Un livre pour un instant de poésie. de ceux qui touchent au coeur.
Anne Bragance, auteure prolifique, trente-neuf romans publiés donne dans celui-ci, tour à tour, la parole à ses personnages dans une suite narrative. Chacun raconte et se raconte, dévoilent ses émotions, ses doutes et ses joies. Ses bleues à l'âme et ses bonheurs parfois inattendus. L'histoire se déroule comme on déroulerait une pelote à plusieurs fils entremêlés. Chaque personnage apportant un éclairage sur les autres.
Passe un ange noir est d'abord l'histoire d'une rencontre sur le banc d'un arrêt de bus. Une rencontre entre deux générations : une adolescente et un vieux monsieur, Milush et Andres. «Elle, quinze ans et quelques poussières de semaines. Moi, pas loin des soixante-dix-huit. Je pourrais être son grand-père… un drôle d'attelage que nous formons tous les deux.». Elle deviendra la petite fille qu'il n'a pas eu, il deviendra son grand-père. Chacun illuminant la vie de l'autre. Une voisine névrosée, des chauffeurs de bus curieux, la mère de Milush au sentiment maternel discret,… se croisent, se recroisent et complètent la galerie des personnages.
Roman souvent présenté comme l'histoire d'une belle amitié il est aussi, peut-être surtout une parabole sur des destins contrariés et sur l'absence d'un être aimé, fantasmé ou rêvé. Un père, un fils, un mari ou un chanteur, à tous il manque quelqu'un. Dans la pelote, ce manque, cette absence est le fil rouge. Il structure l'histoire, justifie les états d'âmes des personnages et leurs actions.
Anne Bragance transforme, touche après touche des vies parfois abimées, parfois moroses en palettes arc en ciel. Je me suis émue de ces personnages qui trébuchent, se perdent, se rencontrent et se relèvent.
Ce roman est une parabole sur la vie. Et s'il ne fallait qu'une raison pour le lire : la dernière page.