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sur 3234 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bien sûr ! je me rappelle de l'affaire Romand. Comment peut-on, si longtemps, s'inscrire dans le mensonge ? Dix-huit ans d'une vie fictive, enfin, en partie vraie seulement, une part infime. Partant à son travail, vers un bureau imaginaire et oeuvrant au sein d'un organisme de renommée mondiale, parmi d'illustres chercheurs où praticiens dont aucun, pourtant, n'a jamais entendu parler de lui. Jean-Claude Romand a tué sa femme et ses enfants, ses parents, puis tenté en vain, tenté tout de même, de se supprimer. Tout cela est vrai, en cela, il n'y a rien à démontrer, c'est bien la triste réalité. Ce qu'a tenté Emmanuel Carrère, c'est de rendre compte de l'incompréhensible. D'analyser le parcours forcément solitaire de cet homme, au quotidien engoncé dans un costume imaginaire et se ressourçant dans la forêt jurassienne, au coeur de laquelle il trouvait clémence et sérénité, n'ayant aucun compte à lui rendre, à elle. Difficile démarche que celle de cet auteur, quand il entre en contact avec Jean-Claude Romand, dans le contexte que l'on sait et afin d'établir un mode de communication. Une approche qui ne rend rien acceptable en dehors du seul jugement de procédure, mais qui nous ouvre une voie vers l'entendement.
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* Mythomanie paroxismique *

L'affaire Romand, j'en avais entendu parler un peu comme tout le monde. le type qui se faisait passer pour un médecin et qui a tué sa femme, ses parents et ses gosses. Ca prêtait à sourire... mais comment ont-ils pu ne rien voir pendant toutes ces années ? Des cruches ? Pas certain !

Emmanuel Carrère nous entraine à la découverte de cette sordide affaire où un homme se fabrique une réalité alternative d'abord, à mon sens, pour préserver son histoire d'amour avec celle qui deviendra sa femme. Il a raté ses examens de médecine, mais à ses yeux il sera médecin. Il s'invente une carrière à l'OMS, des amitiés haut placées, des colloques à l'étranger.
Pour vivre, il pioche dans les économies de ses parents, invente des placements, arnaque ses proches qui donnent en toute confiance leur argent à ce médecin de l'OMS pour qu'il puisse les placer en Suisse. Personne ne voit rien, personne ne soupçonne rien. Jean-Claude Romand, c'est un brave gars, gentil comme tout. un bon père de famille.

Jusqu'au jour où le secret commence à s'éventer. Sa femme, ses amis, trouvent que c'est bizarre qu'on ne sait pas le joindre à l'OMS.... le déclic.
Il a préféré le carnage à la honte.

Une affaire vraiment pas comme les autres qui glace le sang. Qui connait-on vraiment ?

Carrère nous raconte son expérience avec le tueur mythomane. Il l'a rencontré, il a assisté au procès, il a correspondu avec lui et nous livre sa vérité avec maestria.

L'affaire Romand, c'était en 1993, il y a tout juste 30 ans. Il a été libéré sous conditions en juin 2019
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Ils ont relâché Jean-Claude Romand l'année dernière.
De quel droit, sur quels critères, qu'ont-ils pu trouver?
Alors, j'ai lu L'adversaire qui était depuis quelques temps déjà dans ma bibliothèque, bien en vue.
Il fallait que je lise L'adversaire, même si ce fait divers déjà lointain m'était connu.
J'ai trouvé le vide...Pire: le néant, dans l'adversaire. le "trou noir" d'une vie, la vie de l'ectoplasme Jean-Claude Romand. .. Un être sans épaisseur, sur une scène de théâtre dont la pièce se joue entre deux précipices sans fond. Un présent qui s'étire dans une fiction mensongère dont cet imbécile se croit prisonnier! Il lui suffirait d'un pas, pour sortir de son cauchemar. Il a eu le temps, il a eu les moyens, les possibilités.
Jean-Claude Romand: un petit escroc veule et lâche qui termine la pièce en éliminant cinq personne et en prenant soin de s'épargner (consciemment ou inconsciemment, qu'importe...). Alors, oui, on peut comprendre certaines colères et exaspération devant ce gâchis, cette vie avariée et mensongère car Vide... Devant cette incompréhension qui se transforme, chez certains, en empathie... Et la religion catholique, qui fait office de voiture-balais pour recueillir le mouton noir Jean-Claude Romand à la fin de sa course!
J'en suis, que l'on me pardonne, dubitatif et écoeuré. Pas fasciné, non.
Emmanuel Carrère a bien écrit. Son texte est limpide, et il prend toute les précautions nécessaires pour rester dans l'objectivité... enfin, c'est ce que j'ai ressenti. L'écrivain ne m'a pas semblé dupe du nouveau personnage que joue Romand.
Mais qui suis-je, Horusfonck, pour juger d'un homme que je ne connais que par ce qui en a été écrit!? Que puis-je connaître d'une langueur qui s'étire au-delà du raisonnable et du compréhensible, d'un piège qu'on finit par habiter?... d'une forme de folie que subodore le dessinateur des tribunaux, dans un passage fort du livre...
En tout cas, la lecture de L'adversaire me convainc que la place de Jean-Claude Romand n'est pas dehors... Plus dehors où cet homme s'est laissé glisser.

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9 janvier 1993.
Le docteur Jean-Claude Romand est retrouvé inconscient dans sa maison en flammes. Les pompiers qui le sauvent découvrent les corps sans vie de sa femme et de ses deux jeunes enfants. Un peu plus tard, on retrouve ses parents, assassinés dans leur pavillon.
Que s'est-il passé ? Comment Jean-Claude Romand s'est-il retrouvé le seul survivant d'un tel carnage ?

Tous ceux qui étaient en âge de comprendre doivent se souvenir comme moi de "l'affaire Romand" : elle a défrayé la chronique, personne n'a pu y échapper.
Je me rappelle ma stupeur lorsque j'ai appris toutes ces morts.
Mais je me rappelle surtout l'effroi que j'ai ressenti à la terrible annonce : Jean-Claude Romand est l'assassin !
Il a tué ses parents, sa femme et ses enfants.
Mais ce n'est pas tout.
Le mobile de la tuerie laisse sans voix : Jean-Claude Romand n'était pas celui qu'il prétendait être, et c'est parce que le mensonge qu'était sa vie allait être découvert qu'il a tué tous les siens, ne supportant pas l'idée d'être mis à nu devant eux.

Alors, que s'est-il vraiment passé ?
Le docteur Romand n'existe pas : Jean-Claude Romand a abandonné ses études de médecine en deuxième année. À partir de là, tout est faux. Pendant près de vingt ans, il s'invente une vie.
Il fait semblant de poursuivre et terminer ses études, de se faire embaucher à l'OMS à Genève. Il a des amis, se marie, a deux enfants et mène une vie en apparence normale.
Mais l'envers du décor est creux : il n'y a rien dans la vie de Jean-Claude Romand. Il part "au travail" le matin, en revient le soir, mais passe en réalité ses journées dans sa voiture sur des parkings, attendant l'heure de rentrer.

Cette histoire est effroyable, mais elle est également, au sens propre, incroyable. D'un film avec un tel scénario, on aurait dit que ce n'était pas crédible.
Qu'un homme ne peux pas vivre tant d'années ainsi.
Que son entourage ne peut pas ne s'être rendu compte de rien.
Que lui-même ne peut pas avoir supporté cette solitude et ce poids sur ses épaules pendant si longtemps.
Et pourtant, là, tout est vrai.

Effroyable, et à la fois fascinant.
Devant ce drame, Emmanuel Carrère est comme nous tous sidéré, profondément choqué. Il éprouve le besoin de comprendre comment tout a pu se produire.
Comment un homme a pu, durant tant d'années, vivre une fausse vie sans que personne ne soupçonne quoi que ce soit.
Comment il a enduré la pression constante, la crainte permanente d'être découvert.
Alors Emmanuel Carrère a écrit un livre.
Un livre d'un genre particulier. L'auteur a dit lors d'une interview : "L'Adversaire n'est pas un roman, c'est une non-fiction novel. L'agencement, la construction, l'écriture font appel aux techniques romanesques mais ce n'est pas une fiction. Mon enjeu c'est la fidélité au réel."
Il a également précisé : "Mon écriture tend au dépouillement. Les phrases doivent être conductrices d'électricité. Plus elles sont simples, plus le courant passe."

Avec une écriture simple en apparence mais redoutablement efficace, L'Adversaire amène le lecteur a comprendre de l'intérieur cette tragédie.
Nous suivons Jean-Claude Romand dans son engrenage infernal, sa famille, ses amis. Sans aucun voyeurisme, mais avec la mise en évidence de tous les enjeux humains.
Emmanuel Carrère démonte le mécanisme et montre comment un simple examen raté, qui aurait pu être repassé en septembre, a fait basculer toute une vie, en entraînant d'autres avec elle.
Comment un homme a tué ceux qui comptaient le plus pour lui, parce qu'il pensait qu'apprendre la vérité leur serait intolérable.

Une lecture forte, un livre qui secoue et fait réfléchir.
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Est-on marqué par son nom ? Est-on prédestiné à vivre sa vie comme un roman quand on s'appelle Romand ?

Il a trompé et escroqué son entourage avec impunité jusqu'au dénouement tragique.
D'entrée, on connaît les faits qu'il n'a niés que pendant les sept premières heures d'interrogatoire ; quant au mobile, comme on dit dans les enquêtes policières, c'est à cette tentative de déchiffrement que se livre Emmanuel Carrère .

Il montre que ce mystificateur menteur était un un mythomane paroxystique qui refusait le réel, trop dangereux ou trop décevant, se réfugiant dans une fiction.
Pendant dix-huit ans, il a joué la fable de sa vie et même escroqué sa maîtresse, qui était psychologue, mais ne dit-on pas que les cordonniers sont les plus mal chaussés ! et les psychologues les moins perspicaces quand ils sont impliqués ?
Probablement névrosé narcissique, il éprouvait le besoin de se hisser au premier plan, n'accordant aucun intérêt aux jugements des autres et pourtant soucieux de savoir ce que l'on pensait de lui.

Libéré à l'heure actuelle, Jean-Claude Romand garde l'énigme de la motivation de l'assassinat de cinq membres de sa famille.
Nul doute que s'il devait écrire “sa vérité”(aidé par Emmanuel Carrère, pourquoi pas !), il en ferait un best-seller, mais le peut-il vraiment ?

Aux marges du roman et de la biographie, l'auteur sait feuilletonner son récit et faire une narration captivante de ces crimes inexpliqués, inexplicables.
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Inspiré par l'histoire vraie de Jean-Claude Romand, un homme français ayant assassiné sa femme et ses enfants en 1993, ce roman fascinant m'a accrochée pendant quelques heures.

Le livre commence en présentant Jean-Claude Romand comme un homme ordinaire, ayant fait des études de médecine, vivant une vie tranquille avec sa famille et travaillant au Conseil de L'OMS. Cependant, le lecteur commence à découvrir peu à peu que Jean-Claude mène une double vie et que son existence n'est pas aussi parfaite qu'il veut le faire croire. Au fur et à mesure que le livre avance, les mensonges se multiplient, l'intrigue se complexifiant jusqu'à l'arrivée de la découverte terrifiante que Jean-Claude peut être le responsable de la mort de sa famille.

L'auteur décrit les incroyables choix qui ont mené le faux médecin à un acte effroyable. Ce récit fournit au lecteur un aperçu fascinant des conséquences des choix que font les gens et met en relief leur côté sombre.

Si vous ne l'avez pas lu, n'hésitez pas ! On a beau connaître l'histoire, l'écriture d'Emmanuel Carrère invite à la lecture.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Il est délicat de poser une critique sur une oeuvre qui n'est pas une fiction, d'autant plus si c'est un fait réel qui est relaté, puisque ça revient à ‘'juger'' de la situation, contrairement à un ouvrage de psycho, manuel, guide de vie, croissance personnelle où l'on peut être d'accord ou pas avec ‘'l'enseignement'' ou préceptes de vie. Alors, en spécifiant que je n'adhère aucunement ou cautionne en aucun moment les faits et gestes commis par Jean-Claude Romand, je dois avouer que j'ai trouvé cet ouvrage fascinant. J'ai toujours eu un faible pour la psychologie et surtout par le fait d'essayer de comprendre ce qui se passe dans la psyché de quelqu'un qui décide, volontairement, de commettre l'irréparable, même si ça reste incompréhensible. Carrère nous livre un bouquin riche en informations de toutes sortes, l'enfance de Romand, son adolescence, ses déboires amoureux, ses échecs sexuels… et puis, cette vie qu'il s'invente, s'embourbant de plus en plus dans le mensonge, arrivée depuis bien trop longtemps au point de non-retour. Il a recueilli les paroles d'amis proches de Romand, sa maîtresse, son avocat et jusqu'à cette femme qui lui rendait visite en prison. Il a également correspondu longtemps avec l'accusé et assisté au procès. C'est un beau et grand travail de documentation. Bien que Carrère se permette quelques réflexions personnelles et quelques moments de sa vie, il sait rester juste et objectif devant les faits reprochés, n'allant jamais du côté pathos et du sensationnalisme. Mais on sent bien combien il a parfois été difficile de ne pas sombrer dans le jugement face à l'horreur sur laquelle il a travaillé pendant de longues années. Je respecte largement le travail de recherche et d'écriture qu'il a fait. Je recommande cette lecture largement et pour ma part, je relierai très certainement du Carrère (c'était mon premier)…
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220 pages en tout : lues en une soirée et début de nuit tant l'histoire est super bien menée et l'écriture aussi limpide que les faits exposés. Il y a fort longtemps qu'un livre ne m'avait tenu en haleine à ce point ! Sans compter, l'anecdote de "l'emprunteur de chaudron" que j'ai adoré et mis en citation ;_)
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C'est avec un peu d'appréhension que j'ai abordé ce livre: tiré d'un fait divers réel encore récent et dont je me souviens très bien, ce récit n'allait-il pas me rendre un peu voyeur et, selon le parti choisi par l'auteur, n'allait-il pas m'entraîner à défendre le Monstre dont j'ai entendu parler, alors qu'il m'est plus naturel de pleurer les victimes?

L'Adversaire raconte l'histoire vraie de Jean-Claude Romand qui, en 1993, a assassiné sa femme, ses deux jeunes enfants et ses deux parents. A cette occasion, ses amis, sa famille et la France entière ont découvert, ébahis, que cet homme avait bâti toute sa vie sur le Mensonge. Chacun le croyait médecin renommé et désintéressé à l'OMS et bon père de famille ayant une vie sociale et familiale épanouie; il n'avait en fait jamais dépassé le stade de la deuxième année de médecine, donc jamais eu son diplôme ni jamais travaillé où que ce soit. Personne dans son entourage ne s'était jamais douté de rien!...

Au-delà de cette incroyable histoire dans laquelle la vie d'un homme n'est qu'un immense mensonge, ce que j'ai beaucoup aimé dans ce livre, c'est la patte d'Emmanuel Carrère!
Comme dans Limonov, dont le héros n'inspirait pas non plus de sympathie, l'auteur décortique les rouages de la machine infernale qui a pu aboutir au massacre final et nous fait toucher le drame de l'intérieur. Au fil des pages, il nous dit ses doutes, ses questionnements et, surtout, ne nous apporte pas de réponse toute faite: l'être humain est complexe et n'est pas fait d'un seul bloc. Comme lui, on aimerait pouvoir se raccrocher à une pensée rationnelle pour comprendre (ce serait, par exemple, plus "facile" si le criminel avait agi par appât du gain).
Il faut cependant bien admettre que si l'on peut essayer de comprendre le "comment", le "pourquoi" peut garder une grande part de mystère...

A aucun moment, il n'oublie les victimes, qui sont à la fois la famille assassinée mais aussi les amis et la belle-famille, qui ont fait confiance et qui doivent maintenant vivre avec l'absence des êtres chers et avec cette confiance trahie, trahie depuis le début.

En faisant parfois le parallèle entre des épisodes de sa propre vie et des périodes de bascule dans la vie de Jean-Claude Romand, Emmanuel Carrère nous fait sentir ce que l'on sait déjà et qui, pourtant, en même temps,reste un grand mystère: un petit événement banal dans la vie de n'importe quel quidam peut faire chavirer le destin de quelqu'un: on s'ébahit alors quand cela a permis la réalisation de grandes choses mais on tremble d'effroi quand, comme ici, l'horreur est au rendez-vous!...

Bref, un livre que j'ai trouvé passionnant par ce qu'il nous dit mais aussi par la réflexion qu'il entraîne sur la complexité de l'être humain!...
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Emmanuel Carrère, comme beaucoup de gens, a été interpellé par le cas "Romand". Un fait divers, certes, mais qui va s'immiscer dans les interstices de la création artistique de l'écrivain. D'abord, Carrère envisage un roman. le roman de Romand, en quelque sorte... Désolé pour ce calembour douteux.

Jean-Claude Romand, c'est ce monsieur qui a fait croire pendant des années qu'il était médecin à l'OMS à Genève, après avoir fait croire qu'il avait réussi ses études de médecine. On ne compte plus ses mensonges, ses arnaques, ses faux-semblants, ses arrangements avec la vérité et les gens... Plane encore le doute sur le décès du beau-père de Romand... malencontreusement tombé dans les escaliers (et uniquement en présence de Romand) alors qu'il demandait à son beau-fils une partie de l'argent confié à celui-ci, et prétendûment placé sur un compte bancaire suisse...

Jean-Claude Romand, ses meurtres multiples, sa vie de mytho, son procès... c'est vrai que c'est diantrement cinématographique. Les versions successives, les trous de mémoire qui tombent à pic, les excuses bidon, le repentir factice, les analyses de psy, même son suicide raté avec des médicaments périmés... Tout cela ne peut que fasciner un écrivain. L'acceptation même par Romand de Carrère comme observateur-commentateur externe, cela veut dire beaucoup.

Dans ce genre de récit, il faut distinguer les faits bruts du récit qu'en fait Emmanuel Carrère. Les faits sont terribles, mais le récit d'Emmanuel Carrère magnfie-t-il les faits ou les écrase-t-il? Carrère démarre par quelques confessions personnelles, puis il entame une sorte de récit technique, objectif, distant du passé de Romand. Ce passé, Carrère ne le connaît que par les audiences du tribunal. Il a échangé une correspondance avec Romand, mais n'a pas eu d'entrevues avec le meurtrier (seulement son avocat).

Carrère mentionne à quelques reprises ses discussions avec les journalistes qui suivent le procès. Ces écarts sont très intéressants, et je regrette que Carrère ne les développe pas davantage.

La partie intéressante vient quand Carrère se lâche. Quand il donne son avis, fait part de ses sentiments... Et quand il entame un débat avec une dame respectable qui visite Romand en prison et s'émeut du devenir de ce multiple meurtrier... Carrère lui répond "et vous le croyez?"... Peu à peu Carrère glisse et s'éloigne de Romand et se remet à penser en écrivain, pour voir l'envers du décor, de ce décor que Romand essaie de peindre à celles et ceux qui veulent bien l'écouter.

Carrère finira même par imaginer abandonner ses notes et ses cartons, estimant qu'il n'y avait rien à faire de ces mensonges à répétition proférés par un personnage mou et moite, transpirant la surestime de soi et la suffisance, arrivant presque à rejeter sur les défunts le fait qu'il les ait tués...

J'ignore si ce livre est représentatif de l'oeuvre de Carrère, mais j'ai adoré et je retournerai lire cet écrivain au style fluide, limpide et fort plaisant.
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