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Steve Parkhouse (Illustrateur)
EAN : 9781607066095
100 pages
Image Comics (09/10/2012)
5/5   1 notes
Résumé :
The infamous 2005 mini-series returns in an all-new deluxe hardcover edition! The horror of suburban life explodes in an orgy of mythic violence — and mild-mannered housewife, Barbara Vale, finds herself at its dark epicenter! And when you meet her family, you'll understand why. This slice of Americana is brought to you by the twisted minds of Joe Casey and the legendary Steve Parkhouse. If you missed it the first time around, this is your chance to finally join the... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient les 4 épisodes d'une minisérie, parus en 2004. Il s'agit d'une histoire complète, indépendante de toute autre. le scénario est de Joe Casey (par exemple Godland), les illustrations et les couleurs de Steve Parkhouse (par exemple Captain Britain, The Bojefferies Saga avec Alan Moore).

Quelque part dans une banlieue sans signe distinctif, la famille Vale habite un pavillon semblable à des centaines d'autres. Elle se compose de Vincent (le père), Barbara (la mère), Ruthie (la grande soeur, entre 18 et 20 ans), et Fletcher (le fils adolescent, environ 16 ans). Lorsque l'histoire commence, Barbara a cuisiné un bon dîner pour un repas en famille. Elle termine la préparation en regardant d'un oeil distrait son feuilleton favori : "Leave it to mother", dont le personnage principal est une pimpante ménagère jouée par l'actrice Carol White. Mais à peine passé la porte, Fletcher commence déjà à dénigrer les talents de cuisinière de sa mère. Puis Ruthie indique qu'elle refuse de manger ces plats. Vincent se met en colère. Fletcher crache le lait sur le mur le jugeant tourné. Ruthie claque la porte pour aller se livrer à une activité qui implique un homme marié. Fletcher sort de la maison pour se livrer à une activité qui implique les animaux de compagnie des voisins. Vincent sort pour une soirée avec ces potes, pour des activités qui impliquent... Barbara ne peut que constater qu'elle soutient à bout de bras une cellule familiale où tout le monde se déteste cordialement. le lendemain elle va faire les courses, et en particulier acheter du lait n'ayant pas dépassé la date de péremption. le même jour elle reçoit la visite du laitier.

Cette histoire a été écrite spécialement pour rentrer dans la politique éditoriale de Dark Horse Comics qui souhaitait développer ses histoires d'horreur. Dans les commentaires de Casey et de Scott Allie (le responsable éditorial), le lecteur apprend que l'intention de Casey était de créer une histoire d'horreur qui se nourrit du malaise quotidien, de la certitude que cette vie quotidienne familière et chaleureuse est pourrie de l'intérieur, qu'elle repose sur du vent, qu'elle sert à anesthésier les individus pour qu'ils relèguent dans leur inconscient l'une des vérités fondamentales sur la vie.

Que l'on soit enfant ou parent, il est impossible de ne pas sympathiser avec cette ménagère inoffensive dont les efforts sont réduits à néant. Joe Casey ne la présente jamais larmoyante, ou victime. le plus terrible est que Barbara encaisse en silence, sans broncher. Les insultes et même les coups ne remettent pas en cause sa dévotion à sa famille, son investissement inconditionnel pour son mari et ses enfants. le plus terrible est que ça ne l'empêche pas d'être lucide sur sa condition. Elle sait qu'elle a consacré toute sa vie à bâtir ce qui se révèle être un château en Espagne, qu'elle s'est négligée au point d'en devenir obèse. Les illustrations de Parkhouse sont sans pitié vis à vis d'elle. Elle est grosse, elle a un visage avec un gros nez, sans aucune grâce. Son surpoids donne lieu à une scène sous la douche (à travers du verre dépoli) reflétant son quotidien d'une manière impitoyable, traduisant son manque total d'amour propre, sans aucun besoin de texte.

Le père est tout aussi laid, en plus veule et méprisant, sans aucune valeur morale pour le racheter aux yeux du lecteur. Là encore son apparence trahit l'individu qui se néglige, qui a abandonné la prétention de paraître en société, mais avec une suffisance insupportable. À nouveau le style de Parkhouse fait mouche, sans besoin d'explications supplémentaires ; il n'est pas très loin du style de Binet avec ses Bidochon. Il dépeint le quotidien et l'ambiance de cette banlieue anonyme avec une aisance remarquable qui met en évidence le train-train d'une classe très moyenne. En quelques traits à l'apparence grossière, Parkhouse peut aussi bien faire naître les allées d'un supermarché peu fréquenté avec quelques ménagères fantomatiques, qu'une chambre de grande adolescente avec des teintes rosâtres, ou des zones parsemées d'arbres faméliques, qualifiées d'espaces verts.

À partir de là, le lecteur baigne déjà dans l'horreur du quotidien de la vie raté, de l'échec irrémédiable, de l'absence d'espoir. du coup Casey peut se permettre de rajouter des comportements légèrement déviants (rien de très exagéré) et le cas de Barbara devient encore plus désespéré. Comme dans certains livres de Stephen King, Casey peut alors introduire une légère touche de surnaturel. Pour ma part, la simple horreur du quotidien a suffi à provoquer la catharsis propre à ce genre de littérature. Casey et Parkhouse exposent l'environnement de Barbara Vale d'une manière efficace, rapide qui ne laisse pas de place au doute. Son système de valeurs est incompatible avec la réalité. La prise de conscience s'avère douloureuse jusqu'au plus profond de son être. le regard bovin que lui attribue Parkhouse rend cette épreuve existentielle à la fois vraisemblable et plus longue à venir. du fait de l'apparence de Barbara, le lecteur comprend qu'une fois l'information parvenue au cerveau le changement sera irrévocable et terrible.

Sur ces bases là, Casey et Parkhouse réalisent un portrait psychologique d'une ménagère d'une quarantaine d'années qui émeut autant qu'il horrifie. le dernier épisode consacré à l'élément surnaturel pourra sembler incongru, ou au contraire tout à fait logique. D'un coté, cette histoire aurait pu se limiter à un simple fait divers, elle aurait déjà constitué une destruction de l'identité intense et viscérale. de l'autre, l'irruption du surnaturel permet de donner corps à ces autres principes fondamentaux qui se cachent sous la normalité. En fonction de la sensibilité du lecteur, il fera sens ou non. Dans tous les cas, il reste une immersion éprouvante dans la vie de banlieue, dans ce qu'elle peut avoir de plus implacable, de plus normative.
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