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4,08

sur 2979 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Excellente lecture. Un grand roman de l'absurde sur, entre autres, le caractère insaisissable de la vie, du temps qui passe. le style de Buzzati colle avec l'intrigue, on est comme dans un mauvais rêve, rien n'est vraiment tangible, hormis peut-etre cette vieille forteresse isolée où l'officier Giovanni Drogo doit faire son service pour quelques mois...

Le héros Drogo tout comme nous lecteurs sommes plongés dans cette histoire, tous d'humeur belliqueuse, en quête de gloire et d'héroisme, parfois un peu ennuyés et même tournés en ridicule... Je préfère ne pas en révéler davantage, mais voilà un livre publié au début de la seconde guerre mondiale, il ne faut pas s'attendre à quelque chose de très joyeux. Si vous voulez de la légèreté, passez votre tour pour cette fois.
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Ah, encore un classique avalé ! Que de fois j'ai entendu parler du Désert des Tartares dans la vie quotidienne, comme symbole de l'attente et de l'ennui. En fait, il se passe énormément de choses dans ce roman, depuis le jour où Giovanni Drogo est nommé dans le fort de Bastiani jusqu'à sa mort. Il cherche à fuir cette caserne isolé au milieu du désert depuis le premier jour où il est affecté. Mais sans succès. Enfin si : le jour où plusieurs dizaines d'années plus tard, l'ennemi attaque, son commandant lui donne l'ordre de quitter le fort pour raison de santé…roman de l'absurde, de l'inutilité des guerres et des armées, de l'auto action pour justifier son existence, ce roman est fascinant. Et au passage deux morts tout aussi absurdes : l'un tué parce qu'il a été chercher un cheval, assassiné par le garde parce qu'il n'avait pas le mot de passe; l'autre, Angustina, de froid, lors d'une expédition destinée à remodeler la frontière…On pense à chaque ligne que l'auteur va s'arrêter mais il continue car ce qui le guide c'est la vie inutile de Drogo…on sent une profonde désespérance dans ce livre, écrit juste avant la 2nde guerre mondiale…
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Coincés au milieu du désert à attendre une menace qui ne vient pas, les occupants du fort Bastiani n'ont d'autre choix que de s'identifier à leur prison. Entre fausses alertes et ennui véritable, ils s'imprègnent des murs, du sable et du silence. Tandis que le temps passe, leurs vies antérieures s'estompent et de nouveaux liens se créent. L'espoir rassemble les âmes.
Dino Buzzati décrit le manque avec une implacable lucidité. Il ne cherche pas à rendre son roman agréable, il illustre sa thématique désabusée d'un style simple, factuel et indiciblement las. Il joint la forme au fond.
C'est un paradoxe : le désert des tartares n'est pas plaisant à lire, et c'est précisément ce qui le rend si vrai. Tout comme les personnages, on vire de foi en découragement, de confiance en désillusion. Tout comme les personnages, nous sommes des résidents du fort. Et finalement ce fort, peut-être que c'est un peu la vie.

4/5
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En un temps indéterminé et aux frontières d'un pays non nommé, un jeune lieutenant, Giovanni Drogo, rejoint son premier poste, le fort Bastiani. Ce fort, construit dans un site de rocs et de cailloux, surveille depuis un siècle, inutilement, ce que les hommes appellent le "désert des Tartares". Saisi d'une confuse impression de dépaysement, le jeune officier veut fuir, mais il finit par accepter de rester là quatre mois. Il n'obtient sa première permission qu'après quatre ans. Il revoit alors la jeune fille qu'il a aimée, mais quelque chose est brisé, il ne peut retrouver ses sentiments d'autrefois. L'état-major le renvoie au fort Bastiani, où, de longues années, il attendra l'accomplissement de son destin, - sous la forme de l'invasion des Tartares. le temps passe. Drogo, promu commandant, a 54 ans, il est malade et prématurement vieux. Enfin, l'ennemi se présente et se prépare à l'attaque. Trop tard pour Drogo. A l'instant de l'assaut, on l'évacue malgré ses protestations et il meurt solitaire dans une auberge.
Roman de la destinée humaine, mystérieux et allégorique, évoquant les grandes oeuvres de Kafka, mais moins sombre et moins pessimiste. Evocations et style d'une grande poésie.
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Le Désert des Tartares § le Rivage des Syrtes


Deux garçons de bonne famille, belles maisons, jolies jeunes femmes, amis et tout et tout…
Un beau matin, à cheval dans la ville déserte, ils partent,
Aldo attend ce moment avec impatience,
Giovanni part à regret,
Aldo arrivera dans l'amirauté - douane de mer d' un port désert,
Giovanni dans un fort qui garde un désert.
Le Dépouillement dés le début pour Aldo
le dépouillement qui progresse pour Giovanni.
Par une petite ouverture, embrasure, meurtrière ils verront un bateau sur la ligne d'horizon et des hommes très loin dans le désert.
Visions annonciatrices de l'échec

Deux contes pour nos esprits d‘ enfance, deux livres que l'on goûtait lorsque petit on lisait avec notre lampe de poche sous les draps parce que nos parents ne nous permettaient pas de lire tard et que nous nous cachions tels les petits chats qui se pensent cachés dés qu'eux-mêmes ne voient pas; il y a dans ces deux livres un peu du derrière de ces bébés chat…alors que - comme Aldo et Giovanni - nous étions seul au monde avec un temps infini et périlleux si nos tartares de parents avaient débarqué sur le rivage des syrtes de notre lit…

Deux livres adolescents terriblement romantiques de solitude - dans l'espace et le temps et la peur et l'attente de quelque chose qui doit arriver.

On se dépouillera de son manteau de mer pour lire, en les entremêlant ces deux romans dans une île de la lagune de Venise - Sant Erasmo (les meilleurs artichauts de l‘univers…) - là où il y a un temps pour s'occuper des choses et un temps pour laisser aller ; nous boirons du Sprizz (Prosecco, eau gazeuse, Aperol ou Campari)
En regardant les solitaires de Caspar David Friedrich et nous écouterons la suave sonorité de tous les z - vénitiens comme la forme du grand canal.


©Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Voilà une vraie prouesse : une histoire où il ne se passe à peu près rien… et dont la lecture ne m'a pas ennuyé. Les Tartares vont arriver, les vacances arrivent… le temps passe et la vie se consume à faire à peu près rien : quelques exercices. le vide d'une existence sans vraie vie.

Lien : https://www.edilivre.com/app..
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Très belle réflexion sur le sens de la vie, du choix, de la vanité (vain) des choses et la solitude. Sur cette dernière, je vous soumets cette citation : « Drogo s'aperçut à quel point les hommes restent séparés l'un de l'autre, malgré l'affection qu'ils peuvent se porter ; il s'aperçut que, si quelqu'un souffre, sa douleur lui appartient en propre, nul ne peut le décharger si légèrement que ce soit ; il s'aperçut que, si quelqu'un souffre, autrui ne souffre pas pour cela, même si son amour est grand, et c'est cela qui fait la solitude de la vie. » Comme cette citation ne le laisse pas supposer, j'ai néanmoins été un peu déçu par le style -un peu terne à mon goût- malgré une très bonne construction dans le récit qui rend bien le passage immuable du temps.
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La vie au fort Bastiani est faite de routines, elle est profondément monotone pour les soldats qui y sont affectés.
Drogo Giovanni se retrouve coincé en ce lieu isolé, perdant peu à peu l'envie de s'en extirper. Tous les espoirs de donner un sens à cette existence reposent sur une éventuelle attaque en provenance du désert des Tartares. Mais viendra-t-elle vraiment ? En attendant le temps passe et la vie s'écoule.

J'ai mis un moment à rentrer dans ce livre, trouvé dans la bibliothèque de mon lieu de vacances. Au début j'ai été contaminée par l'ennui et l'inaction qui s'en dégagent. Mais finalement, je trouve qu'il s'agit d'une belle réflexion sur le temps qui passe et le sens que l'on donne à sa vie.
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La fuite du temps, la recherche d'une destinée, le confort de la routine sont les éléments que nous proposent Dino Buzzati au fil des pages et des gardes.
Nous ne savons réellement qui est le héros du récit entre le fort Bastiani et le lieutenant Drogo. Arrivant au fort avec cette jeune recrue, nous découvrons la réalité d'une vie militaire se déroulant dans l'attente d'un événement venant mettre fin à l'habitude et apporter la gloire secrètement recherchée. Les illusions tombent face aux stratagèmes mis en place pour conserver les recrues. L'espoir renait avec l'apparition d'un point noir mouvant à l'horizon.
La promesse d'une destinée à accomplir se fait plus pressante avec l'arrivée des premiers canons dans un fort délaissé.

Face à cette plaine battue par les vents et les brumes, nous contemplons également nos propres attentes et espérances et nous nous mettons à rêver avec le lieutenant Drogo à un accomplissement suprême toujours plus proche et toujours plus loin.
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Éloge de la monotonie agréable malgré son goût amer
Ou critique de l'attente de l'inaccessible étoile.

Le cadre ne me donnait pas du tout envie de découvrir ce roman. Officier, lieutenant et fort sont des mots qui me font fuir à la vitesse d'un Usain Bolt.

Pourtant au bout de 10 pages, j'étais déjà sous le charme. J'aimerais dire que c'est le fait du style et de l'ambiance mais c'est malheureusement dû uniquement au thème "le vide intérieur - voir sa vie défiler au ralenti" qui m'a accroché. Ce n'est pas tant moi qui aime ce thème que ce thème qui m'aime un peu trop.

Avec un thème pareil, on se doute que l'intrigue ne va pas aller à mille à l'heure. C'est là que le style et l'ambiance font le boulot et transforment en but la belle passe décisive qu'est le thème.

Je lis des romans pour le côté philosophique et je suis donc content de trouver des thèmes qui m'intéressent plutôt que pour le côté purement littéraire.

Réussir à s'intéresser aux petites choses. Changer son point de vue pour non pas renoncer à l'inaccessible étoile mais plutôt valoriser le chemin qui y mène. Au point que le chemin soit assez aguichant pour avoir peur de mourir.

Il y a ceux qui attendent bruyamment la grande aventure. Ceux qui l'attendent sans oser le dire. Et ceux qui pensent ne plus l'espérer.

La vie au fort illustre la bureaucratie où la vie du fort devient une fin en soi et non plus un outil. Cela conduit à la mort grotesque de Lazzari. Chacun a sa petite mission et celui qui a appris a tiré à Moricaud se félicite de sa qualité d'ouvrage plutôt que de s'offenser de l'usage qu'il en a fait.

La vie au fort illustre également qu'à apprécier les petites choses plutôt que la grande aventure qui n'arrivera peut être jamais, on peut en venir à perdre le sens de la vie. Garder en tête le but, non pas pour nourrir le désespoir de ne jamais l'atteindre mais pour ne pas devenir sa propre bureaucratie.

Est ce que tous mes problèmes se régleraient si j'arrêtais de chercher en permanence la flamboyance ? Si j'allais davantage dans les nuances. La révélation de que Drogo a au moment de demander au médecine de le muter est haletante.

Drogo s'est fait à une vie que personne n'enviait. Il s'est nourri des petits riens que son existence pouvait lui apporter. Mais malgré ça, il subit une lourde déconfiture pour avoir basé son existence moyenne dans l'espoir d'un héroïsme qu'il va louper. La morale serait de prendre la vie comme elle vient, sans se tracasser avec des idées absurdes. Vouloir être davantage qu'un petit maillon conduit presque inéluctablement au malheur. le bonheur semblerait de choisir le rouage de quelle idée on souhaite être et se tenir à la vie qui en découle. Changer de de rouage si l'on y croit plus aussi.

Rêver d'héroïsme, de grands soirs, de grandes aventures ? Oui mais seulement si la route pour y parvenir nous rend heureux quand bien même l'aventure n'arriverait jamais. Sénéque varirait sur ce thème : "La vie ce n'est pas d'attendre que les orages passent, c'est d'apprendre comment danser sous la pluie".

Là où je trouve le roman décevant c'est que son thème principal est le temps qui passe alors que la quatrième de couverture laissait présager le temps qui ne passe pas : "voir sa vie défiler au ralenti, inéluctablement, est insupportable". Ma méprise m'a fait entrevoir un thème qui ne sera pas traité et donc une déception passé les 100 premières pages car le thème abordé m'intéresse moins et de plus, un thème souvent traité.

Au bout de cent pages, la tournure que prend le roman ma déçoit beaucoup. Je ne retrouve plus la fulgurance des débuts. Tout comme Drogo qui s'enfonce dans une vie d'une monotonie agréable au goût amer.

Trop penser à la mort peut en venir à gâcher la vie, c'est sur ce questionnement autour de la mort que j'ai décroché. Ne me posant pas du tout ce genre de questions, les deux derniers tiers du roman me sont, sans être pénibles, loin d'être attrayants. Et la déception est grande quand on est autant enthousiasmé que je l'étais.

Mitterand à propos de ce livre : "il ne se passe rien mais un jour, il se passera quelque chose et il nous faut nous y préparer".

Drogo sur ses amis "eux ils avaient pris la vie comme elle venait sans se tracasser avec des idées absurdes". Mon problème quant à se livre est purement personnel, je n'ai pas les mêmes idées absurdes que lui. Obsession pour la mort vs. obsession d'une lutte contre l'ennui.
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