Les romans d'inconnus débutants offrant ra
rement de bonnes surprises, c'est avec une attente mesurée que j'ai entamé ce roman de
Jean Cazalis.
A tort, car
REM (un
REM est une ligne de programmes en langage informatique ancien, qui sert d'annotation) présente à la fois, suffisamment d'originalité (un mélange de cynisme et d'humour, une sorte de détachement introspectif -si vous me pardonnez l'oxymore) et une écriture tenue. Ce livre a donc un style hybride, quelque part entre Desproges (pour le « mauvais » esprit et la pudeur des sentiments), Manchette (anthropologie mesurée), et
San-Antonio (pour le versant gaudriole et rapport à la mère).
Un exemple, avec cette description d'un espace de travail dans une entreprise de la Start Nation : « C'est un concept à l'américaine : pourquoi rentrer chez toi et te reposer en famille alors que ton bureau est tellement sympa ? Allez, reste, on est entre potes, et en plus y a des graines à manger, ça va être un peu la fête ! Regarde, Jérôme, il reste, lui. D'ailleurs, on dit que le boss penserait à lui pour devenir responsable du secteur ouest. C'est mérité, il est tellement sympa Jérôme. Tu es sûr que tu dois rentrer ? »
L'histoire en elle-même (un informaticien à la vie insipide se retrouve plongé dans une intrigue policière suite à une découverte inattendue au coeur d'un vieux programme) sans être d'une originalité ébouriffante n'est pas inintéressante et elle est plutôt bien conduite.
Évidemment, tout n'est pas parfait encore.
L'auteur a choisi un style qui demande une extrême précision car la frontière entre humour et pesanteur est ténue et ça penche parfois du mauvais côté.
De même, j'ai ressenti de rares longueurs (le rappel dans le détail par Rodriguez à son ami de ce qui s'est passé auparavant là où selon moi, une phrase du style « Max raconta donc à son ami… » aurait suffi) ou quelques éléments superflus et quelques coquilles.
Mais au final, ce roman de débutant offre de belles perspectives et si Hélios ne le grille pas, une carrière d'écrivain est à portée.
Et entre nous, quelqu'un qui cite Deep Purple, Manchette…et avance qu'il « joue moins bien que
Jean Reno, c'est dire."…ne peut pas être entiè
rement mauvais.