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EAN : 9782742744404
259 pages
Actes Sud (16/08/2003)
4.05/5   33 notes
Résumé :
Voilà un portrait de femme haut en couleur. Celui de Giuletta, forte tête et fantasque, au-dessus d'une formidable entreprise familiale, mère de sept enfants, comptant comme autant de péchés, et romancière à succès. La Reine nue s'ouvre sur ses moments d'égarements, des premiers troubles, des dérèglements bénins. On se doute comment cela se terminera...
En attendant, l'état s'aggravant (elle décide notamment de vendre ses souvenirs, disparates et d'inégales v... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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J 'attribue volontiers 4 étoiles à ce roman, même si je sors de cette lecture avec un profond sentiment de mal-être. "Dieu sait" pourtant combien j'ai aimé mes parents, et avec quelle force je me suis accrochée à leur souffle...Mais j'ai trouvé malsaine, et je dirais même pathologique et relevant de la psychiatrie, cette adulation dont Giuletta est l'objet.
Fantasque et forte tête, cette mère de 7 enfants, 4 fils et 3 filles, règne sans partage sur son entreprise familiale. Romancière à succès, elle partage sa vie entre l'éducation de ces derniers, son métier d'auteure, ...et ses escapades, jusqu'au jour où la mémoire lui fait défaut, et que s'amorcent une longue déchéance, une vie cauchemardesque, tant pour elle que pour les membres de sa famille.
Anne Bragance est de ces auteurs dont j'apprécie particulièrement la finesse de la plume et la richesse du vocabulaire. de surcroit, elle n'est pas férue de digressions qui, en soi, ne sont pas une mauvaise chose, mais s'avèrent souvent trop longues, et de ce fait, ennuyeuses.
Dans ce roman, par le biais d'une trame en quelque sorte chorale, l'auteure brosse le tableau d'une famille confrontée à l'adversité. Chaque chapitre est consacré aux pensées des différents protagonistes, dont celles de la mère qui, en dépit de la maladie dont elle souffre, semble bien consciente de l'enfer qu'elle fait vivre à ces "messieurs et à ces dames" qui, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, pareils à des dévots s'affairent autour d'elle. Ces "messieurs et dames " n'étant rien de moins que ses enfants dont elle ne se souvient plus.
Cette immersion dans les pensées des différents membres de la fratrie met en relief la complexité de l'esprit, ses contradictions et ses ambivalences.
Si de prime abord, j'ai adhéré à cette mobilisation, l'amour filial étant un sentiment noble, j'ai été moins partie prenante à mesure que j'avançais dans ma lecture.
Il est vrai que la personnalité de Giuletta m'avait d'emblée déplu, car bien que présentée comme une maman aimante, elle n'en était pas moins égoiste et dominatrice pour autant. Soit dit en passant, le cliché de la mère italienne possessive est décidément bien récurrent...
Le malaise ressenti m'est venu de l'attitude de ces adultes qui vouent à leur mère un véritable culte, comme on voue un culte à un dieu. Ils entreprennent de l'accompagner comme on entre dans les ordres et qu'on embrasse une vie de renoncement, jusqu'à en oublier les besoins de leur conjoint et enfants respectifs.
Cette excessivité m'a tenue à distance, a fait obstacle à toute émotion de ma part, car je n'ai pu me figurer cette mère autrement que comme une déité ; à des années-lumière d'une maman désarmée et malmenée par la vie, celle que j'aurais eu envie d'étreindre, de rassurer et de protéger.
Sans doute était-ce le choix de l'auteure de représenter cette mère que je qualifie de toxique, et de mettre en exergue combien l'image de la mère "parfaite et irréprochable" peut s'avérer dommmageable pour les adultes en devenir que sont les enfants.
Je dirai pour terminer que dans ce roman, je n'ai vu ni un récit émouvant, ni la démonstration de l'amour filial, mais plutôt une volonté de la part de l'auteure d'évoquer les dégats que peuvent occasionner l'éducation pour laquelle optent ces personnages enclins au narcissisme.
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La Reine nue, c'est cette mère italienne, passionnée, omniprésente pour ses sept enfants... jusqu'au moment où elle vieillit, commence à perdre la tête. cette forte femme, écrivain à succès, qui a élévé ses enfants seule..perd la notion de tout. Ses enfants vont se relayer pour l'entourer du mieux qu'ils peuvent. Ce malheur va être le révélateur de leurs vies, de leurs liens passionnés et exacerbés avec cette figure maternelle fascinante mais aussi vampirisante...Se succèdents le récit, le portrait de chaque enfant en alternance avec le journal intime de la maman, Giulietta, découvert par l'un de ses enfants.Il est question avant tout des MOTS, de leur force, de leur magie....de leur soutien

J'ai été happée par la force de ce texte, l'humour comme la tendresse infinie qu'il recèle.

Roman qui parle avant tout des MOTS, les mots des livres de la maman, les mots qu'elle aligne pour nourrir sa tribu, les mots pour consoler, les mots pour vivre...les mots de ses livres que les enfants décident de lui relire pour l'apaiser dans les moments plus difficiles de sa maladie...
Il y aurait encore moult choses à dire de ce roman, où les sujets essentiels de l'existence sont abordés: la maternité, le temps qui passe, la peur de vieillir, la terreur devant la mort prochaîne des êtres aimés, et ... pour DIRE, les MOTS, encore les mots, qui sont le pivot de ce texte...je termine ainsi sur une réflexion de cette maman-écrivain, pour qui, parallèlement à ses enfants, l'essentiel absolu a été l'ECRITURE.

"Inutile de me le dissimuler plus longtemps: aucune de mes expériences amoureuses, même celles qui furent porteuses de conséquences-les enfants-, ne m'a procuré la plénitude que je trouve dans une heure d'écriture. (p.131)"

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Guilleta était une femme heureuse : elle était belle, libre, et devenue riche grâce au succès de ses romans , elle a fait construire une magnifique villa sur la cote italienne pour elle et ses sept enfants .Quatre garçons puis trois filles, de trois géniteurs différents disparus rapidement du cercle familial.
Seulement, maintenant , la vieille dame a perdu la mémoire . La démence a pris la place de la vie de rêve et ses enfants ont décidé de consacrer chacun un jour de la semaine pour s'occuper d'elle.

Terrible déchéance dont la description fait frissonner ... L'harmonie familiale est sérieusement ébranlée .
D'abord par l'état de Guilletta qui ne reconnait plus ses enfants mais également par la profonde déstabilisation de toute la vie personnelle de chacun.

Au fur et à mesure des chapitres où alterne la voix de chaque membre de la fratrie ou des sept ensemble lors de leur réunion du samedi et parfois celle décousue de la mère , les failles s'agrandissent : les secrets des uns et des autres, les échecs , les ressentiments et jalousie et par dessus tout, apparait l'amour insensé , démesuré pour cette mère tentaculaire, idole sur un piédestal que rien n'ébranlera jamais, ni la vieillesse , ni la folie , ni la mort.

Portrait d'une famille disloquée qui fait froid dans le dos avec tout ce que cela secoue en nous en y reflétant notre propre histoire...
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Une fois encore séduite par la plume aérienne d'Anne Bragance qui sait jongler entre les mots et les émotions pour nous proposer une histoire troublante.

L'histoire c'est celle de la reine mère Giuletta et de ses sept enfants. L'auteure met l'accent sur les sept péchés capitaux mais cela rappelle cette blanche neige endormie entourée de ses sept nains avec un côté moderne et tragique lié à la démence sénile.

Giuletta est une mère monstrueuse : monstrueusement belle, indépendante, passionnée, amoureuse plus que jamais de ses enfants avant tout homme et tout père. Elle tissera dans sa relation avec ses enfants un monde de luxure, de complicité, de joie, de bonheur à huit sans jamais s'habituer au bonheur (« Se garder de l'illusion que ces bonheurs nous sont dus, qu'ils dureront toujours, goûter tous les sucs de la vie, s'en délecter. Ne jamais s'habituer. L'habitude est la mort du bonheur »).

Quand se déclare la maladie, les enfants vont tour à tour prendre la garde de leur mère. Et petit à petit perdre avec elle ou dans les souvenirs de son carnet intime, un peu d'eux-mêmes, sombrant chacun dans le labyrinthe de la vie, happés par la folie grandissante et contagieuse de cette mère tant aimée.

Les chapitres sont courts donnant la voix à chaque enfant et à Giuletta dans sa folie.

L'histoire n'est pas simple, elle reflète la part de conscience de s'occuper d'un père ou d'une mère en perdition, de pouvoir discerner les limites, de couper le cordon ombilical et l'emprise d'une famille dont le seul noyau vital était la mère.

Anne Bragance sait marier les mots avec beauté et justesse. Solitudes, Casus Belli, Passe un ange noir, La reine nue, elle ne déroge pas à son talent qui sied ses romans à merveille. J'adhère sans la moindre lassitude. C'est beau, ça parle, ça cogite, bravo Madame Anne Bragance.
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Giulietta Padovani est un auteur a grand succès.
Mais à l'approche de ses soixante-dix ans, sa raison commence à défaillir.
Elle est atteinte de démence sénile et son état ne va faire qu'empirer.
Ses sept enfants se relaient à ses côtés, ça tombe bien, la semaine a sept jours.
Ils ont toujours voué à leur mère un amour inconditionnel et immodéré, au détriment de leur propre vie.
L'histoire est vue par chacun d'entre eux, par Giulietta, et par ses carnets intimes.
Et c'est une bien belle histoire, menée avec maestria.
Les sentiments de chacun sont parfaitement décrits, mettant en avant leur ambivalence.
Cet amour est excessif, met en péril chacun des enfants, est vampirisant
Il met un peu mal à l'aise.
Giulietta est la mère italienne type, excessive, possessive mais tellement aimante.
Hors ses enfants et ses livres, rien ni personne n'est valable.
Anne Bragance a su amoindrir ces excès par une écriture juste, fine et douce à l'émotion dominante.
La reine n'est plus, la reine est nue, la reine est morte.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Portofino, 28 novembre 1975

Fin du roman et envoi du manuscrit à mon éditeur: la routine. de même, l'habituelle baisse de moral, la petite dépression qui m'affecte lorsque j'achève un livre et me sépare de mes chéris d'encre et de papier, mes personnages. En l'occurence, bien que le phénomène se renouvelle à chaque ouvrage, ce n'est pas là de la routine, mais bel et bien du chagrin. Pendant des jours, des semaines peut-être, je vais me sentir endeuillée.(p.133)
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-Journal de Giulietta-Gênes, 5 juillet 1970

Les livres, la maison. Les premiers ont permis que la seconde devienne réalité ou soit en passe de le devenir. Mais il y a d'autres liens que celui de cause à effet entre ces deux pôles de mon existence. J'ai écrit quantité de livres, c'est la première maison que je mets en œuvre et je découvre bien des similitudes entre ces deux entreprises. Dans l'un et l'autre cas, il s'agit de construire: si les matériaux diffèrent, les démarches qui président à l'édification d'une œuvre littéraire ou d'une maison sont très proches. Là où il n'y avait rien, l'imagination, le talent et le travail humains vont faire que cela qui n'existait pas, le livre, la maison, va peu à peu s'ériger, cesser d'être une virtualité. (Actes Sud, collection Babel, 2007, p.70)
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Chacun a laissé dehors, ailleurs, pas très loin, sa vie personnelle. Ici, maintenant, il n'y a plus que cette force démultipliée par la fratrie, cette douleur qui n'appartient qu'à eux seul, cette intimité où nul autre ne peut être admis. (...)
Quand ils ont là, rassemblés au plus intime de leur douleur, ils parlent de la mère, ils ne parlent que d'elle. Chacun livre aux autres le détail de la journée qu'il a vécue avec elle au cours de la semaine écoulée. Des mots terribles et doux sortent des bouches, des mots qui décrivent des gestes, des actes, des violences, et quelques moments bénis de rémission. Au centre de chaque scène qu'ils évoquent, tentent d'interpréter, se tient Giuletta, reine efflanquée et nue. (p.33-34)
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Son rire, quand elle rit encore , ne permet pas le partage, il exclut la joie, la complicité, c'est une affreuse contrefaçon des rires anciens , un souffle glacé qui sort de cette bouche grimaçante et qui vous pétrifie.
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La vie de Loretta s'est mise à filer. Comme un bas qu'un ongle, malencontreusement, vient d'accrocher: plusieurs mailles sautent, une échelle se met à courir, descend le long de la jambe, rien ne peut la stopper, le dégât est irréparable.
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Videos de Anne Bragance (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Anne Bragance
Une affection longue durée Marque-page 05-07-2011
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