Marine Carteron nous offre une relecture extrêmement réussie d' "
Ils étaient dix" d'
Agatha Christie. Attention, spoilers.
7 adolescents et 3 adultes sont invités sur l'île de Sareck à participer à une émission de téléréalité Escape Game littéraire. Nous découvrons donc tout d'abord Deborah Lansreck, une jolie métis, et son jumeau Tyron, un obèse crack de littérature, puis la bimbo Carie Martin. Suivent Charles Asting, l'ex enfant-star, et sa mère professeur de littérature, Hélène. Ensuite viennent Margaux Bornelle la sportive, puis
Simon Harel le geek, et enfin, Eliott le Goff, le surdoué. Ils sont rejoints sur l'île par André Pitard un ancien policier devenu attaché de production, et Viviane Pick, une ancienne infirmière devenue gouvernante de l'île. Tous les cinq arrivent sur une île où ils seront seuls tous les
dix. Ils découvrent chacun leur chambre, attachée à un conte ou un mythe. Puis, dès le premier soir, alors qu'une tempête arrive, Margaux disparaît ...
Au fur et à mesure du roman se révèleront les plus sombres secrets des personnages, à la lueur d'évènements particulièrement macabres. Très vite, ils se rendront compte qu'ils sont tous liés par un seul et même affreux secret, qui les rend tous coupables.
C'est un roman palpitant qui se lit d'une traite. Il fascine comme le roman d'
Agatha Christie avait fasciné. Il y a évidemment une joie voyeuriste à découvrir les secrets des personnages mis à nus, et à faire les liens entre eux, et toute la mise en scène autour de leurs meurtres. Comme dans un jeu de pistes, on cherche à relier chacun à sa chambre, et à savoir en quoi l'histoire de sa chambre est reliées à son histoire, et surtout préfigure son meurtre. de manière métatextuelle, on cherche évidemment à relier les
dix personnes de
Marine Carteron aux
dix personnages d'
Agatha Christie: rôle dans l'histoire, motif de culpabilité ou manières de mourir, les parallèles sont aussi nombreux qu'inattendus, parfois très discrets, parfois plus évidents, mais toujours surprenants. L'intertextualité est complètement assumée, et il est très plaisant de lire une relecture à ce point aboutie. Evidemment, plus la culpabilité de chacun est grande, plus la mort tarde, plus la torture est grande. Chacun a beaucoup à cacher, et on sent, à la fin du livre, que des secrets demeurent encore, qui donnent envie d'en savoir encore plus.
J'ai beaucoup apprécié l'actualisation avec la téléréalité, les jeux d'écrans et de vidéos, mais également le lien entre les meurtres, qui n'existait pas selon mon souvenir dans l'oeuvre d'
Agatha Christie. Cela permet pour moi d'accentuer le suspense, et d'explorer un peu plus avant la psyché de ces personnages tous plus répugnants les uns que les autres.
De plus l'identité du meurtrier, même si assez facile à déceler, reste intéressante. J'ai eu un doute quant à la personne qui avait mis en scène et planifié tout ceci un peu avant la moitié du roman, mais rien, avant la fin, n'aurait pu le confirmer, tant l'auteure mène son récit à la perfection.