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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pourquoi ce livre ? Céline s'explique d'entrée : son éditeur lui a demandé d'être un peu plus visible et de s'occuper un peu mieux de sa promotion. S'estimant trop laid pour passer à la télévision, et sa voix peu agréable, il ne lui reste plus qu'à passer par une «interviouwe». Il choisit pour la réaliser le professeur Y, qui lui est «tout à fait hostile». Céline demandera à plusieurs reprises le nombre de pages déjà écrites, pour ne pas prolonger la besogne trop longtemps.

Il défend ses oeuvres tout au long du récit. Les personnes qui ont visionné les dernières interviews qu'il a donné reconnaîtront les thèmes : Céline affirme avoir créé un nouveau style et avoir réussi à redonner l'émotion au langage écrit. Il considère l'ensemble des écrivains et des artistes en général comme des plagiaires, tout juste bons à copier les génies, à se copier l'un l'autre et à s'offrir mutuellement des Goncourt ou d'autres récompenses du même genre.

Il est difficile de savoir jusqu'à quel point il est sérieux dans ses affirmations, puisqu'il se moque de son éditeur, de lui-même, et que le livre finit de manière tout à fait burlesque, avec un professeur Y qui a complètement disjoncté, ce qui oblige le duo à parcourir la moitié de Paris sous les froncements de sourcils de la foule.

Le livre est savoureux quand on apprécie Céline. Dans le cas contraire, on le trouvera sans doute ennuyeux.
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Très curieuse quant à ce polémique auteur qu'est Céline, dont je n'ose attaquer l'une des oeuvres majeures par peur de ne pouvoir lui consacrer assez d'attention pour le moment, je me rabats sur ces écrits plus modestes.
Après avoir lu Casse-pipe, que j'avais d'ailleurs peu apprécié, je tente à nouveau une approche avec ce court essai (une centaine de pages) qui met en scène Céline lui-même et son entourage au sein de la maison Gallimard : Gaston, quelques personnages secondaires, et surtout le fameux professeur Y, engagé pour une interview dont le but est de redonner un souffle à Céline à travers la presse.
Le pauvre journaliste n'y survivra pas...Harangué par un Céline survolté, scandalisé, imbu de lui-même et de son style, il ne peut que placer quelques rares phrases, qui ne servent d'ailleurs en aucun cas le récit, montrant que son seul rôle est de consigner les dires de l'auteur.

Attaquant sur tous les fronts, Céline renie les auteurs de son siècle, ses lecteurs, ses critiques, son éditeur même, dont il tire un portrait peu flatteur. Uniquement préoccupé par le nombre de pages qu'il parvient à faire écrire au pauvre hère qui tremble devant lui, Céline en rajoute, allonge son argumentation, la répète afin de se faire comprendre, combat qu'il sait perdu d'avance. Sa véhémence et son agressivité auront raison du professeur Y, qui sombre dans la démence la plus profonde...

On comprend peut-être mieux dans cet essai à quoi pouvait ressembler la verve de Céline, et sa haine pour tout ce qui l'entourait...Son style des points de suspension, qui m'avait gênée dans la lecture de Casse Pipe, est ici expliqué et redéfini afin qu'on en comprenne mieux l'usage...Explication nullement nécessaire, puisque dans Entretiens avec le professeur Y, ils prennent leur place dans la pression croissante que subit le journaliste, et le lecteur en même temps que lui.
La tension s'accumule, et ne redescend que longtemps après avoir refermé le bouquin, qui m'a fait l'effet d'un ouragan.

Une expérience de lecture enivrante, destinée à quiconque s'intéresse au personnage de Céline ou même à l'édition et à l'actualité littéraire de l'époque.
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C'est le manifeste du style Célinien, la grille de lecture du « langage parlé dans l'écrit », une sorte de manuel de la désobligeance de L.F Céline, une nouvelle provocation... tout ça à la fois.

Écrit dans le contexte de son retour au Danemark, ce livre s'adresse à tous les journalistes curieux de l'époque. Céline n'a pas encore publié « D'un château, l'autre » ; il s'agit d'une mise en appétit pour l'éditeur (Gallimard), et les futurs lecteurs de la trilogie Allemande.
On peut lire entre les lignes qu'il fût écrit à la demande de Gallimard pour — en quelques sortes — relancer la machine célinienne.
C'est aussi l'époque où l'auteur « s'inflige » des interviews pour se faire de la publicité ; Céline avouera lui-même plus tard qu'il fut à court de trésorerie, et que les publications de son retour en France trouvaient des motivations financières.

Loin de lui l'idée de faire son « Méa Culpa », il veut au contraire, défendre ses pensées et ses écrits. Il ne se positionne donc pas en tant que défenseur, il revêt même l'habit de l'accusation. Il reproche aux lecteurs leur médiocrité intellectuelle, leur vénalité aux éditeurs, l'incompréhension de la presse. Il crache son fiel acide sur tout ce qui bouge ; et ces considérations feront totalement corps avec son oeuvre à venir ; les provocations seront partie intégrante de l'écrivain, blessé dans son orgueil.

Dans la forme, Céline privilégie la métaphore continuelle pour parler de sa façon d'écrire : « ma petite musique », « les rails du métro, sur lesquels le lecteur est embarqué » ; il se compare aux peintres impressionnistes, il fait certaines approximations avec la littérature pour se placer comme un martyr avant-gardiste.

Désormais, comme dans le reste de son oeuvre à venir, il place des références à ses publications passées ; et cela renforce le sentiment d'attachement que l'on éprouve pour ce qu'il écrit.
Ce livre me mène d'ailleurs à penser, que l'on ne peut pas lire Céline sans se dispenser des affects qui gravitent autour de son auteur et de l'oeuvre ; ils sont indissociables ; de son aveu-même : son oeuvre est émotive. Alors, au delà-même des polémiques, il faut considérer que c'est une peine nécessaire à s'infliger lorsqu'on s'y plonge.

Henri Godard dit de Céline qu'il le considère comme un meilleur pamphlétaire que romancier. Je l'ai trouvé, en effet, très convaincant, notamment grâce à son talent de vulgarisateur.
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Céline invente une interview de lui-même réalisée par un personnage loufoque, grabataire et hostile, d'abord présenté comme le Professeur Y, puis qui devient finalement colonel... En fait d'interview, c'est le personnage de Céline qui mène la danse, dans son plus pur style, faisant les questions et les réponses. Et, aspect singulier, au cours de cet entretien Céline donne les clés de ce style, « son invention » : l'impressionnisme littéraire, le livre émotif, dont il estime — à juste titre ? — être le pionnier. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce court ouvrage que je recommande aux amateurs de l'oeuvre de Céline.
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Du pur Céline ! Un entretien imaginaire pour affirmer et magnifier son propre génie littéraire. Loufoque à souhait, drôle aussi, une sorte de pantalonnade où il règle ses comptes avec ses contemporains, tous plus nuls l'un que l'autre.
C'est toujours assez difficile à entrer dedans, car le style, extrêmement haché, constitué de phrases très courtes, souvent sans verbe, et d'une succession de points d'exclamation et de trois petits points rend la lecture parfois obscure. Il faut s'accrocher un moment avant de s'y habituer. Après, une fois l'acclimatation réussie (ou pas), ça roule tout seul.
Il se vante d'avoir introduit l'émotion dans l'écrit. Je ne suis pas sûr, comme il l'affirme, qu'il soit le seul...
On sent cependant en arrière plan beaucoup d'aigreur de n'être pas reconnu pour ce qu'il croit être : l'unique, l'incomparable Céline.
Amusant. Un peu triste aussi. Mais on doit reconnaître que Céline a introduit en littérature un style vraiment singulier, souvent copié comme il le dit lui-même. Il serait heureux de savoir qu'il est finalement entré dans le panthéon des grands écrivains.
Je ne suis pas spécialement fan, mais il faut reconnaître que c'est un écrivain remarquable qui ne laisse pas indifférent.
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