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sur 3331 notes
Un livre qui dérange ou qui fascine... On ne sait pas vraiment quand on le referme.
Je me souviens du visage de cet homme - Jean-Claude Romand - à la télévision, surtout de son regard. J'étais petite et il m'avait marquée à travers ses lunettes.
Écrire sur un homme pareil n'était pas chose aisée, Emmanuel Carrère l'explique bien. Il existait deux camps : celui de le voir comme un monstre qui a tué de sang froid ses parents, sa femme et ses enfants... et celui d'avoir pitié de lui en tentant de comprendre les raisons d'un acte aussi épouvantable...
Les pages se tournent et l'auteur énumère les faits, l'écoulement de sa vie jusqu'à être au pied du mur et de commettre l'irréparable... J'en ai des frissons en pensant jusqu'où le mensonge peut mener un homme ou une femme.

Cet homme a été libéré en juin 2019, mais qu'est-il devenu ? S'est-il pardonné ? Les survivants autour de lui ont-ils pardonné ?
Tant de questions...

Un livre à découvrir, à le voir comme un documentaire, plus qu'un roman.
L'auteur le souligne : il a eu du mal à trouver son point de vue... car la question du JE a toute son importance.
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J'ai découvert Emmanuel Carrère et L'Adversaire à l'université.

J'ai tout de suite été charmé par le style d'écriture de cet auteur. L'histoire est connue de tous mais Carrère arrive à lui donner une nouvelle impulsion et finalement, une nouvelle dynamique ainsi qu'un nouveau regard.

Le genre littéraire du roman journaliste est plus que jamais présent à travers L'Adversaire.
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Dans son ouvrage le Royaume, Emmanuel Carrère évoque longuement une de ses oeuvres précédentes intitulée l'Adversaire racontant l'histoire folle de Jean-Claude Romand, qui, en 1993, après avoir menti à toute sa famille pendant dix-huit ans, tue sa femme, ses enfants, ses parents et leur chien. Ces évocations dans le Royaume renvoyaient à tout autre chose que l'histoire qu'il raconte effectivement dans l'Adversaire, et c'est pourquoi j'ai été presque déçue. Il relate les évènements, leur enchaînement mystérieux sans encombres jusqu'au drame, et le procès, mais, contrairement au Royaume, il est moins dans l'analyse psychologique du personnage. C'est peut-être aussi dû au recul par rapport à ce livre écrit en 2000.

J'ai acheté ce livre hier et l'ai lu dans la nuit, autant grâce à l'écriture agile et fluide d'Emmanuel Carrère qui ne nous permet aucune pause, autant à cause de la fascinante tragédie qu'il décrit. Emmanuel Carrère parle en quatrième de couverture d'une expérience humaine extrême : c'est encore édulcoré pour décrire cette folle histoire vraie d'un mensonge innocent qui dure dix-huit ans et enfle jusqu'au drame.
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L'histoire vraie et terrible d'un homme décrit par son entourage comme très doux et très intelligent. Aux petits soins pour tous, mari aimant, père de deux beaux enfants , parrain présent, très bon ami. Et directeur de recherche en tant que médecin à l'OMS, excusez du peu.
Sauf que non.
Rien n'est vrai excepté le drame : le 9 janvier 1993 Jean Claude Romand tue sa femme, ses enfants , ses parents, et tente vainement de se suicider , afin de masquer l'imposture qu'est sa vie depuis 18 ans : il n'a jamais fini ses études de médecine, il n'a travaillé à l'OMS, en fait il n'a jamais travaillé tout court.
Dans ce roman Emmanuel Carrère cherche à comprendre ce qui a bien pu se passer dans la tête de cet homme, pour vivre , et persister à vivre, dans l'imposture pendant plus de dix huit ans. Sans prendre parti personnellement, l'auteur retrace le parcours de cet homme, essaye de comprendre comment il est possible d'en arriver à un tel degré de mensonge , de mythomanie.
Un roman perturbant (le fait divers est réel) mais attirant, qui interroge sur le bien et le mal , leurs limites, et nos limites.
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Emmanuel Carrère, dans "Le Royaume", évoque à plusieurs reprises ce qu'il avait écrit à propos de Jean-Claude Romand et cela a motivé ma lecture de "L'Adversaire".
Le samedi 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand tue sa femme et ses deux enfants avant d'aller faire subir le même sort à ses parents et à leur chien. Partant de ce terrible constat, l'auteur détaille tout son cheminement pour tenter de comprendre l'homme qui a commis de tels faits sans se dispenser de raconter une vie basée sur un monstrueux tas de mensonges.
À Ferney-Voltaire, « les Romand ? Tout le monde les aimait. » Luc Ladmiral, le médecin généraliste du lieu, était le grand ami de Jean-Claude, parrain de sa fille, considéré comme une sommité dans le monde de la recherche. Tout le monde croyait qu'il travaillait à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à Genève, mais après qu'il eut survécu à l'incendie de sa maison, les vérifications établirent qu'il n'y avait pas de Dr Romand à l'OMS, qu'il n'était pas inscrit à l'Ordre des médecins et qu'il avait arrêté ses études à la fin de la seconde année…
Dans le Pays de Gex, banlieue résidentielle de Genève, en France, on ne veut pas croire ce qui apparaissait au grand jour à propos d'un homme disant fréquenter Bernard Kouchner et dont un prétendu cancer était soigné par le Pr Schwartzenberg… Pas à pas, Emmanuel Carrère décortique cette vaste et dramatique imposture.
Six mois après les événements, il écrit à J-C Romand et ne reçoit une réponse que deux ans après car celui-ci vient de lire "La classe de neige" et a beaucoup apprécié. Une correspondance débute entre les deux hommes. Malgré la peur et la honte qu'il éprouve à vouloir écrire sur ça, Emmanuel Carrère se rend sur les lieux, parcourt les chemins forestiers du Jura où Romand passait ses journées, lui, le fils d'une famille de forestiers jurassiens.
Le livre retrace aussi la jeunesse de Romand, ses études, comment il réussit à s'attacher les faveurs de Florence qui deviendra sa femme. Ainsi, l'auteur décortique patiemment cette vaste supercherie si difficilement explicable, sans omettre de souligner les moments où tout aurait pu être découvert, évitant le drame final.
À force de ponctionner de grosses sommes d'argent à sa famille et à ses amis, l'étau se resserre : « Sans savoir d'où le premier coup allait venir, il savait que la curée approchait. » Il tue méthodiquement puis revoit Corinne, une femme connue à Ferney, qui vit maintenant à Paris et qui lui réclame de plus en plus fermement les 900 000 F (137 204 €) qu'elle lui avait confiés pour qu'il place cet argent dans une banque suisse, système déjà employé avec d'autres personnes crédules.
Condamné à perpétuité avec 22 ans de sûreté, Jean-Claude Romand est devenu très croyant, influencé par Marie-France et Bernard, visiteurs de prison, mais Emmanuel Carrère se demande si le menteur qui est en lui, "L' Adversaire", ne le trompe pas une fois de plus
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Extrait de la lettre adressée à Jean-Claude Romand par Émmanuel Carrère, le 30 août 1993 (soit huit mois après les faits):

« Monsieur,
[…]
J'aimerais que vous compreniez que je ne viens pas à vous poussé par une curiosité malsaine ou par goût du sensationnel. Ce que vous avez fait n'est pas à mes yeux le fait d'un criminel ordinaire, pas celui d'un fou non plus, mais celui d'un homme poussé à bout par des forces qui le dépassent, et ce sont ces forces terribles que je voudrais montrer à l'oeuvre.
[…] »

En effet, au-delà de l'horreur des actes commis, ce qui m'a frappée, à l'instar de Carrère je pense, c'est le cheminement, l'enchaînement des (non)événements qui a permis que se produise l'innommable, que s'accomplisse l'inéluctable. Si on nous avait servi ce scénario dans une fiction, nous ne l'aurions pas trouvé crédible. Je ne crois pas en la destinée mais l'existence même de Romand me fait douter : comment un homme a-t-il pu s'inventer une vie sans jamais être démasqué ni par ses proches, ni par des institutions que l'on sait généralement plus sourcilleuses (il s'est réinscrit 12 années consécutives(!) en seconde année de médecine), et ce pendant 18 ans. Aberrant.
Et le comble, pour moi, c'est qu'au terme de ce chemin, Romand semble avoir découvert la joie plénière de la foi. Et quoi, ses victimes n'auraient eu qu'un rôle secondaire ? Elles n'auraient été que des figurants dans la vie, cette mauvaise pièce dont Romand serait le héros ? Ne dit-on pas que les voies du Seigneur sont impénétrables ? Je ne peux pas, je ne veux pas y croire. Et pourtant…

Un autre des aspects du récit que je me contenterai de souligner, c'est que ce qui transparaît, et malgré la répulsion et le dégoût que lui inspirent les actes commis, c'est la sympathie que Carrère ne peut s'empêcher d'éprouver pour cet homme. Et je dois dire que moi aussi, son histoire m'a touchée.
A mon sens, cette ambivalence, l'auteur l'avait pressentie, raison pour laquelle il dit avoir hésité longtemps à aller au bout de son projet, à aller à la rencontre de Romand, et moi, à entamer cette lecture.
Pour cette raison, je trouve que ce livre témoigne d'un grand courage, de justesse et d'humanité.
Il soulève plus de questions qu'il n'apporte de réponses et Romand nous demeure un mystère.

Enfin, je ne voudrais pas terminer ce billet sans rendre hommage à ses victimes : Aimé et Anne-Marie Romand, ses parents, Florence Romand née Crolet, son épouse, Caroline et Antoine, ses enfants.
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Je ne connaissais rien de Carrère avant d'avoir lu l'Adversaire.J'ai souhaité lire ce livre car j'avais eu une connaissance personnelle de l'affaire Romand en raison de liens de proximité géographiques, professionnels et aussi parce que j'étais à l'époque de cette affaire en contact quotidien avec le frère d'un protagonniste de l'histoire. cette affaire d'imposture nous avaient beaucoup perturbé: aurions nous su déceler l'imposture si nous y avions été confrontés?
Comment peut-on en arriver là? La thèse du "par amour" était- elle défendable?
La restitution de l'histoire faite par E. Carrère m'a semblé " fidèle" au sens où elle ne trahissait rien de la réalité. J'ai beaucoup aimé, ce que j'ai découvert alors, c'est à dire ce positionnement si particulier de Carrère qui entremêle sa vie et son récit, un positionnement qui exaspère certains, mais qui me parait si juste!
Le style de Carrère, fluide, sans doute plus journalistique que littéraire convient très bien à ce récit.
C'est à partir de l'Adversaire que je suis devenue une fidèle de cet auteur qui ne me déçoit pas.
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Voilà plusieurs jours que j'ai refermé ce livre, et moi qui préfère habituellement poster mon commentaire babelio "à chaud", je n'ai pas pu cette fois m'atteler immédiatement à la tâche.
J'ai laissé décanter. J'ai attendu de reprendre mes esprits, j'ai attaqué un bouquin plus léger pour me remettre de cette plongée en apnée dans le délire d'un homme piégé par ses propres mensonges.

Aujourd'hui encore j'ai du mal à donner mon avis ce "document" (roman ? biographie ? enquête ?) proprement incroyable, au sens premier du terme. Emmanuel Carrère s'y livre à un exercice perilleux : essayer d'expliquer l'inexplicable, de cerner la personnalité d'un affabulateur hors-pair, lui-même complètement perdu entre ses deux vies parallèles, de comprendre un scenario trop fou pour être même imaginé par le plus créatif des scénaristes de fiction...

L'histoire - celle d'un faux-medecin de l'OMS où il n'a jamais mis les pieds, qui a trompé son monde pendant 18 ans (!!!) avant d'assassiner sauvagement parents, femme et enfants quand la supercherie était sur le point d'être découverte - est connue de tous. Cependant Carrère nous la présente sous un jour totalement inédit. Comme souvent, il s'est personnellement investi dans cette enquête, largement rédigée à la première personne, jusqu'à prendre contact avec Romand, à instaurer une relation de confiance avec "le monstre" qui, du fond de sa prison, a contribué à cette réécriture d'une des plus grandes affaires criminelles de ces dernières années.

Et c'est là que le danger guette : comment collaborer avec un assassin sans être happé par sa folie ? Comment ré-ouvrir ce terrifiant dossier, comment revenir sur l'origine du "déraillement" sans prendre en pitié un criminel ? Comment disséquer un cerveau malade sans basculer du côté de l'Adversaire (que la Bible appelle "le Satan") ?
Avec son style si personnel, Carrère revient sur les différentes étapes de son travail d'investigation, et parvient à maintenir toujours la juste distance avec son sujet. J'ai beaucoup apprécié le retour en arrière sur l'enfance de Romand mais je m'interroge encore, comme l'auteur lui-même, sur la sincérité du Romand d'aujourd'hui, apparemment appaisé après une conversion mystique.
Personne sans doute ne comprendra jamais tous les ressorts de ce drame, mais Carrère a le mérite d'essayer... Avec toute la rigueur et le talent qu'on lui connait, il transforme un fait divers sordide en une réflexion profonde (et parfois dérangeante) sur les notions de mensonge et de vérité, de confiance et de trahison, de culpabilité et de repentir, de démence et de duplicité...

Une lecture éprouvante donc, et l'on imagine sans mal que l'écriture le fut tout autant.
L'auteur lui-même, s'adressant à l'assassin, reconnaît : "Mon problème n'est pas, comme je le pensais au début, l'information. Il est de trouver ma place face à votre histoire. En me mettant au travail, je pensais pouvoir repousser ce problème en cousant bout à bout tout ce que je savais et en m'efforçant de rester objectif. Mais l'objectivité, dans une telle affaire, est un leurre."
Un de plus !
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On ne sait jamais tout d'un homme !
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Ce livre a pour sujet l'affaire Jean-Claude Romand. le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand, 39 ans, tue sa femme en lui fracturant le crâne, et ses enfants, âgés de 5 et 7 ans, à l'aide d'une carabine, ainsi que ses parents par le même moyen. Il incendie volontairement sa demeure ainsi que les dépouilles par la suite, et tente en vain de se suicider en avalant une dose mortelle de barbiturique. L'enquête révèle qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait. Pendant dix-huit ans, il a menti à sa famille sur sa situation : il n'avait pas de travail. Lorsque sa famille commence à se rendre compte de la supercherie, il décide de la supprimer.
Emmanuel Carrère raconte sa difficulté à trouver sa place dans le récit. Plusieurs fois, il a essayé d'écrire l'histoire sous forme de roman en faisant parler l'assassin à la première personne ou en racontant l'histoire du point de vue des amis de Romand et des protagonistes de l'histoire. Toutes ces tentatives ont été vaines. Finalement, c'est en narrant sa propre expérience qu'il trouve le moyen d'écrire ce livre.
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