quel est le secret d'Aurora Floyd ?
Aurora Floyd est le troisième roman de Mary Elizabeth Braddon que je lis après La Trace du serpent et le Secret de lady Audley. J'y ai retrouvé l'ironie et la satire de la société que j'avais bien aimées dans La Trace du serpent.

Contemporaine de Charles Dickens et de Wilkie Collins, elle fut l'auteure de nombreux romans qui peuvent être considérés comme les ancêtres des romans policiers et thrillers modernes. Ils lui permirent de gagner sa vie. Elle avait commencé sa carrière au théâtre, activité qui n'était pas censée être destinée aux femmes vertueuses, et elle fut la compagne d'un homme dont l'épouse était internée. Elle s'occupa de ses enfants et ne put l'épouser et donc être une femme respectable – pour les critères de l'époque – que lorsqu'il fut veuf. Ses moeurs firent scandale sans grande raison.

Avec Aurora Floyd, Mary Elizabeth Braddon dresse le portrait d'une jeune femme énigmatique et fougueuse, fille chérie d'un riche banquier et d'une actrice. Elle se passionne pour les courses de chevaux et est l'opposé parfait de sa cousine Lucy, jeune fille douce et blonde dont le comportement correspond à merveille aux attentes de la société et de ses prétendants, car une jeune fille se doit d'être vertueuse, qu'il n'y ait pas de commérages s'attaquant à sa réputation, sinon aucun homme ne voudra l'épouser et sa vie sera ruinée. le mariage est le seul statut social envisageable pour une dame respectable.
Soit, comme Aurora Floyd, elle a la chance d'avoir un père riche qui lui offre la protection de la maison familiale, soit elle est exclue de la société et devient une fille perdue, probablement acculée au suicide. Elle n'a pas droit à l'erreur, pas même dans sa jeunesse. Cette « erreur » ne doit jamais s'ébruiter.

Voilà pourquoi Aurora Floyd garde précieusement son secret. Mais quelle en est la nature exacte ? Que s'est-il donc passé avec le palefrenier pour que son père l'envoie à Paris dans un pensionnat ? Qu'est-il arrivé entre-temps ?
Aurora semble profondément marquée par diverses épreuves. Qui acceptera de l'aimer et la protéger contre la bêtise et la méchanceté des jaloux que Mary Elizabeth Braddon prend plaisir à dénoncer avec sa plume sarcastique et ironique ? Elle prend parti pour son héroïne et contribue à la rendre sympathique alors qu'elle apparaît distante et énigmatique. C'est toute l'ambiguïté du personnage.

Le secret et les diverses péripéties se devinent peu à peu : qui est James Conyers et quel est son lien avec Aurora, qui l'a tué laissant croire qu'Aurora pourrait être la meurtrière?

La tonalité sarcastique rend la lecture agréable, même si les énigmes sont assez faciles à résoudre. J'ai préféré La Trace du serpent où l'ironie est encore plus présente ainsi que la satire d'une société qui, en laissant les classes populaires dans la misère, ne leur laisse pas d'autre choix que le crime, comme énergie du désespoir, pour tenter de s'en sortir. Aurora Floyd s'en tient à dépeindre le sort des filles bien nées qui ont commis, aux yeux de leurs contemporains, une « faute ».

Charles Dickens m'a fait découvrir Wilkie Collins qui était un de ses amis. J'ai beaucoup aimé La Dame en blanc et La Pierre de lune. Les romans de Mary Elizabeth Braddon sont d'un genre similaire et leur lecture ne manque pas d'intérêt.
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Les romans à suspens ne sont pas le genre de romans que j'aime, je m'explique : un secret ou un mystère révélé à la dernière page du roman m'agace. En tant que lectrice, je passe des heures de lectures dans l'ignorance du pourquoi et du comment de l'histoire. Les personnages agissent sans que je sache le pourquoi de leurs agissements. Je trouve cela sans intérêt. J'avais lu La Dame en Blanc de Wilkie Collins et cela m'avait fortement ennuyée. D'autant plus que chez lui, la psychologie et compréhension des personnages, des femmes surtout, n'était pas brillante.
Avec Aurora Floyd de Mary Elizabeth Braddon on est gâtées par sa compréhension de ses personnages, hommes comme femmes. L'auteure comprend comment ils fonctionnent et c'est un plaisir ! Ensuite, elle nous sert une belle analyse de la société, par petites touches discrètes mais ô combien révélatrices ! Et elle nous régale d'un humour fin et d'une belle écriture. Et enfin, si le secret est révélé aux deux tiers du roman, le suspense reste jusqu'à la fin du livre : sachant le secret, comment tous les personnages vont-ils réagir et se dépatouiller de la situation ? le bien et l'amour vont-ils triompher d'autant plus qu'événements tragiques et rebondissements inextricables surviennent encore ?
Eh bien, je vais vous le dire… non mais sans blague, vous croyez vraiment que je vais vous le dire ?
William Thackeray, dont je n'ai lu que le trèèèès long Vanity Fair, dans lequel il montre son inexistante compréhension des femmes, dit de l'auteure Mary Elizabeth Braddon : "Si j'étais capable d'inventer des intrigues comme Miss Braddon, je serais le plus grand écrivain anglais." M. Thackeray, vous appelez cela un compliment ? Vous êtes bien un homme de votre temps ! Ce que vous auriez dû dire, c'est quelque chose comme : "Les intrigues de Miss Braddon font d'elle le plus grand écrivain anglais." Ah, mais que la supériorité d'une femme est inconcevable à certains hommes, à quasiment tous les hommes de l'époque de Mary Elizabeth Braddon ! Comme cela devait être frustrant pour des femmes brillantes comme l'auteure, de n'être qu'une femme qui écrit un roman comme on dirait d'elle qu'elle écrit sa liste de courses !

John Mellish a été heureux de sa naissance à ses trente-deux ans. Braddon le répète assez souvent. Insouciant, inconséquent, il a toujours vécu dans l'opulence, sans jamais avoir à s'inquiéter de choses matérielles ou immatérielles. Sa fortune est si grande, qu'il n'a pas besoin de tenir des comptes serrés pour l'économiser ou la faire perdurer. A-t-il eu des maîtresses avant de connaître Aurora ? ce n'est pas dit. Mais c'est plus que probable, Braddon ne dit pas non plus qu'il est niais. C'est un brave homme qui n'a jamais eu à se poser de question ni sur lui ni sur la vie. Sa vie est une évidence. Une pensée qui ne l'a jamais effleuré : se demander comment il se fait qu'il ait autant de privilèges : financiers (il a un immense domaine), naturels (il a une bonne santé et un physique correct) et, par-dessus tout, être un homme dans une société et un temps où les hommes sont au sommet de l'échelle sociale sans discussion possible.
John Mellish est à l'aise dans sa vie : il est né riche et propriétaire, de parents riches et propriétaire, il trouve cela tout à fait normal. Son intelligence moyenne l'empêche de s'en faire la remarque.
Aurora Floyd, bien que de richesse égale, évoluant dans la même société, est tout à fait différente. Son père est un riche banquier, certes, mais sa mère n'était qu'une actrice populaire, autrement dit, en tant que actrice de bas étage, venant d'un milieu pauvre, et femme, elle se trouvait au plus bas de l'échelle sociale. Aurora est belle, riche, intelligente, bonne, mais cela n'est pas une garantie de suivre le « droit chemin » que la société a tracé pour elle. D'une part parce qu'elle est, elle, Aurora, non pas une des représentantes de l'idéal de la femme tel que le souhaitent les hommes de sa société : douce, docile, future épouse et mère. D'autre part parce qu'elle a été élevée en liberté :
« Aurora, comme disait sa tante, avait grand besoin d'une personne accomplie et vigilante, qui aurait soin de discipliner cette plante pleine de sève qu'on avait laissée croître comme elle l'avait voulu depuis son enfance. Il fallait tailler le bel arbrisseau, l'émonder, l'attacher symétriquement aux murs de pierre de la société avec des clous cruels et des bandes de drap enchaînantes. »
Aurora n'est pas qu'une façade. Elle est une jeune femme qui a soif de vivre, d'expérimenter la vie. Et elle commet ce que la société appelle une erreur. C'était une erreur, mais pour elle seule. Elle s'en est d'ailleurs rendu compte très vite et s'en est éloignée. Elle en sera affectée toute sa vie dans sa chair et dans son coeur. N'est-ce pas suffisant ? Ce qui n'aurait dû être qu'une expérience de vie personnelle, devient un handicap à vie dans une société qui veut codifier, légiférer, dicter tous les actes privés jusqu'à ce qu'ils deviennent des blâmes entachant une vie entière. Pauvre Aurora qui s'accuse d'avoir commis une erreur alors qu'elle était de toute bonne foi et de tout bon coeur, qu'elle a été le jouet d'un misérable individu, et qu'elle a tenté de réparer ce qu'elle appelle sa faute, alors qu'elle n'a été que la victime. Comment une société peut-elle être si injuste qu'elle en vienne à blâmer une femme victime au lieu de son bourreau ?
Cette "erreur" aurait pu être commise par un John Mellish, un Talbot Bulstrode, leurs vies n'en auraient pas été entièrement affectées, elle leur auraient été pardonnée par la société, comme ce qu'elle est : une erreur de jeunesse, de jugement, une expérience de vie.
John Mellish est admirable. À mon avis, il représente ce que l'auteure Braddon aurait aimé que soient plus d'hommes de son vivant : son amour est sincère, touchant par qu'à la limite du pitoyable. Il accepte sa femme comme un cadeau immérité et surtout, il est compréhensif envers "son erreur" à tel point qu'il en rejette l'entière faute sur l'homme qui en est responsable.
Finalement, il me vient une petite idée : Mellish et Bulstrode, les deux personnages principaux masculins et bons ont des caractéristiques d'héroïnes féminines : ils sont capables d'un amour aveugle et inconditionnel d'amoureuse, ils sont compréhensifs et savent se remettre en question. C'est sans doute est-ce pour cela que je les ai aimés et que ça ne m'ait pas dérangée que les personnages féminins soient plus secondaires malgré le titre du livre ?
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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Aurora Floyd et moi, cela faisait un certain temps que nous cohabitions, plusieurs mois sans doute, Aurora perchée sur la commode, parfois seule, souvent sous d'autres livres qui disparaissaient régulièrement.
Elle finissait presque par être intégrée au marbre, une discrète couche de poussière la recouvrant légèrement, l'effaçant sans doute peu à peu d'ici quelques lunes...
Et puis valise posée sur le lit, la question capitale: ais-je emporté assez de livres ? Un petit coin libre du sac et hop, Aurora est camouflée sous le paréo.
Il faut bien avouer qu'il m'aura fallu de longues heures d'avion sans pouvoir bouger ni ouvrir le hublot pour le balancer dans les airs, pour en arriver au bout!
M E Braddon écrit bien, elle intervient dans le texte avec humour, interpelle le lecteur mais le caractère d'Aurora Floyd étant pourtant considéré comme bien trempé, on est loin de la révolution féministe et des idées modernes que l'on voit apparaitre dans certains romans d'autres auteurs de la même époque et on évolue exclusivement dans un milieu d'aristocrates ou de grande bourgeoisie dont les préoccupations, drames et petites misères laissent plutôt indifférent!
Reste sur ma commode un petit rectangle bien net , pauvre fantôme d' Aurora effacée d'un coup de chiffon ...
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Deuxième immersion dans l'oeuvre de Mary Elizabeth Braddon avec Aurora Floyd.
J'ai écouté ce roman en livre audio et je l'ai apprécié, plus que le 1er (Le secret de Lady Audley) peut-être. J'ai appris à apprécier le style de Mary Elizabeth Braddon, ses descriptions et ses perpétuelles digressions/réflexions, philosophiques parfois, drôles souvent.
Le seul regret : le secret est le même dans ces 2 romans (Le secret de Lady Audley et Aurora Floyd), je n'en dirais pas plus car si dans le secret de Lady Audley on comprend le secret de suite, dans Aurora Floyd, il est bien gardé et le suspens est plus intense. Je vais poursuivre la découverte avec Les Oiseaux de proie.
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Aurora Floyd, belle jeune femme brune aux magnifiques yeux noirs, est la fille d'un banquier et d'une mère décédée très vite. Malgré qu'elle soit choyée par son père, elle provoquera un scandale dans sa jeunesse qui sera dissimulé à tout le monde mais qui planera au-dessus d'elle.
Elle ne pourra à cause de celui-ci épousé Talbot, son premier prétendant mais acceptera ensuite de convoler avec John Mellish, éleveur de chevaux de course. Mais son passé va venir jeter une ombre sur son bonheur et provoquera même un drame dans le domaine.
Je ne connaissais pas du tout Mary Elizabeth Braddon et j'ai découvert qu'elle est une écrivaine victorienne très connue pour ses romans à suspense.
Il est vrai que le suspense est bien entretenu même si on en devine plus ou moins assez rapidement la teneur.
L'écriture est riche en détails, en analyse des émotions et sentiments mais donne au récit une langueur et une longueur qui lui nuit un peu.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Elle la haïssait de la haine que les créatures paresseuses, apathiques, étroites d’esprit portent aux êtres francs et généreux. Elle la haïssait de la haine que l’envie porte toujours à la prospérité, comme Aman haïssait Mardochée du haut de son trône, et comme haïrait un homme du caractère d’Aman, fût-il le plus grand souverain de l’univers. Si Mme Walter Powell eût été duchesse et Aurora balayeuse de rues, elle lui aurait encore porté envie ; elle lui aurait envié ses yeux éblouissants, ses dents éclatantes, son port d’impératrice, et son âme généreuse.
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Je serais curieuse de savoir si la pauvre Eliza Floyd connaissait la totalité ou même la moitié des méchancetés qu'on débitait sur son compte. Je soupçonne fort qu'elle chercha d'une façon ou d'une autre à être mise au courant de tout, et qu'elle ne fit qu'en rire. Elle était habituée à une vie d'émotions, et Felden Woods aurait pu lui paraître un séjour monotone, sans ces médisances. Elle prenait un malin plaisir à la déconvenue de ses ennemis.
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Si elle eût été sans faiblesse, elle n’eût pu être l’héroïne de notre histoire ; car je pense, comme un vieux sage l’a remarqué, que les femmes parfaites sont celles qui, ne laissant aucune histoire derrière elles, traversent la vie d’une manière si tranquille, en faisant le bien sans bruit, qu’elles ne laissent aucune empreinte sur le sable du temps.
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Aurora, comme disait sa tante, avait grand besoin d’une personne accomplie et vigilante, qui aurait soin de discipliner cette plante pleine de sève qu’on avait laissée croître comme elle l’avait voulu depuis son enfance. Il fallait tailler le bel arbrisseau, l’émonder, l’attacher symétriquement aux murs de pierre de la société avec des clous cruels et des bandes de drap enchaînantes.
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Aurora: À quoi sert que le monde soit si vaste, si nous devons rester à un seul endroit, enchaînées à un seul ordre d’idées, à un seul cercle étroit de personnes, voyant et entendant sans cesse les gens que nous détestons, sans pouvoir leur échapper ?
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Video de Mary Elizabeth Braddon (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Mary Elizabeth Braddon

La chronique de Gérard Collard - La Trace du serpent
La Trace du serpent de Isabelle Viéville-Degeorges, Mary Elizabeth Braddon et Charles Bernard-Derosne aux éditions de l'Archipel le jeune Richard Marwood est injustement accusé du meurtre...
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