Comme disait le poète,
Vanda à fait un bébé toute seule, ou presque. Il s'appelle Noé et il a désormais six ans. Elle l'élève tant bien que mal, habite dans un cabanon minuscule situé au bord de la mer, et dans une ville "multiculturelle" du sud de la France, où les gabians survolent les cagoles, et où la question "t'habites à la pointe rouge ?" vend beaucoup plus de rêve que partout ailleurs.
Noé, c'est sa raison de vivre. Elle le couve, le materne, le protège avec une force, voire une rage à toute épreuve contre les éléments.
Et
Vanda galère, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle travaille comme femme de ménage en intérim au sein d'un établissement hospitalier. Elle gagne une misère. Elle peut se faire virer du jour au lendemain, surtout si elle fait grève contre les restrictions budgétaires qui affectent l'établissement. Aussi quand son gamin est malade et qu'elle doit s'absentrer pour le garder. Mais, elle est consciencieuse et appréciée des patients et des statutaires. Ça fait pas tout, mais ça aide à garder son travail.
Mais, c'est pas avec ce qu'elle gagne qu'elle est capable de boucler les fins de mois et elle est obligée d'user de tous les subterfuges que la pauvreté oblige à déployer.
Simon, quant à lui, a grandi à Marseille. Mais, il n'a jamais vraiment aimé cette ville et son objectif à toujours été de la quitter pour Paris, où les opportunités professionnelles sont sans aucune commune mesure supérieures à la 2ème ville de France (ou 3ème ça dépend de comment on compte). Il y a d'ailleurs rencontré sa compagne qui partage sérieusement sa vie depuis quelques années désormais.
La famille de Simon vit toujours à Marseille d'ailleurs, même s'il ne vient pas souvent la voir. C'est un peu par obligation qu'il doit y revenir, après avoir appris le décès de sa mère et pour s'occuper de l'organisation des obsèques.
C'est à cette occasion que
Vanda va décider d'annoncer à Simon que Noé est son fils. Car oui, Simon a eu sa phase un peu rebelle lors de laquelle il faisait la tournée des bars du cours Julien et où il a partagé la vie débridée de
Vanda pendant quelques mois.
Et force est de constater à la lecture de cette histoire que cette nouvelle va un poil contrarier les plans de tous les protagonistes de cette affaire.
Au delà de l'intrigue pour laquelle il est dangereux d'en dire plus sans spoiler, ce livre décrit avec une réalité assez déroutante, les conditions de misère et de précarité dans lesquelles peuvent se retrouver un certain de travailleurs pauvres. Il décrit aussi avec une précision chirurgicale tout ce qui fait les spécificités de la ville de Marseille : la pauvreté qui gangrène la ville, les immeubles insalubres, le multi-culturalisme, les marchés pas toujours très officiels, les juxtapositions de quartiers touristiques flambant neufs et d'autres en décrépitude ... mais aussi, la plage, la mer, la météo, la beauté des paysages, le tempérament rebelle de la ville qui la rend à certains si attachante, voire si envoûtante ... parfois.
Marseille, soit on l'adore, soit on la déteste. Et c'est pas ce livre qui va la réconcilier avec les lecteurs déjà convaincus qu'ils n'y vivront plus jamais.