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sur 3267 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Dix huit ans avant l'affaire Dupont de Ligonnès et précisément en 1993, Jean-Claude Romand a tué sa famille dans des conditions aussi atroces !
J.C Romand à vécu dans le mensonge sur vie étudiante puis professionnelle pendant 18 ans : il a fait croire à sa femme, ses enfants, ses meilleurs amis et ses parents qu'il était médecin à l'OMS de Genève et, pour tenir financièrement : il les a escroqué !
Pour #tuer# le temps, il traînait sur des parkings, dans les forêts du Jura et menait la vie d'un homme tranquille, respecté de son entourage !
Emmanuel Carrére a voulu le contacter en prison, à suivi son procès qui s'est soldé par de la réclusion à perpétuité et à tenté d'analyser les motivations et l'état d'esprit qui ont pu conduire cet homme à tuer sa femme Florence, ses 2 enfants, ses parents et sa maîtresse !
C'était un homme seul enfermé dans son mensonge, fragile et désespéré qui avait choisi la fuite en avant pour éviter de révéler qu'il avait finalement tout raté !
Emmanuel Carrére nous propose un roman d'investigation très journalistique avec une écriture sobre et une analyse objective de ce familicide !
Quand Xavier Dupont de Ligonnés sera trouvé, interrogé, écroué : il y aura encore un écrivain, un journaliste ou autres pour mettre fin aux conjectures liées à sa disparition ! ! !
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Le samedi 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tue sa femme, leurs deux enfants, puis ses parents, acculé par les mensonges sur lesquels reposaient toute sa vie, le faisant passer pour un brillant médecin travaillant à Genève quand il n'était qu'un escroc qui vivait de l'argent que ses proches lui confiaient, espérant de juteux placements suisses.
Le fait divers a défrayé la chronique, et Emmanuel Carrère, avec son talent de romancier judiciaire, essaie ici de nous montrer ce personnage, de refaire le film depuis la première "bifurcation" jusqu'aux années d'incarcération qui suivent le procès. Des années de faux-semblants pour couvrir l'anodine faille originelle. Quel profil se dégage alors ? Et surtout, quels liens se tissent entre le travail d'écriture et la violence brute des faits ? Quel angle permet de rester sincère devant la mystification ? L'écrivain n'est-il pas aussi celui qui accommode la vérité pour la passer à travers le filtre de son oeuvre ?
Cette lecture est prenante, et si elle donne des réponses, elle pose aussi nombre de questions, difficile d'en sortir indemne tant elle semble nous tendre un miroir déformant le réel. La mythomanie élevée au rang de chef-d'oeuvre est une jubilation pour l'esprit tant qu'il s'agit de fiction, mais dès qu'elle lors qu'elle est bien réelle, elle ne peut révéler que dégoût et désespoir. Cette tragédie véritable a suscité pour moi davantage de terreur que de pitié.
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En 1993, Jean-Claude Romand tue femme, enfants et parents. L'enquête montre qu'il n'est pas le médecin et chercheur à l'OMS qu'il prétend, mais qu'il n'a jamais terminé ses études, qu'il vit depuis 17 ans sur les économies de ses proches et regarde les jours s'écouler dans des mensonges inextricables. L'auteur relate ce fait divers à la manière d'un roman policier et d'une analyse psychologique, s'attachant à comprendre comment l'homme a pu s'enliser dans son imposture et convaincre ses proches. Un récit percutant et brillant qui questionne également la place de l'écrivain horrifié mais aussi fasciné et voyeur.
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Est-ce qu'on connait bien son meilleur ami ?
Je suis happée par l'action. Lectrice attentive, je dévore les mots. Je connais l'histoire, je connais le comment et le pourquoi de ce fait divers. J'ai vu le film il y a quatre ans et j'en garde un malaise vivace. Oui, j'ai vu les images et maintenant je veux m'attarder sur cet homme, découvrir les détails passés trop vite dans le film.
Ce roman retrace le mal dans toute son horreur, le mensonge devenu un gouffre de plus en plus profond. Mensonge sur mensonge, le cercle vicieux se referme comme les dents d'un prédateur féroce et tenace.
Ce roman raconte un homme que l'auteur s'évertue a rendre humain. En effet, Carrére s'acharne à comprendre le parcours de la folie et comme il a disséqué la souffrance dans « D'autres vies que la mienne », il essaye de suivre les traces de l'Adversaire et de reconstituer son quotidien.
Au fil des pages, le lecteur prend conscience de l'angoisse, d'un monde fait d'abime et de désespoir. Non, je ne me fais pas l'avocate du diable car je ne trouve aucune circonstance atténuante. L'auteur n'a pas pu rendre Jean Claude humain à mes yeux car il restera un monstre et rien ne justifie son geste.
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Avec l'Adversaire, Emmanuel Carrère s'attaque (une fois de plus et avec brio) à un sujet difficile. Il s'agit d'un fait divers exceptionnel, l'affaire Romand, qu'il se propose de décrypter en évitant l'écueil du sensationnalisme, en restant le plus neutre et le plus objectif possible, donc sans parti pris. Mais comment ne pas prendre parti lorsque les faits racontés culminent dans l'inimaginable, l'horreur et le cynisme ? Comment ne pas faire passer l'assassin pour une victime tragique de son propre mensonge, lorsqu'il cherche des explications à l'inexplicable ? Au procès de Romand, le malaise survient lorsque l'auteur se rend compte qu'aux yeux des vraies victimes, il s'est lui-même placé dans le camp des coupables en se lançant dans la rédaction de ce livre. Car en voulant ne pas juger, ne pas jouer au chroniqueur judiciaire ni au journaliste avide de sensations, en voulant rester extérieur à l'histoire, ne serait-ce que pour préserver son confort mental, et en acceptant l'échange épistolaire avec le meurtrier dans le cadre de son enquête, Emmanuel Carrère accepte les faits dans leur brutalité, semble ménager et presque excuser l'assassin en cherchant à le comprendre, et ne compatit pas à la douleur des victimes. Fort heureusement, l'efficacité et la sincérité de l'écriture lui permettent finalement d'échapper (mais de justesse) à tous ces pièges.
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Dans L'Adversaire, l'écrivain Emmanuel Carrère est allé à la rencontre de Jean-Claude Romand, un escroc et assassin de sa femme, de ses deux jeunes enfants et de ses parents, après s'être fait passer pendant dix-huit ans pour un médecin chercheur renommé alors qu'il avait échoué sa deuxième année de médecine. Dix-huit ans ! Comment peut-on duper ses proches, amis et tout le monde pendant dix-huit ans ! Comment passe-t-on de lâche, menteur, à escroc puis assassin ? Tout au long du bouquin, l'écrivain marche sur le fil du rasoir, car sa démarche est contestable, et il se questionne. Pourquoi donner de l'attention et de la notoriété à Romand ?
Autant la quête de l'écrivain est compréhensible, car notre esprit veut comprendre comment le mensonge d'un homme a priori ordinaire, peut-il prendre de telles proportions ?, autant elle s'avère non-résolue, au final, on n'a pas les réponses, ou plutôt pas d'autres réponses que la lâcheté et la mythomanie du criminel, qui laissent un goût amer... ou un intense vertige... à vous de choisir. Par ailleurs, j'ai adoré la plume de Carrère qui est magnifique, précise, concise, légère, fluide, à explorer avec ses autres histoires donc.
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Certains patronymes semblent prédestinés, et Jean-Claude Romand a passé sa vie à jouer avec la vérité. Auprès des siens, il a incarné pendant 18 ans le rôle d'un père de famille modèle, médecin à l'OMS, avant de les tuer. Après vingt-six ans passés en prison, on lui a accordé la liberté conditionnelle jeudi dernier, l'occasion de revenir sur sa vie grâce au très beau livre d'Emmanuel Carrère, publié en 2000.

Comment peut-on mentir pendant 18 ans, mener une double voire triple vie sans jamais éveiller les soupçons de ses proches ? Comment arrive-ton à composer ainsi avec la réalité, être entraîné dans une telle spirale ? C'est ce que l'auteur a cherché à expliquer, sans le juger ni le défendre. Simplement essayer de comprendre.

Tous les matins, il emmenait ses enfants à l'école et partait travailler à Genève. Parfois, il s'en allait pour de longs voyages à travers le monde. C'était un homme important, respecté. En réalité, il passait ses journées à lire des magazines dans sa voiture ou à gâter sa maîtresse.

Fils unique, peu d'amis, une mère dépressive, il a été imprégné des non-dits familiaux et de l'art de la dissimulation. Très tôt, il a arrangé la réalité à sa manière.

Il s'inscrit en fac de médecine pour rejoindre Florence dont il est très épris, elle un peu moins, elle préfère qu'ils restent amis. Un matin d'examens, de tristesse sans doute, il rate son réveil et par conséquent sa deuxième année. Il fait croire à sa fragile maman et Florence qu'il l'a obtenue. L'engrenage infernal naît de ce premier mensonge, auquel il en ajoute un deuxième, il est très malade dit-il à Florence, il a un lymphome, il a besoin d'elle. Elle est alors en pharma, ils se retrouvent et se marient quelques années plus tard, ils font deux enfants, Caroline et Antoine. (Tous les personnages cités dans ce paragraphe seront assassinés.)

Pour ses études, il profite d'une faille dans le système administratif de la fac : chaque année, il se réinscrit en deuxième année de médecine pour obtenir sa carte d'étudiant et partager les cours des 3ème, 4ème, 5ème années.. puis des internes. Il est à l'entrée et à la sortie des examens, jamais présent dans la salle, et personne ne remarque rien. Très vite, il prétend ne pas aimer la proximité des patients, et comme il a toujours été très brillant, il obtient un haut poste à Genève à l'OMS. Personne ne verra jamais son bureau, son épouse dira en souriant qu'il « cloisonne » sa vie professionnelle.

Mais comment a-t-il fait financièrement pour subvenir au train de vie élevé que lui imposait son statut ? C'est là où le bât blesse, c'est ce que Jean-Claude Romand n'a jamais assumé lui-même. Au fond de lui il eût préféré être un grand trafiquant d'armes quand il n'était en fait qu'un « petit escroc », plaçant l'argent de ses connaissances dans des banques en Suisse pour les faire fructifier alors qu'il les dilapidait. Il bénéficiait de la confiance de ses parents, de ses beaux-parents, et tous lui donnaient des sommes vertigineuses, comptant les récupérer un jour. Etrangement, lorsque son beau-père lui a demandé une partie de son argent, celui-ci est tombé dans l'escalier puis est décédé dans la foulée. Des zones d'ombre subsistent dans l'enquête, Jean-Claude Romand nie l'avoir tué, « Si je l'avais tué, je le dirais, on n'en est plus à un près. » … Mais quand même, voici un décès bien tombé pour ses finances !

Quand il a senti que l'engrenage se refermait sur lui, entre sa maîtresse, l'interdit bancaire, son faux métier, son faux cancer, les doutes de Florence, il a décidé non pas seulement de se suicider, mais de tuer tout le monde : en fait il ne supportait pas l'idée que les gens qu'il aimait connaissent un jour la vérité. Cette idée était absolument insoutenable pour son profil narcissique. Il a tout de même essayé de se tuer aussi en mettant le feu à sa maison, mais les pompiers l'ont sauvé des flammes… Au réveil, la prison l'attendait.

L'adversaire est un livre prenant, parfaitement construit, outre les passages difficiles sur les circonstances de l'assassinat de sa femme et de ses enfants, Emmanuel Carrère parvient à la perfection à nous glisser dans le quotidien du criminel. Les rapports psychiatriques démontrent qu'il croyait lui-même à ses mensonges, qu'il luttait en permanence entre lui-même et son « adversaire » intérieur. Il souffrait de «dépersonnalisation». Durant son procès auquel Emmanuel Carrère a assisté, il oscillait de l'impassibilité à la culpabilité extrême.

Aujourd'hui, maintenant qu'il est dehors, comment Jean-Claude Romand va-t-il gérer la réalité, lui qui à 18 ans déjà, à l'épreuve de philo du bac, avait disserté sur ce sujet : « La vérité existe-t-elle ? »
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Emmanuel Carrère n'a pas hésité et il a eu le sacré culot de "s'attaquer" à l'affaire Romand, ayant débouché sur le retentissant procès qui a secoué la France durant les années 90 et a fait autant de bruit que l'affaire Dupont de Ligonnes fait couler d'encre depuis le début des années 2010 !
Pour ceux qui ne s'en souviendraient plus, Jean-Claude Romand est ce faux médecin, se prétendant fonctionnaire à l'OMS, qui a abusé sa famille, parents, femme et enfants durant 18 ans, assurant le quotidien avec l'argent escroqué à ses proches, auxquels il promettait de fabuleux revenus grâce à de juteux placements dans les banques suisses, auxquels son statut privilégié lui ouvrait droit !
Sur le point d'être démasqué, et plutôt que d'avouer son imposture, il a assassiné toute sa famille et organisé (ou simulé ?) son suicide.
J'ai lu cet ouvrage pour la première fois, il y a vingt ans lors de sa parution et je viens de le relire, suite à la libération de Jean-Claude Romand intervenue il y a un an, une fois obtenue sa libération conditionnelle.

J'avais beaucoup apprécié cette lecture à l'époque et mon opinion n'a pas changé. En effet, l'auteur ne se contente pas de relater l'affaire dans ses moindres détails, mais il tente de décrypter la psyché de Jean-Claude Romand et il réussit à tracer un portrait émouvant et déstabilisant de ce garçon timide, sympathique, désireux de se faire aimer mais qui n'hésitera pas à commettre l'impensable.... ce qui laisse le lecteur totalement déboussolé à la suite de cette lecture éprouvante. En effet, comment faire coïncider l'image de cet homme aimable, de ce père aimant avec celle de l'être monstrueux qui va commettre froidement cette série de crimes ? Comment concevoir au quotidien l'existence de cet homme qui prétendant mener une carrière enrichissante à l'OMS passe ses journées dans sa voiture ou des chambres d'hôtel à lire et rêvasser ? Comment imaginer que cet enfant aimé, ayant reçu une excellente éducation assortie de solides principes moraux, mais solitaire, sans amis et ne se confiant à personne, se soit mué en escroc sans scrupules?
Emmanuel Carrère évite intelligemment le sensationnel et nous conte cette histoire avec talent, pudeur et précision.

Durant son procès, Romand dit s'être "condamné à vivre" pour dédier ses souffrances à la mémoire des siens.
Il dit aussi "Je n'ai jamais été aussi libre, jamais la vie n'a été aussi belle. Je suis un assassin, j'ai l'image la plus basse qui puisse exister dans la société, mais c'est plus facile à supporter que les vingt ans de mensonges d'avant".
Qu'en est-il aujourd'hui, alors qu'il vit, retiré dans une abbaye entouré de moines bénédictins ?
Est-il encore en enfer sur terre à tenter d'expier l'inexpiable ?
Hanté par le souvenir de ses proches, parents, épouse, enfants, par lui massacrés et le laissant dans une infinie solitude ?
Comment en toute logique pourrait-il en être autrement ?
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Emmanuel Carrère décide de contacter J.P. Romand en prison. Peut-être pour comprendre l'enchainement des décisions prises par ce menteur jusqu'à ce qu'il devienne meurtrier.
Emmanuel Carrère fait part de ses doutes, de ses interrogations et c'est ce qui fait la force de ce récit. Il n'y a pas de jugement. L'écriture est fluide, claire, légère pour un sujet sombre, confus et douloureux. Il n'y a pas d'explication. Il y a juste un homme qui a refusé de faire face à ses faiblesses et qui en a fait payer le prix fort à ceux qui l'aimaient et avaient confiance en lui. On voit comment le mensonge devient un poison. On voit comment un homme égocentrique, attaché à son image préfère tuer plutôt que d'être dévoilé à ses proches. Un livre passionnant, qu'on avale d'une traite, qui parle magnifiquement de la nature humaine;
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Si ce roman n'avait pas été lié à une histoire bien réelle démontrée par l'enquête judiciaire, j'aurai trouvé que l'auteur allait trop loin dans l'invraisemblable. Comment autant de personnes ont pu avoir confiance dans un homme qui a tout inventé dans sa vie ? Etonnant. Effrayant aussi.
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