Le Jour d'avant

C'est le roman de la mine, par ceux qui n'y sont pas descendu. C'est l'histoire d'une vengeance et de la culpabilité du survivant. C'est la vie d'un homme qui cherche la rédemption.

J'ai été happée par la plume de Sorj Chalandon dès les premières lignes et j'ai presque lu tout le roman d'une traite. C'est qu'on s'attache à Michel, qu'il se prenne pour Steve MacQueen ou qu'il fasse le choix de se taire.
Son parcours est bouleversant tout comme l'était ce roman. L'auteur est parvenu à raconter la réalité des mineurs de fond sans jamais vraiment leur donner la parole. En s'appuyant sur une catastrophe réelle qui a enseveli 42 hommes dans la fosse Saint Amé, Sorj Chalandon a choisi d'y ajouter une 43e victime, Jojo, le grand frère, le héros de Michel. A lui seul il incarne les dommages collatéraux d'une industrie qui a broyé des hommes, des femmes et des enfants pendants des décennies. Et ce n'est pas parce qu'on a fermé les mines, bouché les galeries, remblayé les puits ou rasé les chevalements que la douleur et la mort se sont enfuis. le charbon, ils le ramenaient chez eux et ils l'ont tous emportés dans leur cercueil. le charbon, c'était toute la famille qui vivait avec et c'est toute la famille qui en a payé les conséquences.

Sorj Chalandon rend ici un très bel hommage à une région, à ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ont donné leur santé, souvent leur vie, parfois avec effet retard, dans les charbonnages.

Après la profession du père lu en quelques jours seulement, j'ai dévoré le jour d'avant.
On rentre vite dans l'histoire et dans la peau du personnage, impatient de suivre la suite de l'histoire.
Adoré l'histoire de Michel Delanet pour être fan du film avec Mc Queen et le retour a Saint Vaast pour se rapprocher de sa proie.
La description du procès est remarquable et les interactions avec Deravelle lors de leur dernière confrontation est simplement magique.
Chacun des livres de Chalandon correspond à une blessure. Impatient de plonger dans Retour à Killybegs.

Ce livre est un hommage au bassin minier, aux gueules noires qui alimentaient la France et qui descendaient chaque jour avec seulement l'espoir de remonter le soir. La postface de l'auteur est d'ailleurs très émouvante. On alterne passé et présent afin de mieux comprendre l'histoire. L'auteur nous parle aussi d'un immense amour fraternel, de deuil, de remord, de culpabilité, de vengeance... Un livre à découvrir car la plume de l'auteur est vraiment très belle! (...)

Ma page Facebook au chapitre d'Elodie
Lien : http://auchapitre.canalblog...

Superbe roman qui refait vivre la souffrance, la douleur des mines, de la catastrophe de Liévin. Chalandon demeure un merveilleux conteur qui s'ancre dans une actualité déjà lointaine, déjà oubliée pour la faire revivre avec force. le propos est puissant et montre comment un traumatisme de jeunesse oriente et abîme une vie. On vient tous de quelque part et il est vain d'en vouloir faire l'impasse. le rebondissement central parfaitement réussi sur le plan romanesque conforte la force du propos et démontre qu'il existe des victimes de premier et d'arrière plans. La manière dont le procès est relaté tient de la chronique judiciaire haletante. Un hommage fort à un temps qui est ici passé et dépassé et qui existe encore ailleurs dans le monde. Un livre à marier avec une série (La Vie devant elles) qui se situe dans les mêmes lieux et au même moment et qui offre un arrière-fond d'images et de contexte à la forte prose de Sorj Chalandon

Ne lisez pas la quatrième de couverture avant d'entrer dans ce roman... Je n'ai pas retenu la vengeance, je n'ai pas condamné la mine mais simplement vu dans l'histoire de cet homme, que Sorj Chalandon exprime à la première personne, ce qu'il y a d'humain , ce qu'il y a de malheureux, de cruel, d'injuste. Nés au pays du charbon, son frère et lui, alors que d'autres naissent au bord de l'océan, ou bien dans les alpages, à qui la faute? C'est ici un très grand livre, qui va au-delà du désespoir, et qui m'a tant touchée que des larmes sont venues. Mais ce n'est pas la première fois, en vous lisant, Monsieur Chalandon!

Je ne ferai pas de résumé de ce livre pour ne rien dévoiler d'une histoire très bien construite et qui recèle des rebondissements inattendus.
Je dirai simplement qu'il s'agit d'un très bel hommage au monde ouvrier, et d'une bouleversante analyse sur la culpabilité.
J'ai particulièrement aimé la première partie du livre et la description de la vie des mineurs.
J'ai également été très touchée par la réponse d'Aude Boulfroy à l'avocat général. Venant aussi d'une région (la Lorraine) très marquée par son passé industriel, j'ai souvent pensé que les gens venus d'autres régions et ne partageant pas ce passé et cette histoire commune ne pouvaient pas totalement comprendre la vie et les réactions des habitants.
Le jour d'avant n'est sans doute pas le meilleur Sorj Chalandon même si je l'ai beaucoup apprécié, mais c'est un livre qui ne laisse pas indifférent et une lecture touchante.

Sorg Chalandon nous parle de la tragédie de Liévin qui a fait quarante-deux victimes. Ces 42 mineurs descendus au fond ce 27 décembre 1974. qui ne reverront jamais le soleil. Au delà de l'histoire même, Sorg Chalandon rend hommage à toute une région marquée par son passé, à tous ces hommes et femmes qui auront été touchés par l'exploitation forcenée de la mine et l'extraction du charbon. Un livre très parlant pour tous ceux qui habitent cette région et ont connu quelqu'un, un parent, un voisin....qui travaillait ou avait travaillé à la mine mais aussi dans la sidérurgie, les lainières......
un très beau roman, très touchant, très vrai qu'a écrit Sorg Chalandon.

Décédé sur un lit d'hôpital, vingt-six jours après la terrible catastrophe de la fosse de Saint-Amé qui ôta la vie à ses 42 camarades, Joseph s'est éteint sans avoir repris connaissance, sans gloire ni gratitude et sans cérémonie en grande pompe. Son père, rudement marqué par le destin de ce fils aîné, ne lui survit guère, non sans adresser une dernière lettre à son petit dernier, Michel. Quelques mots laconiques d'un homme taciturne, mais qu'il portera en lui toute sa vie.
Quarante ans plus tard alors que sa femme vient de mourir, Michel reste seul au monde. Seul avec sa tristesse, seul avec sa haine, seul avec l'ombre de ses fantômes et en particulier celle de son frère Jojo.
Trimbalant le poids de son tragique héritage sur les routes charbonneuses du passé, l'enfant d'alors souhaite devenir l'homme par lequel la vengeance s'accomplit. Traquant le dernier responsable dans une tension palpable, Michel espère voir se dessiner au cours de son inévitable procès une forme de justice, de vérité qui lui fera enfin tourner la page la plus lourde de toute son existence.
Sorj Chalandon excelle dans sa description de l'enfer minier et parvient à nous surprendre et nous déstabiliser tout en nous rappelant sans cesse à notre humanité.

Sorj Chalandon signe ici un roman terriblement émouvant, en évitant tout pathos.
C'est l'histoire de Michel, 65 ans, qui veut venger la mort de son frère survenue lors de la catastrophe minière de Liévin, le 27 Décembre 1974. Mais c'est aussi une autre histoire.
Ce livre est formidable. Il dépeint admirablement le bassin minier du Pas-de-Calais d'avant et de maintenant, sans même tenter une incursion dans le misérabilisme ou le folklore chti qui fait rire la France. Il s'agit d'un hommage, juste et sincère, à des hommes et une époque déjà oubliés. Mais il n'y a pas que ça -ce serait trop simpliste.
Il y a de la colère, de l'amour, de la fascination, de l'admiration, de la douceur, de l'humanité, et surtout une immense dignité dans ces lignes remarquablement écrites, rythmées par une étrange et lancinante poésie.
J'ai été subjuguée, je me suis laissée emporter et submerger par cette écriture et cette histoire. Et je sais gré à Sorj Chalandon d'avoir eu envie de raconter objectivement la mine, ses hommes et leur territoire, et de l'avoir fait avec autant de délicatesse, d'intelligence et de respect. Merci à lui.

Le grisou n'est pas une fatalité. Et pourtant le 27 décembre 1974 dans la fosse de St Amé, c'est lui qui va tuer 42 mineurs. Les mineurs du Nord, laborieux et silencieux, aristocrates du prolétariat ouvrier, savent que la mine va la dévorer. Tôt ou tard, et bien au-delà de la fatalité du grisou, ils seront mangés, usés, silicosés, rompus, détruits.

Alors, pourquoi, 40 ans plus tard, Michel, dont le frère Joseph a été victime de la catastrophe, remue t-il tout ce passé ? Cherche-t-il à venger son frère, et à travers lui toutes les victimes ? Cherche-t-il à comprendre ? A exorciser le mal ? A se reconstruire, lui qui n'a connu la catastrophe qu'indirectement, lui, fils de paysans, lui qui ne voulait pas travailler la terre mais qui se destinait à rejoindre la troupe noire des abatteurs et des boiseurs par 600 mètres de fond ?

Sorj Chalandon, dans ce roman remarquable, nous conduit, à travers les arcanes tortueuses de l'esprit de Michel, dans cet univers où se mêlent les souffrances silencieuses, le devoir accompli et la fierté, revenant peu à peu sur les évènements du jour d'avant, c'est à dire du 26 décembre. Qui mystifie qui dans cette histoire ? On découvre au fil du récit la réalité des évènements. Mais de quelle réalité s'agit-il ? Celle de Michel ou celle de l'imaginaire collectif construit à partir d'images issues de "Germinal" ?

Le lecteur se laisse emporter, berner même, par le brio de la construction. Bravo !
Lien : http://animallecteur.canalbl..