Comme à chaque sortie de Cyril, que je suis depuis ses débuts, je suis ravie de retrouver sa plume. de roman en roman, je m'émerveille de suivre son évolution et force est de constater que cette fois-ci, il a mis le paquet. Je n'avais encore jamais autant remarqué sa maturité, son assurance, ses forces au niveau du style et une réelle montée en puissance côté émotions, sans compter l'art déconcertant de la manipulation du lecteur. C'est brillant.
Chaque mot est à sa place, aucune métaphore n'est de trop, tout est dosé avec rigueur et précision, tout en frôlant l'élan poétique malgré la noirceur qui nous attend...
Il a assurément mis toutes ses tripes dans ce roman atypique, que lui seul était capable d'écrire.
On part en effet pour un voyage au Japon tantôt sombre, tantôt lumineux, sous les yeux experts d'un expatrié de longue date, mêlant la culture du pays du soleil levant à celle de notre belle France. Les opposant, les rapprochant, toujours avec une vision juste et réaliste. On débarque dans un Japon authentique loin de celui, aussi cliché qu'idéalisé, qui habite trop souvent nos esprits d'Occidentaux. C'est un véritable privilège de le percevoir tel qu'il existe vraiment, de nos jours et pas toujours si éloigné de nos propres quotidiens.
La Colère d'Izanagi signe un tournant dans sa carrière d'écrivain, c'est indéniable. Il nous parle de ce qu'il connait, et on est alors saisi par l'exquise fluidité qui en découle. le récit, bien construit, est rythmé comme jamais, les chapitres courts s'enchaînent les uns après les autres et cette lecture addictive nous remue. Une féroce documentation sublime les faits réels qu'il choisit de mettre en scène avec sa liberte d'artiste. Quel talent !
On remarque aussi aisément le soin particulier qu'il a su apporter à ses personnages, héros singuliers ou méchants de notre temps. Les thématiques abordées le sont avec finesse et nous embarquent dans un Japon tel que nous n'aurions jamais pu le sonder sans lire cette histoire. Hayato est un personnage cher à mon coeur et je suis sûre qu'il saura toucher chaque lecteur avec intensité. Sa collègue Noémie, Franco-Japonaise, renforce encore le lien entre les deux pays, au centre de ce texte captivant.
L'intrigue est menée d'une main de maître et tout le côté sciences, technologie, dérives contemporaines, porté par Kenta, m'a complètement absorbée. J'ai adoré découvrir cette pieuvre tentaculaire, cachée dans les tréfonds du Darknet. le couple d'étudiants qu'il forme avec Suzuka m'a beaucoup plu, c'était vraiment très intéressant de découvrir la vie des jeunes au Japon, avec leurs difficultés, et surtout en immersion totale.
Mention spéciale pour l'écriture toujours aussi cinématographique, titillant nos cinq sens avec brio, et pour cette fin, aussi grandiose que surprenante, que je n'avais absolument pas vue venir, bien évidemment. Bravo l'artiste.
Il est incontestable que Cyril a su, avec ce premier titre, poser des fondations solides autour de la cellule Sakura pour nous régaler à l'avenir d'autres opus tout aussi passionnants. Qu'est-ce que j'ai déjà hâte de les retrouver ! Les prémices déjà posées se montrent fort prometteuses.
Si vous cherchez un thriller différent, aussi émouvant que dépaysant, aussi prenant que solidement construit. Foncez, il ne faut pas passer à côté. Il est le précurseur d'un nouveau virage du thriller français, mêlé à la culture nippone qui a bel et bien le vent en poupe.
Un vrai travail d'orfèvre où solennité et ténèbres cueillent l'âme humaine avec une harmonie fort troublante.