Il n'est pas nécessaire de comprendre la beauté, Milush. Il suffit de la recevoir et d'en être ébloui.
Il ne s'est pas démonté, il m'a expliqué qu'on peut éprouver de l'amour à tout âge et ça peut être pour une personne mais aussi pour un paysage, un spectacle de la nature, une musique, le grain d'une voix. Tranquille, il a ajouté qu'il n'y a là rien de bien extraordinaire. Sur le coup, c'est moi qui suis restée sans voix, puis j'ai contre-attaqué :
- Mais un paysage, ou un lieu, ou une voix, vous pouvez pas les prendre dans vos bras, les embrasser sur la bouche, les caresser...
- Qu'est-ce que tu en sais ? Il y a bien des façons de manifester son amour, petite.
...il m'a expliqué qu'on peut éprouver de l'amour à tout âge etça peut-être pour une personne mais aussi pour un paysage, un spectacle de la nature, une musique, le grain d'une voix.
Avoir une pensée sans que quiconque puisse la deviner est un privilège dont jouit l'être humain, un pouvoir, une liberté. A moins d'être débile ou complètement borné, chacun découvre un jour qu'il détient cette faculté de soustraire son esprit à toute inquisition. (p.131)
Il faudra que je me débrouille pour être amoureuse moi aussi un de ces quatre. Quand un garçon m'aimera, quand je l'aimerai pareil, je baignerai dans cet amour, je ne me sentirai plus seule, j'aurai cette belle lumière dans les yeux et l'avenir ne me fera plus peur.
Puisque tu l'as nommé, il est à toi; tu en es responsable.
...mais il faut être honnête ma mère n'a pas besoin d'un ravalement de façade, au physique elle est sans tare et sans défaut. La seule partie de sa personne où la chirurgie pourrait opérer avec profit, c'est son cerveau : on lui grefferait quelques cellules d'humanité, elle sortirait de l'intervention métamorphosée, bienveillante, attentive aux autres, bref elle y gagnerait beaucoup et moi aussi.
le destin est un danseur étoile qui fait ses entrechats sur la pointe des si, voilà ce qui m'apparaît après réflexion et que j'ai omis de dire à Milush.
« On ne cesse jamais de se soucier de l’image que l’on offre aux autres. Comment me voit-elle la petite mignonne ? Comment me voient-ils les chauffeurs de bus, que voient-ils ? Un vieux bonhomme si seul, si désaffecté qu’il n’ pas d’autre ressource que de s’asseoir là, sur le banc de l’abribus et d’attendre celui ou celle qui viendra pour faire un brin de causette. Ils s’en remettent à leurs yeux, ils emportent la vision d’une enveloppe usée, d’un corps qui s’appuie sur une canne pour avancer, ils s’en contentent, ils ne cherchent pas au-delà. Ils se fient à ce qu’ils voient, ils ignorent qu’au-dedans le cœur continue à trépigner dans sa petite cage, qu’il refuse de se laisser museler, qu’il mène sa sarabande et ne s’accorde jamais de repos. Ils sont jeunes, pas de blâme, ils ne peuvent imaginer que le cœur ne vieillit pas, qu’il exige toujours, s’embrase toujours.
Dès lors que les autres nous voient vieux, nous classent dans la catégorie des vieux, nous sommes des damnés, nous basculons en enfer. Le moindre mal serait que l’enfer nous attende par ès la mort, mais non, le gouffre maudit s’ouvre sous nos pas dans la réalité des jours présents et nous en parcourons les dédales avec ce cœur qui ne vieillit pas, qui ne renonce pas. »
« C’est une gentille gamine, elle m’apporte beaucoup, me donne de son temps, et de sa présence. Pour ma part, je prends grand plaisir à l’écouter, à lui parler. Elle met du soleil dans ma vie, elle m’aide à comprendre comment va le monde d’aujourd’hui et, mieux encore, elle m’y rattache, je retrouve grâce à elle le sentiment d’en faire partie. »
La vérité,c'est qu'on ignore tout du vieux type mais,comme chacun sait,le rien laisse beaucoup de place aux supputations,aux imaginations,aux présomptions.Le rien dérange,il agace,alors Thouvenet pose ses déductions ici et là,il met un point d'honneur à meubler l'espace vacant.