Rencontres de
solitudes, rencontre de désespoirs, rencontre de vies lourdes de secrets : que l'on ait 70 et quelques ou 15 ans, c'est pareil. La vie malmène et c'est difficile de la supporter.
Voilà le propos de ce tout petit roman qui m'a fait penser à «
Et puis Paulette » de
Barbara Constantine.
Si vous avez déjà lu et apprécié Constantine, alors c'est fait pour vous. Vous vous y sentirez heureux, bien-aimés, consolés.
Par contre, si comme moi vous avez trouvé que Constantine en faisait « trop » dans les bons sentiments, je ne vous conseille pas cette lecture. C'est gentil, ça fait du bien, quelques réflexions profondes sont amorcées, mais ce n'est pas possible. Je n'y crois pas.
Le vieil homme solitaire se prend d'amitié – réciproque – pour une jeune fille en mal de grand-père.
La soeur du vieil homme – décédée – porte en elle un lourd secret datant de la guerre.
La jeune fille vit avec sa mère célibataire, une bonne femme acariâtre et carriériste.
Le chauffeur de bus pète les plombs parce que sa carrière à lui, justement, n'a pas suivi les bonnes voies.
La voisine de la jeune fille grossit, grossit, grossit, pour ne plus avoir à supporter un mari indifférent et un manque d'enfant.
Et tous ces gens finissent par se rencontrer et … bon, si vous avez lu «
Et puis Paulette », vous comprendrez.
Je résume : poésie – très belle, d'ailleurs - , philosophie – qu'est-ce que le destin - , psychologie – solitude, mal-être, et compagnie -, en général, j'aime beaucoup.
Mais ici, il y a trop de gens en souffrance pour un si petit roman, donc la psychologie n'est pas assez développée. Ces personnes n'ont pas assez de consistance, de poids.
Et pourtant, j'ai aimé. Quand même. Parce que lues à petite dose, ces pages amorcent une réflexion intéressante. Et puis
Anne Bragance écrit bien, sans clichés, sans platitude, avec un soupçon de poésie.
Un regret, encore : l'ange noir croisé à l'arrêt de bus, qui chante si bien, réveille quelque chose dans le coeur du vieil homme. Mais ce quelque chose n'est pas du tout abordé. Dommage…
J'aurais bien voulu que cet ange noir revienne chanter pour moi.