J'ai rarement lu un roman aussi dérangeant que
Nos âmes au diable, de
Jérôme Camut et
Nathalie Hug. Leurs thrillers sont pourtant souvent sans concession, mais là, on atteint des sommets. Peut-être parce que je suis moi-même maman et que la détresse de cette mère à qui on a arraché son enfant a su me toucher au-delà de ce que je ne saurais exprimer. Ou alors parce que ce roman est dénué de lumière, pas la plus petite lueur d'espoir à laquelle se raccrocher.
Tout commence pourtant comme un thriller tout ce qu'il y a de plus classique : Sixtine, une petite fille de dix ans, est kidnappée sur l'île d'Oléron alors qu'elle séjourne pour l'été chez ses grands-parents avec son père. La police finit par arrêter un multirécidiviste connu pour le viol de quatre fillettes. On suit à la fois Sixtine lors de sa séquestration, et sa mère, en proie aux affres de la culpabilité et de l'incertitude face à l'absence de corps. Dès le départ, c'est une lecture pesante, difficile à cause des traitements infligés à cette gamine, mais aussi du désespoir de la mère, qui sonne terriblement juste.
Là s'arrête la comparaison avec un thriller classique, car l'intrigue prend deux virages inattendus, que je ne révélerai pas ici, ce serait spoiler d'éventuels lecteurs. Un temps, j'ai cru que les Camhug revenaient à l'une de leurs thématiques fétiches des années 2000, celle de la victime qui devient bourreau. Ils vont pourtant encore plus loin dans la noirceur qu'à l'époque, et c'est un peu sonnée que je referme ce livre. Je n'aime pas cette sensation, et pourtant je l'ai dévoré en trois jours, je n'arrivais plus à m'arrêter de lire tant j'avais envie de connaître le fin mot de cette histoire. Si j'avais su…
J'ai été immensément touchée par les émotions de Jeanne, la maman, par son cheminement qui va de la rage, la révolte à l'acceptation de ce qui paraît insoutenable, inacceptable. Les auteurs la dépeignent avec beaucoup d'humanité : le vide de sa vie après la disparition de sa fille, les petites lueurs d'espoir auprès d'amis indéfectibles, vite balayées par une réalité plus sombre que la mort elle-même. C'est un portrait touchant, qui prend aux trippes.
En revanche, j'ai détesté la noirceur qui suinte de ce bouquin une fois la dernière page tournée. Je sais déjà que c'est un roman que je ne conserverai pas. Je ne regrette pas de l'avoir lu, mais il est trop dur, trop sordide pour que j'aie jamais envie de le relire, ou même de le prêter à qui que ce soit. Il va me falloir du temps pour le digérer et il va sans doute bousculer ma PAL de novembre, parce qu'après ça, j'ai besoin de légèreté ! A ne pas mettre entre toutes les mains.
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