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EAN : 9782742744466
233 pages
Actes Sud (16/08/2003)
3.65/5   37 notes
Résumé :
Charles Douhet est en train de découvrir que l'histoire d'une famille peut se rapporter, se comparer toutes proportions gardées à l'histoire d'une nation. Tout se joue alors à l'échelle privée et de manière feutrée, mais tout y est: tensions, rapports de force, camouflage des informations, conflits, ruptures, tyrannie, soumission, rébellion. Au sein de chaque famille, à tout moment, peut survenir le casus belli.
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Première lecture en août 2013- Relecture ce mois de novembre 2018

J'introduis ma chronique par l'un des extraits les plus explicites, qui
concentre à merveille le contenu de ce roman, rempli de gâchis, de la tristesse d'une enfant... mais aussi de lumières qui aideront à la construction de la fillette en jeune femme...Ces petites lumières : la fantaisie et la tendresse d'un tonton bienveillant, l'amour des livres,
l'amour silencieux mais bien réel d'un père placide, quelque peu écrasé par la personnalité de son épouse...la magie reconstructive de la parole
étouffée par les mots....


"Il vient de tomber sur la définition de -casus belli- qu'il se souvient d'avoir enseignée en cours d'histoire à ses élèves de terminale. Il la lit : - Acte de nature à provoquer une déclaration de guerre, à déclencher les hostilités entre deux états. Cf. Larousse.
Il demeure là, à contempler la phrase signalée jadis par le coup de crayon rouge: elle lui donne à réfléchir. Il a beaucoup aimé l'histoire, il en connaît tous les dessous et les ressorts. (...)
Charles Douhet est en train de découvrir que l'histoire d'une famille peut se rapporter , se comparer- toutes proportions gardées- à l'histoire d'une nation. Tout se joue alors à l'échelle privée et de manière feutrée, mais tout y est: tensions, rapports de force, camouflage des informations, conflits, ruptures, tyrannie, soumission, rébellion. Au sein de chaque famille,
à tout moment, peut survenir le -casus belli.-" (p. 164-165)



Bonheur et grands plaisirs, au fond, d'être obligé(e) de ranger, trier, s'alléger comme dans ce cas : préparatifs d'un autre tournant de vie et changement de décor d'ici fin 2019 !!
Une sorte de remise à plat de "nos chouchous", des auteurs qui nous accompagnent durablement, l'air de rien, au fil des années... et c'est le cas d'Anne Bragance dont j'apprécie toujours les sujets abordés et la prose poétique, enjouée ou mélancolique, avec une fluidité confondante !.



Dans "Casus belli" comme dans beaucoup des écrits de cette auteure, il est question des douleurs, des blessures, de la solitude de l'enfance, de la tendresse d'un grand aîné , les complicités magiques intergénérationnelles qui sauvent littéralement du désespoir: là, il s'agit d'un tonton gâteau, Vincent, qui a un jeu préféré avec sa jeune nièce, Virginie: jouer avec des mots nouveaux !...Encore et toujours un sujet qui m'est plus que cher : la "thérapie", le soulagement des chagrins, des injustices, des incompréhensions violentes par la lecture et l'écriture...la fiction, la beauté et diversité des histoires racontées, inventées !


"Mais de vraie conversation animée par le désir de se comprendre, d'établir des liens, point jamais. Ce décryptage progressif et si nécessaire du monde qu'interdisait le laconisme familial, la fille ,très tôt, est allée le chercher dans les livres. Petit à petit, elle s'est enthousiasmée d'une famille d'élection constituée des écrivains qu'elle aimait ou admirait. Un auteur représentait pour elle beaucoup plus qu'un nom, un style ou un univers: c'était une voix qui s'adressait à elle sur le ton de la confidence, lui faisant part de son expérience de la joie ou de la douleur et levait parfois le voile sur ce qui lui demeurait opaque. Elle était à à cet âge, si altérée d'échanges qu'entre les pages du livre élu elle fixait des rendez-vous illicites et délicieux à son auteur, lequel devenait alors un interlocuteur privilégié, un ami, un mentor, un maître à penser." (p. 183-184)


Les livres, les mots, l'écriture qui atténuent les non-dits, les manques d'amour d'une mère, les violences sournoises de l'intimité des familles...Il est question du parcours chaotique sentimental, amoureux de cette fillette devenue une adulte "bancale" , [ au propre et au figuré, puisque la fillette s'est mise à claudiquer très jeune, sans raison physique apparente ]
... car elle a attendu toute sa vie un pardon de sa mère pour une rebellion et un geste à l'encontre de son petit frère...quand elle était toute petite...


Juste avant la naissance de ce dernier, Virginie s'est mise à boiter... Seul son père en souffre atrocement à l'intérieur de lui-même... alors que la mère balaie cela du doigt, affirmant que sa fille fait la comédie.... Comment les blessures de l'enfance nous abîment , restent vivaces....nous forgent en nous laissant des failles significatives !

"Pourtant, il faut de l'or pour survivre, l'or d'un regard, d'un geste, d'une parole, il faut le pardon, absolument. "(p. 29)

Une histoire triste...certes, mais la plume, le style ainsi que les finesses d'analyse d 'Anne Bragance des comportements humains me subjuguent chaque fois... Des observations, des questionnements universels...

Dans ce roman, nous sommes bien près de la célèbre phrase d'André Gide : "Famille, je vous hais... !"
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"Pourquoi la vie s'écoule-t-elle à si petit bruit que lorsqu'on finit par se réveiller, par l'entendre, elle est tarie, il est trop tard ?".

Telle est la réflexion que se fait Charles Douhet au terme de son existence.
Avec Clairette, ils forment depuis des années le couple le plus uni, le plus harmonieux qui soit et cependant, le partage des émotions demeure une illusion, un rêve inaccessible.
Il se considère comme infirme de l'amour et en souffre silencieusement.
Face à une femme prisonnière de ses principes et de ses convictions, prenant Dieu à témoin dans chacune de ses réflexions, il se sent impuissant.
Incapable, notamment, de déceler le drame qui se joue dans la tête de leur fille, Virginie.
Comment imaginer qu'une faille s'est ouverte dans la relation mère-fille, faussant à tout jamais le lien qui les unit.

Casus belli : acte de nature à provoquer une déclaration de guerre, à déclencher les hostilités entre deux États. Cf. Larousse.

Comment aurait-il pu savoir que la petite fille, alors agée de cinq ans, jalouse à la naissance de son petit frère Christophe, a commis un acte bêtement provocateur pour lequel elle n'obtiendra jamais le pardon espéré de sa mère et dont la culpabilité la poursuivra tout au long de sa vie ?
En effet,Virginie comprend aussitôt dans l'attitude de sa mère qu'elle n'existe plus, qu'à l'avenir elle sera transparente, incomprise, ridiculisée, tout cela cautionné par la foi en Dieu de cette femme qui cherche une absolution divine.

C'est sur un ton très évocateur qu'Anne Bragance nous dresse le portrait d'une famille somme toute très ordinaire dans son incapacité à communiquer.
Tout comme dans l'histoire d'une nation, le "casus belli" peut survenir à tout moment au sein de la cellule familiale et y provoquer tensions, conflits, non-dits, faussant destins et relations.
Je reste fan de l'écriture simple et directe d'Anne Bragance qui, en ce qui me concerne, va droit au but et transmet son message sans circonvolutions inutiles.
Chacun, chacune peut y retrouver un peu de lui-même.
Elle excelle à cerner les traits de personnalité et les dépeint avec brio.

Merci Magali de m'avoir fait ce très beau cadeau !
C'est un livre (et ils sont rares) que je garderai comme ayant été un très beau et intense moment de lecture.
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Une famille incapable de panser les maux, des mots plongés dans le mutisme, l'amour maternel oublié.
Une mère hermétique aux sentiments et à l'amour, ne reste que le brassage de l'impossible contre-courant d'une enfance figée dans les blessures.
Quand les siens ne sont pas à la hauteur de nous porter, s'évertuer à se sauver soi-même : lire encore et encore pour assouvir ce manque qui cogne. Même si les maux s'accrochent jusqu'à faire boiter une petite fille qui voulait juste comprendre et entendre des sentiments.

Une petite fille qui invoque anges et oiseau bleu pour la pardonner à la place d'une mère qui elle, invoque son dieu en pleurant sur son pauvre sort d'avoir enfanté une enfant imparfaite. Un mari dans l'ombre, un père sauveur de papillons et spectateur de la noyade de sa famille.
Et un constat bien triste de devoir se taire pour rester en vie, de ne devoir rien entendre, rien apprendre pour ne pas éveiller la culpabilité d'avoir échoué.

Ce n'est pas une jolie histoire. C'est une histoire de non-dits, de maux qui ont pris le gouvernail des mots. Un pardon impossible dans une famille où seules les banalités s'entendent.
Une histoire somme toute impossible à vivre lorsque les portes sont verrouillées : celles du coeur.

Sous le charme une nouvelle fois de la plume d'Anne Bragance qui livre ici encore, une histoire bien écrite, avec une justesse littéraire plus qu'appréciable.
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Une petite fille rebelle, une mère soucieuse du bien, un père aimant mais plutôt discret et un adorable petit frère au caractère angélique. Et voilà une famille dont les rapports reposent sur une grosse bêtise jamais pardonnée, une honte enfouie. L'écriture est simple et originale, à chaque chapitre un membre de la famille exprime avec ses mots les étapes de cette histoire simple. Bon mais tellement triste!
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Une note de tristesse émane de ce livre qui traite des rapports tendus au sein d'une famille.Virginie, une petite fille malheureuse et incomprise par sa mère se met à boiter à la naissance du petit frère. Chargée de le garder quelques heures, elle le mettra dans la poubelle et attendra la punition et le pardon. La mère tait ses mauvaises actions au père qui semble ainsi échapper ainsi aux problèmes familiaux.
A la retraite, il découvre la similitude qui existe entre les tensions familiales et la vie de la société.
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Mais de vraie conversation animée par le désir de se comprendre, d'établir des liens, point jamais. Ce décryptage progressif et si nécessaire du monde qu'interdisait le laconisme familial, la fille , très tôt, est allée le chercher dans les livres. Petit à petit, elle s'est enthousiasmée d'une famille d'élection constituée des écrivains qu'elle aimait ou admirait. Un auteur représentait pour elle beaucoup plus qu'un nom, un style ou un univers: c'était une voix qui s'adressait à elle sur le ton de la confidence, lui faisant part de son expérience de la joie ou de la douleur et levait parfois le voile sur ce qui lui demeurait opaque. Elle était à à cet âge, si altérée d'échanges qu'entre les pages du livre élu elle fixait des rendez-vous illicites et délicieux à son auteur, lequel devenait alors un interlocuteur privilégié, un ami, un mentor, un maître à penser. (p. 183-184)
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Il vient de tomber sur la définition de -casus belli- qu'il se souvient d'avoir enseignée en cours d'histoire à ses élèves de terminale. Il la lit : - Acte de nature à provoquer une déclaration de guerre, à déclencher les hostilités entre deux états. Cf. Larousse.
Il demeure là, à contempler la phrase signalée jadis par le coup de crayon rouge: elle lui donne à réfléchir. Il a beaucoup aimé l'histoire, il en connaît tous les dessous et les ressorts. (...)
Charles Douhet est en train de découvrir que l'histoire d'une famille peut se rapporter , se comparer- toutes proportions gardées- à l'histoire d'une nation. Tout se joue alors à l'échelle privée et de manière feutrée, mais tout y est: tensions, rapports de force, camouflage des informations, conflits, ruptures, tyrannie, soumission, rébellion. Au sein de chaque famille, à tout moment, peut survenir le -casus belli.- (p. 164-165)
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Elle consacre tout son argent de poche à l'achat de livres, elle en rapporte de nouveaux chaque fin de semaine, sans compter ceux qu'elle emprunte à la bibliothèque. Que faire , mon Dieu, pour abattre ces remparts de papier qu'elle dresse contre nous ? (...)
La vérité, c'est que Virginie nous fuit, elle se réfugie dans ses fictions pour mieux nous échapper et proclamer son absence. (p. 56)
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Il est bon de retrouver Louis car il sait donner l'illusion que sa vie n'est qu'attente d'elle et joie de la revoir. Il sait ouvrir ses bras en même temps que sa porte et dire : Entre, ma jolie. Et elle croit alors ce qu'aucun homme n'a réussi à lui faire croire : qu'elle est jolie.
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L'art d'écrire ne s'enseigne pas du haut d'une chaire d'amphithéâtre. L'apprenti romancier qui prétend l'acquérir ne l'obtient que de haute lutte
par la fréquentation assidue des chefs d'oeuvre, voire celle des oeuvres mineures, qui seule pourra contribuer à son édification. Il faut accompagner le livre dans tous ses méandres, il faut accepter de s'immerger jusqu'à l'asphyxie dans la cadence, le phrasé (...) La lecture a été la seule école où Virginie Douhet se soit sentie à son aise et dont elle ait beaucoup appris. (...) Bien que non passive, surtout pas passive, elle s'est longtemps, doucement laissé irradier par ses lectures. (p. 101)
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Vidéo de Anne Bragance
Une affection longue durée Marque-page 05-07-2011
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