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3,8

sur 637 notes
Raymond Chandler (1888-1959) fut avec Dashiell Hammett l'un des fondateurs du nouveau polar, du roman noir dans lequel les frontières entre le bien et le mal sont très perméables et dans lequel l'action et la violence priment. le grand sommeil, écrit en 1939 (adapté au cinéma avec Humphrey Bogart en Marlowe et Lauren Bacall en Vivian Regan, par Howard Hawks) est traduit par Boris Vian et publié dans la Série noire de Gallimard en 1948.

Et que dire d'autre que c'est formidable de lire un grand classique du genre ? Depuis longtemps je m'étais dit qu'il fallait que je le lise, et puis, les autres sollicitations livresques arrivant, je repoussais... Ne faites pas cela, foncez et lisez ce grand roman noir. Tout y est : les bons, les méchants qui changent parfois de place. L'alcool, la clope, le sexe, mais rien à voir avec ce qui s'écrit de nos jours en la matière, pensez donc : de simples photos de nus d'une jeune femme riche et paumée forcent son père à engager un détective !

Il y a surtout Marlowe, un détective un poil blasé, qui fonce et n'hésite pas à braver les gangsters pour arriver à ses fins. Et enfin, l'écriture relâchée de Raymond Chandler, oralisée qui garde néanmoins des traces de classicisme grâce à l'usage du passé simple et de l'imparfait du subjonctif aujourd'hui tombé en désuétude, ce qui est fort dommage. Bref, un classique, un grand classique qu'on trouve aisément. Un conseil : je ne sais pas si d'autres traductions existent, mais préférez celle de Boris Vian, ça double le plaisir. Comment résister à ce qui suit ?

"Au septième étage, je gagnai la suite de petits bureaux occupés par les sous-ordres du Procureur du District. Celui d'Ohls n'était pas plus grand que les autres, mais il l'avait pour lui tout seul. Rien sur sa table qu'un buvard, une garniture de bureau bon marché, son chapeau et un de ses pieds. C'était un homme blondasse de taille moyenne, aux sourcils blancs et raides, aux yeux tranquilles et aux dents soignés. Il ressemblait à tous les gens qu'on croise dans la rue."
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Le personnage classique du privé, classieux avec un soupçon d'humour noir et de cynisme, des zones d'ombre pour tous les personnages, des péripéties rocambolesques mais crédibles: une très bonne lecture détente.
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Je ne sais même plus pourquoi je l'ai acheté, mais ce n'est définitivement pas ma tasse de thé. Une histoire de détective truffé de dialogues inintéressants et de descriptions non moins ennuyeuses. Il faut de tout pour faire un monde. Mais ne n'ai pas pu le lire jusqu'à la fin, j'avais l'impression de perdre mon temps, comme lors des séries télévisées dominicales qu'on regardait parce qu'il n'y avait rien d'autre.
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Livre noir de 1939 et le style continue de briller comme une pluie de météorites en plein été. Il fallait inventer le personnage de Marlowe, Chandler l'a fait.
Ca balance sec chez le vieux Sternwood entre les deux filles dégénérées, Vivian et Carmen, et Regan le gendre disparu, Eddie Mars le truand, Canino le tueur, Geiger le pornographe et Cronjager le flic hostile. C'est une ronde infernale, un livre qui tourne rond, trop rond et Marlowe au centre observe tout ce monde s'agiter, s'entretuer, s'aimer, se détester ; il les observe avec une distance narquoise et beaucoup d'humanité.

Un aventurier irlandais en cavale, un riche commanditaire paraplégyque, ses deux filles complètement jetées, un chauffeur amoureux, un pornographe homosexuel, un caïd de la pègre jaloux, un tueur à gage empoisonneur, des flics ripoux… Au milieu de cette mêlée insensée, un détective légendaire : Philipp Marlowe, essaye de mettre un peu d'ordre.

Classique du genre hard boiled qui a tant inspiré, le roman de Chandler est un diamant ne s'use pas. Malgré l'empreinte du temps, il reste aussi brillant qu'au premier jour. Ce bouquin jauni (écrit en 1939), oublié dans une bibliothèque, a pris la poussière. Un bon coup sur la tranche et il retrouve tout son lustre. Et là, c'est l'émerveillement.

Benoît Tadié (maître de conférence à la Sorbonne) rappelle en exergue de son livre le Polar américain, la modernité et le mal, cette phrase de Bertolt Brecht :

« Dans notre société, l'aventure est criminelle. »
C'est bien une peinture de la société américaine des années 1930 avec ses aventuriers qui est dépeinte par la plume incisive et parfois fulgurante de Chandler.


« COMMENT L'ON PART DE LA CIVILISATION POUR ABOUTIR À UN NAUFRAGE. »

B. Tadié
Dans son texte « Simple comme le crime », l'auteur décrit sans le nommer les principaux traits de caractères de son héros, Marlowe : banal, sans fortune, solitaire d'un côté, homme d'honneur, viril, fin psychologue et capable d'humour – sa définition du héros dans notre monde contemporain où la violence n'a pas disparu.

Ici Marlowe a fort à faire. Rusty Regan, le gendre du général Sternwood a disparu. La plus jeune fille du général est par ailleurs au coeur d'un chantage pour lequel il est embauché afin d'y mettre un terme. de ce point de départ, une intrigue compliquée permet à Marlowe de décrypter ce monde où disparait la frontière entre les truands, flics, filles de bonne famille, les petits employés. le sang coule dans les caniveaux de la ville. Marlowe inoxydable évite (plus ou moins) les coups et observe cette société malade avec un cynisme raffiné.

T. Sandorf
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Ce roman est un grand écart. D'accord ça claque et ça vibre à chacune des actions de Marlowe (détective privé de son état), d'accord le Hardboiled est bien représenté dans sa version la plus noire et critique de la société américaine, mais quoi ? Chandler se noit dans une profusion de détails aussi insignifiants qu'inutiles, le tapis est rayé et légérement relevé sur le coin droit, les rideaux, le luminaire du plafond, les chaussures. Bref, on s'emmerde royalement les trois quarts du temps. Pour le reste, les réflexions de Marlowe sont hilarantes, l'intrigue un brin quelconque et ce roman, s'il est le premier de Chandler, vaut surtout pour ça. Dans ce style franc et directe, Hammett emporte la palme haut la main.
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Une nouvelle traduction pour un monument de la Série Noire.
Il s'agit de la 1ere enquête du détective Philippe Marlowe qui a alors 33 ans.
L'atmosphère, les décors du Los Angeles des années 30, les personnages du polar américain en noir et blanc sont remarquablement décrits.
Marlowe est, devant les événements, calme, détaché et nous fait très souvent sourire : « C'était une matinée revigorante ; l'air était juste assez vif pour que la vie paraisse simple et douce, si on n'avait pas trop de soucis. Moi j'en avais.
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Le général Sternwood engage Philip Marlowe pour trouver l'origine du chantage dont fait l'objet une de ses filles, Carmen. L'ainée des filles du général, Vivian, pense qu'il a été embauché pour retrouver son mari, Rusty Regan.

J'ai lu que ce roman avait été écrit à partir de nouvelles précédemment publiées : le tireur sous la pluie et le rideau.
La première partie du roman, parce que j'ai vu une différence entre l'histoire où il est question du chantage sur Carmen et la deuxième partie où Marlowe part à la poursuite de Rusty Reagan…
Donc, la première partie m'a laissé sur ma faim, j'étais un peu perdu dans les personnages et je n'ai pas retrouvé le Philip Marlowe rencontré dans le film de Howard Hawks ou le personnage interprété par Powers Boothe dans la série.
J'ai retrouvé cet univers dans la deuxième partie du roman et pris plaisir à lire la fin de l'histoire. Philip Marlowe est un privé honnête avec ses clients et avec lui -même. Amateur d'alcools forts et de jolies femmes, surtout Boucles d'or.
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On en parle très souvent, de ce Grand Sommeil.
Modèle ayant lancé toute une batterie de vocations chez les lecteurs et aspirants écrivains, avide d'enquête retors et de détective hard-boiled.
Il mérite bien sa place. L'écriture de Chandler est onctueuse, bien qu'on puisse s'étonner de longues plages de description au beau milieu de l'action.
Néanmoins, tous les éléments du polar tel qu'on l'aime était là, couchés sur le papier, noir sur blanc.
Intrigue tentaculaire, secrets, mensonges et décharges de chevrotine.
Puis il y a Marlowe. Philip Marlowe. Détective coriace à la langue bien pendue. Narrateur intradiégétique, il n'a pas son pareil pour disséminer sa douce acidité dans un récit tortueux.
Un incontournable.
Pas le meilleur, mais nécessaire pour mesurer le chemin parcouru après lui.
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Alors qu'il patiente dans l'immense hall de la résidence de son client, le général Sternwood, Marlowe fait rapidement connaissance avec l'une des filles de ce dernier, Carmen, qui se jette quasiment dans ses bras.
C'est encore d'elle qu'il s'agit lorsqu'il croise enfin le vieil infirme : elle aurait contracté quelques dettes de jeu auprès d'un bouquiniste qui pourrait se montrer indélicat. Marlowe est engagé pour que ce ne soit pas le cas.
Il est cependant intercepté en repartant par la seconde fille du général, Vivian, une garce hautaine à la recherche de son mari disparu, Rusty Regan, qui imagine que la présence du détective est liée à cette absence inexpliquée.
Marlowe s'intéresse donc au libraire Arthur Geiger et découvre rapidement qu'il fait commerce, sous le manteau, de littérature pornographique, son officine faisant office de couverture.
Afin d'en apprendre plus sur l'homme, il le file jusqu'à son domicile cossu sur la colline et reste en planque jusqu'à ce qu'une jeune femme qui s'avère être Carmen Sternwood arrive à la nuit tombée. Marlowe perçoit comme un flash d'appareil photographique, puis trois coups de feu retentissent dans la maison avant que quelqu'un s'enfuie en voiture par la rue en contrebas.
Marlowe pénètre dans la maison silencieuse et découvre le cadavre de Geiger ainsi que la jeune Carmen, nue et droguée, en train de prendre la pose…

Chandler est le maître des ambiances un peu glauques, s'appuyant avec un humour froid sur son personnage de détective que rien ne peut ni atteindre ni perturber et sur des descriptions incroyablement précises, originales, qui s'inscrivent en toute fluidité dans le récit. Chez lui, on n'entre pas seulement dans une pièce, il prend un malin plaisir à déployer tout son art pour décrire son décor du sol au plafond avant de s'attacher à la femme, forcément fatale, qui, alanguie dans son canapé, vous accueille un verre à la main avant de vous planter un couteau dans le dos. En styliste perfectionniste, il apporte d'ailleurs la même attention à ses dialogues qui toujours sonnent juste.

Même si elles sont « linéaires », les intrigues des romans de Chandler sont toujours complexes et les opérations à tiroirs nombreuses ; le Grand Sommeil ne déroge pas à la règle avec des imbrications dans tous les sens. Une vingtaine de personnages se partagent les rôles, avec quelques points communs comme la corruption, la dépravation ou le fait d'appartenir à la « bonne » bourgeoisie.

– Il avait un casier judiciaire.
Elle a haussé les épaules. Elle a dit négligemment : « C'est qu'il ne fréquentait pas les bonnes personnes. C'est tout ce qu'un casier judiciaire veut dire dans ce pays gangrené par le crime. »

Les assassins potentiels et les cadavres sont nombreux et se bousculent au portillon. Au premier rang, un apprenti maître chanteur, à ses côtés un amoureux éconduit, derrière eux l'amant de la victime ou un directeur de tripot… D'autres suivront et Marlowe, méticuleux et toujours imperturbable, explorera toutes les pistes jusqu'à se convaincre d'avoir trouvé la bonne.

C'est une grande ville maintenant, Eddie. Des gens très violents s'y sont récemment installés. C'est la rançon de la croissance.

À travers le regard de Marlowe, Chandler observe la ville de Los Angeles et la société américaine se transformer et ce qu'il voit ne lui plaît guère. Les « élites » et leurs valeurs se meurent, à l'instar du général Sternwood, tandis que s'installent le crime et la corruption, les magouilles et la dépravation (la pornographie et l'homosexualité sont deux des thèmes abordés dans le roman).
Écrit en trois mois selon la légende et premier roman de Chandler publié aux États-Unis (ce sera le second en France, après La Dame dans le Lac, le Grand Sommeil est le fruit de la refonte en un récit cohérent de deux nouvelles précédemment publiées dans Black Mask. Même si l'auteur déploie tout son talent pour entremêler personnages et intrigues, on a tout de même ce sentiment de point de bascule à mi-parcours, les deux filles du général Sternwood jouant les pivots. On retiendra de cette lecture la richesse des ambiances, des dialogues, et les personnalités fouillées des protagonistes pour oublier le côté emberlificoté de l'intrigue policière et sa grande « explication finale » à la manière des « whodunit » qui, si elle n'est pas sans émotion, donne le beau rôle à Marlowe en lui promettant un avenir (dés)enchanté.
Lien : https://polartnoir.fr/livre...
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Je lis beaucoup de romans policiers, mais soit avec des tueurs en série , soit dans ce que j'appelle le roman policier propre ( Agatha Christie, Conan Doyle..) ,celui où l'enquête et les personnages priment sur le crime proprement dit et sur l'étude de société. J'ai plus de mal avec les romans plus réalistes ou les romans noirs ( même si j'apprécie beaucoup James Ellroy). Je n'aime pas trop les histoires avec les gangsters, les petites frappes, les femmes dont le seul pouvoir et intérêt est la séduction, l'absence de moralité "ordinaire". Ce qui fait que je sors mitigée de cette lecture. le style est agréable et imagé ( tout en restant bien écrit et sans vulgarité), le personnage du privé est à la fois stéréotypé et original ( il s'en dégage une sensibilité et une certaine morale), il n'y a pas trop de temps morts et les rebondissements sont assez nombreux. Mais malgré cela, je n'ai que moyennement apprécié cette lecture, l'histoire ne m'a pas passionnée, j'ai trouvé certaines descriptions trop longues et sans intérêt ( les pièces, les tenues), hormis Marlowe, je n'ai pas apprécié les autres personnages . Un semi-échec ou une semi-réussite que cette première rencontre avec Raymond Chandler
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