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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai adoré. Adoré Vanda et son petit Bulot, Noé de son prénom, son petiot de six ans. Adoré cette complicité et fusion entre une mère et son fils. Seuls contre le monde entier.
Ce livre est puissant tant par la force de l'amour qu'il distille que par le caractère trempé de cette Vanda tatouée sur tout son corps.

Vanda et Noé sont seuls au monde. Perdus au bord de la mer dans un cabanon où règnent le désordre et l'exiguïté. Vanda elle fait avec ce qu'elle est, ce qu'on lui a donné. Elle pousse des gueulantes pour un oui pour un non. Elle donne son corps aux marchands de plaisir, elle boit et fume sur la plage avec ses potes. Puis elle retrouve Noé. Près de lui, elle voudrait être ailleurs, loin de lui, elle voudrait n'être qu'avec lui. C'est tout le paradoxe de Vanda.

Quand surgit Simon, le père de Noé plus de sept ans plus tard, Vanda a peur. Peur que sa bulle explose, peur que le duo mère-fils se disloque.

On alterne dans ce très beau roman la voix de Vanda puis celle de Simon. Leurs angoisses se rejoignent sans crier gare. Vanda et Simon, deux êtres qui ont grandi sans père, un peu trop vite, tant bien que mal.
On pourrait reprocher à Marion Brunet des personnages au ton un peu trop vulgaire, c'est vrai. Parce que Vanda ne pèse pas ses mots. Elle parle comme elle pense, comme elle est, ses tatouages et sa rage pleins la bouche. Cela ne m'a pas choquée. Ça colle avec cette Vanda, ça la caractérise, ça la dessine, ça la rend tout à fait proche de nous. Et malgré ses bavures et ses imprudences, on s'attache à elle, on regarde émus son courage, sa spontanéité, son amour fou pour son fils.

Un très beau roman que j'ai trouvé puissant et évocateur. La mer, les moustiques, le sable, la misère, l'oiseau rare, Noé sans son doudou qui plonge ses mains dans la chevelure de sa mère pour s'endormir. Tout et plus, j'ai trouvé ce roman éblouissant.

Merci aux éditions Albin Michel, à Marion Brunet et à Babelio pour l'envoi de ce roman qui m'aura retourné le coeur.
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Odeur de drame, tension extrême, cela pèse dès le début sur l'atmosphère de ce roman très social de Marion Brunet : Vanda. J'ai pu le découvrir grâce à Babelio (Masse critique) et les éditions Albin Michel (épreuves non corrigées).
Vanda est une jeune femme, mère de Noé (6 ans), enfant qu'elle élève seule et qu'elle appelle affectueusement Bulot. Personne très indépendante, elle a quitté sa Bretagne natale pour vivre à Marseille où elle a rencontré Simon, fait l'amour puis s'est retrouvée enceinte alors qu'elle était à Tanger, au Maroc.
Toujours farouchement seule, elle n'a rien dit au père qui ignore totalement qu'il a un fils. Il vit à Paris et ne l'apprend que six ans plus tard alors qu'il est revenu à Marseille à la mort de sa mère. Détail important, Chloé, la compagne de Simon, refuse catégoriquement d'avoir un enfant.
Vanda et Noé vivent dans un cabanon, sur une plage, dans des conditions très précaires. Elle travaille dans un hôpital psychiatrique où elle fait le ménage mais où elle révèle surtout une profonde humanité. Hélas, alcool et envie fréquente de faire la fête reprennent souvent le dessus.
Ce roman, en plus des portraits fouillés de Vanda et de Simon, raconte un affrontement terrible entre une mère très possessive et un père qui voudrait simplement offrir un peu de confort et de sérénité à son fils. Ce fils, Noé, est viscéralement attaché à sa mère. Ils dorment ensemble, ne se séparent que parce que Vanda est obligée de travailler. C'est un amour fusionnel qui ne peut que causer des dégâts par la suite.
J'ai apprécié Vanda dans ses combats sociaux, au travail, mais je n'ai pas aimé ses choix de vie pleins de risques pour elle mais surtout pour son enfant. Elle est toujours sur la corde raide, presque une sans domicile fixe car l'été, le propriétaire du cabanon préfère louer aux vacanciers. Cela donne un épisode Corse très intéressant et très instructif sur la personnalité de Vanda.
Elle est immensément courageuse quitte à priver son fils d'un père qui tente un peu maladroitement d'apporter un peu de confort à son fils et à sa mère. Confort égale-t-il bonheur ? La question mérite d'être posée et chacun y répondra selon ses convictions et d'après son expérience personnelle mais, en lisant ce très bon roman, j'ai eu la sensation désagréable d'un immense gâchis.
Marion Brunet que je découvre pour l'occasion, raconte tout cela avec talent, précision et je conseille vraiment de lire ce livre en continu car l'auteure crée une ambiance, une atmosphère indispensable à la compréhension de son personnage principal : Vanda.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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L'occasion m'a été donnée de m'intéresser à ce roman par Babelio qui me l'a proposé lors d'une Masse Critique privilégiée. Hélas, cette fois - là le sort m'a été défavorable et d'autres amis et amies babeliote ont profité de cette belle opportunité. Pourtant , le "poisson était ferré " et s'était bien promis de se lancer un jour " à l'assaut " de ce petit livre à l'histoire bien intrigante Alors , dés la sortie " en poche " , jeudi dernier ..... L'histoire ? Oh , finalement , elle est assez banale .Simon se rend à Marseille aux obsèques de sa mère qu'il ne rencontre plus que de temps à autre . C'est qu'il a sa vie à Paris , une profession reconnue , une compagne , Chloé avec qui tout va pour le mieux . Alors , sa mère....Pourtant , en se rendant à ses obsèques, ce qu'il ignore , c'est que sa vie va basculer : face à lui , par hasard , se tiennent Vanda , une ancienne " rencontre " de jeunesse ....et un petit garçon . Dés lors , plus rien ne sera comme avant , une " machine infernale " jette son emprise et déferle sur le trio .
Le livre est court , si court qu'on pense être vite " au bout " et pourtant , on se complaît à traîner, à savourer une écriture loin d'être " légère " , à s'immiscer de ci , de là, à droite , à gauche , deux côtés comme séparés par une ligne rouge infranchissable , une ligne rouge sur laquelle évolue, en équilibre précaire un " fildefériste" , un petit garçon , un petit Noé , le petit " Bulot " à sa maman . C'est dur , n'ayons pas peur des mots , violent aussi de cette violence quotidienne qui fait parfois ressurgir " les cendres d'un volcan qu'on croyait éteint " et fait chavirer le " bateau du bonheur " , fragile certes mais qui , bon an , mal an , résistait tout de même aux " coups de vent " jusqu'à ce que ....
Ce roman nous implique , pas moyen d'échapper à l' intervention de notre " moi profond " , pas moyen pour notre coeur de " se planquer " pour ne pas parler , pas moyen non plus pour notre " raison " de " rester " en retrait . Un sacré bouleversement de notre être autour de ces personnages peu nombreux mais inoubliables , dépeints par l'auteure avec tact et grande intelligence . Un roman marquant sur un sujet difficile , mené avec art de bout en bout , sans excès aucun . J'ai adoré et je pense ne pas avoir été le seul ....
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Moi qui abordais ce livre dans l'esprit d'une lecture de détente entre deux thrillers noirs, moi qui pensais que c'était une lecture plutôt "grand ado/jeune adulte" (j'ai lu "Sans foi ni loi" récemment"), eh bien...je me suis bien plantée !
Cette histoire m'a serré le coeur à tel point que je n'ai pas pu la lire d'un trait, alors même que le roman est court et ne prends que quelques heures à terminer. Je me sentais étouffée par cette fusion entre Vanda et son "bulot", ainsi qu'elle surnomme son fils Noé. Et c'est vrai qu'il s'accroche à sa mère comme un bulot à son rocher, ce petit garçon, tant il craint de la perdre, par exemple lorsqu'elle va nager trop loin, ou qu'elle le laisse seul pour s'adonner à l'ivresse de l'alcool et des étreintes aléatoires. C'est d'ailleurs lors d'une de ces soirées où alcool et autres dérivatifs permettent d'oublier tous les aléas de la vie que Noé a été conçu, par hasard, avec Simon, un "petit ami" qui est parti ensuite faire sa vie ailleurs sans se douter un instant qu'il avait semé un enfant dans le ventre de Vanda. Au moment du retour de Simon à Marseille (il vient enterrer une mère avec laquelle il n'avait plus vraiment de contacts), Vanda et Noé, qui a 6 ans, vivent comme ils le peuvent dans un cabanon, avec des moyens très réduits et le moins possible d'intrusions extérieures. Pourtant Vanda travaille, en contrat précaire et mal payé, ce qui lui permet de fournir le nécessaire à son fils et de "faire la bringue" quand l'envie lui en prend. Noé, lui, va à l'école et aimerait bien parfois voir un peu plus ses copains, même s'il est toujours aussi "accro" à sa mère. Quand Simon apprend par une gaffe de Vanda qu'il est papa, son premier réflexe est de faire connaissance avec ce rejeton tombé du ciel, d'autant plus que sa compagne Chloé ne veut pas d'enfant et ne semble pas trop se soucier de sa propre opinion sur le sujet.
Le roman nous parle d'une part de la prise de conscience de Simon, qui est plutôt un brave type et voudrait donner à son fils ce que lui-même n'a pas eu avec son propre père, et d'autre part de la crainte de Vanda qu'un quasi-étranger vienne s'immiscer dans sa relation avec Noé. J'ai d'ailleurs eu du mal à comprendre que cette crainte soit si forte, au point qu'elle envisage très vite une fuite à l'étranger, sans laisser la moindre chance à Simon de lui expliquer ses intentions. Mais elle est comme ça, Vanda, tout d'une pièce, et sans concessions dès qu'il s'agit de son bulot. Autant elle se permet pas mal de "légèreté" dans sa propre façon de l'élever, autant elle imagine Simon comme un intrus qui n'apportera rien de bon puisqu'elle s'en est très bien passée jusqu'alors, et Noé aussi. Elle est touchante et agaçante, profondément humaine (par exemple à son boulot dans un hôpital psychiatrique alors qu'elle n'est "que" femme de ménage), mais aussi parfois complètement égocentrique et irresponsable.
Marion Brunet a beaucoup travaillé la personnalité de son héroïne, je suis complètement entrée en communion avec elle, du coup les passages qualifiés de "vulgaires" par certains commentateurs ne m'ont absolument pas choqués. Ils font partie de sa façon d'être, son mode de vie aurait rendu très incongru un langage châtié ! le personnage de Simon par contre est un peu moins approfondi, on sent ses tiraillements entre sa vie actuelle plutôt bourgeoise avec Chloé et son envie de rester à Marseille pour s'occuper de son fils, mais il aurait mérité d'être un peu plus développé. Je me suis également demandé comment il se fait que les services sociaux n'aient jamais mis leur nez dans la vie de Vanda et Noé, dans un cas pareil il y a en général signalement (conditions de vie précaires, enfant souvent laissé à lui-même alors que la maman s'alcoolise dans des bars...). Peut-être sont-ils plus pointilleux en Alsace qu'à Marseille. le petit Noé m'a fait fondre, il essaie tant de faire plaisir à sa maman (et en est parfois bien mal récompensé !), il demande si peu en retour, juste qu'elle l'aime et reste un peu plus auprès de lui. Mais il voudrait bien connaître un peu plus ce papa qui surgit de nulle part...
Alors non, ce n'est décidément pas un roman léger, même s'il n'est pas noir, la fin est ...non je dis rien, et ce n'est pas non plus une lecture destinée aux ados. Mais je ne regrette absolument pas de l'avoir choisi, Marion Brunet est décidément une auteure qui maîtrise plusieurs registres et je vais très certainement continuer à la suivre. Je recommande sans réserve !
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Quand Vanda, un peu saoule, voire beaucoup, aperçoit son ex Simon dans ce bar, elle a un choc. Plus de six ans qu'ils se sont quittés et qu'elle ne l'a pas revu. Elle sait à ce moment que son monde risque de s'effondrer, Simon ne sait pas qu'il est le père de Noé, son fils. Elle préfère partir, en titubant rejoint sa voiture. Elle roule en direction de la plage, elle habite un cabanon. En arrivant elle ouvre le coffre et sort du duvet dépassant un petit garçon, son petit garçon endormi, Noé dit le Bulot.

Une pièce désordonnée, peu entretenue, une douche bricolée, un évier deux lits, une table basse encombrée d'assiettes sales, de mégots et autres déchets.

Vanda est une jeune femme qui vit dans la précarité sur une plage de Marseille. Elle a fui sa mère négligente avec une libido débordante, les moqueries des enfants du village de Bretagne où elle a grandi. Tatouée, aimant la fête, l'alcool et la fumette, agressive parfois, elle protège son petit comme une louve. Elle n'a peut être pas les bons gestes, s'énerve souvent mais elle aime Noé d'un amour inconditionnel. Sa vieille voiture lui a permis de trouver un boulot de femme de ménage dans un service de psychiatrie de l'hôpital au nord de Marseille. Elle est bienveillante avec les patients, ne s'attarde pas trop avec ses collègues qui, comme elle, enchaînent les contrats précaires.

Vanda est toujours en équilibre sur le fil de la normalité. La normalité de Simon, par exemple, qui la trouvait sensuelle et l'aimait comme un fou mais ne la présentait pas à sa mère, à sa famille.

Simon, lui, est revenu à Marseille car sa mère est décédée. Il a un bon métier et une compagne sur Paris. Il fréquente des gens élégants, instruits, qui font attention au regard des autres. Chloé ne veut pas d'enfant, alors quand il apprend qu'il est le père du Bulot, il tente de se rapprocher de lui et Vanda. Pas pour semer la pagaille, juste pour apprendre à connaître son enfant et pourquoi pas lui apporter un peu de confort.

Mais la vie dérape pour Vanda à ce moment-là. Sa voiture tombe en panne et elle a plus de deux heures de transport en commun pour aller travailler et revenir à l'école. Toujours en retard, l'institutrice la menace de prévenir les services sociaux. Puis les soignants de son service décident de faire grève et l'entraînent dans une manifestation. Prise en photo, elle apparaît faisant face aux forces de l'ordre, sur la première page du journal local. Elle perd sa place à l'hôpital, son contrat ne sera pas renouvelé.

Vanda n'est pas le personnage d'un roman, plutôt celui d'une évaluation faite par un travailleur social, le reflet de jeunes femmes de notre monde qui se battent seules avec leurs enfants pour survivre.

L'auteure, avec un style percutant, dresse un portrait sans complaisance de notre société actuelle entre les révoltes, les restrictions, les injustices, les violences policières, la précarité, la situation des femmes et des enfants pauvres.

Je me suis attachée à Vanda et son Bulot. Une bulle d'amour imparfaite dans un monde imparfait. Ils resteront longtemps dans mon coeur, Simon aussi qui ne voulait qu'une petite place dans leur vie.
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Une jeune maman rude et écorchée
*
Très bonne pioche pour le nouveau roman de Marion Brunet. J'ai tellement apprécié son précédent, L'été circulaire. Et encore une fois, un roman social réussi. Il y a même une pointe de drama à la fin (que je n'avais pas vu venir).
*
Ah je l'aime bien cette Vanda ! Rebelle, fougueuse, résignée, lucide, courageuse. Et comme une louve protégeant son petit. Maman d'un petit Noé, vivotant dans un cabanon près de la mer à Marseille. Ca c'est pour le CV.

Et pour le reste, c'est la vie avec ses grandes injustices. Vanda est ce qu'on pourrait appeler "une border line". Une marginale qui vit de débrouille et qui ne demande rien à personne. Sauf que son petit garçon réclame une grande attention. Une vie précaire dans un monde cruel, son lot de misère qui va avec. Et il y a le père de Noé qui brise ce microcosme rempli d'amour. Simon, le parisien aseptisé, qui voudrait reprendre le fils. Mais Vanda a des projets d'aventure, de fuite même. Tout plutôt que de rentrer dans un cadre bien défini.
*
J'ai aimé chaque phrase, chaque mot. Des dialogues certes brutaux, vulgaires parfois mais si saisissants. Vanda irradie et vibre d'une énergie folle. L'auteure a cette faculté de dévoiler et pointer du doigt le désespoir de chaque protagoniste. Tout en parlant d'amour dans chaque chapitre. C'est ça le talent !
*
Je me souviendrais longtemps de cette histoire de gens cabossés en-dedans et pourtant si lumineux. Comme le bleu de la mer et du ciel.
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Deuxième rencontre avec cette auteure qui la première fois m'avait emmenée dans une chevauchée effrénée tout en abordant le thème du féminisme. Pas facile dans un roman ado. Je n'ai donc pas été surprise de constater que dans VandaMarion Brunet lâchait les chevaux. Elle met sur le devant de la scène une femme forte au caractère bien trempé et son fils.
Vanda ce n'est pas la maman modèle, ce n'est pas la femme douce et aimante. Vanda c'est une louve malmenée par la vie et elle emmerde tout le monde : c'est Noé et elle contre le reste du monde. Parce qu'elle l'aime son fils, rageusement, furieusement, parfois mal mais toujours sans faille et sans fard. Noé c'est le point d'ancrage de cette âme à la dérive. Pour lui Vanda se bat, elle continue d'avancer sans renier ce qu'elle est, sans céder au politiquement correcte. La fierté : le seul luxe des petites gens qui refusent de courber l'échine quand on voudrait bien qu'ils se fassent oublier pour éviter de gâcher le paysage. Vanda en use et en abuse et parfois elle en paie le prix. Pourtant jamais elle n'abandonne.Quand on se bat si fort et si longtemps à un moment on devrait gagner non ? Mais la route est longue, tellement longue… une fois l'espoir à sec il ne reste que la colère, la haine, la niaque pour continuer le chemin.

Alors quand le géniteur de Noé montre le bout de son nez Vanda sort les griffes et montre les crocs : c'est SON fils. Ça fait 7 ans qu'elle morfle pour garder la tête hors de l'eau, qu'elle porte son fils à bout de bras alors personne ne va venir s'ingérer dans leur relation. Elle ne le permettra pas. Mais c'est dur, encore un choc à encaisser et les fondations de leur existence à Noé et à elle sont tellement fragiles. Et puis si ce n'était que leur univers à eux mais tout semble aller de travers.
C'est vrai quoi ! Qu'est ce qu'il a ce monde à la fin ? Ça n'a jamais été glorieux mais là on dirait qu'il déraille complètement ! Les migrants qui meurent en pleine mer dans l'indifférence générale (si on excepte quelques bonnes âmes), le racisme ordinaire que personne ne voit plus, le système public qui s'effondre, les gagnes petits qui crèvent la fin, les manifestants qu'on tabasse, mêmes les glaciers vont mal ! Pourquoi il ne se passe rien ? Personne ne voit la catastrophe arriver ou quoi ?

Au delà de la question de la paternité et des difficultés d'être mère célibataire, ce livre est un cri de colère, une critique virulente de la société dans laquelle nous vivons, de cet ascenseur social qui a l'image de ceux des quartiers est toujours en panne. Je me dis parfois que celui qui a inventé cette expression faisait de l'ironie !

Dans ma tête une petite ritournelle s'est imposée à moi comme la bande son de ce livre, des paroles depuis longtemps oubliées. Des paroles que peut être vous avez croisé :

La vie est belle le destin s'en écarte
Personne ne joue avec les mêmes cartes
Le berceau lève le voile, multiples sont les routes qu'il dévoile
Tant pis on n'est pas nés sous la même étoile

Pourquoi ne puis-je vivre comme n'importe quel être humain ?
Pourquoi mon destin est-il de ne pouvoir cesser de me battre ?
[…]
Je peux rien faire… je peux rien faire… spectateur du désespoir.

(IAM, Nés sous la même étoile)
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Autant le dire d'entrée, je partais avec un énorme a priori positif en ouvrant Vanda de Marion Brunet, tellement j'apprécie cette auteure croisée à deux reprises en rencontres, et ses livres. Quelques heures de lecture plus tard, je confirme : c'est encore une fois superbement envoyé !

Tour à tour te voilà Vanda, femme forte élevant seule Noé dans un cabanon marseillais, travailleuse invisible pour survivre, s'évadant d'une canette, d'un joint ou via la tentation de Tanger… Puis te voilà Simon découvrant tardivement sa paternité, basculant dans une autre dimension où la notion de droits interroge tandis que le devoir et l'envie bouillonnent, désemparé devant une situation sans issue acceptable… et te voilà enfin petit lecteur -contempteur de cette société du XXIe siècle, qui se consume au petit feu de cette instabilité chronique qui gangrène les vies et les espoirs.

Vous l'aurez compris, Vanda est un livre noir, bien noir, où l'on sent monter en puissance le drame à venir, où l'espoir pointe régulièrement son nez, sans jamais arriver totalement à percer.

Dans le polar, le western, la young ou comme ici, le drame contemporain, Marion Brunet a l'art de t'attraper dès les premières lignes pour ne plus te lâcher. C'est un style bien sûr, mais c'est surtout un cri, une sincérité, une langue brute qui témoigne d'un parcours et d'un regard juste et révolté sur les drames, misères, petites et grandes injustices quotidiennes devenues silencieuses à défaut d'être invisibles.

Pas de misère ni de misérabilisme chez Brunet, juste des mots sur des réalités, et le rappel qu'il ne suffit pas de vouloir le sursaut et la deuxième chance pour que les conditions d'y parvenir se combinent par miracle. Heureusement, il reste l'amour qui transpire malgré tout des pages bien rudes de Vanda
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Rebelle, sauvage, farouche, explosive, fière, solitaire - Vanda.
Mais pas libre. Ses boulets : son boulot alimentaire, et son 'Bulot', son petit Noé de 6 ans qu'elle surnomme ainsi parce qu'il s'accroche à elle. Elle entretient cette fusion, s'en nourrit, n'envisage pas de couper davantage le cordon, même si elle savoure les moments où elle peut respirer, danser, picoler, quitte à laisser l'enfant seul au mépris de la sécurité.
.
Chez Marion Brunet, les adultes ont du mal à endosser leurs responsabilités ('L'été circulaire', 2018).
Pour être adulte, il ne suffit pas de devenir parent, ni d'avoir un 'bon poste' à Paris. Grandis trop vite, mal 'tutorés', ses personnages galèrent, brouillonnent, reproduisent ce qu'ils ont pu reprocher à leurs parents. Et pensent que les autres s'en sortent mieux - ne pas se fier aux apparences...
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Chez Marion Brunet, comme chez Sylvia Avallone, on rêve d'ailleurs quand on est ado, de s'extraire de son milieu minable, de faire mieux que les parents étriqués. le choc n'en est que plus rude quand on regarde dans le rétro, 10 ou 20 ans plus tard : vivre dans le sud, être 'monté à Paris', ça n'a finalement pas changé grand chose.
« Il trouve que ce type a l'air d'un con de sportif, avec ses baskets et sa coupe militaire. Et puis surtout, en détaillant le couple, il a cette impression de netteté absolue, comme si leurs contours étaient dessinés en ligne claire. Lui, il se sent vieux, mal rasé et flou. »
.
Merveilleux roman viscéral, qui parle au coeur, au ventre, aux bras qui enlacent (des mères, mais pas seulement, à en juger par certains billets masculins sur Babelio, notamment celui de Crossroads). En toile de fond de cette histoire à la fois rude et tendre : les mouvements sociaux, la 'convergence des luttes'.
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Marion Brunet excelle à décrire la colère intime & collective. En cela, elle me rappelle Virginie Despentes, Patrick Bard ('Le secret de Mona, 2020), et d'autres auteurs de romans sociaux noirs que j'affectionne.
Sa plume est directe, intense, un connard est un connard, et Vanda y va franco.
J'ai aimé les images plus ou moins subliminales qui nous immergent encore davantage dans l'ambiance et font grandir la crainte d'un drame à venir : brève allusion au film 'Les dents de la mer', la nage, le cétacé ; 'London Calling' des Clash ; l'oiseau...
Le portrait de cette jeune femme en louve est saisissant de réalisme : son amour pour son fils, les morsures quand elle se rebiffe parce qu'elle a peur ou qu'on l'a maltraitée, ses hurlements de femme blessée dans une société qui la condamne, elle et les siens, à brève échéance.
« La haine se mêle à la peur, Vanda se sent au bord de l'explosion, tout au bord. Qu'ils crèvent. Que leurs sourires cyniques s'élargissent au couteau. Qu'ils s'étouffent dans leur mépris, se carrent leurs millions dans le cul et qu'ils en crèvent. »
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♥ SOMBRE & BRILLANT ! ♥

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C'est le coeur serré mais avec un intense soulagement que je quitte ce roman profond, violent et inoubliable, un roman d'amour entre une mère et son enfant, une mère marginale et son petit garçon sans père, vivant dans un cabanon à Marseille.

Sans père ? Lorsque celui-ci se pointe tout à coup, de Paris où il habite avec Chloé depuis trois ans, il veut revoir Vanda, la jeune femme avec laquelle il a eu une liaison en dehors des sentiers battus. Et celle-ci lui révèle presque par hasard qu'il a un fils… Comment l'amour absolu entre cette maman et son enfant supportera-t-il le fait que le père veut s'y immiscer ?

Ce roman extrêmement fouillé au point de vue psychologique, du moins celui de Vanda, mêle aussi une réflexion sociale terrible et acérée : les grèves, les manifestations et leur répression ignoble par la police, les coupes dans le budget qui handicapent à mort le secteur non marchand, tout cela est décrit de façon extrême et précise.

« Ils vont tous finir pareil, à force d'être jetables. Ca fait longtemps qu'elle le sait, qu'elle compte pour rien ou pas grand-chose. La haine se mêle à la peur. Vanda se sent au bord de l'explosion, tout au bord. Qu'ils crèvent. Que leurs sourires cyniques s'élargissent au couteau. Qu'ils s'étouffent dans leur mépris, se carrent leurs millions dans le cul et qu'ils en crèvent ».
Quand une haine telle que celle-là, qui se nourrit d'un présent difficile, s'ajoute à un amour fiévreux et exclusif, et qu'un homme à qui on a révélé sa paternité veut s'y introduire, cela devient insupportable. Et magistral.
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