Ce fut véritablement un
voyage au bout de la nuit pour terminer cette oeuvre.
Une expérience, qu'il faut faire une fois dans sa vie, et qui ne se fera qu'une fois.
Un récit à tendance autobiographique racontant les périples de Ferdinand, à travers plusieurs continents, expériences de vies et rencontres. Dit comme ça, cela semble gentillet. Mais la particularité de ce roman, c'est son écriture, sa manière propre de poser les choses, les personnages, l'histoire.
Une écriture crue, franche, vulgaire et brillante à la fois. Pas de faux-semblants, la vérité de Ferdinand est livrée telle quelle dans toute sa laideur, sa lâcheté et son brin de naïveté cruelle. L'écriture ne m'a pas rebuté, j'ai trouvé
le style très intéressant à lire, beaucoup de passages sont marquants, particulièrement concernant la
guerre, la mort et la cruauté humaine.
Nous pouvons diviser le récit en plusieurs parties, et chacune a sa propre atmosphère et récit. Nous débutons avec la
guerre enveloppée dans un brouillard obscur, puis vient l'aventure dans une Afrique colonisée alourdie par une fièvre lente. Ferdinand découvre par la suite l'Amérique, le rythme s'accélère au rythme d'une vie endiablée et faite de démesures, d'extrêmes et d'individualisme. Enfin, le retour à Paris, auprès des pauvres et des fous. L'humanité percera-t-elle ? Même si les parties sont très différentes, le récit m'a paru souvent long et lent, des thèmes, des avis redondants, une histoire peu rythmée, particulièrement dans les deux premières parties. Par la suite, le récit est mieux cadencé et intéressant, au fil des rencontres que Ferdinand fait et dirige sa trajectoire de vie. J'ai d'ailleurs bien aimé la dernière partie, le ton change, la dynamique des relations de Ferdinand change aussi, et mon expérience de lecture également.
Le récit est sombre, noir, il met en avant les plus grands travers de l'homme, de ses fourberies, de ses diableries. Il est pessimiste, à l'image de son protagoniste. Ferdinand, le lâche, l'anti-tout, l'antipathique, l'égoïste. Même pendant certains moments où l'on pense qu'il a pris de l'humanité, il retombe dans ses travers. L'humain ne change pas au fond de lui. Quelques parcelles d'humanités, des petits rayons transpercent le récit malgré tout, caractérisé par certains personnages : Alcide, Molly, qui viennent adoucir Ferdinand et la vision de sa vie.
Au final,
Voyage au bout de la nuit est un roman qui marque, de quelques façons qu'elles soient, par son écriture, son protagoniste, sa vision. Je n'ai pas détesté, au contraire, j'en viens à m'en souvenir de manière positive, presque avec nostalgie. Sûrement dû aux conditions de lecture. Il faut prendre son temps face à cette lecture, la déguster, en parler et la partager avec d'autres personnes. Ce n'est pas un récit que l'on peut gober en une soirée, au risque d'en être écoeuré.