J'avoue que cette histoire de mensonge et d'homicide n'avait pas croisé ma vie dans les années 90.
J'avoue en général ne pas trop m'attarder sur des drames familiaux.
J'avoue que mon peu de curiosité morbide, s'efface pudiquement face à une compassion sincère pour les acteurs de tragédies.
Mais ce livre était posé sur une table, dans une excellente librairie bordelaise. Alors je l'ai pris. Et je l'ai lu. Et une chose est sûre : on ne peut rester indifférent à cette histoire.
Je salue en premier lieu l'auteur, qui a la délicatesse de ne pas juger, ni à aucun moment sombrer dans le voyeurisme. Son parti-pris de débuter le récit du point de vue d'un des meilleurs amis de
l'Adversaire, est brillant, malin, terriblement humain. Je ne sais d'ailleurs lui donner un autre nom que
l'Adversaire à cet homme. Car il est tout à la fois : menteur, malheureux, père, infanticide, mari, lâche, affabulateur, escroc, déséquilibré. Evoquer son prénom sonne même trop familier.
Cette histoire donne le vertige. Nous fait nous interroger sur nos propres vies : et si nous aussi on passait à côté de signes ? D'un mal être de nos proches que l'on refuserait de percevoir ?
Certes, après coup, on se dit que la famille a été bien crédule de lui donner son argent à placer sans justificatif. Que la femme a été bien crédule de ne jamais croiser de collègue de travail, ne jamais vérifier un relevé bancaire.
Mais c'est facile après coup. Et puis tous les mensonges se sont enchainés de manière si fluide, que cela a du paraitre facile et naturel à
l'adversaire, de se complaire dans l'engrenage. de se laisser porter.
Une lecture glaçante, sidérante. Une histoire inconcevable. Si elle était sortie de l'imagination d'un écrivain on l'aurait targuée de n'être pas suffisamment crédible. Mais hélas la réalité a encore une fois dépassé la fiction.
Alors, faut-il le lire ? Oui. ça secoue, mais on s'en sort grâce au talent de l'auteur. Toute ma compassion à tous ceux touchés par cette tragédie. Tous.