Poursuite de ma découverte de l'univers de Camus avec ma co-lectrice Srafina. On s'attèle cette fois-ci à sa pièce de théâtre
Les Justes, qu'un ami babeliote m'avait recommandée.
Je retrouve ici le plaisir d'une lecture simple, dans le sens épurée, et directe. Je m'étonne d'utiliser le terme « plaisir » car je ne peux pas dire que le sujet ou la plume m'aient enthousiasmés. Mais je réalise cependant que je l'ai lu avec avidité : les pages se tournent très vite, on a envie de savoir et de comprendre.
Et c'est une fois de plus une lecture qui questionne et interpelle sur un sujet plutôt sombre et malheureusement intemporel.
Car ici, Camus met en scène un évènement réel qui s'est produit par le passé, en 1905 en Russie, à savoir l'assassinat du Grand-Duc Serge par des terroristes du parti socialiste révolutionnaire. Une situation qui peut aisément être transposée à d'autres évènements similaires et plus contemporains.
La question qui se pose dans cette pièce est de savoir si une cause, aussi juste soit-elle, justifie-t-elle de passer par le meurtre ?
Il présente pour cela des protagonistes très différents qui s'appuient pour certains sur la haine, pour d'autres sur l'espoir et même l'amour pour légitimer leurs actes.
Tous n'ont pas cependant la même réaction lorsqu'ils sont confrontés au choix de condamner ou pas des enfants dans cet attentat. Suivant leurs vécus, et sans doute aussi leur part d'humanité non détruite, les points de vue divergent sur les limites à prendre.
C'est une chose d'être un Juste, de se livrer corps et âme à une cause au dépend de sa vie, il en est une autre d'être aussi despotique que le despote combattu.
Le lecteur est ainsi balloté tout au long de la lecture, entre des moments d'empathie envers ces personnages qui souffrent et qui veulent défendre une cause juste, et des moments de révolte et d'antipathie face aux décisions prises et aux discours menant à ces actes graves et irréversibles. Que la nature humaine est complexe…
Je ne dirai pas que j'ai passé un bon moment de lecture avec Camus, mais je suis contente de l'avoir lu. Je reconnais avoir apprécié les réflexions que cette lecture a suscité. Les échanges et discussions avec Srafina y sont pour beaucoup, un grand merci à elle.