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sur 2162 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Sorj Chalandon revient une fois de plus sur son père, celui de Profession du père, ce père insaisissable, menteur, bonimenteur qui laisse à chaque fois son fils encore plus déstabilisé.

Alors qu'il est accrédité par son journal pour suivre le procès Barbie à Lyon en 1987, Sorj Chalandon réussit à obtenir le casier judiciaire de son père durant la guerre, espérant cette fois comprendre et qui sait pardonner…

Chalandon, fils de ?, ce point d'interrogation qui le hante depuis tant d'années.

Dans la salle d'audience, son père assiste aux débats, observé par le fils et son précieux dossier dont le père ignore l'existence.
Le fils parviendra t-il à obtenir la vérité de la bouche de son père ? le père sortira t-il de ses silences, de ses récits abracadabrantesques ?

Le père est-il seulement un menteur en manque de reconnaissance, un imposteur ou bien le mal est-il plus profond, un trouble de la personnalité, une folie masquée ?

Le père de Chalandon n'aura-t-il finalement été qu'un mythomane, qui s'est enfermé dans un embrouillamini d'histoires invraisemblables et qui n'a jamais eu la capacité de se regarder en face ?

L'écriture de Sorj Chanlandon est parfaite, précise, elle fait mouche, l'émotion affleure à chaque page et l'incompréhension grandit.

Qu'est-ce qui fait le plus mal au fils : l'histoire réelle de la vie de son père qu'il découvre ou bien l'incapacité de celui-ci à dire la vérité, ses multiples trahisons ?

Mon avis est ponctué de points d'interrogation car la lectrice que je suis modestement n'a pas non plus réussi à percer le secret du père. Cette absence de réponse laissera l'auteur encore plus désarmé.

« Jamais vous ne m'aurez » clame le père à la fin du livre, peut-être aurait-il été plus judicieux qu'il crie « jamais vous ne saurez, encore moins toi mon fils ».

Un texte fort et émouvant, une confrontation douloureuse entre un père et un fils où le pardon ne trouvera pas sa place.

Lu dans le cadre du Prix Landerneau 2021

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Après "Profession du père", Sorj Chalendon, avec ce livre "Enfant de salaud" revient sur son père, personnage sulfureux et détestable. Mais il n'en est pas de même pour l'auteur, qui malgré les mauvaises actions et les mensonges, continue à aimer ce père. L'amour filial fait parti de l'homme et ne peut être occulté d'un revers de main.
Avec tout son talent, Sorj Chalendon réussit à nous faire comprendre cette souffrance, à laquelle il souhaiterait tant mettre un terme.
Cette histoire familiale racontée sous forme de roman, lui permet de prendre quelques libertés, découvertes en écoutant un entretien de l'auteur. J'ai été tout particulièrement surpris d'apprendre que l'auteur avait un frère, inexistant dans les deux romans. Personnellement, cela m'interpelle et me perturbe un peu dans la compréhension de cette histoire. Mais cela est très certainement voulu !
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Dans ce roman, on suit le procès de Klaus Barbie à travers les yeux du narrateur, journaliste. En parallèle, il nous relate une partie de sa relation avec son père, auprès duquel il cherche la vérité : quel a été son rôle pendant la guerre ? Longtemps, il a cru qu'il faisait partie de la résistance, jusqu'au jour où son grand-père lui avoue : "Ton père portait l'uniforme Allemand, tu es un enfant de salaud !"

C'est un roman que je suis contente d'avoir découvert avec le #prixlanderneau2021 car je ne pense pas que je l'aurai lu sinon. C'était une lecture très intéressante, avec beaucoup de parallèle entre L Histoire avec un grand H et celle de l'auteur. de nombreux sentiments sont mis en avant : l'amour, l'abandon, la déception... On y parle mythomanie, manipulation, mensonge... On est plongé dans l'horreur de la guerre et des atrocités commises, mais aussi dans les tréfonds d'une famille brisée.
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1ère phrase : C'est là

L'histoire : le narrateur est journaliste et chargé de couvrir le procès de Klaus Barbie en 1987. Il est aussi le fils de son père, fil de salaud selon son grand père qui l'a aperçu en uniforme allemand lors de la seconde guerre mondiale. le père affabule, le fils veut connaître la vérité. Père et fils se retrouvent au procès de Barbie, dernière occasion pour eux de retrouver le lien filial.

Mon avis : Petite et grande histoire s'entremêlent dans ce roman. La quête de la vérité est au coeur de ce roman. La vérité enfin dite aux victimes du bourreau et la vérité sur l'histoire de ce père, grand affabulateur, violent, petit. L'écriture oscille entre écriture journalistique (l'auteur a du être présent au procès de Barbie) et écriture romanesque (sans que l'on connaisse la part autobiographique du récit). Un roman très habile qui embarque le lecteur dans l'Histoire et la décline à hauteur d'un homme et de sa recherche de vérité.
J'avais lu « Une joie féroce » du même auteur, on est clairement dans un autre registre qui montre les talents variés de cet écrivain dont j'ai hâte de découvrir le reste de l'oeuvre
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« Je charriais ta vie de gravats et je voulais de l'aide. Tu ne pouvais pas me laisser seul avec ton histoire. Elle était trop lourde à porter pour un fils. »

1987. Lyon. Procès de Klaus Barbie. le journaliste Sorj Chalandon doit le couvrir pour le Canard Enchainé. le devoir de mémoire des audiences de l'ancien officier de police SS se croisent alors aux mémoires versatiles du père du chroniqueur judiciaire.

Il enquêtera sur ce père menteur, affabulateur qui se présentait tout à la fois comme résistant, espion, collabo. Mais qui était surtout un déserteur, un « contorsionniste de concours » qui a fait la « guerre buissonnière ».

Le journaliste essaiera, documents à l'appui, d'extraire la vérité de ce père, bon à rien, qui s'était construit une vie sur un piédestal construit d'impostures « qui avaient de la gueule » emboitées au fil du temps dans le but d'éblouir ses proches, à commencer par son fils.

On suit la déchéance de ce mythomane confronté à son fils dans ce récit remarquable et quelque peu étouffant, où les ignominies des minutes du procès se disputent aux postures du père du journaliste.
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Si le titre Enfant de salaud m'a interpelée, c'est surtout le résumé qui m'a donné envie de découvrir ce roman de Sorj Chalandon. Et si on peut ajouter qu'il est lu par Féodor Atkine, cela promettait un excellent moment d'écoute.

Dans Enfant de salaud, le narrateur mêle le récit du procès de Klaus Barbie, à celui qu'il fait lui-même envers son père. Si le procès de Klaus Barbie est intéressant uniquement dans les détails de son déroulé (car on sait tous comment il finit, le procès ayant été très médiatisé), j'ai pris plaisir de suivre la plongée dans la vie du père du narrateur. Ce père qui a vécu tant de choses, tant de vies pendant la seconde guerre mondiale. Mais est-ce que tout cela est vrai ? Où se trouve la vérité, les affabulations ?

Le récit de Enfant de salaud m'avait déjà conquise mais il a une saveur particulière quand on sait que l'auteur, Sorj Chalandon, s'est inspiré de sa propre vie, son père étant un affabulateur professionnel. D'ailleurs l'entretien à la suite du livre audio détaille la genèse de ce roman et le besoin de l'auteur (et de ce fait de son narrateur) de connaître la vérité.

Au-delà du simple récit de la vie d'un homme et du procès d'un nazi, Enfant de salaud c'est aussi une immersion dans la Seconde Guerre mondiale et dans ses horreurs. Entre Klaus Barbie qui rabaisse les victimes en niant leurs droits à avoir un procès, les témoignages de Résistants, de déportés qui restent dignes en racontant l'enfer, nous alternons entre ce que l'Homme fait de pire mais aussi les lueurs d'espoir et d'humanité.

Quant à la voix du lecteur, ce n'est pas une surprise, j'ai été portée par celle-ci. La voix rauque et éraillée de Féodor Atkine colle parfaitement au récit et aux personnages. Il incarne à merveille la peine et la colère d'un fils pour tenter de mettre en lumière qui est son père.

Enfant de salaud est un roman qui mêle l'Histoire de la Seconde Guerre Mondiale et l'histoire d'un fils qui cherche juste à connaître réellement son père. La plume de Sorj Chalandon captive du début à la fin. Je recommande.
Lien : https://desplumesetdeslivres..
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Ce roman raconte en parallèle l'histoire de deux procès, celui de Klaus Barbie et celui du père de Sorj Chalandon. Il n'y a pas besoin de présenter Klaus Barbie, surnommé le “Boucher de Lyon”, qui a été jugé et condamné à perpétuité pour crime contre l'humanité à Lyon en 1987. le père de Sorj Chalandon, nous en avons fait la connaissance dans “Profession du père”, un homme décrit comme violent et mythomane. Depuis que le grand-père de Sorj Chalandon lui a dit qu'il était un “enfant de salaud”, il aimerait savoir. Qu'a donc fait son père durant l'occupation. Il lui a raconté tant de choses, qu'il était dans la division Charlemagne, qu'il a combattu en Pologne, que les marques qu'il a dans le dos sont des blessures de guerre. Mais, voilà, le fils a en main le dossier judiciaire de son père… qui raconte une toute autre vérité. C'est l'histoire désespérée d'un fils qui voudrait juste connaître cette vérité pour pouvoir la pardonner. C'est une histoire très élégamment écrite et très touchante. Cette quête d'un enfant qui, à passé 30 ans, cherche encore l'approbation de son père.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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"Enfant de salaud"...
Cette terrible phrase, prononcée par son grand-père quand il avait dix an, a très longtemps hanté l'auteur.
Elle correspondait si peu à l'image que son père voulait donner de lui, celle d'un résistant de la première heure.
Ce père est à la fois le sien et le personnage de fiction de ce roman (quelques éclaircissements dans la dernière page).
Le parallèle entre le procès de Klaus Barbie qu'il couvre pour le journal Libération et sa découverte du passé de son père, du procès de celui-ci au sortir de la guerre me semble une bonne approche (un salaud XXL et un salaud XXS, mais salauds tous les deux).
Par contre, ne sachant pas en cours de lecture ce qui relevait ou non de la fiction, j'ai été étonnée qu'il implique nommément un ami archiviste dans ses recherches, les documents étant couverts par le secret pendant 100 ans.
J'ai également été partagée entre mon mépris, mon exaspération envers le père et ma compréhension du désarroi de l'auteur, prêt à pardonner, pourvu que la vérité soit dite et assumée.
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Page Facebook: Pascale Bookine
Blog: pascalebookine.eklablog.com

« J'espérais qu'un jour ce lieu serait sanctifié. le procès de Klaus Barbie aiderait à ramener la Maison en pleine lumière. Mais j'avais peur qu'il ne reste rien de ce froid, de ce silence, de cette odeur ancienne. Rien des bureaux, rien de la pomme tracée sur une ardoise, rien de l'amour de Paulette et Théo, rien des enfants vivants, à part un mémorial célébrant leur martyre. Une nécropole élevée à leurs rires absents. » ****

Cette Maison est celle des enfants d'Izieu, une colonie dans laquelle 44 enfants juifs avaient trouvé refuge avant d'être déportés au terme d'une rafle tristement célèbre. Sojr Chalandon vient se recueillir sur les lieux de cette tragédie qui le touche particulièrement pour des raisons à la fois professionnelles et personnelles. En tant que journaliste, il est chargé de suivre le procès de Klaus Barbie qui s'ouvre à Lyon en 1987. En tant que fils, il est hanté par une phrase prononcée par son grand-père : tu es un enfant de salaud.

Le roman s'articule dès lors autour de ces deux axes : d'une part, le procès Barbie à travers les yeux du journaliste et d'autre part, l'enquête menée par le fils pour tenter de comprendre le père et ce qui a pu le pousser à porter l'uniforme allemand.

J'avoue que je n'ai pas tout compris de cette enquête, tant la vie du père de l'auteur pendant la guerre a été tortueuse, au gré de ses enrôlements sous différents uniformes, et que l'intérêt de cette partie réside essentiellement, pour moi, dans la relation complexe d'un enfant face à un père qu'il ne comprend pas. Les passages relatifs au procès du Boucher de Lyon m'ont davantage émue, révoltée et intéressée. Emue par les témoignages des survivants, leurs frêles silhouettes à la barre, leurs détails insoutenables, révoltée par le cynisme de l'accusé, intéressée par le côté historique d'un procès que je n'ai pas suivi à l'époque.

Sojr Chalandon assiste au procès sous le poids de cette dualité, fils de collabo et journaliste, avec en filigrane la présence de son père assis au fond de la salle, telle une ombre dont on ne parviendrait pas à se détacher. Sa déchirure intérieure est d'ailleurs magnifiquement exprimée dans ce passage : « Je ne voulais plus de cette lumière de juin qui baignait le prétoire. Plus des juges, des jurés, des avocats, des journalistes massés tout autour. Je ne voulais plus du public et de son chagrin. Je pénétrais dans une caverne creusée à même la roche glacée. La voix grave égrenait les noms. Des milliers de bougies tremblantes se reflétaient à l'infini. Je désirais que chaque enfant nous soit confié. Que chacun de nous devienne leur tombeau. »
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Alors que Sorj Chalandon n'a que dix ans, les mots de son grand-père viennent le heurter de plein fouet. D'après celui-ci, c'est «un enfant de salaud» et son père était «du mauvais côté» durant la Seconde Guerre Mondiale puisqu'il a endossé l'uniforme allemand.

Face aux innombrables mensonges et affabulations que son père lui assène depuis l'enfance, l'auteur part en quête de vérité. Quel rôle a-t-il vraiment joué pendant l'Occupation? Une vérité qu'il trouvera dans le dossier judiciaire de son père suite à son emprisonnement en 1945.

En parallèle de ses découvertes, Sorj Chalandon, journaliste, couvre le procès de Klaus Barbie en 1987. Deux hommes sont alors sur le banc des accusés : le criminel nazi qui doit répondre des atrocités qu'il a commis durant la guerre et son père qui assiste au procès. Mais, confronté à la vérité, comment ce dernier réagira-t-il ?

Au fil des pages, le lecteur se retrouve face aux interrogations de l'auteur concernant le passé de ce père manipulateur et mythomane, à sa peur de connaître la vérité mais également à sa honte et sa colère.

La plume est incisive, va droit au but en toute sincérité. La lecture est forte en émotions avec notamment les témoignages glaçants des survivants de Klaus Barbie au tribunal. Klaus Barbie responsable notamment de la rafle des 44 enfants d'Izieu que l'écrivain fait revivre entre ces lignes.

Un roman fort, bouleversant qui entremêle avec talent la grande Histoire à celle plus intime de Sorj Chalandon. Devoir de mémoire, ce livre est aussi l'histoire douloureuse d'un fils qui ne parvient pas à pardonner la trahison de son père.
Lien : https://mesechappeeslivresqu..
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