Il est difficile de ne pas succomber au charme du premier roman d'
Estelle- Sarah Bulle.
Pour commencer, un langage parsemé de mots créole qui m'a enchantée : cé la chyen ka japé pa ké, ou alors ‘A pa menm jou fèy tonbé an dlo i ka pouri ‘ 😉
Pas de panique ! La traduction est dans le texte. Il y a d'autres expressions dont on peut imaginer la traduction. C'est original et amusant.
Après la mort de son grand- père Hilaire et peu de temps après la naissance de sa fille, Eulalie sent le besoin de connaître un peu plus sur ses racines et questionne ses deux tantes Antoine et Lucinde, ainsi que son père.
C'est à travers le récit de cette fratrie très attachante que le roman prend vie et nous fait découvrir l'histoire de Guadeloupe du XX siècle, ainsi que le départ et l'installation en France des trois enfants Ezechiel. Ce sont les années 60, la période des changements et de l'exode des Antillais vers la Métropole.
Même si chacun donne aux événements sa touche personnelle, on ne peut s'empêcher d'apprécier tout le monde. C' est vrai qu'ils sont différents dans leur façon de confronter la vie, mais leur joie de vivre est bien présente et ils se soutiennent dans les moments difficiles. ‘parce qu'un frère et une soeur peuvent être comme des étrangers l'un pour l'autre, et s'aimer quand même'.
Mais l'histoire est plus large que ça. N'oublions pas la famille Lebeck qui jouera aussi un rôle dans le début et la suite des événements.
Lequel ? A vous de le découvrir!
Des bretons pauvres, une fois installés en Guadeloupe ils avaient tenté de prospérer grâce à la culture du café et du cacao. C'est de cette famille que leur grand- mère Eulalie était issue.
J'ai suivi avec plaisir le récit des quatre personnages (La nièce raconte aussi son expérience de vie) .
Mais ce qui fait vraiment la force de ce roman, c'est sûrement son personnage principal, Antoine, une femme qui n'a pas froid aux yeux et que par son caractère ne laisse personne indifférent.
C'est un livre que j'ai fermé le sourire aux lèvres, malgré la gravité de certaines choses : le racisme, les difficultés de l'exil.
Vous l'avez sûrement compris, c'est un roman lumineux, il y a de l'humour, une prose fluide, de la poésie dans les mots...
Que demander de plus ?
Un très beau moment de lecture. Vraiment.