La nouvelle est un drôle de genre. Longtemps, je l'ai laissé au placard, jusqu'à ce qu'on apprenne à se connaître. Enfin, j'ai compris. La nouvelle ne se laisse pas avoir comme ça, elle n'est pas faite pour que le lecteur retrouve sa zone de confort, mais plutôt le bousculer.
Les jeunes filles de ces 21 nouvelles se ressemblent et se confondent. Elles ont toutes cette fragilité et cette entièreté qui caractérisent l'adolescence. Elles ne savent pas vraiment pourquoi elles tiennent à ces hommes – à ces vieux – qui parfois les dégoutent. Il faut dire que le portrait de ces « messieurs » n'est pas des plus avantageux. Mèche lustrée feignant de cacher une calvitie déjà bien installée, poils qui s'échappent des oreilles, mains de vieillards, alcoolique, seul… Les lieux et le temps s'effacent, laissant seulement place à ses passions étranges.
En lisant ce recueil, je me suis demandée qui étaient visés par la plume cinglante de
Claire Castillon. Ces jeunes filles ou ces messieurs ? Y aurait-il un coupable d'ailleurs ?
Comme souvent dans les recueils de nouvelles, certaines sortent du lot. C'est pour ça que je dirai que les petites histoires de
Claire Castillon ne se valent pas forcément, contrairement à son écriture. Ses mots m'ont tenu en haleine du début à la fin. Je ne saurai pas vraiment l'expliquer, mais il y a un côté totalement lucide et acerbe, et en même temps une autre facette plus naïve et ingénue, servant à merveille ses amours, ratés avant même qu'ils ne commencent.
Dérangeant et grinçant, donc, mais admirablement écrit.
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