Nouvel horaire pour l'émission "Le coup de coeur des libraires" sur les Ondes de Sud Radio. Valérie Expert et Gérard Collard vous donne rendez-vous chaque dimanche à 13h30 pour vous faire découvrir leurs passions du moment !
Retrouvez leurs dernières sélections de livres ici !
le livre des Je veux ! de Soledad Bravi aux éditions Ecole des Loisirs
https://www.lagriffenoire.com/le-livre-des-je-veux.html
le Crime de l'Odéon de Sylvain Larue aux éditions De Borée
https://www.lagriffenoire.com/le-crime-de-l-odeon.html
le Carnet des rancunes de Jacques Expert aux éditions Livre de Poche
https://www.lagriffenoire.com/le-carnet-des-rancunes-1.html
La Folie des chats de Claude Beata aux éditions Odile Jacob
https://www.lagriffenoire.com/la-folie-des-chats.html
Fauves de Eric Mercier aux éditions HarperCillins Poche
https://www.lagriffenoire.com/fauves-1.html
Panique à Drouot de Eric Mercier aux éditions De La Martinière
https://www.lagriffenoire.com/panique-a-drouot.html
Regarde le vent de Marie-Virginie Dru aux éditions Albin Michel
https://www.lagriffenoire.com/regarde-le-vent.html
Scandaleuse Sarah. La folle vie de Sarah Bernhardt de Élizabeth Gouslan aux éditions de l'Archipel
https://www.lagriffenoire.com/scandaleuse-sarah-la-folle-vie-de-sarah-bernhardt.html
Rachilde, homme de lettres de Cécile Chabaud aux éditions Ecriture
https://www.lagriffenoire.com/rachilde-homme-de-lettres.html
Ma double vie de Sarah Bernhardt aux éditions Libretto
https://www.lagriffenoire.com/ma-double-vie.html
Je suis la maman du bourreau de David Lelait-Helo aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/je-suis-la-maman-du-bourreau-1.html
La Chambre des diablesses de Isabelle Duquesnoy aux éditions Robert Laffont
https://www.lagriffenoire.com/la-chambre-des-diablesses.html
La Pâqueline: ou les mémoires d'une mère monstrueuse de Isabelle Duquesnoy aux éditions Points
https://www.lagriffenoire.com/la-paqueline.-ou-les-memoires-d-une-mere-monstrueuse-1.html
L'Embaumeur: ou L'odieuse confession de Victor Renard de Isabelle Duquesnoy aux éditions Points
https://www.lagriffenoire.com/l-embaumeur-.-ou-l-odieuse-confession-de-victor-renard.html
La princesse insoumise de Jean-Noël Liaut aux éditions Allary
https://www.lagriffenoire.com/la-princesse-insoumise.html
Nos âmes au diable de Nathalie Hug et Jérôme Camut aux éditions Pocket
https://www.lagriffenoire.com/nos-ames-au-di
+ Lire la suite
J'ai crié ma solitude, ma douleur d'être oublié, j'ai crié mon désespoir d'entendre le bébé hurler, juste parce qu'il avait faim alors que moi j'en étais malade de chagrin.
Ma mère était un fantôme, mon père un inconnu et ce truc inutile aspirait tout l'amour de cette maison.
Autour d'elle, les sentiments étaient maigres, les gens se régalaient de merles en rêvant de grives. Eddie était certaine que la plupart d'entre eux ne rêvaient pas l'amour, ils rêvaient leur vie par manque de temps, excès de stress ou absence d'envie.
Soit ma mère avait eu un amoureux secret, soit elle avait décidé de me fabriquer avec des oeufs congélés, soit elle avait été violée, soit mon père était mort et elle l'ignorait, soit c'était un bandit et elle voulait m'épargner la honte, soit elle était la Sainte Vierge et moi le petit Jésus.
Oma Chouchou racontait tout le temps que les suicidés grillent en enfer pour toujours. Moi, je ne crois ni au paradis ni à l'enfer, c'est une invention des curés pour forcer les gens à obéir.
Bientôt les canons cesseraient de labourer les cadavres, les bois et les prés, et un autre combat débuterait. Il faudrait soigner les blessés, soutenir les vivants, guérir le corps et le cœur des femmes, enterrer les morts et retrouver les disparus.
Tout serait à reconstruire, les murs et les gens.

- J'ai entendu dire que vous aviez pratiqué un avortement dans un village voisin, et que vous proposiez à vos patientes des méthodes de contraception. Vous savez que l’Église condamne ce genre de pratiques.
- Nous n'avons avorté personne, m'irritai-je, mais sauvé de la mort une femme dont l'enfant était condamné. Nous devions la laisser agoniser, c'est ça ? Au nom de quoi ?
- Mais l'enfant à naître est une créature de Dieu, vous n'avez pas le droit de...
- Bien sûr, m'esclaffai-je, j'ai le droit de regarder mourir une patiente les bras croisés !
- Louise, vous ne me comprenez pas bien . Donner la mort ou empêcher la vie ne sont pas des prérogatives humaines.
- Allez dire à cette femme qu'elle devait mourir au nom de Dieu ! Et aux filles violées par leur père, ou par des déments, qu'elles doivent se réjouir d'être enceintes ! Et tant que vous y êtes, allez expliquer aux putains qu'elles ne doivent pas se prémunir d'une grossesse ! Ou mieux, pauvre curé que vous êtes, ajoutai-je folle de rage, demandez donc à votre Dieu qu'il s'incarne pour le leur dire lui-même ! Et quand il l'aura fait, alors seulement j'irai me confesser !
Allez dire à cette femme qu'elle devait mourir au nom de Dieu ! Et aux filles violées par leur père, ou par des déments, qu'elles doivent se réjouir d'être enceintes! Et tant que vous y êtes, allez expliquer aux putains qu'elles ne doivent pas se prémunir d'une grossesse ! Ou mieux, pauvre curé que vous êtes, ajoutai-je folle de rage, demandez donc à votre Dieu qu'il s'incarne pour le leur dire lui-même ! Et quand il l'aura fait, alors seulement, j'irai me confesser.
Dès le début de la guerre, [ma mère] m'a appris à gérer les stocks et à quitter la table avec la faim au ventre. Ce qui compte, disait-elle d'un air sévère, ce n'est pas d'être rassasié, c'est d'avoir assez de force pour courir vite. (p. 95)
J'avais grandi dans le vide de ma mère, dans le manque de tout, dans la douleur des travaux de forçats auxquels on me soumettait, dans l'euphorie de l'alcool qu'on me faisait ingurgiter pour étouffer mes pleurs quand après avoir labouré des heures, je devais passer la nuit à ensemencer les champs, courbée au-dessus des sillons.
J'avais grandi dans l'idée que la vie n'était que souffrance, et qu'il me fallait accepter ce sort, puisque tel était celui que Dieu m'avait choisi. Ce Dieu que je devais chanter le dimanche, tellement fourbue par ma semaine que je ne parvenais plus à me lever pendant la messe, quand le curé me l'ordonnait. Ce même Dieu qui m'avait enlevé mes parents d'abord, puis Hortense, la frappant de la vérole, et qui nous avait livrées à des soudards, la Vieille et moi.
La grippe et la guerre avaient fait tant de victimes que faute de place dans les cimetières, nombre d'entre elles étaient jetées dans des fosses communes en attendant d'être identifiées et rendues à leurs familles. Partout, des fossoyeurs clandestins ramassaient les corps pour les monnayer car nul n'avait l'autorisation d'ensevelir en dehors d'un emplacement officiel.