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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce roman retrace l'histoire de la famille Ezechiel sur trois générations, des années 1940 à nos jours, de la Guadeloupe à la métropole.
La lecture de ce roman m'a beaucoup intéressée car il évoque des pans de l'histoire de la Guadeloupe peu abordés dans la littérature comme les funestes évènements de mai 1967 ou l'exil des Antillais vers la métropole dans le cadre du BUMIDOM. Au cours des années 60 et 70, beaucoup d' Antillais ont quitté leur île pour trouver du travail en métropole qui manquait de main d'oeuvre. Ils y ont souvent fait toute leur vie ne revenant au pays que lors des congés bonnifiés puis à la retraite. Cela a été le cas de mon père mais je n'en connaissais que très peu sur cette période et en apprendre davantage m'a permis d'ajouter quelques pièces à mon puzzle familial.
Estelle-Sarah Bulle a judicieusement choisi le roman chorale pour raconter cette saga familiale ce qui nous permet d'avoir le point de vue de différents membres de la famille avec à chaque fois un aspect particulier de la société guadeloupéenne.
Le lien entre partie historique et romanesque se tisse avec beaucoup de naturel.
Un premier roman réussi à lire et à offrir pour en apprendre davantage sur l'histoire récente de la Guadeloupe et ses originaires...
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Pour prolonger notre voyage en Guadeloupe, à la suite de lectures de Maryse Condé et de Simone Schwarz-Bart, écrivaines reconnues, classiques, j'ai cherché un roman plus récent. Un peu désarçonnée par le titre j'ai voulu tenter l'aventure. 

Dans ce roman choral, alternent les récits de la narratrice (l'auteure?), de ses tantes Antoine et Lucinde, de son père Petit-Frère. La saga familiale commence à Morne Galant, village perdu dans la Grande-Terre, chez des planteurs de canne : Hilaire, l'ancêtre qui vivra centenaire, est une personnalité respectée dans le village il règne sur les Ezechiel, cousins proches ou éloignés. Hilaire a épousée une Blanc-Matignon, Eulalie dont la famille n'acceptera pas cette mésalliance. Leurs trois enfants, Antoine, Lucinde et Petit-Frère quitteront à l'adolescence le village pour tenter leur chance à Pointe-à-Pitre, puis dans les années 1960 partiront pour la région parisienne. Quatre personnages, trois lieux, un demi-siècle. 

"Hilaire représentait une Guadeloupe rurale frappée de disparition. Aucun de ses enfants n'appartenait au
même monde que lui. Ils étaient de l'âge de la modernité, éloignés de la canne, plongés dans l'en-ville."

Je ne suis pas entrée tout de suite dans l'histoire qui se présente un peu comme un puzzle. Histoire et géographie se mélangent au gré des confidence des personnages. Mélange, métissage des origines.


L'auteure est née à Créteil, me voici perplexe : j'ai choisi une lecture exotique et me voilà revenue chez moi, pas très dépaysée! Les allers et retours en Guadeloupe vont satisfaire mes envies d'évasion!

Un demi-siècle en Guadeloupe et quelques décennies en Métropole. le roman raconte avec beaucoup de vivacité l'arrivée d'une certaine modernité à Pointe-à-Pitre, l'évolution du commerce, des relations sociales, la construction d'une ville de béton, l'émergence des luttes anticoloniales et indépendantistes - les journées de mai 1967 que j'ai découvertes à Pointe-à Pitre.


L'intégration des trois Guadeloupéens en région parisienne est une facette intéressante du roman. Déception et déclassement pour les deux soeurs qui avaient acquis une certaine notoriété, une place dans la société pour la couturière qui faisait les robes des notables blanches, une boutique prospère pour Antoine, ouverture pour le frère qui découvre une vie intellectuelle parmi les étudiants. Dans les années 60 le racisme existait, certes mais c'est seulement avec la montée du chômage qu'ils l'ont ressenti.

"En métropole, nous sommes devenus noirs vers 1980, à partir du moment où avoir du boulot n'est plus allé de soi."

Revendication identitaire?

Les Antillais et les Noirs américains partageaient une même expérience minoritaire et une part d'histoire
commune, mais la France et les États-Unis ne modelaient pas du tout les individus de la même façon. Il y avait indéniablement moins de violence à subir en France mais en revanche, les Antillais n'avaient aucun modèle auquel s'identifier. Quel héros

[...]
F

J'ai oublié mes réticences du début, je suis entrée dans ce roman qui ne m'a pas lâchée.
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Hilaire veuf élève ses 3 enfants, Apollone dite Antoine, Lucinde et Petit-frère en Guadeloupe au village de Morne-Galant.

A leur majorité les enfants vont suivre leur chemin Pointe à Pitre pour l'une, Paris pour les autres.

Antoine va expliquer à sa nièce l'histoire de leur famille qui commence par le mariage de son père avec une békée ( blanche créole descendant des premiers colons) , mariage qui n'est pas bien vu de la communauté et surtout de la famille d'Hilaire.

Une histoire familiale où les superstitions sont bien présentes et pour vivre il faut être débrouillard ou faire un bon mariage .....

J'ai découvert cette île au travers de son histoire, mai 1967 je ne connaissais pas. le récit nous parle aussi de l'Occupation et du Général de Gaulle.

Une lecture sympathique et une agréable découverte.


Note : 3,5 / 5

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Plus d'un demi-siècle s'étend dans ces pages et nous aide à (tenter de) comprendre la Guadeloupe : ses habitants, ses décors, son histoire, ses blessures, ses croyances hybrides, ses campagnes fertiles, ses usines qui dévorent les hommes et contaminent sols et eaux, ses bidonvilles, sa bétonisation, ses exilés.
Cette Guadeloupe se révèle aussi par la hiérarchisation des couleurs de peaux, par la manière de tisser les liens, de sang ou de voisinage, par les relations avec les terres américaines ou caraïbes les plus proches, par ses fêtes, sa musique, ses commerces ; par le courage des femmes qui refusent la soumission aux usages (donc aux hommes) et le courage des jeunes qui rejettent la domination venue, avec uniformes et fusils, de ce lointain territoire qu'on appelle France.
La Guadeloupe, c'est aussi la multiplicité des destins : ceux qui partent vers cette Métropole et voient échouer leurs rêves sur les façades désolantes des HLM, ceux qui restent au milieu de leur champs, ceux qui veulent se faire une place à la ville.
Estelle-sarah Bulle possède une écriture magnifique, évocatrice, riche et rythmée, et montre aussi, d'un bout à l'autre de ce volume, un talent de conteuse achevé, qui lui permet de construire un texte foisonnant et pourtant cohérent et parfaitement agencé.
Cette fresque historique, ethnographique, familiale, sentimentale, politique se révèle tour à tour instructive, amusante, cruelle, attendrissante, révoltante, bouleversante.
Elle enrichit indéniablement les lecteurs et lectrices qui osent ce voyage, autant pour la connaissance qu'elle apporte de cette île que pour les réflexions sur les méthodes d'émancipation et la force déployées par certaines héroïnes.
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1er roman d'une autrice d'origine guadeloupéenne mais née en Métropole. Elle retrace le destin d'une famille d'origine payssane et très modeste sur 2 générations, avec en filigrane les évolutions sociétales de l'île des années 40 à nos jours. Les aspirations demeurent les mêmes qu'en Métropole avec la volonté des plus jeunes de ne pas connaître le sort de leur aînés et de s'élever socialement. Une autrice à suivrre indéniablement.
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Merci!
Je suis tombé en amour pour Antoine. Comment imaginer femme plus émancipée au coeur des années 50? Elle vibre d'absolue liberté et de témérité. Ou retrouve-t-on l'équivalent aujourd'hui tous genres confondus ? Agir avant que de se répandre en gesticulations oratoires, mettre de coté toutes les raisons d'échouer pour décider de son succès. Merci pour avoir recueilli ses paroles. J'éprouve un puissant vertige quand je pense aux autres Antoine qui ont sombré dans l'oubli. Toutes ces femmes et ces hommes qui ont fait la Guadeloupe des sans nom. Toutes ces voix et ces histoires englouties dans les mémoires de la tradition orale. Combien sont-elles? Alors Madame Sarah Bulle, votre livre est une occasion pour adresser nos pensées a ces âmes bâtisseuses du silence. Que vous soyez née ou pas en Guadeloupe, que votre creole soit parfait ou pas, vous avez, avec joie, conviction et émotion, ramené dans notre présent la pureté de la Guadeloupe d'an tan lontan. Merci🙏
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Là où les chiens aboient par la queue devrait vous séduire plus par le thème que par la façon dont l'histoire vous est racontée. En effet, les raisons qui ont poussé les Guadeloupéens à venir en métropole sont peu traitées dans la littérature française.

L'histoire commence à la fin des années 1940 en Guadeloupe, puis se poursuit à Paris. le titre du livre, Là où les chiens aboient par la queue, signifie dans un endroit perdu, au milieu de nulle part, c'est-à-dire là où la famille Ezechiel s'installe.

Hilaire Ezechiel a épousé une blanche, ce qui isole leur famille qui se débrouille comme elle peut. Cette vie ne fait pas l'affaire de leurs trois enfants qui partiront les uns après les autres, d'abord à Pointe-à-Pitre, ensuite à Paris.

Vous apprécierez certainement le thème du livre : l'exode des Guadeloupéens vers la métropole, encouragé par l'État français qui avaient même crée le Bureau pour le développent des migrations (Bumidom).

En revanche, vous trouverez peut-être que l'histoire racontée par une petite-fille d'Hilaire manque de dynamisme. Elle relate les faits au travers des témoignages de son père et de ses tantes, mais j'aurais aimé en savoir plus sur chacun d'eux.

J'ai aussi aimé que ce soit un roman choral : aucun personnage ne se voit de la même façon que sa fratrie.

Lien : https://dequoilire.com/la-ou..
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« Conserver est un réflexe de gens bien nés, soucieux de transmettre, de génération en génération, la trace lumineuse de leur lignée. Je n'avais pas cela. Nul document à l'abri dans la pierre épaisse d'une maison familiale. Nulle trace d'ancêtres, trop occupés à survivre. Mais je possédais un registre d'expériences, de gestes, de mots qui me nourrissaient de manière souterraine. »
(La nièce p. 176)

A la mort de son grand-père Hilaire, à l'âge de 105 ans, la narratrice (la nièce) interroge tour à tour son père (Petit-Frère) et ses soeurs (Antoine et Lucinde) pour qu'ils lui racontent leur jeunesse en Guadeloupe, puis leur exil en métropole.
Ce roman qui s'étend sur plusieurs dizaines d'années, et qui entrecroise leurs conversations, tourne principalement autour du personnage d'Antoine.

Femme énergique et audacieuse, c'est elle qui mène le récit, son frère et sa soeur étant réduits au rôle de spectateurs. Antoine sait ce qu'elle veut et semble toujours maîtresse de sa vie, ne manquant pas de culot pour obtenir ce qu'elle veut.

« Je me considérais comme une femme, ça oui, et comme une Guadeloupéenne, c'est-à-dire une sang-mélangé, comme eux tous, debout sur un confetti où tout le monde venait d'ailleurs et n'avait gardé qu'un peu de sang des Caraïbes, les tout premiers habitants. Ça m'éloignait définitivement de toute idée de grandeur et de pureté. Ma fierté, c'était le chemin que je menais dans la vie et que je ne devais qu'à moi-même. »
(Antoine p. 234)

La fratrie est peu soudée, une distance qui se ressent dans le récit qui manque parfois d'émotion. Petit-Frère, à l'opposé de sa soeur, est un homme calme et discret, presque effacé par le caractère exubérant de sa soeur aînée. Un personnage qui aurait mérité d'être plus développé pour équilibrer le roman.

Avec une écriture vivante, Estelle-Sarah Bulle en quête de ses racines, interroge son histoire familiale et celle de la Guadeloupe. Un premier roman plutôt réussi.
« Je crois qu'elle était heureuse que je la reconnaisse comme celle qui relie le passé au présent, la Guadeloupe à Paris, comme une racine souterraine et pleine de vie. »
(La nièce p. 17)
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Offert par le Père Noël, ce premier roman très prometteur d'Estelle-Sarah Bulle, m'a procuré un très bon moment de lecture et de dépaysement.

L'autrice, dans ce roman choral, raconte le destin d'une famille originaire de la Guadeloupe, depuis les années 40 jusqu'à maintenant. Une fratrie, deux soeurs Antoine et Lucinde, et un "petit-frère", racontent leur enfance et adolescence à Morne-Galant (lieu inventé) un endroit très reculé de l'ile.
Souvenirs croisés, ressentis, rivalités, jalousies familiales, poids des traditions, conditions de vie précaires mais aussi beauté d'une nature sauvage menacée par le progrès et les spéculations.

J'ai eu un tout petit peu de mal à entrer dans ce roman, je l'avoue, peut-être à cause de l'alternance des différents narrateurs ainsi que le mélange des lieux et des époques. Mais une fois, que ceci a été assimilé, tout va ensuite crescendo et je me suis laissée happer par le récit.

Fiction ou autobiographie, Estelle-Sarah Bulle dans un style limpide, alerte et imagé, parfois pittoresque avec une pointe de créole, raconte une saga familiale passionnante sur fond d'histoire de la Guadeloupe, cette ile antillaise qui n'a cessé d'évoluer. D'ailleurs le lecteur, ici, en apprend beaucoup. Depuis le commerce triangulaire, l'esclavage et la colonisation, les Guadeloupéens ont une longue histoire souvent difficile, violente et injuste. Les soulèvements des jeunes en 1967 et les répressions sanglantes qui ont suivi en sont une preuve supplémentaires. D'ailleurs certains ressentiments perdurent encore aujourd'hui.

Nombreux sont ceux qui, depuis les années 60, se sont résolus à l'exil en métropole, dans l'espoir d'un avenir meilleur, rêvant d'un salaire stable de fonctionnaire et de logements confortables. Même dans les HLM de banlieue ils se sont adaptés et savent aller de l'avant, certains en oubliant parfois leurs racines.



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Si comme moi, vous avez eu un peu de mal à entrer dans ce roman… un conseil, ne passez pas votre chemin. Cette histoire nous apprend plein de choses (à moi en tout cas) et porte un regard nostalgique sur l'ici et l'ailleurs. Bravo à Esther-Sarah Bulle de nous avoir connaître les quasi tribulations de "sa" famille à travers le récit choral d'une fratrie.
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