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4,04

sur 1983 notes
La pièce "les Justes" se partage en 5 actes avec unité de lieu, sauf dans l'acte 4 où Kaliayev est en prison. le reste du temps, les "frères" de l'Organisation sont regroupés dans un appartement d'où ils organisent leurs coups, puis se retrouvent après les avoir exécutés.

Il est question de tuer le grand duc Serge, oncle du tsar, alors qu'il se rend au théâtre dans une calèche ; c'est décidé, il ne reste plus qu'à exécuter.
Mais les personnages de ce huis-clos sont-ils tous dignes de confiance, fiables dans l'action ? Ne reculeront-ils pas devant le moment fatidique, n'auront-ils pas trop d'humanité ?

Camus pose des questions essentielles : qu'est-ce que le crime ? Est-on toujours criminel si on oeuvre pour une cause qui nous dépasse, pour réduire le crime et la pauvreté ?
La vie de tous justifie-t-elle d'enlever une vie ? Si on le fait en choisissant soi-même de mourir, est-on aussi coupable ?

C'est à ces questions que se confrontent, en 1905, les membres du parti socialiste révolutionnaire : Ivan Kaliayev, Dora, Stepan, Boris et Alexis - chacun a une approche différente qu'il exprime au cours de dialogues, tandis que les uns et les autres vont et viennent dans l'appartement pour préparer l'action.

Ivan est gai, plein de vie, quoique totalement résolu à sacrifier sa vie pour la cause ; Stepan revient du bagne, il est durci et croit en la nécessité d'imposer leur cause à tous, Alexis s'interroge sur son utilité car il se découvre lâche... Quelle place chacun tiendra-t-il à mesure que l'action s'enchaîne et se noue, que le choix n'est plus de mise ?
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Je connais mal l'oeuvre d'Albert Camus. Je n'ai pas encore lu ni L'Etranger, ni La Peste, qui me semblent être ses deux oeuvres les plus connues, ou en tout cas celles qui me viennent naturellement en tête quand je pense à Camus.

Ma première lecture d'Albert Camus a donc été Les Justes, une pièce de théâtre montée pour la première fois à Paris en 1949. J'en avais entendu parler dans les sources bibliographiques de l'excellente bande dessinéeMort au Tsar qui traitait des mêmes événements.

" En février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l'ont précédé et suivi font le sujet des Justes. Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on le verra d'ailleurs, que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J'ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai…

La haine qui pesait sur ces âmes exceptionnelles comme une intolérable souffrance est devenue un système confortable. Raison de plus pour évoquer ces grandes ombres, leur juste révolte, leur fraternité difficile, les efforts démesurés qu'elles firent pour se mettre en accord avec le meurtre – et pour dire ainsi où est notre fidélité. "

Dans cette pièce en cinq actes, Albert Camus met en scène un groupe de terroristes qui préparent puis exécutent l'attentat qui a coûté la vie en 1905 au grand-duc Serge, gouverneur de Moscou et oncle du tsar. C'est un sujet qui semble m'attirer car après la BD Mort au Tsar dont j'ai déjà parlé plus haut, j'ai déjà lu plusieurs livres qui en parlent, que ce soit du point de vue du gouverneur ou des terroristes.

" Et puis, nous tuons pour bâtir un monde où plus jamais personne ne tuera ! Nous acceptons d'être criminels pour que la terre se couvre enfin d'innocents. "

Les Justes est une très belle pièce de théâtre qui parle très joliment de politique, de terrorisme, de révolution, de crime, et de morale. Les personnages s'interrogent sur ce qui peut justifier un assassinat, sur les causes qui peuvent pousser un homme à mourir, sur la foi en un idéal qui surpasse tout.

Il me semble qu'Albert Camus ne donne pas de réponse définitive à ses questions et c'est sans doute mieux ainsi. J'ai en tout cas pris beaucoup de plaisir à lire cette pièce, alors que je ne suis habituellement pas un grand amateur de théâtre quand il s'agit de le lire. Je ne regrette absolument pas d'avoir fait l'effort pour cette pièce, une grande réussite.

" Une idée peut tuer un grand-duc, mais elle arrive difficilement à tuer des enfants. Voilà ce que vous avez découvert. Alors, une question se pose : si l'idée n'arrive pas à tuer les enfants, mérite-t-elle qu'on tue un grand-duc ? "
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J'ai découvert avec Les Justes qu'Albert Camus avait aussi écrit des pièces de théâtre... Cela aurait été dommage de passer à côté ! Il y a aussi de l'idéologie / la philosophie derrière comme dans la plupart de ses oeuvres.
Une pièce de théâtre à propos des terroristes qui ont assassiné le grand duc Serge (oncle du tsar) en Russie en 1905. le coeur du livre ne concerne pas l'attentat en soi mais la réflexion des révolutionnaires socialistes sur ce qui est juste, la vie, l'amour, la mort, une vie face à une cause. C'est lugubre et beau à la fois. C'est tragique, c'est grand, ... C'est à lire !
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Relecture de ce qu'on peut considérer comme un livre intemporel.
Tout et son contraire ont été dit, écrit, disséqué.
Lire cette pièce en sachant que les faits sont vrais, que les hommes ont existé, pensé, poursuivi leur idéologie jusqu'à l'extrême suscite en nous réflexions et remous.
Un minimum de curiosité historique (la situation russe en 1905, les hommes et les femmes de l'époque) est nécessaire pour comprendre le positionnement de ces "terroristes" d'un autre temps, des idéaux qu'ils poursuivaient, les faisant basculer de terroriste en héros parfois... D'autres histoires en d'autres temps ont démontré ce glissement des termes.
Camus provoque les interrogations : l'idéal, la fidélité à l'idée et aux "frères", la mort que l'on donne et/ou que l'on reçoit..., tous les sentiments exacerbés par une cause se justifient-ils?
Comment ce théâtre est-il perçu de nos jours? Quelle est sa place dans notre contemporéanité?
Effectivement, à la lecture, on ne brûle pas de passion, une certaine distanciation fait appel plus à notre intellect qu'au coeur et aux tripes.
Mais elle a le mérite d'éveiller un bouillonnement de pensées sur la condition humaine et sur la société, ses aspirations et ses faiblesses.
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J'avais lu beaucoup de critiques mitigées sur cette pièce mais en tant que grande admiratrice de Camus, je me devais de la découvrir par moi-même. Et je l'ai adorée. Tellement que je n'ai pas pu la lâcher avant d'être arrivée au bout.
La pièce est un huit-clos où se croisent plusieurs personnages qui prévoient ensemble de commettre un attentat en assassinant le grand-duc Serge pour lutter contre la tyrannie.
Cette pièce est basée sur des faits réels et proposent des personnages complexes et différents : il y a le chef, les amants, l'idéaliste, celui qui doute... La pièce interroge l'usage de la violence dans les combats révolutionnaires, la perte des idéaux, l'endoctrinement...
J'ai trouvé l'intrigue incroyablement poignante et réaliste, les sujets si actuels et ne peux que conseiller cette pièce.
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Une oeuvre que j'avais lus et étudiée au lycée, que je me suis amusée à relire lors d'une insomnie.

Malgré que je ne suis pas forcément fan des pièces de théâtre, je préfère autant les joués ou les regarder, les lires c'est assez spécial, je trouve, pas dans le mauvais sens toute fois. Et bien, je l'ai aimé à nouveau, voilà tout! Avec des sujets forts tel que la Justice, la révolution et tout ça sur un fond de romance et de fraternité, cela ne pouvait pas ce passer autrement.

Ce que j'ai appréciée dans cette oeuvre de Camus, c'est la force et la passion qu'il à su transmettre à ses dialogues. Car dans un roman, on peut transmettre les émotions et les sentiments avec des paragraphes, des descriptifs. Ici, rien, il n'y à que les dialogues et quelques annotations par-ci par-là. Et c'est très fort, j'ai ressentie la détresse et la peur des personnages mais aussi la haine, l'amour, la fraternité, l'entraide ect... Comme si j'étais au premier rang de la scène.

Cependant, au début de l'histoire, je me suis sentie perdue. N'aillant pas l'habitude du genre théâtre, je pense que c'est beaucoup à cause de ça. le lecteur doit digérer beaucoup de noms et prénoms lors des premières pages, et tout ça sans la moindre présentation des personnages ni même de description physique. J'avoue que ça m'a pas mal perturbée et dérangée tout du long. Évidement, ce texte est fait pour être joué, c'est donc normal qu'il n'y en ai pas mais, pour les lecteur habitués aux romans, c'est assez délicat de ne pas se focaliser dessus.

Je conseille vraiment et sincèrement cette pièce de théâtre, même si comme moi, vous n'avez pas l'habitude de lire ce genre et que vous n'aimez pas trop tout ce qui touche à l'histoire. Elle fait partie des oeuvres de la littérature française que l'on se doit (pratiquement) de lire. L'émotion que dégage cette pièce, plaquée sur le papier, est incroyable.
Lien : https://yesagainonemorepage...
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Camus, comme à son habitude, nous laisse nous égarer au coeur de nos propres considérations et questionnements.
En 1905, un groupe de terroristes organise un attentat sur le grand-duc, oncle du tsar, à Moscou. Camus reprend dans sa pièce des situations historiques, même si elle n'est pas, en elle-même, historique.
Et c'est bien là la force des Justes. Sans aucune dénonciation à l'encontre des terroristes ou de la politique du tsar, c'est bien la préparation et les conséquences de cette attentat qui sont le sujet de la pièce. Mais pas par rapport à la société, non, uniquement pour ces terroristes, ces Justes, qui étaient en réalité avant tout, des hommes.
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De Camus, je n'ai lu que L'étranger au collège et dont je garde un relativement bon souvenir et La peste dont les souvenirs sont plus vagues. Pour ma troisième lecture de Camus, j'ai choisi de me plonger dans une pièce de théâtre.

Mon choix s'est porté sur Les Justes qui parlent d'un groupe de révolutionnaires russes qui projettent de tuer le grand-duc Serge, l'oncle du tsar, qui était connu pour sa cruauté. L'histoire se passe avant, pendant et après l'attentat. On fait la connaissance de ce petit groupe qui au nom de leur idéal vont décider de passer à l'acte. Les personnages sont tous différents mais unis dans un seul but. On trouve le révolutionnaire pur et dur qui ne laissera rien le faire fléchir, on trouve le révolutionnaire romantique, poète à ses heures, ou on trouve le révolutionnaire qui croit en la cause mais n'est pas prêt à prendre les armes. Ces personnages défilent devant nous durant 5 actes, nous faisant réfléchir sur le fait d'aller au bout de ses idées. Jusqu'à où peut-on aller pour défendre la liberté? Doit-on tuer sans discernement? Ou au contraire, faire preuve de clémence et ne pas s'abaisser au niveau du régime que l'on combat?

Publié en 1949, j'ai trouvé cette pièce très actuelle. A notre époque où les bombes tuent des civiles sans aucun discernement, certains dirigeants devraient se poser la question suivante: pour tuer ce tyran, suis-je obligé de tuer les deux enfants à ces côtés? Ou au contraire, dois-je leur laisser la vie sauve?



Cette pièce a été une agréable surprise. Je suis ravie de l'avoir lu.
Lien : http://mondedemara.canalblog..
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Un texte sublime, une pièce de théâtre magnifique à voir, un thème toujours très porteur : la révolution et la lutte contre les injustices et pour la liberté… « La liberté est un bagne aussi longtemps qu'un seul homme est asservi sur la terre ». Je crois que cette phrase résume tout. du très très grand Camus…
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Depuis la lecture de L'Etranger à l'âge de 26 ans, Albert Camus est devenu un de mes auteurs préférés. du moins, celui qui m'a le plus marqué et qui nourrit le plus ma pensée. C'est, avec Bertrand Russell, un des hommes pour lesquels j'ai une véritable et sincère admiration : une personne profondément humaine, dotée d'une sensibilité rare, d'une grande honnêteté intellectuelle et résolument tournée vers ses semblables. Bien que j'ai déjà lu un certain nombre de ses écrits, il m'en reste encore beaucoup à découvrir. Dernièrement, j'ai lu la pièce de théâtre Les Justes et je n'ai, une nouvelle fois, pas été déçu.

Dans cette pièce de théâtre écrite 1949 et créée la même année, Albert Camus met en scène un groupe de révolutionnaires russes qui planifient et réalisent un attentat contre le grand-duc Serge en 1905. Les faits sont historiques : le personnage principal, Ivan Kaliayev, dit « Yanek, a réellement existé et est l'auteur de l'attentat qui a couté la vie au grand-duc Serge. Ce qu'Albert Camus raconte, ce sont les échanges et les débats qui ont animé les membres de cette cellule terroriste. La grande question qui est posée est : la fin justifie-t-elle les moyens ? Et en découle une réflexion sur la morale révolutionnaire : à quel prix une révolution peut-elle se faire ?

Tout·e militant·e révolutionnaire d'hier et d'aujourd'hui s'est probablement posé cette question. C'est une question centrale, fondamentale, qui doit être abordée et à laquelle chacun·e doit savoir, doit pouvoir répondre. Rien que pour ce point, la lecture des Justes est riche et salutaire. Cette lecture a fait écho à la biographie d'Emma Goldman dans laquelle la célèbre anarchiste relate la tentative d'assassinat d'un grand patron industriel par son compagnon de vie et de lutte Alexandre Berkman, ainsi que du livre Dix ans d'Action Directe de Jann Marc Rouillan qui retrace le parcours de ce groupe armé ayant repris à son compte la propagande par le fait des anarchistes du XIXe siècle. Dans ces deux livres, la même question y est étudiée. Les éléments de réponses qui sont proposées sont différents sur certains points mais se rejoignent parfois.

Au-delà de cette réflexion sur l'éthique révolutionnaire, la pièce de théâtre aborde la question de l'engagement politique, du sens de la vie et de l'amour. Autant de thèmes qui me parlent personnellement mais qui sont évidemment très universels.

Je recommande donc la lecture de ce texte à toutes celles et ceux pour qui le combat pour la justice les mènent sur la voie de l'engagement politique, que ce soit dans la propagande comme dans l'action. Mais c'est également un beau texte à lire tout simplement. Albert Camus, tout simplement.
Lien : https://bibliobatuco.wordpre..
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