AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 3245 notes
Récit qui raconte l'histoire de Jean claude Romand auteur des meurtres de sa femme, ses deux enfants et ses parents avant de mettre le feu à sa maison. Survivant à cet incendie, il déclare avoir préféré supprimer ses proches plutôt que leur soit révélé la vérité car JC Romand a , pendant 18 ans, menti et escroqué les siens. Condamné à la réclusion à perpétuité, l'auteur qui a assisté à son procès, a échangé avec lui et l'a rencontré, décrit tout le processus de faux semblant auquel JC Romand a été confronté le transformant en monstre tueur.
C'est un texte douloureux car vrai. L'auteur ne cherche pas faire du voyeurisme ou du sensationnel mais à comprendre cette double vie, ce que peu ressentir un homme perdu entre deux eaux.
Au fil du texte, on ne comprend pas les réelles raisons qui ont poussé aux mensonges mais il est intelligible que cette solitude, le poids immense de cette double vie ait eu raison de lui, le poussant à un acte désespéré. Mais l'est-il réellement ? La vérité nous échappe ...
L'auteur écrit avec pudeur mais sans en faire trop permettant au lecteur de se faire son propre avis sur cet homme. Peut-on comprendre cet homme ? difficile mais le livre offre au moins des pistes de réflexions.
Commenter  J’apprécie          190
J'en ai encore les poils qui se hérissent et des frissons dans les dos. Par souci d'objectivité, Emmanuel Carrère a restitué les faits, tous les faits dont il avait connaissance, sans juger, sans prendre parti. Et ça n'en est que plus horrible finalement. Parce qu'il nous pousse à réfléchir pour nous-mêmes à toute cette histoire, à ce qu'on peut ou pas croire, à ce qu'on pense être la vérité mais qui finalement ne l'est peut-être pas. Après avoir pris connaissance de l'imposture de Jean-Claude Romand, on en vient à douter de tout et de tout le monde, ça nous entraîne dans une paranoïa incontrôlable.

Jean-Claude Romand a trompé son monde, a trompé tout le monde, pendant 18 ans. Sa femme, ses parents, ses amis, ses enfants, sa maîtresse, tous le prenaient pour ce qu'il n'était pas, ce qu'il n'avait même jamais été. Tout ça à cause de quoi? Un examen manqué à cause d'un chagrin d'amour (ou du suicide d'une amoureuse éconduite, on ne saura jamais vraiment). Une simple petite erreur de parcours, aisément rectifiable a entraîné cet homme dans un monde d'illusions et de mensonges, jusqu'au massacre final, poussé par la peur de décevoir les siens.

Le compte-rendu d'Emmanuel Carrère est admirable, même si son intérêt premier, celui qui l'a poussé à prendre contact avec l'assassin, m'a semblé franchement dérangeant. Son regard objectif pourtant le pardonne de cet élan morbide, puisqu'il cherche à comprendre, plus que les faits, comment un homme peut en arriver à de telles extrémités. Et finalement, même s'il énonce des raisons, tout cela reste quand même incompréhensible. La seule explication plausible, qui ne pardonne absolument rien et n'apaisera jamais les esprits de ceux qui ont souffert de cette tragédie et des mensonges, c'est que Jean-Claude Romand est psychologiquement instable, qu'il s'est installé tellement durablement dans le mensonge qu'il ne sait plus comment reprendre contact avec la réalité.

Plus que la tragédie elle-même, l'assassinat de toute sa famille pour nommer les choses par leur nom, c'est le mensonge qui m'a laissée bouche bée. Et c'est aussi là-dessus qu'insiste Emmanuel Carrère. On ne peut pas justifier la folie meurtrière d'un homme qui se ment à lui-même, en revanche on peut essayer de comprendre comment il en est arrivé à se mentir à lui-même au point d'être capable d'une telle chose. Tout au long du livre, on voudrait croire que c'est de la fiction, mais l'auteur veille à citer suffisamment de sources et de faits précis pour nous ôter toute possibilité de croire que l'homme est un être censé. C'est complètement fou, et c'est pourtant la réalité. Fou est encore trop positif. C'est insensé. Et je trouve Emmanuel Carrère admirable d'avoir restitué cette histoire dans toutes ses contradictions, avec un regard qui n'est certes pas détaché mais qui se veut objectif, tout en nous faisant part de ses propres scrupules.
Commenter  J’apprécie          190
Dix huit ans avant l'affaire Dupont de Ligonnès et précisément en 1993, Jean-Claude Romand a tué sa famille dans des conditions aussi atroces !
J.C Romand à vécu dans le mensonge sur vie étudiante puis professionnelle pendant 18 ans : il a fait croire à sa femme, ses enfants, ses meilleurs amis et ses parents qu'il était médecin à l'OMS de Genève et, pour tenir financièrement : il les a escroqué !
Pour #tuer# le temps, il traînait sur des parkings, dans les forêts du Jura et menait la vie d'un homme tranquille, respecté de son entourage !
Emmanuel Carrére a voulu le contacter en prison, à suivi son procès qui s'est soldé par de la réclusion à perpétuité et à tenté d'analyser les motivations et l'état d'esprit qui ont pu conduire cet homme à tuer sa femme Florence, ses 2 enfants, ses parents et sa maîtresse !
C'était un homme seul enfermé dans son mensonge, fragile et désespéré qui avait choisi la fuite en avant pour éviter de révéler qu'il avait finalement tout raté !
Emmanuel Carrére nous propose un roman d'investigation très journalistique avec une écriture sobre et une analyse objective de ce familicide !
Quand Xavier Dupont de Ligonnés sera trouvé, interrogé, écroué : il y aura encore un écrivain, un journaliste ou autres pour mettre fin aux conjectures liées à sa disparition ! ! !
Commenter  J’apprécie          181
Emmanuel Carrère n'a pas hésité et il a eu le sacré culot de "s'attaquer" à l'affaire Romand, ayant débouché sur le retentissant procès qui a secoué la France durant les années 90 et a fait autant de bruit que l'affaire Dupont de Ligonnes fait couler d'encre depuis le début des années 2010 !
Pour ceux qui ne s'en souviendraient plus, Jean-Claude Romand est ce faux médecin, se prétendant fonctionnaire à l'OMS, qui a abusé sa famille, parents, femme et enfants durant 18 ans, assurant le quotidien avec l'argent escroqué à ses proches, auxquels il promettait de fabuleux revenus grâce à de juteux placements dans les banques suisses, auxquels son statut privilégié lui ouvrait droit !
Sur le point d'être démasqué, et plutôt que d'avouer son imposture, il a assassiné toute sa famille et organisé (ou simulé ?) son suicide.
J'ai lu cet ouvrage pour la première fois, il y a vingt ans lors de sa parution et je viens de le relire, suite à la libération de Jean-Claude Romand intervenue il y a un an, une fois obtenue sa libération conditionnelle.

J'avais beaucoup apprécié cette lecture à l'époque et mon opinion n'a pas changé. En effet, l'auteur ne se contente pas de relater l'affaire dans ses moindres détails, mais il tente de décrypter la psyché de Jean-Claude Romand et il réussit à tracer un portrait émouvant et déstabilisant de ce garçon timide, sympathique, désireux de se faire aimer mais qui n'hésitera pas à commettre l'impensable.... ce qui laisse le lecteur totalement déboussolé à la suite de cette lecture éprouvante. En effet, comment faire coïncider l'image de cet homme aimable, de ce père aimant avec celle de l'être monstrueux qui va commettre froidement cette série de crimes ? Comment concevoir au quotidien l'existence de cet homme qui prétendant mener une carrière enrichissante à l'OMS passe ses journées dans sa voiture ou des chambres d'hôtel à lire et rêvasser ? Comment imaginer que cet enfant aimé, ayant reçu une excellente éducation assortie de solides principes moraux, mais solitaire, sans amis et ne se confiant à personne, se soit mué en escroc sans scrupules?
Emmanuel Carrère évite intelligemment le sensationnel et nous conte cette histoire avec talent, pudeur et précision.

Durant son procès, Romand dit s'être "condamné à vivre" pour dédier ses souffrances à la mémoire des siens.
Il dit aussi "Je n'ai jamais été aussi libre, jamais la vie n'a été aussi belle. Je suis un assassin, j'ai l'image la plus basse qui puisse exister dans la société, mais c'est plus facile à supporter que les vingt ans de mensonges d'avant".
Qu'en est-il aujourd'hui, alors qu'il vit, retiré dans une abbaye entouré de moines bénédictins ?
Est-il encore en enfer sur terre à tenter d'expier l'inexpiable ?
Hanté par le souvenir de ses proches, parents, épouse, enfants, par lui massacrés et le laissant dans une infinie solitude ?
Comment en toute logique pourrait-il en être autrement ?
Commenter  J’apprécie          183
Après avoir lu le Royaume, j'ai eu très envie de lire un autre livre d'Emmanuel Carrère. Il a beaucoup parlé de L'Adversaire dans son essai, je ne connaissais absolument pas ce fait divers, étant beaucoup trop jeune aux moments des faits et du procès. Cela m'a beaucoup intriguée et j'ai eu envie d'en savoir plus et donc de le lire.


Je crois que j'ai été dégoûtée par ce livre. Vraiment. Je pense que je regrette même de l'avoir lu, tout en sachant qu'une fois commencée, j'ai eu du mal à m'en détacher (il y a peut-être cela aussi qui m'a mise encore plus mal à l'aise). Comme je l'ai dit, j'ignorais tout de cette histoire, c'est donc avec ce documentaire que je l'ai découverte dans son intégralité.


Je n'ai rien à dire sur l'écriture de l'auteur, c'est vraiment très bien.


J'ai trouvé qu'Emmanuel Carrère, tout en s'efforçant d'être neutre, s'efforçait tout de même à lui trouver des excuses, à chercher à comprendre ce qui a bien pu se passer pour en arriver là. Et cela m'a mise très mal à l'aise. Cet homme est un gros malade mental, un assassin lâche et méprisable.


Une chose est certaine, il est très difficile de rester « neutre » face à ce documentaire. Moi, je n'ai pas réussi. J'ai peur d'être très virulente dans ma critique.


Durant 18 ans, cet homme a menti. A ses parents, ses amis, sa femme, ses enfants. A tout le monde. Il mettait son « costume » de chercheur et de père de famille exemplaire tous les matins et tous les soirs. Il nageait en permanence dans le mensonge. Pour vivre, il escroquait les membres de sa propre famille en leur prenant leurs économies pour les faire « fructifier ».


Et durant la journée? Quand on le croyait en travail? Rien. le néant en fait. Il se promenait, il zonait dans des hôtels, des cafés, il lisait. Il ne vivait pas, il ne faisait rien. Il attendait. de reprendre enfin son rôle. Il n'était rien.

Cet homme n'avait aucune vraie personnalité, tout était un déguisement et je pense que c'est encore le cas.


Cet homme est passé finalement avec bien de facilité du rôle « médecin prestigieux/ père de famille et mari aimant » à celui de « pécheur coupable et repentant ».

Je pense que c'est vraiment ce qui m'a dégouté le plus. Il ose parler de repentir, de tristesse, d'amour du Christ, tout ça parce qu'on lui amené sur un plateau d'argent ce nouveau rôle. Il suffit de l'écouter lors du procès, où de lire ses lettres. Tout n'est que à propos de lui, de sa douleur, de son chagrin, de son destin. Cet homme est tellement auto-centré, tellement content qu'on s'occupe de lui, qu'on s'intéresse à lui, que j'ai à peine l'impression qu'il se rend compte de ce qu'il a fait. Ses crimes sont juste une autre manière de le mettre en valeur comme avant son « métier » à l'OMS.


Etant croyante, je crois au pardon absolu de Dieu. Encore faut-il réellement se repentir. Pour moi, ce procès, cette nouvelle manière d'être, ces belles lettres et paroles, c'est une mascarade.

Une mascarade d'un homme très malade qui ne sait plus vivre sans mensonges. Qui n'a plus d'identité depuis tellement longtemps qu'elle est perdue. C'est dans un centre psychiatrique qu'il devrait être. Il est clairement très malade.


Et de savoir que cet homme va certainement sortir l'année prochaine (fin des 22 ans de sûreté), vu son comportement exemplaire en prison, cela me rend encore plus mal à l'aise.


—————————————————–

Je ne sais vraiment pas quoi penser de ce roman. C'est sans aucun doute bien écrit, passionnant, on veut savoir ce qui s'est passé, mais il m'a mis tellement mal à l'aise et en colère que je n'arrive certainement pas à le juger à sa juste valeur. Il n'aurait pas dû être écrit à mon avis, c'est encore donner trop d'importance à cet homme.
Lien : http://writeifyouplease.word..
Commenter  J’apprécie          181
Emmanuel Carrère décide de contacter J.P. Romand en prison. Peut-être pour comprendre l'enchainement des décisions prises par ce menteur jusqu'à ce qu'il devienne meurtrier.
Emmanuel Carrère fait part de ses doutes, de ses interrogations et c'est ce qui fait la force de ce récit. Il n'y a pas de jugement. L'écriture est fluide, claire, légère pour un sujet sombre, confus et douloureux. Il n'y a pas d'explication. Il y a juste un homme qui a refusé de faire face à ses faiblesses et qui en a fait payer le prix fort à ceux qui l'aimaient et avaient confiance en lui. On voit comment le mensonge devient un poison. On voit comment un homme égocentrique, attaché à son image préfère tuer plutôt que d'être dévoilé à ses proches. Un livre passionnant, qu'on avale d'une traite, qui parle magnifiquement de la nature humaine;
Commenter  J’apprécie          180
Ce qui constitue la trame du récit est bien connu : d'innombrables critiques présentes sur ce site en font mémoire. Je veux donc simplement exprimer ici mon admiration devant l'acuité avec laquelle Carrère pose, à la fin de son livre, la question cruciale : une rédemption est-elle seulement possible, pensable pour cet homme ? Que penser de la conversion en captivité de Jean-Claude Romand ? Ultime stratégie de dissimulation, de fuite du réel, ou bien authentique ouverture vers une transcendance... et un possible salut ? La question n'est pas simplement pour une conversation de salon. En témoigne la violence de la réaction de la journaliste Martine Servandoni, à l'avant-dernier jour du procès, après le témoignage de Marie-France, visiteuse en prison : le témoignage de cette dernière a rendu Martine "folle de rage". Alors quoi ? N'y a-t-il, pour Jean-Claude Romand, de retour au réel qu'au prix d'une profonde dépression ? Et qui jugera qu'elle aura été assez profonde ? Peut-on reprocher à un homme de ne s'être pas suicidé ? Jean-Claude Romand a-t-il désormais le droit d'avoir des amis, une foi, une espérance ? Ce sont ces questions redoutables qu'Emmanuel Carrère pose avec finesse, sans prendre parti, à la fin de son livre. A elles seules, elles lui donnent de mériter d'être lu.
Commenter  J’apprécie          170
En 1993, Jean-Claude Romand, un médecin sans histoire tue sa femme, ses deux enfants, ses parents puis tente de se suicider. Les enquêteurs découvrent alors que le gentil docteur Romand n'avait jamais été médecin à l'OMS et qu'il avait menti à sa famille et ses amis pendant 18 ans.
Ce livre est intéressant à plus d'un titre. Ce fait-divers véridique est déjà en soi extraordinaire et ahurissant; si on peut concevoir qu'un premier mensonge puisse en entraîner un autre et mener au drame, comment peut-on pendant 18 ans bâtir sa vie sur du vide ? Romand était considéré comme profondément gentil, réservé, modeste et timide et personne ne soupçonnait ce qu'on ne peut même pas appeler une double vie puisque ses mensonges ne reposaient sur rien. Ce qui est effrayant c'est de penser qu'on peut vivre à côté de quelqu'un qu'on croit connaître et dont finalement on ne sait absolument rien.
L'autre intérêt de ce livre réside dans la position de l'écrivain par rapport à son récit. E.Carrère ne cache pas sa fascination pour cette histoire et il s'interroge, n'entretient-il pas le narcissisme de Romand en lui donnant ainsi une publicité inespérée ? Romand est-il encore capable de dire la vérité après une vie de mensonge, est-il "normal" et croit-il à ce qu'il dit ? On sent que l'auteur a été profondément remué, mal à l'aise, s'excusant presque et il ne peut s'empêcher de faire un parallèle avec sa propre existence. C'est donc un récit passionnant, remuant et le passage concernant le meurtre des enfants très angoissant. Enfin, on ne peut ne pas mentionner le film inspiré de cette histoire, D.Auteuil dans le rôle de Romand y est très convainquant et d'un réalisme qui donne froid dans le dos.
Commenter  J’apprécie          170
S'atteler à écrire un livre sur un fait divers aussi sordide que le quintuple meurtre de Jean-Claude Romand n'est pas une mince affaire, même pour un écrivain aussi confirmé qu'Emmanuel Carrère… On risque sans cesse de tomber dans le sensationnalisme ou dans la fascination morbide, voire dans une complaisance du plus mauvais goût. Carrère ne s'engage d'ailleurs dans cette voie qu'avec des pincettes. Il regimbe, raconte les longs dilemmes moraux qui ont précédé ses premiers contacts avec le « Monstre », semble sans cesse hésiter sur la position à tenir, celle de simple observateur horrifié, de juge (et face à une affaire de ce type, nous nous intronisons tous juges…), de journaliste ou de romancier. de ce nuage d'incertitudes, émergent plusieurs grandes questions auxquelles l'auteur va tenter de répondre avec un succès plus ou moins mitigé : où débute la folie d'un homme ? Comment se construit-elle ? Et où se dissimule « l'Adversaire », cette essence du Mal et du Mensonge qui se calfeutre au fond de chacun : de vous, de moi ou de ce voisin à l'apparence si banal et au visage si doux ?

Résumons un peu le drame pour ceux – et j'en fais partie – que les faits divers laissent habituellement indifférents : le matin du 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand, médecin renommé à l'OMS et bon père de famille, assassine son épouse et leurs deux jeunes enfants avant de se rendre chez ses propres parents de les abattre par balle. Voisins et amis sont bien entendu horrifiés en apprenant les faits, mais ils ne sont pas au bout de leur stupeur. L'enquête de la police ne va pas tarder à révéler qu'absolument rien n'était normal dans la vie de ce quadragénaire si rangé : il n'a jamais eu son diplôme de médecine, n'a jamais exercé de métier à l'OMS – n'a jamais travaillé tout court d'ailleurs –, n'a jamais eu le cancer qu'il prétendait avoir contracté, a passé la majorité de sa vie à escroquer ses proches pour soutenir son train de vie familial… Toute une vie basée sur une pyramide de petits et d'énormes mensonges ! Et quand ce voile de mensonges a finalement été sur le point d'être déchiré, est arrivé l'inéluctable, l'épouvantable et irréversible dénouement.

Comme bien d'autres personnes à l'époque des faits, Emmanuel Carrère – lui-même mari et père – a cherché à « comprendre » le drame et, en bon écrivain, a tenté de nous faire partager cette quête de la vérité. Y a-t-il réussi ? En ce qui me concerne, la réponse sera mi-figue, mi-raisin : certes, je suis prête à reconnaître que « L'Adversaire » est un ouvrage intéressant et reflète un excellent travail journalistique, mais il reste tout de même une relative déception. Malgré tous ses efforts et quelques pistes de réflexion prometteuses, l'auteur semble avoir du mal à dépasser la surface des faits et à décortiquer en profondeur les motivations du meurtrier. Dure tâche, j'en suis bien consciente, mais sans cette nécessaire profondeur, « l'Adversaire » ne parvient pas à être autre chose qu'une biographie romancée de bonne facture. En ce qui me concerne, j'en suis ressortie aussi révulsée et perplexe qu'au début de ma lecture et avec le sentiment d'avoir à peine effleuré le sujet du livre. En conclusion, une lecture plutôt intéressante, mais dont j'attendais un peu plus…
Commenter  J’apprécie          171
Livre terminé d'un trait, en une journée. Magnétique et dur. Je n'ai pas aimé tous les livres d'Emmanuel Carrère, mais celui ci me fait le même effet que d'autres vies que la mienne qui m'avait bouleversée il y a quelques années.

L'histoire est lugubre: Jean Claude Romand a menti pendant 18 ans à tout le monde autour de lui, se faisant passer pour un médecin alors que son parcours dans le monde médical s'est arrêté le jour des examens de 2ème année où il ne s'est jamais rendu. Ce jour là le mensonge de sa vie a commencé: il s'est inventé une grande carrière de chercheur, a emprunté de l'argent à tout son entourage. Et personne n'a rien vu tellement sa nature est rassurante. 18 ans plus tard alors, quasi découvert, il tue sa femme, ses enfants et ses parents. Pour les épargner. Pour ne pas avoir à faire face à leurs regards déçus. Lui survit en ratant (lachement?) son suicide. Les voisins et amis découvrent alors la vérité abasourdis et profondemment blessés.

L'histoire a déjà tout d'un roman mais Emmanuel Carrère le raconte prodigieusement bien. Il avait essayé d'écrire le livre au moment des faits mais n'a pas trouvé l'angle qu'il voulait y donner puis y est revenu plus tard et a réussi cette biographie saisissante. le récit des moments d'errance de JC Romand à la fois très entouré mais très seul dans son mensonge a réussit à me toucher. Ce qui n'efface en rien l'horreur des faits.
Commenter  J’apprécie          163




Lecteurs (6682) Voir plus



Quiz Voir plus

Limonov

Limonov a fondé le parti national-bolchevique. Ses sympathisants sont …

des nasbols
des lepénistes
des zeks

8 questions
178 lecteurs ont répondu
Thème : Limonov de Emmanuel CarrèreCréer un quiz sur ce livre

{* *}