Enfant de salaud

Sorj Chalandon, journaliste couvrant le procès du sinistre chef de la gestapo Klaus Barbie, essaie de comprendre dans quelles circonstances son père, gamin oh combien banal a pu prendre l'uniforme allemand durant la seconde guerre mondiale. Il mêle alors les témoignages accusant le nazi au sourire froid et ceux contradictoires et grandiloquents qui lui la cachent la vérité sur son père. Un récit personnel qui ne pourra que dérouter et étonner.

Nous sommes en mai 1987, à Lyon le procès de Klaus Barbie débute. Mais à cette Grande Histoire s'entremêle celle, intime et douloureuse, d'un journaliste qui choisit de confronter son père. Trahi par les mensonges, l'inconséquence et la violence de ce salaud qui aurait porté l'uniforme allemand, l'enfant apeuré lance un cri poignant dans sa quête d'une vérité libératrice.

Sorj Chalandon revient avec émotion sur une période sombre de notre Histoire et sur celle d'un père manipulateur avec qui toute réconciliation semble impossible.
À lire, assurément.

Dans « La profession de père », SC utilise un pseudo pour décrire un père violent, autoritaire, autocentré et une mère soumise. Dans « Enfant de salaud » SC poursuit son règlement de compte mais cette fois pas de pseudo, SC interroge directement son père face ses mensonges, un père mythomane, manipulateur, antipathique qui s'est construit un passé fait de mystère et de gloriole. Sur la base du dossier de la cour de justice de Lille qui a condamné son père à un an de prison pour intelligence avec l'ennemi en 1944, SC tente de retracer le passé douteux de son père durant la seconde guerre mondiale et de le confronter face à la vérité. Un procès personnel fait de rancoeur accumulée et d'incompréhension réciproque qui alterne tout au long du livre avec le procès historique de Klaus Barbie et ses atrocités ce qui souligne toute la médiocrité d'un père honni.
C'est bien écrit, c'est émouvant, mais trop haché alors on se perd dans l'histoire complexe de ce père que nous avons du mal à cerner.

Voilà un livre fort et puissant qui nous renvoie à une période de guerre avec son lot de morts et ceux qui surtout comment les générations suivantes doivent vivre avec les non-dits et les mensonges. Les secrets de famille c'est une chose, mais le mensonge à son enfant relève de l'indicible. Je pense que cet écrivain ne doit pas être le seul à connaître ou non cette situation si intolérable. Un livre qui ne laisse pas indifférent. Je le conseille vivement.

Coïncidence : le livre : Enfant de salaud de Sorj Chalandon est sorti alors que le mien : Au temps des raisins verts était sous presse chez Librinova. L'interrogation est la même, bien que traitée différemment, que nous transmettent nos pères, la honte, la faute d'avoir choisi le mauvais côté, d'avoir été collaborateur ? Combien aujourd'hui d'enfants, de petits enfants se demandent et demandent encore : qu'as-tu fait papa, grand-père pendant la collaboration ? As-tu participé peu ou prou à cette horreur qu'as été la Shoah ? La visite aux archives ne suffit pas toujours à répondre à cette longue quête. Pour Sorj Chalendon tout se complique, son père passant sa vie à brouiller les cartes en inventant des histoires auxquelles sans doute il croit, passant d'un côté à l'autre avec une déconcertante facilité. Il est facile aujourd'hui de jeter un oeil manichéen sur cette période avec tant de certitudes, on sait bien où était le bon côté. « L'histoire racontée par les vainqueurs » comme il le fait dire à son père.
« Nous n'avions rien à expier. Ni nazis, ni fascistes, ni aveuglés par le soleil levant, contrairement aux camarades allemands italiens ou japonais, notre passé avait été racheté par la Résistance. Pétain et ses chiens avaient été balayés par nos pères et nos mères. Nous étions les enfants de la victoire et nous pouvions en être fiers… Moi fils d'un collabo dont je ne savais rien, j'applaudissais comme les autres à la légende de nos pères »
J'ai bien apprécié dans ce roman, la description de la colère et la douleur de ce fils qui n'arrive pas à rencontrer son père. Quand le narrateur croit s'approcher d'une vérité le concernant celle-ci s'échappe, oui ce père ment, il a menti et continue à mentir encore envers et contre tous, et surtout envers son fils pour conforter sa légende, à laquelle il adhère sur le moment. A dix-huit ans, il s'est engagé et il a voulu faire la guerre en rêvant d'exploits militaires mais après l'armistice, tout s'embrouille et se complique.
Exalté et bravache, il croyait se faire valoir davantage dans une époque troublée où beaucoup se sont perdus. Oui c'est bien cela qu'il recherche encore : se faire valoir davantage aussi aux yeux de son fils.
La narration du procès de Barbie est remarquable par la pudeur et la dignité, le silence aussi parfois fort éloquent des témoins venus à la barre, l'empathie pour leurs larmes et leur souffrance n'en étant que plus partagée. le procès de Barbie, devient l'occasion du procès du père qui y assiste et dont l'auteur guette chaque signe, chaque mimique.

Mais nos pères restent nos pères et cette colère et cette douleur doivent bien finir par se gérer.
« Je ne me suis pas inquiété. Je sais que tu as traversé ton lac allemand et que tu m'attends sur l'autre rive. »

Lien : https://www.noellebarbiera.fr

Il m'est bien difficile de commenter Enfant de Salaud, tant j'ai eu du mal à savoir ce que j'en pensais. Deux histoires se mêlent dans ce livre, la "grande" : celle du procès de Klaus Barbie, et la "petite" : celle de l'auteur, à la recherche de la vérité quand au rôle de son père pendant la guerre.

Prise individuellement, chaque histoire m'a marqué. Celle du procès de par la résonance des témoignages avec notre époque et la plongée dans ce qui fait l'humanité (et par opposition ce qui peut en exclure). Celle de ce père et son fils par les rebondissements et les questionnements tortueux que l'on peut sans difficulté imaginer.

Et toutefois, je n'ai pas réussi à "connecter" les deux histoires. le changement de sujet m'a, à chaque fois, coupé dans mon élan, m'a frustré dans ma lecture. Je n'ai aucun doute sur le fait d'avoir lu une grande oeuvre (et d'ailleurs, je salue la très belle plume de l'auteur), mais j'ai le sentiment que deux livres auraient, à mes yeux, trouvé plus de justice.

Entre le récit autobiographique et l'autofiction, Sorj Chalandon nous plonge dans les pages sombre de l'histoire de France. On y retrouve les enfants d'Izieu, les Justes qui les ont aidés et accompagnés jusqu'au dernier moment et les salauds, dont Klaus Barbie et le père du narrateur, salaud mythomane et sociopathe, dont on peine à retracer le parcours, entre France, Allemagne et front de l'Est, LVF et Division Charlemagne. Sorj Chalandon mêle son histoire personnelle à la véritable Histoire avec brio.
Enfant de salaud est une valeur sûre de la rentrée littéraire 2021.

87, le procès de Barbie et pour Sorg, celui de son père dont le grand-père a dit qu'il était du mauvais côtés pendant la guerre et qu'il était un enfant de salaud.
Ce père est un menteur invétéré au moins depuis l'âge de 18 ans et S. Chalandon aurait voulu comprendre ce père mort en 2014 sans avoir dit la vérité. Ce n'est qu'en 2020 que l'auteur en sait plus après avoir consulté les archives départementales.
Le salaud, c'est le père qui a trahi son fils et qui n'a rien transmis.

Que va-t-il écrire maintenant qu'il est soulagé de ce qui le hantait et dont il dit qu'il était présent dans tous ses livres...j'espère qu'il va encore écrire (il m'en avait promis un sur la fin du textile dans le nord...comme le Jour d'avant sur la mine)
La version audio interprétée par une de mes voix favorites: Féodor Atkine est un régal mais pour une fois je n'ai pas trop aimé l'entretien avec l'auteur qui m'a paru superficiel et/ou redondant.

Un roman biographique percutant !

Sorj Chalandon revient sur l'histoire de son père, ce salaud de la Seconde Guerre Mondiale. Entre son procès et celui de Klaus Barbie, l'auteur nous narre un pan de l'histoire et nous mène au coeur d'une enquête palpitante. Mais, est-il prêt à apprendre la vérité ?

Après trente-quatre ans à Libération Sorj Chalandon est aujourd'hui journaliste au canard enchaîné . Ancien grand reporter, il est l'auteur de huit romans dont le petit dernier enfant de salaud et je viens d'en finir la lecture .

Son grand-père décria à son petit-fils tu es un enfant de salaud , j'ai vu ton père ,mon propre fils de mes yeux porter l'uniforme allemand .

Cette phrase fait office d'une bombe chez Sorj Chalandon , surtout que son père a délivré durant des années une autre vérité et continue à s'inventer un passé qui n'existe que dans ses rêves son père était-il à la solde des allemands ou était-il pendant la guerre?

Sorj est à l'époque chroniqueur judiciaire et le procès de Klaus Barbie s'ouvre le 11 mai 1987 , le père de Sorj demande à son fils de pouvoir y assister, il bâille , quand les victimes racontent les horreurs vécues , et il acquiesce quand l'avocat de Barbie crie aux mensonges.Là, Sorj Chalandon voit l'attitude de contentement et de plaisir de son père. Sorj Chalandon se dit qu'un homme qui réagit comme ça, c'est quelqu'un qui a joué un rôle dans la machine de guerre nazie .

C'est son ami Alain, historien qui obtient une dérogation pour ouvrir le dossier judiciaire du père de Sorj Chalandon et il lui remettra en main propre , le vécu de son père pendant la guerre et le rôle qu'il a joué .

Le procès de Klaus Barbie rythme le livre en même temps que les témoignages des victimes , Sorj Chalandon découvre la vérité sur son père en parallèle d'un procès de mémoire .

Ce livre est non seulement un livre de mémoire, mais aussi la trahison d'un père à son fils .

Un livre à lire absolument ❤️courez chez votre libraire