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Novembre
Recueil de ...

Nostalgie


Avoir été : qui lit Cesbron aujourd'hui ?


J'ai en son temps mentionné cette bibliothèque à l'étage chez mes parents dont j'avais extirpé de leur torpeur : La mère, le vieil homme et la mer, Un jour ... Je n'ai pas eu cette fois à faire coulisser les portes de verre. Tous les livres sont éparpillés sur le sol de mon ancienne chambre. Il a bien fallu ce lundi 30 août tôt matin, deux jours après qu'ils eussent fêté leur anniversaire de 65 ans de mariage, vider en urgence cette armoire pour évacuer sur une civière maman après sa triple fracture au fémur. le 16 novembre papa nous annonçait vouloir dès le lendemain la rejoindre au home. C'est finalement ce mercredi 24 que son transfert a pu avoir lieu. Ainsi ai-je ramassé parmi les gisants Avoir été, Gilbert Cesbron avait été un de leurs auteurs favoris.


Puis j'ai fermé leur porte. C'est de cette vieillesse ennemie, de cette porte que l'on ferme... Un jour... Après une brève parenthèse dans la lumière, d'être passé dans le temps et d'avoir fait le sien, c'est, après les anciens faits d'armes tant ressassés, de la tendresse qui n'a pas de mots, du mur de pudeur dans lequel on finit par s'enfermer, de la tranchée que l'on creuse pour le dernier combat, bref c'est de cette porte que l'on ne saurait résumer que parle ce livre en toute humanité. Oui, à lire de leur vivant.


Heureusement les arbres !
Les arbres nous entourent et ...
nous entoureront.

Heureusement les arbres
Nous aident à hêtre
Et à voir l'été

Les arbres m'occupent tant
J'en perds mes feuilles
Et l'obsession du temps
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En juillet 1944, alors que les combats de la Libération font rage, Patrick, un petit garçon, échappe aux bombardements et fuit son orphelinat. Il s'embarque dans un camion allemand mais au lieu d'arriver à Paris avec les Américains, il se retrouve au Plessis Belle-Isle, avec l'ennemi. C'est là qu'il va être recueilli par Kléber Demartin, un ancien Poilu.

Veuf et sans enfant. Kléber est un homme aigri et boudeur. Cette rencontre va le transformer, le déstabiliser. Jusqu'à le faire souffrir. de son côté, le jeune Patrick va trouver l'amour paternel dont il avait besoin pour se construire mais aussi se confronter à une vision dépassée et traditionaliste qu'il va parfois rejeter.

Petit garçon et vieil homme vont devoir s'apprivoiser dans un monde en pleine mutation. Et, si l'amour est bien présent, le dialogue est parfois difficile entre ces deux visions du monde.

J'ai beaucoup aimé ce roman. On suit ces deux personnages qui ont besoin l'un de l'autre sans savoir trop comment l'exprimer, maladroits dans la tendresse, rigides dans leurs sentiments.
Avoir été, c'est une vision assez pessimiste (réaliste?) du passage du temps. le temps qui transforme les héros en pantins ridicules, qui rend fragiles les idéaux, qui noircit les paysages et fait pleurer les Hommes.
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Histoire touchante,qui m a beaucoup émue.
J ai été touchée par le souvenir de la première guerre mondiale,par les récits de la seconde guerre qui a éclipsé la première ainsi que ses valeureux soldats.
J ai aimé glissé entre ce nouveau monde qui se crée à travers le garçon et la réaction du vieux qui n accepte pas d entrer dans ce monde qui n est pas son monde.
Ce qui m a le plus bouleversée,ce sont les non dits qui font des ravages et des dégâts. Qui empêchent les hommes d être tout simplement heureux.
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Certains romanciers sont dans la fiction pure et simple. D'autres combinent les histoires romanesques avec un regard de témoin sur le monde qui les entoure. Gilbert Cesbron est de ces derniers : les histoires qu'il nous raconte sont ancrées dans la réalité. Il peut y avoir de la poésie chez Gilbert Cesbron, il peut y avoir du rêve ou de la féérie (pas souvent mais ça peut arriver, surtout avec les enfants), mais il n'y aura jamais de tricherie : les situations qu'il décrit, les personnages qu'il peint, ont leurs modèles dans la vraie vie. On a dit de ce grand écrivain qu'il s'attaquait à de grands thèmes de société : le cancer, le mal-être des ados, l'enfance délinquante, le racisme, etc. Mais non, c'est tout le contraire : Cesbron n'écrit pas sur des « thèmes », il écrit sur des « gens », malades, vieux, condamnés par la justice ou la société, rejetés parce que ceci, ou cela ou encore cela… Ces gens ont existé et à travers eux, l'auteur aborde avec intelligence, pudeur et souvent compassion, ces maux de notre époque (de la sienne, en fait, mais s'il vivait aujourd'hui il aurait encore du grain à moudre). Alors oui, Gilbert Cesbron est bien témoin de ce siècle qui « appelle au secours » pour citer un de ses essais. Un témoin actif qui appelle au réveil des consciences.
« Avoir été » (1960) est un des romans les plus percutants de Gilbert Cesbron. le titre, cet infinitif passé, indique clairement le sujet ; non pas le temps qui passe, mais le temps passé, ou plus exactement, la constatation que le temps a passé. On dit que la vieillesse est un naufrage. le naufrage n'est pas tant la décrépitude, l'âge, la maladie, la perte des repères, tout ça au bout du compte fait partie d'une certaine logique, (aussi inacceptable que l'inéluctable ou la mort, je vous l'accorde), le naufrage, c'est quand on se rend compte qu'on a été, qu'on a vécu, et qu'on n'a pas rempli son contrat avec la vie comme on aurait voulu, ou comme on aurait dû. Oh je sais, il y a des vieillards heureux, ou qui se disent tels, mais ce ne sont pas eux les naufragés.
Kléber vit au quotidien cette situation : il a vécu et bien vécu, il a assumé sa vie et n'a rien à se reprocher, bien au contraire puisqu'il a recueilli Patrick, orphelin de guerre (la seconde, Kléber, lui c'était la première) mais face à l'appétit de vie du gamin, il est désemparé, il n'a pas les mêmes cartes, il n'a plus de « répondant ». Avant, dans le temps d'avant, il savait gérer, maintenant il ne sait plus, tout a changé : le jeu, les cartes et les joueurs. Et puis on ne peut pas se contenter d'accepter sans rien dire, on est obligé de se poser la question « Qu'est-ce que j'ai raté ? »
La même histoire, racontée aujourd'hui, devrait prendre en compte, en plus du drame intime de la vieillesse, (même dans un environnement favorable), et en plus du conflit des générations, la maladie, cette mort lente qu'on appelle Alzheimer, qui détruit le malade et use de façon pernicieuse et inéluctable toute la bonne volonté, toute l'abnégation et tout l'amour des accompagnants. Chacun de nous de près ou de loin a été ou sera un jour confronté à ce problème. Si Gilbert Cesbron avait vécu, il est certain qu'il aurait fait de ce sujet un roman majeur, une pièce de théâtre bouleversante, un essai porteur de questions…
Cesbron n'est pas un auteur drôle, ses romans ont toujours une part de tragique : nous l'avons dit, Cesbron est un témoin et le monde autour de nous est tragique, non seulement dans le présent mais dans l'avenir que nous nous préparons, et que d'une certaine façon, nous aurons mérité. Mais Gilbert Cesbron en même temps est un auteur infiniment attachant, parce que bon et compatissant, bien sûr, et aussi parce que porteur d'espérance. En plus c'est un merveilleux écrivain au ton familier et direct qui s'adresse directement au coeur du lecteur autant qu'à son esprit. Et ce n'est pas donné à tout le monde !

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La transmission, la vieillesse, la solitude. le passé avec lequel il faut négocier. Et l'avenir, qui apparaît de plus en plus virtuel avec les années qui s'ajoutent aux années.....

Un livre sur le temps qui passe, les occasions manquées, qui ne se représenteront plus....

D'ailleurs, l'auteur tient pour les mots les plus tragiques de la langue française l'expression "Jamais plus..."

Jamais vraiment triste... Juste mélancolique. D'une mélancolie qui transperce l'âme. Un livre d'automne. Juste avant l'hiver. A l'heure où le regard se porte sur ce qui a été fait, avec acuité, mais non sans douceur. Cette douceur sans laquelle il ne serait plus possible d'aller de l'avant. Pour vivre ce qui peut encore l'être.

Je plaindrais sincèrement les lecteurs qui resteraient de marbre devant ce monument d'humanité, si injustement méconnu.
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Gilbert Cesbron ancre toujours ss recits dans la realite en leur donnant un peu de romantisme, ici tout semble vrai et j'ai eu presque l'impression de lire un reportage sur l'epoque.Nombre de livres ont ete ecrits sur cette periode mais celuici est vraiment reussi et merite le detour.Emotion,justesse,tout y est et cree une vraie réussite litteraire.
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Entre la solitude des personnes âgées en temps de Covid et les inondations qui ont sinistré ma famille, je me demande si c'était le bon moment pour moi de lire ce roman.
Il est d'une tristesse !
J'ai découvert l'auteur durant mon adolescence. J'avais lu "Chiens perdus sans collier" ainsi que "C'est Mozart qu'on assassine" et j'avais adoré ces deux romans.
Gilbert Cesbron a le sens du mot juste pour décrire une sensation.
Dans Avoir été, il nous raconte l'histoire d'un ancien combattant de la Grande Guerre qui s'attache à un jeune enfant orphelin de la Seconde Guerre. On suit l'évolution de leur histoire et tout ce qui, peu à peu, les sépare. C'est triste mais tellement bien écrit.
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Formidable ouvrage qui m'a beaucoup marqué à l'adolescence. Un classique !
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Très touchant. Cesbron pour moi anticipe des écrivains comme Romain Gary dans la Vie devant soi, par exemple.
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Très beau roman de Cesbron dans lequel le grand âge côtoie le plus jeune dans une atmosphère mélancolique où les souvenirs de guerre ont une grande importance pour le héros et, donc, une exploration permanente du passé tout en acceptant l'avenir, quel qu'il soit, même limité. Belle analyse de la fuite du temps qui emporte absolument tout, j'y trouve un certain parallèle avec la célèbre chanson de Léo Ferré.
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