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sur 12447 notes
Je termine aujourd'hui la relecture de cette oeuvre plus de 30 ans après l'avoir découvert sur les bancs de l'école. La similitude des faits avec la situation que nous vivons tous actuellement est déroutante. le Docteur Bernard Rieux nous relate brillamment ces mois d'épidémie dans la ville d'Oran. de la découverte des premiers cas de la peste jusqu'à son extinction, en passant par le confinement qui s'impose et en décortiquant les réactions humaines et leurs évolutions au fil de la propagation de la maladie. Je ne suis pas un critique littéraire et nombreux sont ceux qui avant moi ont déposé un billet de qualité.
Je ne vais donc pas m'appesantir à inventer ce qui a déjà été écrit. J'ai, de façon certaine, pu appréhender ce livre bien plus facilement qu'il y a 30 ans, mais je me suis heurté à une qualité d'écriture qui m'a souvent échappé et parfois même ennuyé. Je suis content d'avoir relu ce livre et je vais attendre encore 30 ans pour l'ouvrir à nouveau et m'efforcer d'en tirer sa substantifique moelle. Pour l'heure je ne peux qu'inviter à ceux qui ne l'ont pas lu de s'y pencher sérieusement car il me semble important de s'enrichir de cette lecture qui déclenche une vive réflexion sur la nature humaine face à ce type de tragédie. Je vais maintenant retourner vers mes muses en espérant avoir un peu grandi au travers de cet ouvrage.. Bien à vous tous amis babeliens !
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Un rat, suivi d'autres. Puis de leur mort à tous. Et un mal, la peste, puisqu'il faut bien l'appeler par son nom, qui infeste la ville, et avec elle, la peur et la prise de conscience, lente et difficile, que le fléau est bien arrivé dans la ville. Rapidement, les portes de la ville se ferment, laissant la stupide confiance humaine désemparée : personne ne rentre ni ne sort, la mort se cumule avec l'exil, la séparation des êtres est le lot commun, et même les lettres avec l'extérieur ne sont plus admises. Dans ces extrémités de la solitude, enfin, personne ne peut espérer l'aide du voisin et chacun reste seul avec sa préoccupation.


Les animaux jouent un rôle dans la chronique : les rats et leurs puces, les chats sur lesquels un vieux crache, le juge qui ressemble à une chouette, sa femme menue comme une souris, et ses enfants habillés comme des chiens savants, un accusé qui ressemble à un hibou, un chien rempli de puces et que la police abat sans hésiter, et la réapparition des rats et des chats à la fin du roman.
Le narrateur , après description rapide de la ville d ‘Oran, cède la parole au docteur Rieux, puis à d'autres personnages, dont Rambert, le journaliste amoureux d'une femme restée en France, et Tarrou, dont nous lisons la chronique. Et montre son bout du nez page 106. Camus avoue, à la fin du livre que le narrateur est en fait Rieux, le médecin héroïque, comme nos soignants aujourd'hui. C'est à dire lui.


Non seulement Camus dans la Peste emploie une langue lyrique, mais en plus nous découvrons une correspondance frappante avec ce que nous vivons qui le rend encore plus pathétique. C'est une langue magique par son évocation si précise et poétique du ciel d'Oran: « Ils goûtaient un soir vert et or où la chaleur commençait seulement de s'affaisser. »La chaleur « crépite », et lorsque le froid semble se cristalliser au dessus de la ville, « sa splendeur immuable et glacée inonda notre ville d'une lumière ininterrompue ».

En essayant d'écrire sur le roman, je me rends compte que chaque page contient des lignes fulgurantes sur l'approche de la mort, la solitude et la solidarité devant son implacabilité, le désir de vivre couplée avec l'acceptation, les fêtes comme si c'étaient les dernières, la révolte devant ce sort injuste et la religion qui parle de la colère divine. Les pestes au cours de l'histoire ont toujours donné lieu à culpabiliser les hommes, ce sont leurs péchés qui provoquent l'épidémie. A quoi Camus répond : et la mort d'un enfant innocent?

Les opinions, les avis différents, le rappel, parfois faussé des pestes historiques que l'humanité a déjà connues, les oracles, prédictions et prophéties font ravage, ainsi que la religion. Tout cela , dit Camus, est finalement rassurant. Seule la peste ne l'était pas. Mais si la question de la nécessité du mal et de la souffrance est justifiée par l'existence d'une joie éternelle, pour Camus , « à l'intérieur du mal, la difficulté commence, car il y avait le mal apparemment inutile et le mal apparemment nécessaire. Il y avait Don Juan plongé aux enfers et la mort d'un enfant ».
Curieusement, Camus l'athée parle du « combat avec l'ange de la peste », et fait référence implicite au livre de Job.

On a beaucoup commenté le fait que Camus en parlant de la peste parlait en fait de l'occupation nazie en France : l'enfermement, le désir d'échapper, un ordre inadmissible contre lequel il n'y a aucun recours, les morts, sans aucune justice préliminaire, et le sentiment d'injustice malgré l'impartialité efficace que la peste apporte dans son ministère.
Les rats sont entrés dans Oran.

La fin de la liberté, aussi, et Camus ne croit pas du tout que les hommes choisissent leur destin : la peste/ occupation révèle leur peu d'autonomie. Ensemble, ils sont obligés de subir les violences, les enterrements des défunts puis leur incinération, le « four crématoire » et les fosses communes ; ils vivent la grande colère de l'homme devant la douleur que tous partagent. L'attente durant ce temps de confinement est morne, répétitif et pas du tout héroïque, chacun s'en tirant comme il peut (Cottard, et ses trafics, Grand et sa prétention d'être un grand écrivain , avec une phrase remaniée sans cesse, Rambert, le journaliste, qui finalement choisit de ne pas quitter la ville, enfin la mère de Rieux, dont la figure prend une importance capitale à la fin du roman.)

le sceptique Camus, lorsque la peste recule, décrit la folle espérance, que la peur et le désespoir n'ont pas pu entamer. Pourtant, n'oublions pas, nous dit il, la peste ne meurt jamais, elle peut rester endormie des années et se réveiller avec ses rats pour le malheur et l'enseignement des hommes.
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Encore une fois livre qui fait partie des classiques scolaires , qui sont si riches et qui nous raconte l'histoire de nos ancêtres.

Le 16 avril 1940, à Oran. le Docteur Rieux découvre un rat mort dans les escaliers de son immeuble.
Le Docteur Rieux accompagne son épouse. Souffrante, elle part en convalescence dans une autre ville.

Quelques jours plus tard, ce sont des milliers de rats qui sont retrouvés morts dans les rues de la ville. le 30 avril, le concierge décède des suites d'une étrange maladie.
Le vieux Docteur Castel invite son confrère à enquêter sur ce mal mystérieux qui ronge peu à peu la ville. Nul doute n'est possible, il s'agit bien de la peste
Le préfet, indifférent aux avertissements des médecins, préfère ne pas inquiéter la population.
Les conséquences pourraient être dramatiques.
Terrifié par le nombre de corps morts que l'on retrouve chaque jour, le préfet décide de la fermeture des portes de la ville.
Il est interdit de correspondre ou de téléphoner avec quiconque à l'extérieur de la ville.
l'eté s'installe. La peste redouble. le nombre de morts est tel qu'on installe des fosses communes, puis des fours crématoires pour se débarrasser des corps.
La ville est en proie au pillage. Les habitants abdiquent, les résistants s'épuisent.
Au fur et à mesure tous les gens décèdent , même le prêtre ...
La peste recule. le 25 janvier le préfet annonce la réouverture prochaine des portes de la ville.
Cette histoire a quand même certains points commun avec notre actualité , les grandes villes sont envahies de rats ...il y a peu de temps une personnes vivait avec 200 rats ...même si nous avons des moyens d'éviter la peste , le rat est vecteur de pathologie ...
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Je ne sais pas pourquoi j'imaginais la plume de Camus compliquée à lire. Nous sommes très vite plongés dans une invasion de rats malades qui meurent, à Oran. le narrateur raconte la maladie et le confinement obligé de la ville d'Oran par le biais de témoins, quelques personnages que nous suivons.
C'est très intéressant de lire ce roman en sachant que l'auteur dénonce l'occupation allemande, mais après avoir vécu le confinement du covid.
L'auteur en profite pour poser des questions philosphiques. La mort, l'exil, la peine de mort, l'engagement politique ou humain, la sainteté, l'amour, le souvenir.... Pas toujours facile de le suivre, ni de se positionner face à des thèses si bien défendues mais un roman très agréable à lire, et qui fait réfléchir.
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Quelle idée, me dira-t-on, de se mettre à lire ce livre de Camus en pleine période de pandémie et de confinement !

Pourtant, l'idée n'est pas si mauvaise que ça, car elle est l'illustration parfaite de ce qui se passa et se passe durant le covid 19.

Camus n'étant pas visionnaire, il avait juste compris l'âme humaine, les travers de ses contemporains et a réussi à décrire tous les comportements qui ont lieu durant une épidémie, qu'elle soit de peste, de choléra ou de coronavirus…

Bien souvent, les autorités veulent étouffer les choses, tardent à regarder la réalité en face, traînant les pieds, reportant sans cesse les mesures et comme dans la fable de la Cigale et La Fourmi, se trouvent dépourvues lorsque le pic fut venu.

Chez nous, on hurle sur notre ministre de la Santé (Maggie de Block) qui a fait détruire un stock de masques FFP2 car "périmés" et en France, on s'est gaussé de Roselyne Bachelot qui avait commandé trop de masques pour le H1N1…

Camus nous décrit avec force et réalisme les rats qui meurent un peu partout, les gens qui pensent que tout ceci ne durera pas, qui ne craignent rien, sur les autorités qui veulent pas affoler les gens en parlant de "peste brune", sur les mesures prises ensuite et qui font râler la population d'Oran (le confinement dur), sur les médias qui bourrent le crâne après avoir fait silence…

Nous avons aussi toute une galerie de personnages, allant du docteur Rieux qui soigne tout le monde à Jean Tarrou qui nous raconte tout, en passant par Cottard qui, ayant raté son suicide, ne rate pas sa reconversion dans le marché noir.

Ce roman est fort contemporain car toutes les différentes façons de réagir face à la maladie se trouvent regroupées : que ce soit le déni des uns (Trumpinette), le dédain des autres (Boris d'Angleterre), ceux qui magouillent (en vendant du PQ au prix de l'or ? – mais pas dans le roman), ceux qui paniquent, ceux qui veulent prendre la fuite et ceux qui prennent la fuite (j'ai les noms dans la réalité !).

Après toutes ces réactions enflammées et différentes, tout le monde se résigne, courbe l'échine et fait avec…

De plus, durant la lecture, une petite lumière s'allume dans votre esprit et vous vous demandez si c'est vous qui vous faites un film ou cette peste brune sera une analogie de celle qui déferla dans les années 30, celle qui produisait des bruits de bottes, des autodafés, des crimes, des génocides… Bref, le fascisme !

Wiki me répond que je n'ai pas tout à fait tort et que la lutte contre la peste est aussi une lutte pour le fascisme, faisant du docteur un résistant et de Cottard un collabo.

Vous me connaissez et je vous sens suspendu à mes mots, se demandant où diable je vais caser ce foutu "Mais" que vous sentez arriver et qui va tempérer ce début prometteur…

Mais (vous le réclamiez, le voici)… La peste reste un livre difficile à lire, avec peu de dialogues par moment, une ambiance plombée (pas de lockdown fiesta, pas de vidéo marrantes), des descriptions interminables, un ton qui semble froid, distant.

Anybref, Camus et moi ne sommes pas fait pour passer un confinement ensemble. C'est la deuxième fois avec lui et ça ne passe toujours pas. Pourtant, au départ, j'étais emballée, tout allait bien, je la sentais bien, cette lecture, les pages se tournaient toutes seules, en un mot, je le dévorais.

Arrivé un moment, je n'ai plus dévoré mais j'ai senti mon rythme de lecture diminuer, et puis, sans même le vouloir, j'ai surpris mes yeux en train de sauter des paragraphes, des pages, même !

Je pourrai dire que j'ai enfin lu La Peste de Camus mais qu'il ne m'a pas plu et que je n'ai pas eu l'ivresse littéraire, même si ça avait bien commencé…

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Pourquoi relire La peste, lu il y a déjà tellement d'années ?
Deux raisons.
J'y avais déjà pensé lors de la « pandémie »
Et puis la récente adaptation télévisée du livre a titillé à nouveau ma curiosité.
Je me demandais si c'était plus inspiré du confinement que du livre.
Et bien, des deux dirait-on.
C'est assez fidèle au livre, mais il y a pas mal d'ajouts qui rendent le tout beaucoup plus vivant.
Parce que j'ai trouvé le texte plutôt austère.
Manque d'aération, de respiration, à la lecture.
De longues réflexions parfois rébarbatives, des personnages un peu entremêlés apportant une certaine confusion.
Je ne sais plus ce que j'en avais pensé à l'époque, mais là ça m'a semblé lourd.
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Relecture.
Si un jour , quelqu'un ou quelqu'une n'ayant pas le talent d'A.Camus voulait relater la période d'épidémie que nous subissons actuellement en France(pandémie pour le vaste monde) mieux vaudrait ne rien écrire.
Tout est dit sur l'épidémie de peste qui a ravagé Oran dans les années 40. Adaptable sur tous les plans à nos jours. le coeur des hommes mis à jour. Un chef- d'oeuvre.
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Comme tout le monde j'ai découvert La peste à l'adolescence et je l'avais beaucoup aimé. Contrairement à La chute qui est un de mes livres de chevet que je relis souvent, je n'avais pas relu celui-ci depuis cette époque, qui remonte à quatre décennies. J'ai donc profité d'une lecture commune sur Babélio et du confinement pour m'y replonger. Je me souvenais de quelques scènes marquantes comme le prêche de Paneloux, la mort de l'enfant et de Tarrou, la phrase répétitive de Grand, la baignade des deux amis et la dernière phrase, mais vu la complexité de cette oeuvre, je ne me demande ce que j'en ai vraiment compris à quatorze-quinze ans.

La peste est une métaphore de la deuxième guerre mondiale et du nazisme, c'est bien connu, mais j'avais envie de relire ce roman dans la perspective actuelle de la crise du coronavirus. Cette crise est évidemment bien moins grave que le fascisme, mais c'est un évènement totalement inattendu qui nous surprend autant que les habitants d'Oran l'ont été. le roman dépeint les réactions des différents habitants, le premier sentiment est la séparation et l'exil, puisque la ville est fermée et tous les moyens de communication coupés. Ensuite vient l'égoïsme, le fléau est l'affaire des autres tout d'abord, puis devient celle de tous. A ce moment les uns plongent dans l'indifférence, les autres dans la solidarité, les équipes sanitaires s'organisent. Les personnages principaux incarnent ces différentes réactions, Rieux s'engage totalement puisqu'il est médecin, mais il le fait par devoir sans aucun sentiment, il essaie de garder une absolue neutralité de jugement, qui le protège aussi. Il ne se considère pas comme un héros mais il fait son métier simplement. Tarrou recherche la paix et la sainteté laïque, il sait que tout homme est potentiellement un meurtrier , y compris les victimes dont il se sent solidaires, lutter contre la maladie sans passion et sans illusion lui paraît la seule voie raisonnable. Il refuse tout jugement et fréquente assidument Cottard le trafiquant, qui a quelque chose à se reprocher et s'épanouit pleinement durant l'épidémie, il craint sa fin et provoquera lui-même sa propre chute, étouffé par la peur de l'avenir. Grand incarne le fonctionnaire sans grandeur qui fera son devoir face à la maladie en s'engageant dans les formations sanitaires, Camus, y voit le vrai héros de l'histoire. le père Paneloux offre un miroir à Rieux qui refuse de croire en Dieu et encore plus à la vision du prêtre qui voit dans le fléau une punition divine, mais s'engagera également dans les formations sanitaires, faisant dire au médecin qu'il est meilleur que son prêche.

Actuellement, les personnes ne développent pas de pensée philosophique sur la maladie, pour le moment la solidarité règne dans l'ensemble mais elle ne tardera pas à se fissurer face à la crise économique qui ne manquera pas de succéder à la crise sanitaire. Les Cottard prospèrent toujours, je viens de lire qu'une entreprise pharmaceutique suisse a exporté vingt cinq tonnes de masques de protection, réalisant un bénéfice colossal, alors que les stocks manquent dans le pays, y compris pour les soignants, en d'autre temps, on appellerait cela de la haute trahison. Les églises (du moins les évangéliques que je connais, je ne prononcerai pas sur d'autres dénominations que je connais moins) sont très actives sur la toile, mais heureusement ces discours sur la punition divine ne sont plus d'actualité, sauf pour quelques extrémistes américains dont il ne faut rien attendre de bon.

Ce que je retiens de ce roman est sa grande complexité, il y a de très nombreux passages philosophiques dont la lecture est exigeante et parfois, il faut bien l'avouer, ennuyeuse. L'étranger et la Chute sont plus abordables. C'est aussi un univers uniquement masculin, l'amour y est abstrait, même si Rieux dit qu'on a le droit de choisir son bonheur individuel contre l'intérêt général, ce qu'il ne fait évidemment pas. Un autre point surprenant est le fait qu'Oran est présenté comme une ville française, ce qu'elle était à l'époque, mais il n'y a aucun Arabe dans le livre, uniquement des colons ce qui n'est pas très réaliste non plus, donc il s'agit vraiment de la métaphore de la France.

Un monument de la littérature mais pas une lecture facile, même si j'ai eu grand plaisir à relire ce roman.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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J'ai pris sud ouest, la Provence, Libé... J'ai regardé les chaines infos, j'ai reçu sur mon téléphone des suggestions d'infos...
Bref ça tournait en boucle, vide de sens, sans grand intérêt et encore moins de réponses à mes questions.
Las, de dépit je suis allé dans ma bibliothèque trouver un remède. Je suis tombé sur ce Camus, les pages jaunies, mon nom écrit à la dernière page (non pas de dédicace d'Albert juste de ma mère comme je perds souvent mes affaires) avec une annotation 3ème A (une classe de champions).
Au fil des pages j'ai retrouvé mon actualité, bon la peste est moins sexy que le Corona mais tout y est, de la quatorzaine à la quarantaine, de la peur de manquer et vider les supermarché à la folie religieuse. TOUT mais en sacrément mieux écrit.
On y trouve les déçus comme les opportunistes, les résignés et les combattants. Les gros cons qui ne respectent pas les consignes (merde ca c'est pas objectif).
Mais quel régal cet ouvrage.
En 3 ème c'est trop jeune Messieurs de l'éducation Nationale mais plus vieux faut se le lire.
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Je sais que beaucoup de français se sont mis à relire ou à lire ce livre paru en 1947 et qui résonne étrangement en ce temps de pandémie.
C'est mon cas, relu à 60 ans d'intervalle.

Dans ce roman, Camus s'inscrit dans cette famille des auteurs, De Voltaire et Goethe jusqu'à Kundera, pour lesquels l'intrigue romanesque s'accompagne, voire sert un propos philosophique.

C'est la narration dépouillée, sans emphase, de son début à sa fin, d'une peste survenue dans la ville d'Oran, par l'une des personnes qui l'ont vécue et dont on saura l'identité à la fin de l'histoire.
Ce récit imaginaire va montrer la réaction des humains face à ce mal inattendu. de l'incompréhension, voire de la négation des faits, à la révolte, puis la résignation et l'acceptation de ce qui est, et enfin la joie de la délivrance de l'épidémie, ce roman est une formidable réflexion sur l'homme face à l'adversité et la mort, sur le sens de la vie, sur la fraternité et la solidarité.

Face à cet évènement inimaginable (comme ce qui nous arrive aujourd'hui), autour du héros, le Docteur Rieux, des hommes (peu de femmes dans ce récit, c'est dommage!), malgré leurs différentes convictions et croyances, vont se montrer capables de faire ce qu'il y a à faire, humblement et de façon solidaire. Tous ne seront pas ainsi, mais beaucoup vont montrer le meilleur d'eux-même, d'autres pas (comme en ces moments).
Les réflexions sur le refus des soignants de se considérer comme des héros, mais simplement sur des humains essayant de faire de leur mieux face au mal, celles sur les morts qui deviennent des statistiques, sur le fait de ne pas accepter l'inimaginable et d'en incriminer d'abord les autorités, sur l'administration qui traîne à prendre les mesures appropriées, évidemment tout cela nous parle aujourd'hui.

Mais il ne faut pas prendre ce récit au premier degré. La réflexion va plus loin. Qu'est ce que le mal? Comment lui faire face? Que faire de sa vie face à l'absurdité de la condition humaine, qui nous mène inexorablement à la mort?
Et ce qui ressort surtout, et qui fait la différence entre Camus et ses contemporains, Sartre, notamment, c'est son humanisme profond et simple, sa bonté.
Quelques citations à ce propos:
"Je me sens plus de solidarité avec les vaincus qu'avec les saints. Ce qui m'intéresse, ce n'est pas l'héroïsme ou la sainteté. Ce qui m'intéresse, c'est d'être un homme".
"Le salut de l'homme est un bien trop grand mot pour moi. Je ne vais pas si loin. C'est sa santé qui m'intéresse, sa santé d'abord."
"- Qu'est ce qui vous pousse à vous occuper de cela?
- Je ne sais pas. Ma morale peut-être?
- Et laquelle?
- La compréhension."

On sait que ce récit écrit juste après la seconde guerre mondiale, est une allégorie de la résistance à la peste brune du nazisme, c'est à dire au mal absolu qui dénie le statut d'êtres humains à certains en raison de leur religion, origine ethnique, orientation sexuelle, maladie psychique...
Alors n'oublions pas cela alors que monte en France et en Europe, la nouvelle peste du populisme et de l'intolérance qui discrimine les humains selon leur religion, leur origine ou leur orientation sexuelle.
Voici les derniers mots du livre, ....à méditer, je trouve:
"Car il savait...que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, ...qu'il attend patiemment....et que peut-être, le jour viendrait où pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse."
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