Aurions nous pénétré par inadvertance dans
la maison de Bernarda Alba, le drame de
Frédérico Garcia Lorca?
Effectivement nous retrouvons ici une mère dominatrice, un père invisible et des filles soumises à une relation fusionnelle. Mais, non nous sommes bien dans
la chambre d'hôpital de
la voyageuse de nuit, celle qui jeune(je cite) ressemblait à Ava Gardner et qui ressemble à présent à la momie de Ramses, enfin dans
la chambre les trois quart du roman, parce qu'après c'est plus dur..Bon, donc, Olga est une voyageuse en fin de vie qui suite à un cancer en phase terminale s'enferme dans sa propre nuit, qui ferme la bouche et les yeux mais qui d'un simple battement de cils régente encore de main de maître son petit monde de filles.
Des filles, des poupées russes qui s'emboitent les unes sur les autres,quatre femmes fragiles qui gèrent leurs problèmes psychologiques en passant par l'alcool, le suicide, une vie parrallèle ou l'homosexualité, tandis que les petits fils sont eux (ô miracle!) des prix d'excellence.
Françoise Chandernagor, de l'
Académie Goncourt, auteur de nombreux romans historiques dont
L'allée du roi,
La sans pareille,
L'enfant des lumières... revient ici au monde actuel pour traiter des quatre visions différentes de la mère à travers les yeux des quatre filles.
Un roman entre amour et haine, selon le rang dans la fratrie et les relations nouées.
Sonia, la célibataire endurcie, l'esthéticienne à laquelle sa mère fait comprendre qu'elle l'a assez vue.
Véra, l'expert comptable chic,aux gestes posés, qui a su se faire aimer par son bon gout.
Katia, l'ainée rejetée, la romancière, qui recevait maintes taloches, jalouse de Lisa qui a longtemps été la préférée, voudrait bien lire quelques poèmes mais ça ne passe pas.
Lisa,la protégée l'avocate des causes perdues qui entoure sa mère de fêtes carillonantes.
Point de paroles mais des gestes révélateurs. Et des réflexions sur le cancer, les soins palliatifs,l'acharnement thérapeutique, la mort,la souffrance,l'euthanasie, l'acceptation.Et un secret lié au père. Et une fin déroutante mais qui laisse de libres interprétations au lecteur.
Et un excellent livre qui s'absorbe cul sec comme une eau de vie!