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Citations sur Les Ritals (55)

Quand tu ouvres la porte à la mémoire, tu sais jamais ce qu'elle va te livrer, ni quand ça va s'arrêter.
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Les Ritals trouvent très tordu très vicieux le système français pour compter l'argent. Ils n'arrivent jamais complètement à s'y faire, c'est pourquoi on les voit sortir leurs sous un un de leur porte-monnaie croûteux de ciment ( jamais directement du fond de la poche: l'argent, ça se respecte) et les examiner attentivement sur les deux faces avant de les poser à regret sur le zinc du bistrot. C'est à cause des sous et des francs.
Même aux gosses français il leur faut des années avant de s'en sortir. Tu comprends, il y a deux systèmes qui s'ignorent et qui s'entremêlent, faut savoir comment sauter de l'un à l'autre sans se mélanger les pieds, surtout savoir quand il faut sauter de l'un à l'autre. Je t'explique.
Il y a les francs, qui vont de dix en dix, un franc fait cent centimes. [...] Ca n'a pas l'air bien méchant, d'accord. Jusque-là. Mais attends, voilà les sous qui rappliquent. Les sous, ça n'existe pas. Interdit de compter en sous, d'afficher les prix en sous. Le mot "sou" n'est gravé sur aucune pièce de monnaie. Seulement, dans la vie, tout le monde n'emploie que les sous. Les sous vont de vingt en vingt, ils ont leurs façons à eux et si tu sais pas compter en sous à toute vitesse dans ta tête , et traduire aussitôt les prix en francs que tu lis en sous qu'on te cause, tu te fous dedans tu te fais baiser à tous les coups.
Un franc c'est vingt sous. Un sou c'est cinq centimes. Ca fait qu'un franc cinquante c'est trente sous, que quatre sous c'est vingt centimes, etc. Avec de l'habitude tu y arrives. Pareil pour les poids. La loi oblige les commerçants à annoncer les prix en kilos, fractions de kilo et multiples de kilo . Mais en fait on compte par livres, vieille unité parisienne qui, valant à peu près un demi-kilo, s'est confondue avec. Une livre égale cinq cent grammes. [...]
Mais imagine la paysanne ritale fraîche débarquée qui a lu sur l'ardoise que le kilogramme de patates vaut un franc trente et qui entend la maraîchère lui dire:" ça fait pas tout à fait les trois livres, je vais jusqu'à quarante sous?"
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C’est comme ça. Ta mémoire, tu crois la connaître, tu dis bon toutou, ça, fidèle et loyal serviteur... Tiens, fume ! Ta mémoire, c’est une bête étrangère et têtue que tu nourris dans ta tête, dans un coin, prête à servir, que tu crois ! Une vraie bourrique, oui. Qui n’en fait qu’à sa tête à elle. C’est elle qui choisit. Elle garde ce qu’elle veut, elle te sort ce qu’elle veut, quand elle veut.
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La crise. 1929 et la suite. Chômage. Quand le bâtiment va, tout va. Corollaire : quand tout va mal, le bâtiment est depuis longtemps au fond du trou.
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Il joint l'extrémité de ses doigts, doigt à doigt, signe qui ne trompe pas: il aime s'entendre parler.
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Tu prenais de la main gauche une pièce dans le chariot à ta gauche, te la mettais dans le machin, tu tournais, de la main droite, le truc pour serrer, tu embrayais la courroie, une petite roulette hargneuse avec des dents de requin se jetait sur la pièce d'acier, lui mordait la gueule dans un hurlement affreux, la limaille giclait, t'appuyais sur le levier jusqu'à ce que les dents féroces aient creusé la pièce bien à fond, là tu tirais en arrière, tu débrayais, tu desserrais, t'empoignais la pièce pour la balancer dans l'autre chariot, à ta droite, pas se gourer... Merde, ça brûle! Prends le chifon, eh, ducon! Les mecs se marraient.

(page 208)
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Maman […] est française, elle, elle ne vit pas à ciel ouvert sur la place publique, elle a bien trop de fierté pour ça.

(page 14)
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Les femmes, le dimanche, se mettent des choses noires, comme la semaine, mais plus neuves, pour aller « al cimitière ». Voilà.
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Les études m’emmerdaient. Ou plutôt, non, c’est pas exactement ça. Je m’étais mis dans le crâne qu’elles ne conduisaient qu’à des métiers qui rendent les hommes spécialement mous, faibles, moches, jaunâtres. Qu’elles faisaient d’eux des machins informes et pendouillants, gras du vide, lourds du cul, avec des bras flasques de vieilles. Des bureaucrates, pour tout dire.
[…]
[Après un passage à l’usine] J’avais du moins appris que les manuels sont aussi moches, aussi flasques, aussi cons, aussi esquintés que les instruits, avec en plus la gueule sale et des varices parce qu’ils restent debout sans bouger.
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Le vrai roi du guinche, la coqueluche, le mieux placé pour lever les frangines, c’est l’accordéon. Il étire son éventail en sanglots infinis, te balance le sentiment à la benne basculante, ça te prend au bide, à la gorge, ça te dégouline les vertèbres, te hérisse le poil tout du long. Réverbère et pavés mouillés, flaque de lumière sur coeur saignant, c’est gros, c’est facile, mais tu marches, merde, tu marches ! Des larmes plein les oeils. Les nanas ne se les retiennent pas. Elles chialent, pâmées, matent le mec au biniou, se donnent toutes. Il pourrait passer entre les tables et leur donner sa queue à sucer, elles l’attendraient bouche bée, comme elles attendent leur rondelle de petit Jésus à la messe, au lieu de latin il leur débiterait « Le Chaland qui passe », trois mesures à chacune…
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