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Critiques filtrées sur 4 étoiles  


Joe.
Larry BROWN
Traduction Liliane Sztajn

Alcool, violence, solitude.
Voici les 3 mots qui me viennent à l'esprit en évoquant ce roman.
Deux solitudes :
Joe homme célibataire (depuis son divorce) qui a pour seule compagnie son redoutable chien et des femmes de passage.
Il est maitre d'un chantier de « déforestation » pour lequel il emploie des saisonniers (souvent de pauvres noirs) qu'il transporte à bord de son pick up et qu'il paie à la journée.
Et puis il y a Gary, un petit bonh
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Avec ce roman, on plonge dans les tréfonds de l'humanité.

On suit Garry Jones et sa famille qui vagabonde dans le Mississippi. Parler de famille dysfonctionnelle serait un euphémisme : Garry ne connait pas sa date de naissance, n'a jamais été à l'école, ne sait pas ce qu'est une brosse à dents ou une église. Son père est une raclure de bidet de la pire espèce, capable de vendre femme et enfants pour un peu d'alcool. Sa mère, brisée par la vie qu'elle a vécu et la perte de plusieurs enfants, est complètement amorphe et ne lui est d'aucune aide.
Mais on s'attache à ce garçon, travailleur et déterminé à s'en sortir. C'est lui qui va nourrir sa famille, essayer de bricoler la maison abandonnée qu'ils ont investi et économiser le peu d'argent qu'il arrive à sauver de son père pour s'acheter un camion.

Il rencontre Joe, qui lui donne un travail, le prend sous son aile et fait office de figure paternelle, même si lui-même est loin de la perfection. Il est alcoolique, bagarreur, parieur, il a passé quelques années au pénitencier et joue avec le feu ce qui semble le rediriger tout droit vers la case prison.

Une lecture sombre, assez désespérante et en même temps pleine d'humanité.
Larry Brown n'est pas manichéen, ses personnages sont écrits avec justesse, ils sont attachants malgré toutes leurs imperfections.
On s'y croirait, dans les forêts du Mississippi, mais on est content que le voyage se fasse à travers le livre et qu'on puisse laisser toute cette misère entre ses pages.
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♪ Hey Joe, where you goin' with that gun in your hand ? ♫ (*)

Oui, Joe a un flingue sous le siège de sa voiture et oui, faut pas emmerder Joe

Joe, il faut aussi le taxi, chargeant ses journaliers, des pauvres hommes Noirs, qu'il emmène faire bosser dans la forêt où ils doivent empoisonner des arbres afin d'en planter des autres, de ceux qui rapporteront du fric.

Le titre du roman est court, peu recherché, mais l'important est ce qui se trouve dedans : un pur roman noir de chez noir, aussi sombre que dans le trou du cul d'une taupe, occupée à creuser une galerie, au fond d'une mine, à minuit, par une nuit sans lune.

Tous les niveaux de sombritude sont cochés et on ne ressort pas de cette lecture en sautillant gaiement. Oubliez le pays des Bisounours, ici, c'est l'alcool qui sert à supporter des vies de misères, des boulots de merde, où l'on trime beaucoup pour gagner peu.

L'auteur prendra le temps avant de nous amener à la rencontre entre Joe Ransom, quadra qu'il ne faut pas faire chier et Gary Jones, gamin de 15 ans, analphabète qui ne sait rien de la vie, trop occupé qu'il fut à suivre ses parents dans plusieurs états.

Les descriptions des différents personnages qui hantent ces pages sont flamboyantes, profondes, détaillées. Des vies de misère, de crève-la-faim, de débrouillardises, de petits trafics en tout genre sont décrites au scalpel et les décors sont grandeurs nature, pollués aussi, puisque tout le monde jette ses canettes ou bouteilles par la fenêtre de son pick-up.

Dans cette petite ville du Mississippi que l'on pourrait appeler Bouseville ou Ploucville, le temps semble s'être arrêté. C'est une chape de plomb qui pèsera sur les épaules du lecteur qui a osé s'aventurer ici. Sans compter les tripes qui vont se serrer en voyant tout ce que Wade fait subir à ses enfants, notamment à son gamin, Gary.

Le père Jones, le fameux Wade, est LE personnage que l'on a envie de noyer dans la rivière du coin avant de creuser un grand trou pour l'y enterrer. Si les autres personnages traînent des casseroles à leurs culs de bouseux, lui, il a la collection complète.

Cet homme est égoïste, fainéant, alcoolique, voleur, menteur, exploiteur et j'en passe. Décapsuler une bière dans son périmètre est aussi dangereux que d'ouvrir une boîte de thon dans une pièce remplie de chats affamés.

Certains romans noirs sont poisseux de sang, "Joe" est un roman noir poisseux de misère. Les portraits sont esquissés avec justesse, ils sont fouillés, réalistes, certains sont même fait avec tendresse (John Coleman). Mais c'est noir de chez noir, sans espoir. Criant de vérité, de désespoir, de sueur, de sang, de saloperie…

Bref, la ruralité que l'on n'a pas envie d'arpenter en vrai, mais qui nous plait vachement bien en version littéraire. Ce roman noir, c'est l'Amérique archi profonde, pauvre, alcoolique, minable où les gens triment du matin au soir pour gagner quelques sous.

(*) Hey JoeJimi Hendrix

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir. N'en cherchez pas la moindre lueur dans ces pages, Il n'y en a pas.
Alors, pourquoi ai-je tellement aimé ce livre, moi qui recherche souvent un peu de légèreté ?

Parce que Larry Brown n'a pas son pareil pour nous faire pénétrer au plus profond de l'Amérique des laissés pour compte. J'aime son écriture âpre tour à tour minimaliste et terriblement précise.

Parce que ces personnages sont hors du commun. Grands blessés de la vie, ils continuent d'avancer vers un univers incertain qui ne saurait être pire.

Parce que Joe est un personnage rude avec malgré tout un côté attachant.

Parce que j'ai aimé Gary, gamin paumé dans une famille d'ivrognes.

Parce que ces deux-là vont se rencontrer.

Parce que peut-être qu'au fond il y a en chaque individu une part d'humanité qui fait la différence.

Parce que Larry Brown est à mon sens l'un des plus grands écrivains américains.

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RÉSUMÉ:"Gary Jones a peut-être bien quinze ans. Sa famille vagabonde arpente les rues et les bois du Mississippi tandis qu'il rêve d'échapper à cette vie, à l'emprise de son bon à rien d'ivrogne de père. Joe Ransom a la quarantaine bien sonnée. Il ne dénombre plus les bouteilles éclusées et les rixes déclenchées. Lorsqu'il croise le chemin de Gary, sauver le jeune garçon devient pour Joe l'occasion d'expier ses péchés et de compter enfin pour quelqu'un. Ensemble, ils vont se frayer un chemin sinueux, qui pourrait bien mener au désastre… ou à la rédemption."

MON AVIS: le bien et le mal s'affronte au fil des pages et l'auteur décrit magnifiquement la beauté de la nature et la noirceur des hommes.
J'ai cherché de chapitre en chapitre la petite fleur sur le tas de fumier, et elle n'a pas été facile à trouver. Toute la duplicité, la bassesse, l'ignominie du mâle ayant l'ascendant sur plus faible que lui s'est déversé devant mes yeux en la personne de Wade, sale pochard veule et sournois. Et si Joe, malgré ses propres démons, a essayé d'aider Gary, le résultat est tout de même affligeant, pitoyable et rageant.
Larry Brown poétise la misère humaine et ça donne une lecture où la beauté cotoie la laideur. Triste fiction d'un monde bien réel.
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Il se passe pas grand chose dans cette contrée rurale du Mississippi ; pourtant, on reste accroché à ce texte en raison d'une écriture vivante et forte qui rappelle un peu celle d'Harry Crews...
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Gary, 15 ans a une famille à nourrir.
Pour cela, Gary, 15 ans doit travailler pour gagner de l'argent.
Gary, pourtant, a un père. Mais, vraiment, ce père là n'a jamais été capable, n'a jamais été responsable, n'a jamais eu ni morale, ni âme.
Ce père là traîne avec lui ce qu'il reste de sa femme et de ses enfants. La famille vagabonde, squatte, mange des riens. Tandis que le père boit considérablement.
Ce père là est un monstre.
Gary, donc doit nourrir sa famille et la protéger du père.
Ce que serait formidable c'est que Gary arrive à se protéger lui même.
Gary rencontre Joe. Joe boit beaucoup lui aussi. Joe donne du travail à Gary.
Joe comprend la vie terrible que mène Gary avec sa famille. Il sait la bestialité de ce père là.
Joe ne peut pas donner beaucoup plus que du travail, même s'il comprend tout ce qui se passe.
Joe vit avec ses doutes et ses douleurs. Joe fait ce qu'il peut.
J'ai cheminé avec ces laissés pour compte dans cette Amérique du sud des États-Unis. J'ai eu chaud avec eux. J'ai eu peur avec eux. J'ai eu faim avec eux.
A quelle époque vivent ces personnes ? Voilà la question récurrente que je me suis posée malgré les indices qui situent l'action dans les années 80.
J'ai apprécié cette écriture directe, énergique et dépouillée.
Jusqu'à la dernière page, le père ivrogne déploie une ingéniosité terrifiante pour s'assurer une ivresse permanente.
Mais Joe a rencontré Gary. Ça peut changer quelque chose. Ça peut...
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Un vieux pick-up déglingué, un pack de bières sous le fauteuil passager, une bouteille de Bourbon à portée de la main, et au volant un type entre deux âges, pas mauvais bougre, loin de là, mais du genre qu'il vaut mieux éviter de chercher. Voilà Joe. Marié et divorcé, évidemment, deux gosses qu'il ne voit guère, on pourrait l'imaginer dans le rôle du shérif local mais il doit se contenter d'un job moins reluisant - le déboisement des forêts locales et leur reconversion en plantations de pins. Pas de quoi vous offrir un but existentiel folichon, en somme.
Pourtant, cette existence plutôt morose partagée entre le boulot, la picole et le jeu semble soudain des plus enviables lorsqu'entre en scène la famille Jones. La famille Jones, c'est le pire du pire - le père surtout, alcoolique teigneux prêt à toutes les saloperies pour se procurer une bouteille, loqueteux, puant, paresseux, servile avec les forts, brutal avec les faibles, sa femme et ses gosses surtout. La mère n'est plus qu'une épave à moitié folle, la fille aînée commence à comprendre qu'elle se débrouillera mieux toute seule qu'avec les siens, la benjamine ne prononce plus un mot et le cadet fait ce qu'il peut. Un chouette gamin, Gary, élevé à coup de gnons, ne connaissant du monde qu'une succession de boulots minables et mal payés, la violence et la misère, improbablement gentil pourtant et résolu coûte que coûte à s'en tirer.
Joe, évidemment, va rencontrer Gary et restera difficilement insensible à son sort. Reste à savoir ce qu'ils vont pouvoir faire l'un de l'autre - entre l'apathie ronchon de l'un et l'incapacité de l'autre à échapper à son père, lequel ne cesse de repousser les frontières de l'ignoble, la partie n'est pas gagnée d'avance.

Après les raffinements de l'Angleterre aristo-artistique de Brideshead, j'aurais bien fait de m'offrir une petite transition plutôt que sauter à pieds joints dans le doux fumet White Trash de Larry Brown. J'ai beau aimer les contrastes, picoler à la Bud avec des bûcherons dans une cabane en rondins est, disons, plus confortable quand on ne vient pas de siroter des vins fins en compagnie d'un joli garçon dans le salon d'un château. Les pauvres bûcherons, surtout, n'y ressortent pas vraiment à leur avantage. N'est-ce pas en partie pour cela que j'ai trouvé à Joe cet arrière-goût de stéréotype, au lieu de me laisser convaincre par le personnage ? J'avoue être un brin lassée de l'éternelle figure du quadra/quinquagénaire alcoolique divorcé au caractère râpeux qu'on retrouve si souvent, d'un côté ou de l'autre de la loi, dans la littérature américaine, et en l'occurrence le caractère ne m'a pas semblé assez travaillé pour sortir vraiment du lot.
Fort heureusement, Gary est assez irrésistiblement attachant, une petite flamme vive qui s'obstine à lutter contre des ténèbres gluantes et qu'on a envie de protéger de ses mains, d'arracher à son monde. Un personnage enlevé à toute naïveté par les horreurs qu'il a vues et vécues, mais qui à travers elles a su garder une innocence touchante... d'autant plus touchante peut-être qu'elle vient justement de son statut d'enfant sauvage et que toute forme de "réussite sociale", aussi modeste soit-elle, a des chances d'y mettre bientôt fin.
Fort heureusement, Larry Brown échappe au piège que tendait cette histoire, celui d'un sauvetage rédempteur de l'adolescent par l'adulte. Il tisse entre les deux personnages un rapport beaucoup plus subtil, beaucoup plus ambigu, où les liens d'une paternité manquée sont évidents mais dont les ressorts exacts et les conséquences restent sujets à la libre interprétation du lecteur. Dans cette optique, la fin très ouverte est assez louable, même si j'avoue qu'elle m'a quelque peu laissée sur ma faim et qu'une action un peu plus resserrée n'aurait pas gâché mon plaisir.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Larry Brown dresse le portrait des invisibles, de ceux qui marchent au bord de la route, dépenaillés et dont on ne veut rien savoir. Ces gens qu'on plaint et qui font un peu peur. Cette misère, cette pauvreté matérielle, culturelle et surtout morale.
Pour un verre d'alcool, tous les moyens sont bons.
Certains ne dépassent pas la limite de ce que la société et la morale permettent, tiraillés par leur conscience, d'autres ne savent même pas qu'il y a une limite. On vole ou on tue comme on ferait autre chose, sans état d'âme, parce qu'on survit, parce qu'on est saoul on parce qu'on veut l'être.
Joe et Gary se rencontrent dans toute cette misère, chacun a son histoire, ses faiblesses. L'un a encore des rêves, l'autre plus ou presque plus. L'un décide de préserver l'autre, de l'aider à conserver ses rêves et ses maigres ambitions.
Une histoire dure, noire mais dans toute cette noirceur, il y a un brin de lumière, quelque chose de tellement émouvant dans cette petite solidarité naissante, qu'on peut encore croire, un tout petit peu à la gentillesse, à l'amitié ou à la bienveillance.
Bref, un peu de douceur dans ce monde de brutes, mais il faut le dire vite !
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Dans le nord du Mississippi, on suit d'un côté la dérive sordide de la "famille" Jones : le père est un véritable déchet humain, une épave doublée d'une ordure sans nom ; la mère a carrément largué les amarres (dans sa tête) depuis des années, et on comprendra plus tard qu'il y avait de quoi ; et trois enfants tentent de survivre dans ce désoeuvrement absolu : la petite soeur a sombré dans un mutisme total (l'horrible raison de son état ne nous sera pas épargnée), la grande assume physiquement sa rébellion contre son paternel ; et Gary, adolescent innocent et volontaire, tente de subvenir aux besoin de la famille en faisant les poubelles, puis en bossant ça et là dans cette campagne plombée de soleil. L'autre trajectoire est celle de Joe Ransom, ex-caïd local à peu près rangé malgré quelques embrouilles périodiques avec la flicaille du coin. Joe ne manque de rien ; il conduit une bande de journaliers dans des travaux forestiers pénibles, et embauchera Gary un moment. La rencontre ne s'arrêtera pas là.

Roman lent et un brin oppressant, comme la chaleur qui pompe toutes les énergies et qui fait se traîner, pleins de sueur et d'alcool, la plupart des protagonistes, "Joe" captive néanmoins par sa narration très sensitive, par sa façon très pertinente d'explorer de l'intérieur sa galerie de personnages, en jouant sur la diversité des consciences et perceptions de chacun lors d'une succession d'événements dont certains seront pour le moins secouants. Brown écrit dans un style modeste et factuel qui renforce l'authenticité de son récit. Des qualités indéniables donc, mais on garde un petit sentiment d'inabouti, l'impression diffuse que l'auteur a en main tous les outils pour nous emmener encore plus loin sans rien en faire. Remarquable tout de même.
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