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" Un jour pourtant un jour viendra couleur d'orange
Un jour de palme un jour de feuillages au front"

le titre m'a évidemment fait penser à ce poème d'Aragon. Pour l'instant, ce deuxième roman de l'auteure italienne est mon premier gros coup de coeur de l'été!

J'ai vibré avec les personnages, tous sont tellement entiers, intenses dans leurs désirs, leur colère, leurs émotions! Lupo, rageur, brûlant d'un idéal ; Nicola, maladroit et fragile, que la guerre changera; Soeur Clara, originaire du Soudan, à la foi ardente. Nella, dont le destin a basculé. La famille Ceresa est au coeur de cette histoire , maudite semble-t-il, et qui porte en elle des secrets terribles.

J'ai été séduite aussi par l'écriture: sensuelle, abrupte parfois, poétique. L'auteure rend à merveille la beauté sauvage des Marches italiennes, région dont sa mère est originaire.

Tout commence au début du 20 ème siècle, dans ce petit village où l'on survit difficilement. le livre aborde des thèmes forts comme les luttes paysannes contre le pouvoir des riches propriétaires, le sort des soldats durant la première guerre mondiale, les ravages de la grippe espagnole, les groupuscules anarchistes.

Voilà un livre incandescent, passionnant, dans lequel le lecteur plonge avec l'impression d'être, lui aussi, à Serra de ' Conti, sur les collines. A découvrir!

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Gallmeister traverse les frontières de l'Amérique du nord. Quelle surprise !
Dernièrement, je me suis demandée si le format ebook ne m'empêchait pas de rentrer dans les histoires. Mais non, me voici rassurée.
Je me suis très vite glissée dans cette histoire racontée par Giulia Caminito. Nous voici sous le soleil ardent de l'Italie, dans les Marches, à Serra, au début de 20e siècle, au sein de la famille Ceresa, famille maudite qui voit mourrir ses enfants.
La mère est aveugle, pas commode, le père est boulanger, pas franchement sympathique non plus. Ils vivent en milieu rural, entourés de metayers sans le sou.
Les personnages principaux sont les fils, Lupo et Nicola. Deux frères que tout oppose. Lupo en impose, il est brun et fort et a recueilli un loup, qu'il appelle Chien. Nicola est faible, sa peau pâle supporte mal le soleil, il préfère rêvasser et lire, ce qui insupporte son père. Lupo défend et protège son petit frère, quoi qu'il arrive.
Parallèlement, il y a la vie au couvent, gouverné par l'abbesse Soeur Clara, une femme soudanaise de caractère, enlevée alors qu'elle était petite fille.
Les destins vont se rejoindre, les secrets éclore.
Le contexte historique est très présent et imprègne les personnages.
La montée de l'anarchisme et bien sûr l'arrivée de la première guerre mondiale nous sont racontées à hauteur de ces différents personnages, tous attachants et plutôt bien dessinés.
Le récit n'est pas du tout linéaire et je crois que ça ajoute au charme du roman, qui nous promène d'un moment à l'autre, d'un personnage à l'autre.
C'est un roman noir. Pas beaucoup d'espoir. La misère, la guerre, la maladie ne nous sont pas épargnés. Mais j'ai trouvé l'écriture imagée et un brin désuète, ce qui colle très bien au contexte et apporte de la douceur. de même, de jolis liens se créent, entre Lupo et son frère et Lupo et Chien.
Ce n'est pas un coup de coeur mais une lecture très agréable. Avec un jour viendra, j'ai voyagé ailleurs et dans le temps !
Je vous conseille de lire la note de l'éditeur en fin d'ouvrage avant de commencer le roman pour avoir un aperçu du contexte historique.

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Les Edts Gallmeister quittent les grandes plaines nord-américaines, et nous voilà en Italie, c'est la fin de la royauté, le fascisme, la grande guerre qui foudroie , la grippe espagnole pour tourmenter les survivants.
C'est dans ce lourd contexte que se situe le second roman de G.Caminito. En souvenir de son grand-père anarchiste elle pose les bases sur des faits réels et brode ainsi autour de vagues souvenirs racontés.
Dans un petit village des Marches vivent des familles paysannes, l'une d'elles, les Ceresa cache un secret , une honte qu'il faut cacher . Ce secret est partagé par une vieille abbesse noire, la Moretta, qui mène ses ouailles d'une main ferme et ne craint personne surtout les hommes en soutane.
Les enfants ne vivent pas chez les Ceresa, ils meurent à la naissance ou presque. Sauf deux garçons, Lupo et Nicola, le jour et la nuit, le calme et la fureur. Lupo protège Nicola le blondinet ,le craintif, c'est l'enfance qui va les lier pour toujours, même quand la guerre va révéler Nicola.
Ce roman est avant tout l'histoire d'une fraternité brutalisée, de "l'honneur" de la famille bafoué aussi par une soeur innocente et vite recluse.
Un beau roman italien traduit par Laura Brignon.
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Un jour viendra, le roi tombera, le pape s'en ira, le propriétaire cèdera et notre vie, enfin, nous appartiendra. Qu'elle semble vaine la lutte des anarchistes. Eux-mêmes ont peine à croire qu'un jour, elle aboutira : « Qui s'intéresse à un soleil qui ne se lèvera jamais ? »
Ils ont bon dos les anarchistes. Les conservateurs leur ont fait porter tous les maux de ce début du vingtième siècle : les revendications nationalistes, les aspirations sociales, la fin de l'union sacrée et jusqu'à la grippe espagnole. Ils ont été ces bouc-émissaires idéaux et Giulia Caminito, avec ce roman, leur rend un vibrant hommage. Dans les Marches, en Italie, des hommes avaient faim de justice. Ils ont osé rêver d'un avenir meilleur et leur sursaut donne foi en l'humanité (p172).
Parmi ces hommes, il y a Lupo, un gamin sauvage que sa haine des curés et de l'autorité précipite chez les groupuscules anarchistes. Son frère Nicola est fragile, tourné vers les livres mais c'est pourtant lui qu'on a envoyé faire la guerre. La soeur, Nella, doit rentrer dans les ordres pour échapper à la disgrâce. La famille Ceresa dérange le bourg de Serra de Conti car trop d'inavouables secrets la promettent au malheur. Or ces secrets sont détenus par celles et ceux qui oeuvrent au repos des âmes. Une contradiction sur laquelle tient l'intrigue de ce roman.
Même si l'histoire a quelques airs de déjà lu (ex : la nature de ces secrets de famille, Bakhita, la description des tranchées), on ne peut nier la qualité du récit et la fascination qu'exercent des personnages crédibles, bien trempés dans la terre et la sueur.
Bilan : 🌹🌹
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Giulia Caminito nous emmène dans les Marches : c'est-à-dire dans l'Est de l'Italie, dans un village isolé au pied des montagnes. Et c'est toute l'Histoire italienne, de la fin du 19ème au début du 20ème siècle, qu'elle retrace, mais en lui donnant chair, une chair souffrante et vibrante. C'est magnifique.
Cette histoire est faite d'injustices : l'injustice qui prive le métayer du fruit de son labeur ; l'injustice qui enferme au couvent la fille violée ; l'injustice qui maintient dans la sujétion les êtres les plus exceptionnels, à l'image de la Moretta, ancienne esclave soudanaise devenue abbesse.
C'est l'injustice du pouvoir religieux tout-puissant et intouchable : "cet homme qui avait gravi les échelons ecclésiastiques non en vertu de sa foi mais de son sexe, parce qu'il était un homme il était à la place qu'elle aurait mérité d'occuper et tous deux, incontestablement, le savaient."
C'est l'injustice qui jette dans les tranchées toute une génération de jeunes hommes qui ne seront, s'ils reviennent, plus jamais les mêmes.
C'est l'injustice de la grippe espagnole qui frappe brutalement les organismes affaiblis par la guerre et les privations, qui décime des familles entières, des villages entiers. "La guerre était en train de finir mais, comme disaient les prêtres, Dieu n'en avait pas encore fini avec eux."
Et puis il y a les voix lumineuses qui s'élèvent contre l'injustice, comme Giuseppe, l'inoubliable grand-père anarchiste qui transmet son idéal à ses petits-enfants, comme Lupo prêt à se battre de toute son âme pour que la vie, la vie cruelle, épargne son petit frère bien-aimé.
L'amour que se portent les deux frères est, tout du long, la lumière qui éclaire cette histoire si sombre.
"Il n'était pas vrai que les habitants de Serra avaient seulement été pauvres, ils avaient aussi été heureux."
Traduction parfaite de Laura Brignon.
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Au fin fond de l'Italie rurale, miséreuse et âpre, du début du 20ème siècle, un drame familial se joue sur la trame des remous sociaux, historiques et religieux de cette époque charnière de l'histoire italienne : quand seul le travail de la terre permet au métayer exploité de subsister, quand le père est aigri et ivrogne et la mère enfermée dans son désespoir, on se demande comment et jusqu'où Lupo, le grand frère solide et rebelle va pouvoir protéger Nicola, son frêle petit frère inapte à ce monde brutal. Pourtant un ange semble veiller au-dessus du village, dans le couvent qui renferme de lourds secrets...
Ce roman au style puissant se lit l'haleine courte, emporté que l'on est dans son climat oppressant, et le contexte historique est très enrichissant. Je n'ai pour autant pas été complètement convaincue par l'intention de l'auteure, qui, si elle a su parfaitement traduire sa très forte implication à travers une langue puissante et évocatrice, convoque à mon sens trop de figures fortes pour que ce roman tienne bien en masse. L'hommage au grand-père anarchiste, à la religieuse noire quasi sanctifiée par le village sont des intentions d'une grande noblesse, mais ces deux personnages auraient presque nécessité des récits séparés; en tout cas, entre ces deux monstres sacrés, il m'a semblé que les personnages des deux frères, à défaut de se perdre, s'affadissaient.
Il me reste néanmoins de ma lecture ces personnages puissants, un éclairage sur la construction politique de l'Italie au tournant du siècle jusqu'à la première guerre, et le souvenir d'un voyage très immersif dans une certaine Italie qui vint ans plus tard, sous la plume de Carlo Levi (Le christ s'est arrêté à Ebola), aura bien peu changé.
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Le monde tournant autour de cette famille des Marches italiennes m'a tout d'abord paru aussi lointain que celui du sud de Faulkner et c'est avec un entrain très mesuré que j'ai entamé cette lecture. Et puis, l'histoire familiale s'est imbriquée dans celle du pays , les secrets familiaux se sont petits à petit dévoilés et le texte est devenu passionnant, servi par une écriture expressive et une construction réussie nous laissant deviner la vérité par petites touches. Une agréable surprise d'une autrice que je ne connaissais pas.
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Giulia Carminito semble avoir pris un malin plaisir à éveiller la curiosité de ses lecteurs et exiger d'eux une attention soutenue par la construction originale de son roman. Elle sème,en effet,un joli désordre chronologique,change de lieu et de personnage sans transition et donne des informations dont on ne comprend le sens que plus tard. Ceci m'a tout d'abord déroutée,mais quel régal ensuite! Sa plume est à la fois concise,réaliste et poétique. Un peu à la façon de C.Martinez avec un zeste de M.Malte lorsqu'il écrit le Garçon.
Comme toute conteuse qui se respecte,G.Caminito a pris des libertés avec la réalité mais elle s'est cependant sérieusement documentée pour faire évoluer ses personnages dans un contexte historique et social bien réel tout en puisant également dans sa propre histoire familiale. Quelle force de dégage de ce roman ! L'histoire se déroule en Italie dans les Marches et débute avec la naissance de Lupo en 1897 dans une famille qui est marquée par le sceau du malheur. le père boulanger est un homme lâche et violent,la mère subit sa vie plus qu'elle ne l'a mène. Les enfants décèdent les uns après les autres. Mais il y Giuseppe,le magnifique grand père,anarchiste et humaniste,Nella la mystérieuse soeur devenue nonne, et puis Lupo et Nicola. Ces deux personnages sont splendides tout comme le lien qui les unit. Ils sont différents en tout point,du moins en apparence mais sont deux coeurs purs. L'auteure nous offre une histoire passionnante dont le sujet principal est peut-être la force de la foi, quelque soit la forme qu'elle peut prendre, et bien sûr la force de l'amour unique que se vouent Lupo et Nicola. Tous les personnages de ce roman sont poignants,aucun n'est fade. Leurs portraits sont subtils,pleins de psychologie. Les évènements qui ont secoués l'Italie jusqu'à la première guerre mondiale apportent un souffle historique et politique puissant à cette histoire déjà riche de par ses intrigues intra familiales.
C'est un coup de coeur que je dois à Diablotino et j'espère vivement que d'autres romans de cette auteure seront traduits en français.
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"Un jour viendra" est un éblouissement, de son incipit en forme de déflagration à sa fin, chute solaire.

Ce roman dont le souffle romanesque nous porte jusqu'aux Marches italiennes, chères à Leopardi, relève à la fois du conte et de la fresque sociale et historique, touche au sublime et à la rage, à la beauté la plus pure et à la colère à grands coups de secrets et de malédictions, d'amour fou, de guerres et de non-dits.

Au coeur du village de Serra de' Conti se dresse la boulangerie de la famille Ceresa, violente et misérable sur laquelle semble planer une malédiction qui ne dit pas son nom. Un à un ou presque les rejetons de Violante, dévote à moitié aveugle et presque complètement folle et de Luigi qui passe plus de temps à cogner les siens qu'à pétrir le pain, meurent, de fièvre et de pâleur. de misère ou de violence. Ne restent aux parents que Lupo et Nicola. le premier est aussi sauvage que le prénom qu'il porte. le second, blond et fragile, est surnommé "l'enfant mie de pain". Aussi faible que son aîné est fort, aussi veule que l'autre est audacieux. Les deux frères s'opposent, se complètent- nuit et jour, noir et blanc, feu et eau- et étrangement semblent incapables de se séparer. Entre eux, c'est les liens du sang et c'est bien plus, c'est instinctif et viscéral.
Et puis, à leur histoire que l'on découvre par fragments à travers une narration morcelée qui passe d'une temporalité à une autre et marquée par de lourds secrets, intimement liés à une religieuse du couvent de Serra de 'Conti, se mêle la grande Histoire, avec ses tumultes et son fracas: lutte anarchiste d'une Italie qui crève de faim tandis que l'autre s'engraisse sur la sueur des métayers, la Grande Guerre, l'échiquier des puissants qui avancent sur le plateau leur chair à canon et puis la grippe espagnole.

Au delà de cette histoire d'une puissance et d'une beauté inouïe, ce qui fait la force de "Un jour viendra", c'est l'écriture absolument magnifique de Giulia Caminito lyrique et poétique qui parvient toutefois à des accents néoréalistes qu'un Rossellini ou un Visconti savaient si bien filmer. L'auteur est aussi convaincante lorsqu'elle décrit les méandres politiques dans lesquels elle précipite ses personnages que lorsqu'elle raconte des scènes plus intimes, psychologiques, poignantes à en pleurer. Quant à ses dialogues, quelle finesse, quelle authenticité! Ils vêtent à merveille des personnages denses, profonds. Charismatiques parfois et toujours complexes.

Roman de la fraternité: Caïn et Abel ne sont pas si éloignés de Castor et Pollux, roman des Marches et d'une histoire si violente que ceux qui la vivent la portent forcement dans leur chair et âpre saga familiale, "Un jour viendra" est aussi traversé par des thématiques comme la foi, la rédemption et l'idéalisme, comme un ciel d'orage traversé par de rares éclaircies à la construction exigeante et morcelée. Virtuose et lumineux.

Oui, c'est bien un éblouissement.









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Le roman commence dans une ambiance un peu étrange, comme dans un conte. Nous sommes dans un village des Marches en Italie début du 20ème siècle. Les Ceresa dont le père est boulanger, sont victimes d'une malédiction : leurs enfants meurent, le plus souvent à la naissance ou à l'adolescence. Tous sauf deux garçons, Lupo et Nicolas, deux personnalités opposées : l'un est fort, débrouillard, travailleur, le second est toujours dans ses livres, fragile et ayant peur de tout. Lupo protège Nicola quoiqu'il arrive. Non loin de là, il y un couvent dont la mère supérieure est originaire du Soudan, enlevée lorsqu'elle était gamine. En parallèle de la vie des deux frères, on suit la vie du couvent avec ses règles strictes et immuables. Au départ, il ne semble pas y avoir de lien avec la vie des Ceresa mais au fil du récit, le lien se dévoile.

L'histoire de cette famille a pour toile de fond de nombreux événements historiques : la montée de l'anarchisme, la chute de la royauté, la guerre de 14-18, la grippe espagnole.

Après un début laborieux parce qu'il y a beaucoup de personnages présentés au départ, et parce que le style et l'ambiance sont particuliers, j'ai finalement pris beaucoup de plaisir à lire Un jour viendra. Un roman dont l'écriture est assez atypique. Pendant un moment, on se croirait dans un conte avec son lot de malédictions et dans une atmosphère un peu onirique. La narration est bien menée et les secrets de famille vont progressivement être révélés en même temps que la relation des deux frères évolue et que l'Italie plonge dans le chaos de la première guerre mondiale. Une belle découverte.
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