"On ne pouvait pas laisser cette fille vivre sans avoir raconté son histoire."
C'est ça aussi, le but du féminisme, c'est comprendre que toutes les femmes ont des expériences de vie différentes et qu'en tant que fille ou femme, on ne peut pas tout résoudre seule. Tu as ton combat, j'ai le mien, Manon a le sien...
La transgression, ce n'était pas dans ma nature. Dans ma famille, on dînait à 19h30 tapantes, on brunchait en centre-ville le dimanche, et on prenait des cours de piano dès sept ans. J'avais grandi dans un environnement où la bienséance était de mise et où les personnes qui ouvraient un peu trop leur grande bouche n'étaient pas incitées à le faire. Mon frère avait déjà repoussé les limites de l'acceptable en refusant de faire une école de commerce. Il faisait les Beaux-Arts à la place, ce n'était pas moins prestigieux, mais c'était trop incertain, selon les dires de ma mère.
Il ne m'avait pas facilité la tâche, désormais, j'étais forcée de me tenir encore plus à carreau.
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Tu veux savoir ce qu'il y a? J'ai mes règles et je voulais savoir si Manon avait des serviettes pour me dépanner. Mets-le dans ton reportage, parce que c'est un véritable problème que les filles connaissent. Beaucoup de règles, pas assez de protections!
Vous saviez que le 24 octobre 1975, en Islande, les femmes ont fait grève ? Pendant une journée, elles ne sont pas allées au travail et n'ont rien fait à la maison. Elles ont tout laissé aux hommes. Résultat : les journaux n'ont pas pu être publiés, énormément d'entreprises n'ont pas pu fonctionner, les garderies et les écoles sont restées fermées, ce qui a obligé les hommes à prendre les enfants au travail avec eux. Et le pire dans tout ça ? Tous les magasins d'alimentation ont été à court de saucisses, et c'était le repas le plus populaire chez les enfants - et le plus simple à faire, si vous voulez mon avis. Grâce à cette action, non seulement elles ont réussi à éveiller une conscience féministe chez les plus jeunes, mais en plus, cinq ans plus tard, l'Islande élisait une femme au gouvernement. Voilà pourquoi je pense que votre action peut faire avancer les choses dans ce lycée.
On avait appris aux filles à ne pas se prononcer, à rester dans leur coin, on leur avait inculqué dès leur plus jeune âge qu'elles ne devaient pas faire de bruit, ne pas déranger, et j'en avais sous les yeux une démonstration flagrante.
Tu crois que c’est quoi le sexisme ? Tu crois que ce sont des mecs qui se lèvent tous les jours en se disant qu’ils vont traiter les femmes comme des moins que rien ? Mais non ! C’est un système, c’est un truc invisible mais c’est présent dans les gens, c’est dans leurs corps, dans leurs esprits. Le sexisme c’est ce que tu viens de dire : quoique les femmes veulent faire, les hommes le feront sûrement mieux.
Mon téléphone,à coté de ma tête,a vibré. Un message d'Ameline: "merci ". Un poids est alors tombé de mes épaules : comment avais-je pu oublier que la cause était juste ?
Une véritable scène post-apocalyptique.
Tout ça pour sept filles qui n'avaient pas voulu se taire,pour une fois.On marchait sur la tête.