S'inspirant de la tradition de la chanson de geste ou encore de la tragédie,
le Chant des géants est un roman qui prend la forme d'un conte transmis oralement aux lecteurs et spectateurs-personnages. Les premières pages nous plongent directement dans cet univers de fantasy médiévale entre royaumes, batailles et géants mythologiques. le début délivre beaucoup de noms, on peut se sentir un peu déboussolé, mais tout prend peu à peu sa place à mesure qu'on apprend à découvrir les personnages et les lieux.
Je dois avouer qu'avec la quatrième de couverture, je m'attendais à lire un récit au coeur duquel les géants agissaient et interféraient, peut-être même à découvrir la genèse d'un univers, la construction de mythes. Finalement, les géants ont une importance limitée dans
le Chant des géants. Ils sont évoqués à plusieurs reprises à travers les actes et paroles des personnages qui ne souhaitent pas se les mettre à dos. Culte fanatique, véritable religion ou simples légendes, on n'en sait finalement très peu à leur sujet et ça m'a un peu frustrée.
En effet, l'intrigue s'attache à suivre un prince, Bran, jeune homme désinvolte, insouciant, coureur de jupons. Il vit sa meilleure vie jusqu'à ce que tout bascule suite à une rencontre diplomatique avec un seigneur qui tourne mal. Bran va se retrouver malgré lui au coeur de complots, de révélations, de quiproquos, de trahisons et c'est notamment sa relation avec son frère aîné Ianto qui en pâtit.
La romance principale est mièvre et peu crédible (le coup de foudre au premier regard et l'amour fou après avoir fréquenté l'autre personne pendant quelques jours ça va deux minutes). Bran m'a parfois agacé dans son rôle d'amoureux transi possessif, mélodramatique et passif. J'ai apprécié les personnages de Caem, Sile et la mère de Bran même si j'aurais aimé qu'ils soient plus présents et plus approfondis. En revanche, le gros bémol au niveau des personnages c'est le frère de Bran qui est caricatural, sans profondeur, dont les motivations et actes manquent d'explication ou même de sens.
Le récit est clairement épique et nous propose de nombreuses scènes de batailles détaillées et visuelles. L'auteur introduit quelques menaces et mystères intéressants tels que les Immortels et la brûmenuit magique mais s'attarde au final peu dessus et c'est dommage. le coeur de l'intrigue c'est la querelle entre deux frères et certains enjeux qu'il y a autour sont vite oubliés ou n'ont que peu d'impact. Il y a un début de réflexion intéressant sur le désintérêt des gouvernants vis-à-vis de crises car ils préfèrent se battre pour le pouvoir, l'amour et la richesse.
Concernant le style de l'auteur : il est fluide mais j'aurais aimé peut-être plus de poésie dans la plume pour ce type de récit. Les phrases très courtes et les sauts de ligne à chaque phrase m'étaient en revanche peu agréables à la lecture. J'ai aussi trouvé qu'il y avait un manque de descriptions des personnages et des décors même si je peux comprendre que trop de détails ne se prêtent pas à un style qui se veut oral. Mais j'ai donc eu du mal à bien m'immerger dans l'histoire à cause de ces éléments.
Le Chant des géants est donc un roman qui manquait pour moi de world-building, de profondeur dans la construction des personnages et des relations (et de géants !) C'est un récit de fantasy plutôt classique, qui se lit bien et propose des scènes épiques tout en faisant la part belle aux sentiments et émotions de son protagoniste, mais qui m'a malheureusement peu enthousiasmée.
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