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4,04

sur 1983 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai vraiment du mal à m'enthousiasmer pour les écrits d'Albert Camus. Ça me chiffonne toujours un peu car l'homme m'est sympathique, j'admire sa droiture, sa loyauté et même d'une certaine façon son combat mais quand je me prends à le lire directement, il n'émane de moi qu'un morne et peu satisfaisant : « Mmm ouais, sans plus... »

Je ne peux pas dire, par exemple, que cette pièce, Les Justes, soit inintéressante, non, absolument pas. Mais si je veux être honnête avec vous et avec mon ressenti, je ne peux pas dire non plus que je la trouve captivante, ni émouvante, ni motivante, ni toutes ces choses en " vante " qu'on nous vante. Il ne ressort de moi que le triste " décevante " qui souvent m'épouvante quand il vente le soir au crépuscule...

La réflexion centrale de cette pièce est celle de la justification d'un crime pour raison politique. N'est-on pas tout aussi bourreau que le dictateur si notre moyen d'action est le crime ? Peut-on, pour un bien hypothétique et futur, faire présentement un acte vil et pendable ?

Le contexte retenu par Albert Camus et qui s'appuie sur des faits historiques réels (tous les personnages de la pièce ont réellement existé et l'attentat dont il est question fut perpétré le 17 février 1905 contre le grand-duc Serge Alexandrovitch de Russie) est celui de la révolution russe (revendication pour l'installation du communisme en lieu et place d'une autocratie tsariste de type dictatorial) mais il pourrait tout aussi bien s'appliquer à n'importe quelle révolution. le personnage de Stepan rappelle étrangement notre brave Robespierre, droit dans ses bottes et prêt à tout pour aller jusqu'au bout de l'idée, quitte à être plus dictatorial que le dictateur même.

La question du jugement est également soulevée. de tels fanatiques assassins, espèrent-ils autre chose que la mort ? Est-ce les punir que de les faire mourir ? (Je vous conseille à ce propos Les Sept Pendus de Leonid Andreïev qui répond ou qui prolonge admirablement cette pièce.) À l'époque de l'écriture de la pièce, la peine de mort était encore très largement répandue, même dans les démocraties occidentales qui l'ont depuis, peu à peu, abandonnée.

Ici, la question se pose, et les terroristes révolutionnaires russes de Camus n'ont probablement rien de très différent avec les terroristes kamikazes palestiniens d'aujourd'hui. Ils sont convaincus d'être des justiciers et d'oeuvrer pour le bien public en se faisant exploser contre un bus quelconque et en massacrant un maximum d'innocents.

Si l'on renonce à ce levier d'action, quel autre moyen choisir pour qu'il soit efficace et qu'il abrège rapidement la souffrance des peuples ? En ce sens, Albert Camus amène des questionnements intéressants et bien sentis. Par contre, je reste toujours dubitative sur le « style » Camus, qui m'indispose presque, tellement je le trouve plat, morne, sans âme, sans vie, telle une mue de cigale dont le petit corps musicien aurait déserté la scène.

Bref, pas ma tasse de thé stylistiquement parlant, mais comme je l'avais déjà longuement évoqué pour L'Étranger, je vais m'arrêter là car ces menues considérations ne sont que mon avis, pas toujours très juste, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Des terroristes membres du parti des combattants socialistes révolutionnaires avaient prévu d'attenter à la vie du grand-duc Serge de Russie le 15 février 1905. Ce dernier assistait ce jour-là à un concert au théâtre Bolchoï. Toutefois, l'un des terroristes s'est rendu compte qu'il était accompagné de ses deux enfants et n'acceptant pas l'idée de les tuer, ne donna pas le signal à ses camarades. le grand-duc sera finalement assassiné deux jours plus tard.
Dans sa pièce de théâtre « les justes » Albert Camus relate cet évènement, de la préparation de l'attentat du 15 février aux conséquences de celui du 17 février en imaginant les pensées, les discours et les actes de cinq terroristes. Il en ressort une analyse psychologique des cinq révolutionnaires qui se voient attribuer chacun une personnalité différente. Les réflexions sont nombreuses : Est-il juste de sacrifier deux enfants pour en sauver des milliers ? Est-il juste de mourir pour mettre en oeuvre ses idéaux afin que d'autres puissent vivre libres ? Est-il nécessaire de se sacrifier ? Est-il nécessaire de passer par la haine ? de manière plus générale, jusqu'où peut-on aller pour défendre ses idéaux, son engagement politique ?
C'est prenant, ça sonne juste, mais c'est court et j'aurais aimé rester davantage avec ce petit groupe pour avoir une réflexion peut-être plus profonde sur le sujet.
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La figure du Juste dépend du référentiel depuis lequel on se place, hein, tout le monde sait ça. Camus aussi, mais c'est dommage qu'il ait cru bon d'entourer son scénar' d'une marmelade pathétique avec l'enfant du tsar. Croire qu'aucune réflexion humaine ne peut être menée sans évoquer les couches chaudes et humides des étrons infantiles nous fait légèrement tendre vers la barbarie.


Mise à part cette légère bévue, des réflexions intéressantes évoquent l'impossibilité d'arriver au « bien » sans user du « mal ». Les idéalistes seront chaudement reçus :
- « Alors choisissez la charité et guérissez seulement le mal de chaque jour, non la révolution qui veut guérir tous les maux, présents et à venir. »
- « D'autres Hommes... Oui ! Mais moi, j'aime ceux qui vivent aujourd'hui sur la même terre que moi et c'est eux que je salue. C'est pour eux que je lutte et que je consens à mourir. Et pour une cité lointaine, dont je ne suis pas sûr, je n'irai pas frapper le visage de mes frères. Je n'irai pas ajouter à l'injustice vivante pour une justice morte. »


Gardons la meilleure pour la fin : « Tu n'avais qu'à rester tranquille et tout allait pour le mieux ». Houellebecq, dans Soumission, n'annonça pas pire.
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Le titre de cette pièce de théâtre peut à première lecture nous donner une idée fausse de son contenu. Il ne s'agit pas des « justes » au sens que l'on donne communément désormais, depuis la seconde guerre mondiale.

Non ici, on est sur une pièce qui reprend un véritable fait historique qui a eu lieu en 1905, un attentat contre le grand-duc Serge Alexandrovitch. L'un des membres d'une organisation résistante planifie cet attentat et prévoir de lancer une bombe le soir où Serge ira à l'opéra. Parmi ce groupe socialiste révolutionnaire, en opposition totale au grand-duc, Kaliayeb, qui doit lui-même déposer la bombe, va finir par renoncer au dernier moment, au risque de remettre en cause le sens même de l'équipe, mais également, de les voir se faire arrêter.

Cette pièce est a priori une réponse au livre « Les mains sales » de Sartre, car selon Camus, la vision de Sartre était à l'opposé de la sienne : Camus va faire incarner sa vision dans la bouche de Kaliayeb (personne qui a réellement existé) et Sartre dans celle de Stepan.

La raison pour laquelle il n'a pas déposé la bombe ? le grand-duc n'était pas seul : il y avait des enfants avec lui, le neveu et la nièce. Kaliayeb ne voulait pas tuer ces enfants parce qu'ils ne sont pas responsables des actes de son oncle, qu'à cet âge-là, ils sont innocents. Kaliayeb va se justifier auprès de son équipe et surtout auprès de Dora, dont il est amoureux : le sens du sacrifice, de la résistance ne peut pas justifier tous les crimes. Cette justification est contrée par Stepan, radicalement opposé à la vision de Kaliayeb et qui ne comprend pas pourquoi il n'a pas agi. Stepan considère que pour atteindre leur objectif, il faut aller au bout, même si des victimes collatérales sont à déplorer. Ces enfants, neveu et nièce, auraient très bien pu être du côté de leur oncle, une fois adulte.

S'ensuit donc un débat de fond sur ce qu'il aurait fallu faire à la place de Kaliayeb.

S'agissant d'une pièce de théâtre, l'histoire est accessible, les arguments présentés son clairs et peut donner à débat. Malgré tout, lire une pièce de théâtre est toujours plus agréable si on a accès à l'interprétation d'une troupe de théâtre en parallèle de la lecture. J'ai donc regardé une vidéo Youtube. L'ambiance lourde et sombre de toute cette pièce est bien sûr davantage mise en valeur lorsqu'elle est interprétée par des comédiens.

Je dirais tout de même que les arguments donnés par Kaliayeb et par Stepan sont accessibles certes, mais il est nécessaire quand même de s'y arrêter un instant, ne serait-ce qu'en prenant le temps de prendre conscience des arguments de l'un et l'autre.

Je ne sais pas si je me souviendrai longtemps de cette pièce, avec regret d'ailleurs. J'ai tendance à avoir du mal à « imprimer » les histoires des pièces de théâtre, plutôt que les romans. C'est tout de même le genre de livre que j'aime bien garder dans ma bibliothèque, histoire de pouvoir les relire un jour si l'envie m'en prend.

A découvrir.

Lien : https://letempsdelalecture.w..
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Peut-on tuer et être juste? Peut-on aimer a vie et chosir de mourir? Pour être juste, il faut aimer la vie et tuer sans haine, non pas tuer pour une idée abstraite mais qpour qu'il ne soit plus nécessaire de tuer.
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Une oeuvre que j'avais lus et étudiée au lycée, que je me suis amusée à relire lors d'une insomnie.

Malgré que je ne suis pas forcément fan des pièces de théâtre, je préfère autant les joués ou les regarder, les lires c'est assez spécial, je trouve, pas dans le mauvais sens toute fois. Et bien, je l'ai aimé à nouveau, voilà tout! Avec des sujets forts tel que la Justice, la révolution et tout ça sur un fond de romance et de fraternité, cela ne pouvait pas ce passer autrement.

Ce que j'ai appréciée dans cette oeuvre de Camus, c'est la force et la passion qu'il à su transmettre à ses dialogues. Car dans un roman, on peut transmettre les émotions et les sentiments avec des paragraphes, des descriptifs. Ici, rien, il n'y à que les dialogues et quelques annotations par-ci par-là. Et c'est très fort, j'ai ressentie la détresse et la peur des personnages mais aussi la haine, l'amour, la fraternité, l'entraide ect... Comme si j'étais au premier rang de la scène.

Cependant, au début de l'histoire, je me suis sentie perdue. N'aillant pas l'habitude du genre théâtre, je pense que c'est beaucoup à cause de ça. le lecteur doit digérer beaucoup de noms et prénoms lors des premières pages, et tout ça sans la moindre présentation des personnages ni même de description physique. J'avoue que ça m'a pas mal perturbée et dérangée tout du long. Évidement, ce texte est fait pour être joué, c'est donc normal qu'il n'y en ai pas mais, pour les lecteur habitués aux romans, c'est assez délicat de ne pas se focaliser dessus.

Je conseille vraiment et sincèrement cette pièce de théâtre, même si comme moi, vous n'avez pas l'habitude de lire ce genre et que vous n'aimez pas trop tout ce qui touche à l'histoire. Elle fait partie des oeuvres de la littérature française que l'on se doit (pratiquement) de lire. L'émotion que dégage cette pièce, plaquée sur le papier, est incroyable.
Lien : https://yesagainonemorepage...
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Il n'y a rien à redire sur les écrits d'Albert Camus. Sa réputation n'est plus à faire mais j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans cette pièce de théâtre.

Mais même si je n'ai pas réussi à l'apprécier autant que certains autres lecteurs, il n'en est pas moins intéressant dans sa structure, et dans les faits historiques qui sont relatés : la révolution russe et l'attentat du 17 février 1917.

Dans l'ensemble, l'histoire est bien menée et très enrichissante mais quelque chose m'a empêché de rentrer entièrement dans la pièce..
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Faits réels. 1905. Un groupe de jeunes socialistes révolutionnaires russes préparent un attentat afin de tuer le Grand duc Serge, oncle du Tsar, qui a instauré un régime totalitaire despotique dont souffre le peuple russe.
Sous couvert de vouloir rendre justice et libérer le peuple de ce régime, est-on autorisé à user de la violence et et à soi-même commettre un crime? Peut-on moralement accepter de tuer une poignée d'innocents pour libérer tout un peuple, toute une nation? Est-on donc vraiment juste ?
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Mon interprétation est peut-être liée au fait que j'ai lu la pièce ; sur scène, je n'aurais peut-être pas ressenti la même chose.
En effet, à la lecture, j'ai trouvé le contexte historique riche, les idées politiques exposées sont intéressantes. Mais justement, les personnages discutent et débattent - ils agissent, certes, mais hors-scène. Ils exposent leurs idées, mais dans des argumentaires raisonnés, non des tirades théâtrales passionnés. En effet, j'ai trouvé ces personnages froids, plus des philosophes que des hommes de chair. Il est d'ailleurs significatifs que seules les femmes, les deux personnages féminins, apportent de l'émotion et semblent vivantes, parce qu'elles sont décrites comme les seules capables d'aimer. Pour être révolutionnaire, il faudrait donc abandonner l'amour, et par là-même l'humanité, et donc ce qui fait la vie de personnages sur scène.
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Ce que j'ai aimé : Il s'agissait pour moi moi d'une relecture, la première fois ayant eu lieu dans le cadre scolaire. Dans mes yeux d'adolescente, j'avais adoré tout ce romanesque : engager sa vie pour une cause, la révolution pour la fin de la noblesse, l'amour impossible, des personnages marqués et tranchés.

Ce que je n'ai pas aimé : Ma relecture avec mes yeux d'adulte m'a mise très mal à l'aise. Ironie du sort, j'avais mis ce bouquin dans mon sac à main le jour des attentats de Bruxelles. Dans le contexte actuel, plein de choses se sont bousculées dans ma tête. J'ai presque trouvé l'oeuvre déplacée, hors de propos. Alors qu'elle joue son rôle, elle incite d'autant plus à la réflexion.

Lien : http://wc.pressepuree.fr/tag..
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