En ce moment, j'ai plus ou moins un boulot, mais je ne sais pas combien de temps j'arriverai à le garder. Je suis faible, je tombe facilement malade, et je suis constamment sur les nerfs, à croire qu'il y a quelques courts-circuits là-haut, mais quoi qu'il en soit, l'envie de caresser le clavier m'est revenue, le plaisir de taper, pondre des phrases, une scène, une histoire, faire parler des gens, leur faire fermer des portes et marcher.
Je veux dire, vous vous asseyez pour écrire, et vous savez que ce n'est pas la peine. Des tas de choses ne sont plus ce qu'elles étaient, le courage, le culot, la clarté - et le sens artistique aussi.
J'aime l'idée que vous publiiez ce que vous avez envie de publier, et non ce qu'il convient de publier. Continuez comme ça.
Ces derniers temps, on peut dire que le monde tient plus ou moins le petit Charles par les couilles, et ce qu'il en reste en tant qu'auteur se résume à bien peu de chose, Whit.
J'ai eu des bouffées de spleen, des envies de suicides, des rêves avinés. J'avais besoin d'un signe du destin.
J'ai vécu d'aides sociales, avec beaucoup trop de temps libre pour boire et penser.
[À Jon Webb]
Fin juillet 1961
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Faulkner, par essence, ressemble beaucoup à Hem. Le public l'a avalé d'une bouchée et les critiques, croyant tenir quelque chose de subtil, les ont encouragé sans se poser de question, mais Faulkner très souvent c'est de la merde, enfin de la merde intelligente, bien sapée, et quand il sera mort ils auront du mal à lui cirer les pompes parce qu'ils ne comprennent pas tout à fait, et ne le comprenant pas, les parties lourdes et ennuyeuses, la quantité d'italiques, ils mettront ça sur le compte du génie. (p. 72)
Maintenant, voilà, je suis des vôtres… Merci, on peut dire que cette nouvelle année me gâte… Plus je vieillis, plus cette folie magique semble s’emparer de moi. Très étrange, mais je l’accepte.
Et quand mon squelette reposera au fond du cercueil, si je dois y passer, rien ne pourra m’enlever le souvenir de ces nuis splendides, assis là devant cette machine.
C’est le miracle des miracles de gagner sa vie parle biais de la machine à écrire.