Les Cévennes sensibles de
Patrick Cabanel sont une patrie littéraire autant qu'un pays de cocagne, dont les richesses se donnent à qui sait les LIRE.
Ainsi en témoigne le dernier livre, magnifique à bien des égards, que l'historien publie chez Alcide, en collaboration avec le photographe Michel Verdier.
Cheminant à chaque page dans un paysage aussi naturel que culturel, le lecteur apprend la grammaire des Cévennes par ses lieux de mémoire : du Mont Aigoual au Château de Portes, en passant par le communisme et l'immigration, le pont des Camisards ou le Temple de Meyrueis. L'auteur n'oublie ni les hommes, ni les livres, ni la Bible. La géographie de la mémoire s'élargit à la parole qu'elle a contribué à former, à fixer, ou qu'elle a préservée. Les frontières s'estompent : on y écrit les murs comme on monte des livres, pour résister, tant bien que mal, à la pente, au temps, aux temps mauvais…
Fausse initiation – les auteurs ne nous livrent aucun secret, et le « nous » qui apparaît de manière discrète et récurrente, instruit autant qu'il maintient la distance –, mais vraie célébration à la croisée des genres (poésie, histoire, photographie…), la construction elle-même (le livre est organisé selon des entrées thématiques : l'arbre, les hommes, les temples, le schiste…), libre et rigoureuse, ne nous livre que de l'essentiel, du choisi, du à-continuer. L'écriture, moins littéraire que dans
Cévennes, un jardin d'Israël, se rapproche davantage de son sujet, simple, austère et finalement assez mystérieux.
L'ensemble est très réussi, la formule "Histoire illustrée" parfaitement convaincante, et l'ouvrage soigné, moderne, conduit cet amour – terre et valeurs – vers d'autres générations.
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