AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 224 notes
Nous sommes en 1866, en Nouvelle-Zélande. Nous nous trouvons en pleine ruée vers l'or. Walter Moody, britannique, débarque sur les rives d'Hokitika, au milieu d'une faune bien particulière… faite d'ambitieux et d'hommes et femmes n'ayant plus rien à perdre. Il se retrouve dans un hôtel dans lequel il se mêle à une assemblée bien mystérieuse qui semble assez décontenancée de se voir rejointe par ce jeune homme. Il apprend ainsi bon nombre de faits énigmatiques qui se jouent dans la ville depuis plusieurs semaines, et notamment dans les dernières 24 heures : un riche notable a disparu, une prostituée a tenté de se suicider et un homme a été retrouvé mort par un politicien, avec un très gros magot caché chez lui. Tout se mêle à des personnages intrigants, chacun cachant ses petits secrets. Ces personnes sont-elles liées ? Et comment ? Pourquoi ? Les douze hommes rassemblées dans cette salle vont se raconter leurs histoires afin de tenter de restituer la vérité. Mais elle n'est pas si simple à atteindre et ce sont les semaines qui suivront qui verront la vérité éclater…

Je vais revenir très vite sur l'histoire, mais ce que je pense être le point le plus incroyable dans ce roman, c'est sa construction, son écriture et le cadre contraignant que s'est imposé l'auteur. Écrit à la manière d'un roman du XIXe siècle, Eleanor Catton prend le temps de dépeindre ses personnages et leurs aventures. On pourrait y voir là un point faible du roman, un certain risque de longueurs et de lassitude… Mais non ! L'écriture est si belle et si juste qu'on ne peut s'ennuyer. Et c'est peut-être ce qui m'a le plus marqué car ce doit être la première fois que cela m'arrive : qu'importe l'histoire, j'étais prise complètement dans la prose de l'auteur. Mais rassurez-vous, l'histoire vaut le détour ! Quant à la construction… le roman est basé sur l'astrologie, chacun des personnages a un signe astrologique différent, et leurs caractères sont basés à partir de ces signes. Mais l'auteur est allé plus loin. le roman est constitué de douze parties, comme les douze signes du zodiaque. Et chaque partie comprend la moitié du nombre de pages de la partie précédente. Dur défi d'écriture ! Si la première partie est donc assez longue, la dernière est plus que courte. Une très belle construction, donc, doublée d'une magnifique écriture !

Revenons-en à l'histoire, à présent. Si l'auteur a soigné son écriture, elle n'en a pas pour autant délaissé son intrigue. Tout se met en place progressivement, sans qu'on ne s'en aperçoive, et sans qu'on puisse se dire : “Tiens, c'est à ce moment-là que j'ai compris ce qui se tramait !”. Mais non, tout se passe en finesse, c'est incroyable. On m'a dit que la fin serait absolument étonnante, mais cela n'a pas été le cas. Oui, la fin est étonnante, car toutes les pièces assemblées forment un puzzle bien différent de ce à quoi on pouvait s'attendre au départ. Mais comme j'ai pu déjà le dire, pas de dénouement “choc”. Les personnages sont nombreux et d'une incroyable richesse. Certains touchants, d'autre fatigants, d'autres encore intrigants, certains sympathiques et d'autres détestables.

Pour résumer, une belle flopée de personnages qui sont au centre même d'un récit d'une richesse incroyable, dans une Nouvelle-Zélande prise dans la ferveur d'une ruée vers l'or que nous sommes plus habitués à voir en Californie.

Une très belle découverte que ce dernier roman d'Eleanor Catton, mon premier personnellement, qui a reçu le prestigieux Man Booker Price en 2013.
Lien : https://breveslitteraires.wo..
Commenter  J’apprécie          80
Lauréat 2013 du Man Booker Prize for fiction.

Dès la première page, embarquement pour l'autre côté de la Terre ! Dépaysement garanti !
Ce gros livre est divisé en douze parties, correspondant chacune à une journée de l'année 1866 ou de l'année 1865 : première partie, le 27 janvier 1866 (constitue environ la moitié du livre), puis c'est le 18 février 1866 (partie dont le nombre de pages est moitié de la précédente), 20 mars 1866, 27 avril 1865 puis 27 avril 1866 etc ... Avec les retours en arrière explicatifs, l'ensemble donne l'impression d'une structure en hélice assez originale. D'autre part, l'auteure, entraînée sans doute par l'un de ses personnages qui sait tirer les cartes, a calculé le signe astral de chaque protagoniste et les titres des chapitres correspondent aux mouvements des planètes dans le zodiaque.
L'histoire : quand le jeune Walter Moody, vingt-huit ans, arrive à Hokitika, Nouvelle-Zélande, pour faire fortune et fuir des problèmes de famille, il se réfugie dans le premier hôtel venu, tant il a fait un horrible voyage sur le trois-mâts "Adieu-vat", dont le capitaine se nommait Francis Carver. C'est la "ruée vers l'or" dans cette région, ce qui attire toutes sortes d'individus cherchant à faire fortune.
Arrivé dans le fumoir, Walter visiblement dérange une assemblée secrète de douze personnes qui vont cependant lui faire confiance et commencer à parler de ce qui les tracasse : un homme est mort et on a trouvé une fortune en or chez lui, un autre, très riche, a disparu et une jeune femme a semble-t-il voulu attenter à sa propre vie.
Le premier qui parle est Thomas Balfour, agent maritime, cinquante ans passés, homme d'origine humble qui a roulé sa bosse et fait plusieurs métiers ; c'est lui qui "introduit le sujet" et les autres vont parler tour à tour. C'est le début du livre et il faut être très attentif, car c'est la mise en place - foisonnante - de l'histoire et de tous les personnages ; il ne faut rien manquer, l'ensemble pourrait paraître touffu.
Puis c'est Aubert Gascoigne qui se présente, clerc du tribunal et qui commence d'expliquer : un fille publique Anna Wetherell, opiomane, a été arrêtée pour avoir voulu se suicider. Il dit aussi que le capitaine Carver a tué son propre enfant ; interviendront également Dick Mannering, obèse propriétaire de l'"Opéra-Théâtre du prince de Galles" et proxénète à ses heures, et quelques autres personnes présentes. Car dans le fumoir de l'hôtel, il y a aussi un aumônier de prison, un maori ami du mort, deux chinois, un genre de notaire, un apothicaire, et un gouverneur de prison.
La construction du récit est particulièrement remarquable : on suit l'ensemble des protagonistes de l'affaire ou plus exactement "des affaires" à différents moments, différents endroits, dans leurs relations avec différentes personnes ; comme si l'auteure et son lecteur suivaient une petite population avec différentes interactions, mais qu'on n'était au courant finalement que de ce qui touche aux faits qu'on essaie d'expliquer ; sans qu'il n'y ait jamais de redites, juste d'autres informations. On apprendra ainsi progressivement tout ce qui peut être connu et dit sur le sujet, et comment tous se sont retrouvés dans le fumoir de l'hôtel.
Puis le récit continue, chacun poursuivant ses objectifs et essayant de comprendre et d'élucider les différents mystères ; il y a de l'opium, des pépites d'or, des héritages, de fausses identités, une donation non signée, des paillettes d'or dans des doublures de robes, une malle qui disparait ... Les personnages ont des caractères forts et leurs actions ainsi sans doute que leurs émotions sont à la fois dues à leur destinée et à leur propre histoire ; l'étude de leurs caractères est intéressante et détaillée, le vocabulaire riche et précis.
Un beau, gros et passionnant "livre d'aventures à suspens" !

Commenter  J’apprécie          80
Hokitika, Nouvelle-Zélande, 1866. Un notable, Emery Staines, a disparu, une prostituée, Anna, aurait tenté, sous l'emprise de l'opium, de mettre fin à ses jours et on a découvert une immense fortune dans la maison d'un pauvre ivrogne, Crosby Wells, mort lui aussi. A priori, aucun rapport entre ces trois événements. Mais Anna est certaine de ne pas avoir voulu se suicider, Emery Staines a passé sa dernière nuit en ville avec elle et elle a découvert de l'or cousu dans sa robe. Sans oublier que Crosby Wells n'avait aucun papier pour prouver son identité, qu'il était apparemment marié et que sa veuve, Lydia Wells, vient réclamer les biens qui lui reviennent… et qui ont déjà été vendus au plus offrant. Et, pour compléter le tableau, nous avons aussi Francis Carver, capitaine d'un bateau, l'Adieu-Vat, qui vient de s'échouer.
C'est cette communauté troublée que découvre Walter Moody, jeune britannique ruiné venu faire fortune en Nouvelle-Zélande. le hasard – ou le destin – le fait interrompre une réunion ayant lieu à son hôtel. Douze hommes, en effet, se sont réunis pour mettre en commun ce qu'ils savent sur ces étranges événements afin d'essayer de résoudre le mystère.

Ce pavé – plus de mille pages en version poche – est un roman complexe et inclassable. Nous avons une enquête, mais il ne s'agit pas seulement d'un roman policier. Nous avons sous les yeux un livre fleuve, une véritable fresque historique, une description parfaite de la vie des colons britanniques – mais pas seulement – dans la Nouvelle-Zélande du XIX° siècle. C'est aussi un roman d'aventures, qui nous emmène sur les traces des chercheurs d'or, ainsi qu'une belle histoire d'amour entre deux êtres que tout sépare mais qui sont bien plus liés qu'on ne le penserait au premier abord. Enfin, c'est surtout un exercice d'écriture magistralement réussi, un projet ambitieux bâti autour de l'astrologie, qui tisse les liens entre les différents personnages, et d'une spirale, partant d'une partie très longue – près de la moitié du roman – et se terminant en chapitre très court, tenant sur moins de deux pages.

On plonge dans cette lecture sans vraiment savoir dans quoi on met les pieds et on en ressort sous le charme de l'auteur, de l'histoire et des personnages. Lire Les Luminaires est une aventure inoubliable que je ne peux que recommander à tous les lecteurs.
Commenter  J’apprécie          70
La communauté de chercheurs d'or d'Hokitika a été le théâtre d'événements plus qu'étranges ces derniers jours, entre la mort du solitaire Crosbie Wells, la tentative de suicide de la prostituée Anna Wetherell et la disparition du prospecteur à succès Emery Staines.

Trois mystères autour desquels se construit toute l'intrigue de The Luminaries au fil de ses 832 pages. Un vrai pavé donc, qui m'a malheureusement laissée sur ma faim. Je me suis trainée tout au long de ce livre, sans jamais vraiment trouver d'intérêt à cette intrigue qui tourne en rond. Toute la première partie m'a paru tirer en longueur. Une simple rencontre entre deux personnages prend plusieurs dizaines de pages, sans apporter d'éléments déterminants pour l'intrigue.

La deuxième partie s'accélère un peu, avec des chapitres de plus en plus courts, compensés par des têtes de chapitres de plus en plus explicites. Malheureusement, Eleanor Catton avait déjà perdu toute mon attention dans les 300 premières pages et les flashbacks de 1865 ne m'ont pas apporté suffisamment de rebondissements pour raviver mon intérêt au fil des 500 pages suivantes. Pire, malgré les 832 pages, de nombreux éléments de l'intrigue restent inexpliqués ou floues, ou alors simplement inutiles.

Non vraiment, je n'ai pas trouvé mon compte dans ce roman, ni dans le style, bon mais sans être exceptionnel, ni dans les personnages, intéressants mais pas inoubliables, ni dans la construction, originale mais au final plutôt inutile. Mon absence d'intérêt pour l'astrologie explique peut-être mon manque d'éblouissement pour la construction de The Luminaries, que j'ai trouvée au final ennuyante et beaucoup trop répétitive.

Si ce n'est l'ambiance de la ruée vers l'or en Nouvelles Zélande dans des petites villes où cohabitent aristocrates et crève-la-faim, prostituées, maoris et chinois, tous en quête du fameux métal, je ne retiendrai pas grand-chose de cette lecture et ne comprend pas vraiment comment il a obtenu le Booker Prize.

Une vraie déception pour un roman que j'ai trainé pendant presque quatre mois sans y trouver de plaisir.
Lien : http://unmomentpourlire.blog..
Commenter  J’apprécie          75
Paul Valery aurait dit que les meilleurs ouvrages sont ceux qui gardent leur secret le plus longtemps. A ce titre Les Luminaires font partie des champions, plus de 1000 pages pour nous promener dans une histoire passablement embrouillée.
Le lecteur devra faire bien des efforts : passer une cinquantaine de pages avant de s'habituer à un style travaillé mais lourd, à des acteurs peu attachants, à des références astronomiques et astrologiques obscures et à un dénouement puzzle qu'il devra faire l'effort de reconstituer.

Comme le système solaire n'a pas de planète primordiale, pas de héros mais des personnages qui interagissent en permanence, se rapprochent, s'éloignent et s'influencent. Plusieurs sont en miroir ou sont doubles, chacun raconte une vérité ou un mensonge.
Seul l'auteur omniscient peut nous prendre par la main et nous mener là où il veut, dans une reconstitution de l'univers des feuilletons du XIX ème dont on retrouve les ressorts : assassinat, escroquerie, liens familiaux, procès, coïncidences et quelques invraisemblances.

La Nouvelle Zélande sert de décor à l'époque d'une ruée vers l'or qui excite les appétits des revanchards de la société britannique.

Si l'histoire ne manque pas d'attraits, de mystère et tient en haleine, c'est la forme du livre qui est remarquable, par son mouvement circulaire (la course des planètes bien sûr) qui nous ramène à la source des évènements et à la solution, par l'accélération du rythme de la phrase et un découpage nerveux des chapitres.
C'est une très belle réussite formelle qui est peut être trop intellectualisée et trop cérébrale pour avoir le charme d'un Alexandre Dumas mais qui mérite vraiment de lui sacrifier quelques jours.
Commenter  J’apprécie          60
Le présent roman a valu à son autrice d'être la plus jeune lauréate, à ce jour, du très prestigieux Man Bboker Prize.

Sur fond de ruée vers l'or, pendant le dernier tiers du XIXème siècle, dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler le western, les Luminaires narrent la tentative de notables d'une petite ville de Nouvelle-Zélande, réunis en conclave, d'éclaircir des faits nébuleux par l'intermédiaire de leur connaissance respective et parcellaire des personnes et des événements, impliquant un jeune homme à la fortune prometteuse qui a disparu, une prostituée opiomane et un trésor qu'on a retrouvé chez un macchabée. Un fichu panier de crabes. 

Machine narrative de plus de 1200 pages (en Folio) , les Luminaires est un ébouriffant roman, constitué de récits qui s'emboîtent et se répondent dans un vaste puzzle qui prend l'aspect d'une fresque fort dépaysante s'affranchissant de toute linéarité chronologique. Faire montre d'un tel souffle et d'une telle maîtrise des techniques du récit chez une romancière de 28 ans relève du prodige. 
Commenter  J’apprécie          50
Je viens de terminer le formidable « Les luminaires » d'Eleanor Catton.
Comme toujours à la fin de la lecture d'un grand roman, une sensation de vide qui m'envahit, j'ai retardé les dernières pages parce que je savais que l'univers allait me manquer.
Je ne m'étais pas trompé.
Un roman fleuve (près de 1000 pages quand même!) une écriture précise, envoutante. Un peu comme « la disparition » de Perrec était un exercice basé sur la difficulté, difficulté ou plutôt contrainte, qui engendre la liberté, Eleanor a bâti son roman en suivant la course des planètes et des étoiles, style thème astrologique.
Je ne suis pourtant pas amateur d'astrologie !
Mille pages qui tiennent en haleine « an astrological murder mystery » (roman policier astrologique) comme elle le décrit. Polar, certes, mais à la sauce Victorienne, une écriture d'une virtuosité rare, contant le destin d'une vingtaine de personnages, pendant la ruée vers l'or des années 1860 en Nouvelle-Zélande. Tout au long de la lecture je pensais à Dickens (le Dickens qui m'a tant fait rêver dans mon adolescence) au Stevenson de « L'île au trésor », m'attendant à voir surgir à chaque page un pirate à la jambe de bois, à certains Conan Doyle et son Sherlock Holmes (pour l'époque à laquelle se situe le roman, certes, mais aussi pour le côté « élémentaire, mon cher Watson »), bref polar mais polar d'aventure tel qu'il s'écrivait au xixe siècle, mêlé d'une bonne dose de mystère. !
Mille pages de destins croisés, de petites touches qui font partie d'un immense puzzle haut en couleurs.
Une recherche esthétique aussi de la part d'Eleanor qui cherche à coller au plus près à l'époque à laquelle l'action se déroule, avec ses mots tombés en désuétude, ses tournures de phrase surannées mais si belles. Dans quel autre roman liriez-vous ces mots peu usités (voire même carrément inconnus) comme « réduire à quia », « stipendier », « impéritie », « entre le zist et le zest », « pertinacité », « apophtème », « écolâtre »...Au passage, coup de chapeau aussi à la traduction, excellente.
Mille pages dont on ne peut abandonner la lecture.
Ca peut faire peur, mille pages, mais si vous lisez ces lignes, je vous recommande vraiment de vous y plonger et de vous laisser porter, de vous laisser dévorer, vous aussi.

Un roman qui a valu à sa toute jeune auteure quelques prix prestigieux (et mérités) dont le fameux Man Booker Prize.

« Les luminaires » Eleanor Catton chez Buchet Chastel
3 juil. 2019 à 16:21
Commenter  J’apprécie          50
Disons le tout net : Les Luminaires est un grand livre. C'est aussi un objet littéraire absolument inclassable. Par sa construction extrêmement savante comme par le mélange des genres auquel il procède. Si vous êtes familier et amoureux de la littérature anglo-saxonne du XIXème vous y trouverez votre compte. Il y à la dedans du Dickens, du Stevenson, du Wilkie Collins mais aussi du Henry James et même un peu de Mrs Radcliffe. Tour a tour pastiche, polar, roman historique, roman d'aventure, récit initiatique, ce livre n'en finit plus de faire des tours et des detours sur lui-même. Ce qui vaut pour sa construction en entonnoir, chaque partie étant deux fois plus courte que la précédente, ce qui produit vers la fin un net sentiment d'accélération. En prenant un peu de distance, on pourrait même prétendre que ce livre contient à la fois sa construction et sa propre déconstruction. L'auteur a également fait tout un travail sur le Zodiaque, la position des planètes et les relations qui s'en déduisent entre les personnages, mais j'avoue être un peu passé à côté de cette subtilité. Au demeurant, ne pas rentrer dans ce jeu là n'est pas gênant pour la lecture.
La langue employée est par ailleurs superbe, très classique avec des trouvailles d'expression â chaque page. du moins dans les premières parties. Les deux cent dernières pages sont écrites un peu différemment.
Il vous faudra vous accrocher sur les 400 premières pages qui racontent les mêmes évènements du point de vue partiel et passablement embrouillé de chaque personnage. C'est comme une sorte de puzzle dont les pièces nous sont fournies petit à petit. Néanmoins on se retrouve vite avec plus d'informations que la plupart des protagonistes et on se prend à s'agacer de ce que les personnages ne s'avouent pas plus vite les secrets dont ils sont dépositaires. Cette première partie est aussi l'occasion de nombreuses incises qui permettent de connaître l'histoire et le caractère de chacun. On se retrouve à la fois passionné, ébloui, énervé par la lenteur du récit et un peu perdu. Heureusement une sorte de résumé récapitulatif est fourni vers la page 400 justement.
L'histoire proposée est il faut bien le préciser un tissu absolument invraisemblable de coïncidences que seul son dévoilement progressif rend digeste. Je soupçonne l'auteure d'y avoir mis une certaine ironie. Vous y trouverez donc un trésor qui change de mains et de forme, selon des modalités incroyables, des usurpations d'identité, des histoires de vengeance, de tricheries et de chantage, une disparition inquiétante, des tables tournantes, moult histoires de malles, dont une très ensanglantée, une apparition macabre et beaucoup d'autres choses encore. Tout celà, tout à fait réjouissant si l'on accepte le parti pris d'invraisemblance. Ajoutons que le récit fait de fréquents allers-retours entre présent et passé.
Les personnages, les caractères pour en user d'un anglicisme, sont merveilleusement posés et pour la plupart très attachants. Les deux ou trois méchants de l'histoire sont dickensiens en diable. La structure en accélération constante du récit fait cependant, qu'après les 400/500 premières pages, on perd un peu de vue certains d'entre eux, qui n'apparaissent plus que comme des ombres sur le fond du décor, et c'est presque dommage. Bien que j'ai lu ici que l'auteure avait essayé de se démarquer des stéréotypes des personnages féminins du roman du XIXème, il faut noter que ses deux héroïnes ne comptent pas parmi ses plus grandes réussites. Lydia Wells est un grand archétype de la femme vénéneuse et manipulatrice (d'ailleurs, elle est rousse c'est tout dire !) et Anna Wetherell est un personnage falot et un peu effacé, dont on peine à comprendre la fascination qu'elle exerce sur tout un chacun.
Voilà pour la lecture au premier degré.
Au second degré ce livre est une méditation assez subtile sur la destinée et/ou la prédestination, l'identité et ses méandres, les caprices de la chance et du hasard et leurs rapports avec le libre arbitre. Mais aussi sur ce qui fonde nos différences et nos différences de perception, la manière que nous avons de mêler en permanence les faits bruts et leur interprétation, et l'éloignement de nos semblables qui en découle. Beaucoup d'autres choses encore. Si vous êtes de ceux qui aiment à réfléchir sur leurs lectures une fois le livre posé et terminé, vous serez comblé.
Commenter  J’apprécie          50
Les luminaires, terme désignant le Soleil ou la Lune en astrologie : c'est sous les auspices du zodiaque que se déroule cette histoire de chercheurs d'or en Nouvelle-Zélande en 1865. L'écriture de Eleanor Catton, sensible, prude et nuancée, rappelant par moments celle de Charles Dickens ou de Wilkie Collins, se prête à merveille à un récit tout imprégné des vertus de l'époque victorienne. L'auteure tisse sa toile d'araignée autour d'une arnaque de haut niveau impliquant une série de personnages drôlement bien évoqués, dont les témoignages s'enchevêtrent et s'imbriquent jusqu'à ce qu'enfin compréhension survienne. Un roman qui se déguste lentement, si bien que c'est à la moitié du pavé que j'ai finalement été accrochée par l'intrigue. Patience donc pour une lecture qui le vaut. Petit bémol pour la traduction parfois douteuse : erreurs de conjugaison et d'orthographe en plus de termes inexistants (ex. : profanité p. 480; pertinacité p. 457; talons des deux mains p. 820).
Commenter  J’apprécie          40
Voici un roman étonnant, écrit par une jeune femme néo-zélandaise non moins étonnante puisqu'elle vient d'obtenir le Man Booker prize à l'âge de 28 ans, ce qui fait d'elle la plus jeune lauréate.
Il ne faut pas se laisse décourager par la longueur de l'histoire (près de 1000 p.), ni par les thèmes astrologiques qui ouvrent les chapitres, car c'est un vrai roman d'aventures avec de nombreux personnages complexes, des rebondissements, du mystère et même un meurtre.
Mais de quoi s'agit-il ? le sujet est la ruée vers l'or en Nouvelle-Zélande au milieu du XIXème siècle... sous forte influence astrologique. En effet, la structure du roman emprunte à l'astrologie :les douze personnages ayant peu ou prou à voir avec les évènements étranges qui se sont produits dans la ville de Hokitika correspondent par leur caractère aux douze signes du Zodiaque et la progression des évènements est régie par les horoscopes des jours clés de cette histoire.
Mais au delà de l'intrigue, des passions des hommes et des femmes, le roman ne pose-t-il pas la question du déterminisme et de la liberté , de l'intervention du hasard ?
Roman foisonnant, oeuvre talentueuse, innovante. Eleanor Catton n'est-elle pas née sous une bonne étoile ?
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (720) Voir plus



Quiz Voir plus

1 classique = 1 auteur (XIX° siècle)

La Chartreuse de Parme

Stendhal
Alfred de Vigny
Honoré de Balzac

21 questions
566 lecteurs ont répondu
Thèmes : classique , classique 19ème siècle , 19ème siècleCréer un quiz sur ce livre

{* *}