Après avoir lu nombres de livres érotiques (au sens large), sur un spectre qui s'étend d'
Esparbec à Rey, en passant par Nin ou
Verguin, entre autres, je classerais celui-ci, sans hésitation, parmi les plus affligeants qu'il m'ait été donné de lire.
L'auteur semble avoir rassemblé tous les petits bouts de textes trouvés sur le sujet (ou même hors-sujets), les a mis à la queue-le-leu, et a baptisé l'ensemble "roman".
Soyons clair : quelques textes (parfois réduits à une phrase commune, mais jamais plus longs qu'une page et demi, dans le meilleur des cas) sont clairement du porno de haut-vol, avec une crudité étudiée non dénuée de sensualité ni d'intérêt : l'auteur, quand il s'en donne la peine, sait écrire.
Mais voilà : il ne s'est pas donné la peine de composer des nouvelles où ces passages auraient été rehaussés, mis en valeur par un scénario, même minimaliste. J'ai du mal a me convaincre que l'auteur n'essaie pas de prendre son lecteur pour un crétin (je l'entend à chaque page "si tu ne comprends pas ce que j'écris, c'est de la confiture donnée aux cochons").
Quant au contenu, si le personnage "salope ingénue assumée" peut avoir son charme, il est trop récurrent, voire systématique, pour susciter un intérêt ce prolongeant au-delà de la moitié du livre. Il n'y en a que pour "les folles de la bite" : jamais on ne verra, même suggéré, un clito se glisser entre deux pages (passez-moi l'expression), que ce soit à titre masturbatoire ou coital. Les femmes présentées ici ne se pensent que comme des trous à remplir, de quelque façon que ce soit : ce parti-pris systématique gâche l'ensemble des passages où un érotisme un peu rude et cru pourrait séduire l'imagination. L'auteur a décidément une bien piètre conception du monde que peut recouvrir les simples mots "sexualité féminine".
Même
Esparbec, avec ses personnages de soubrettes libertines, ou John B.Root avec ses actrices, font plus dans la subtilité et le féminisme.
C'est dire.