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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Curieux de tous les genres, Dan Chaon est un romancier américain de grand talent navigue entre roman psychologique et roman noir avec un égal bonheur.

Avec Somnambule, il raconte l''histoire de Will Bear, un mercenaire en cavale qui change d'identité sans arrêt pour traverser les frontières à bord de son camping-car. Il voyage à travers les Etats-Unis pour échapper à la loi, et ne peut se fixer nulle part car il est perpétuellement surveillé. Lui-même ne semble pas savoir exactement quel est son but. Ce qu'on comprend, c'est que nous subissons tous cette surveillance perpétuelle via Internet, notre téléphone, les caméras...

Dan Chaon poursuit, dans un décor dantesque, sa réflexion sur les liens familiaux et les traumas de l'enfance.Dans une Amérique désincarnée, Will Bear quinquagénaire employé d'une organisation criminelle, est chasseur de primes, livreur de colis de toute nature ou tueur à gages c'est selon, avec pour seule boussole les missions qu'il accomplit sans perdre son caractère patelin. Qu'elle est terrifiante , cette Amérique dépeinte par Dan Chaon.Auteur d'une oeuvre magistrale hantée par les liens familiaux, Dan Chaon imagine ici quelles parts lumineuses de la nature humaine peuvent encore être épargnées quand la société a oublié toute notion d'humanisme et de solidarité

Entre dystopie et suspense, l'auteur concocte un roman noir ravageur qui ne manque ni d'humour ni de poésie,
Lien : http://www.baz-art.org/2024/..
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Will Bear erre un peu comme un Somnambule dans ce futur. Un Demain dystopique que Dan Chaon a choisi comme terrain de jeu pour raconter l'histoire de ce personnage étonnant.

Le CV de cet homme ne prête pas à la sympathie, de prime abord, sans mauvais jeu de mots, lui le mercenaire au service d'énigmatiques patrons, qui accepte toutes les missions, des plus anodines aux plus violentes. Un « sans visage », caché sous de multiples fausses identités, et qui ne reste jamais en place.

Son comportement ne joue pas vraiment en sa faveur non plus, drogué, un brin dérangé. Et pourtant, l'attachement va se faire avec le lecteur, par sa réelle bonhommie en décalage avec ses actions, et par un fait de vie qui va changer sa perception de qui il est.

Un appel téléphonique modifie le fil de son existence, cette course perpétuelle sans objectif, sans raison véritable. Une jeune femme qui se présente comme sa fille biologique va chambouler sa raison d'être. Ce n'est pas rien quand on est quelqu'un de naturellement obsessionnel, pour ne pas dire perturbé…

A l'image de son protagoniste principal, le livre est assez particulier, décalé, un peu chien fou. Ça tombe bien, Will est accompagné d'un pitbull victime de stress post-traumatique. D'une certaine manière les deux cherchent à se sortir de cette violence endémique qui a caractérisé leurs deux vies passées.

L'auteur est lui-même un peu en roue libre. Sans doute est-ce volontaire, même si ça a un peu déstabilisé le lecteur que je suis, moi qui aime quand les intrigues sont davantage carrées.

Dans ce récit, il faut se laisser porter au gré des humeurs et des souvenirs de Will. Il a des raisons d'être agité. La rencontre à distance de sa mystérieuse progéniture l'incite à se remémorer sa propre enfance, particulièrement traumatique. Quand on est l'engeance d'une mère tyrannique et carrément folle, ça n'aide pas à se construire.

Pourquoi placer cette histoire dans ce futur proche ? Il faudrait le demander clairement à l'auteur, mais le fait de l'avoir écrit durant la pandémie du COVID a dû influencer son écriture. Qui a découlé sur ce souhait de présenter cette Amérique alternative, en déliquescence.

L'intrigue est à voir comme un jeu de piste, un road trip où l'écrivain s'amuse à citer les 50 états du pays à travers cette aventure picaresque futuriste. Où le récit tourne au drame mais non sans un humour omniprésent. Un ton décalé, à l'image de la manière de penser et de parler de Will.

Deux parties dans ce roman, entre les premiers échanges père / fille et la tournure que prend l'action ensuite. Avec un auteur qui jette de nombreuses idées sur les pages, sans sembler trop choisir la voie qu'il souhaite prendre. A l'image de la fin, assez expéditive.

Cet homme, donneur de sperme, qui subitement s'amourache d'une fille chimérique qui reste secrète dans leurs échanges téléphoniques, est touchant. le voir fantasmer sa relation de père, et le pousser à changer de vie, tourne à une quête d'identité qui est le grand intérêt de ce livre.

Écrit au présent, pour ancrer ce futur ici et maintenant, le roman se lit avec curiosité, porté par cette écriture libre, à la fois déroutante et créative. Dan Chaon joue la partition d'un futur désenchanté, mais c'est surtout le chant d'un homme et d'un possible père qui donne tout son sens à ce road trip Somnambule.
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Dans son précédent roman, Une douce lueur de malveillance, l'Américain Dan Chaon utilisait déjà le doute pour faire vibrer son lecteur jusqu'à la dernière page. Ce thriller machiavélique en forme de labyrinthe mémoriel utilisait aussi la légende urbaine et la théorie du complot pour parvenir à ses fins. Il semble donc tout naturel que l'auteur retrouve ces thématiques pour en livrer une nouvelle variation où cette fois encore la révélation finale a moins d'importance que le monde qui entourne son personnage principal, lui-même reflet d'une époque plongée dans le doute.
Somnambule, traduit par Hélène Fournier et toujours publié dans l'indispensable collection Terres d'Amérique d'Albin Michel, n'est pas un roman aussi tortueux que son illustre prédécesseur mais il risque tout de même de vous faire tourner la tête.

Un narrateur nébuleux
Curieusement, Somnambule s'ouvre sur une constellation de noms regroupés sous le terme pompeux de « Nébuleuse brumeuse ».
Will Bear, William Baird, Bill Behr ou encore Billy Bayer, autant de pseudonymes pour un même homme qu'on appellera Will Bear par commodité et qui place déjà le lecteur dans une position délicate : le narrateur est-il fiable ?
En effet, Will révèle rapidement qu'il a bien des fardeaux à porter de son passé pour le moins tumultueux et qu'il fuit le présent devenu un enfer pour celui qui souhaite rester anonyme.
Sillonnant les États-Unis dans un camping-car au nom pour le moins cocasse d'« Étoile du Berger » (surnom ironique pour ce qui tient de maison à un personnage principal aussi paumé que Will), notre mercenaire se contente de livrer des paquets ici ou là contre rémunération.
Ces livraisons spéciales sont souvent de nature humaine et Will souhaite garder une certaine distance avec ce travail, préférant ignorer les conséquences de ses actes…
Pour l'aider dans cette tâche atypique, il peut compter sur un fidèle compagnon à quatre pattes nommé Flip, un pitbull sauvé de l'horreur des arènes de combat pour chien et depuis meilleur ami de notre narrateur.
Très vite, on comprend que Will a peur de tout ce qui pourrait le mettre à nu. Poursuivi par divers sectes, organisations secrètes et autres personnages peu recommandables, il a pourtant dans sa manche un atout qu'il compte bien garder précieusement : son anonymat.
Will prend en effet un soin tout particulier à ne pas exister, d'où cette « Nébuleuse brumeuse » qui fragmente jusqu'à son nom pour semer la confusion. Dan Chaon illustre le fantasme ultime de notre ère ultra-informatisée : n'être plus personne.
Pour renforcer cet effet, l'auteur américain compte aussi sur la pathologie psychiatrique révélée à demi-mots par Will mais aussi sur une autre grande marotte de notre siècle : la théorie du complot.

Au pays des complotistes, le paranoïaque est Roi
Si Somnambule incarne aussi bien notre temps, c'est parce qu'il repose en grande partie sur l'incertitude générée par le réel rencontrant le fantasme, autrement dit : la pullulation des théories du complot.
On comprend assez vite que le principal problème de Will n'est pas d'être complètement fou mais, au contraire, de vivre dans un monde devenu fou.
À bien des égards, le roman de Dan Chaon est un roman de science-fiction qui, comme toujours pour ce genre, reflète à merveille notre présent et ses grandes peurs.
Revenons un instant sur le cadre de Somnambule : Will traverse une Amérique en pleine déliquescence. Il y croise des milices, frôle la guerre civile, regarde les catastrophes climatiques du coin de l'oeil et compose avec les drones/robots omniprésents qui n'ont visiblement pas fini d'annihiler la vie privée du citoyen ordinaire.
Si le narrateur de Somnambule est incertain, le monde qui l'entoure l'est encore davantage. C'est certainement cela qui fait la force du roman de Dan Chaon : comprendre que son personnage n'est que le produit d'une Amérique paranoïaque, carnassière et finalement complètement folle.
Si l'on pense un instant que Will abuse un peu trop sur les menaces qui le cernent, on comprend progressivement qu'il n'a pas tout à fait tort et que la vérité se situe quelque part entre les deux extrêmes que sont le complotisme et le réel.
Lorsqu'il reçoit un appel d'une jeune femme prétendant être sa fille sur un téléphone portable qui n'est pas censé sonner pour lui rappeler un obscur don de sperme bien des années auparavant, l'histoire s'emballe et le lecteur est ferré : où se situe le vrai là-dedans ?

Se sentir exister
On suit comme un fil rouge les appels de Cammie, la supposée fille de Will, et toutes les théories autour de cette paternité inattendue.
Les mystères s'empile, les pistes s'accumulent mais ce qui va retenir l'attention de Dan Chaon là-dedans n'est pas la chose à laquelle on s'attend le plus de prime abord.
Car, oui, Somnambule construit son suspense sur l'identité véritable de Cammie et sur la véracité (ou non) de ce qu'elle révèle à Will et au lecteur.
Mais en filigrane, Dan Chaon semble moins intéressé par cette perte de repères que par la transformation de son personnage principal qui passe progressivement d'un anonyme complètement perdu dans un monde devenu instable à un père qui retrouve une fille qu'il n'a jamais fait qu'espéré en secret.
C'est un changement dans l'identité qui finit par recoller les morceaux et par réhumaniser Will, à le faire sortir du tourbillon de la folie et du doute pour lui fixer un ancrage émotionnel fort.
L'unification par l'amour paternel, en quelque sorte.
Le plus beau n'est pas tant les sacrifices qu'est prêt à consentir notre mercenaire parano que sa volonté de croire en une personne qui l'aime et qui le considère, en quelqu'un qui veut vraiment le connaître lui et pas l'un de ses multiples avatars.
Avec Somnambule, Dan Chaon révèle que la crise d'identité que subit notre société moderne n'est pas causée par l'ère hyper-informationnelle en elle-même mais par ses conséquences, par la superficialité qu'elle créée et la volonté d'exister à tout prix qu'elle engendre.
Au fond, qu'est-ce que le complotisme si ce n'est une façon de se démarquer de la masse et de montrer que l'on est soi-même différent, pas comme les autres ?
En captant la solitude profonde de Will et en arrivant à éplucher les couches de tristesse qui l'enserrent — de la mère maltraitante à l'amie d'enfance qui l'utilise — Dan Chaon comprend avant tout que c'est la sensation d'être écrasé par la complexité du réel et la masse des autres qui engendre notre monde devenu fou.
À moins que la cupidité des derniers lucides n'ait finalement raison des ruines et de l'avenir.

Plus facile d'accès mais aussi plus touchant et humain que son précédent roman, Somnambule illustre à merveille la capacité de Dan Chaon à croquer notre présent même en le transposant dans un futur où tout semble aller de travers. Captivant jusqu'au bout et émouvant sans prévenir.
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OLNI


Ce n'est pas un polar. Il n'y a ni intrigue ni dénouement véritable, une fin cependant. C'est une fiction écrite au fil de l'imagination, qui elle semble sans fin, avec par ci par là quelques belles reflexions qui peuvent donner à réfléchir, ou que l'on peut déjà avoir eues.

Etrange objet. Pas indispendable dans une pile à lire. Pas désagréable pour autant. Personnellement je n'ai pas perdu mon temps.




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Pour de début d'année 2024, le mot d'ordre au sein des éditions Albin Michel semble bien être : expérience de lecture. Car bien que "Somnambule" n'égale pas l'incroyable "On m'appelle Demon Copperhead", il y a quelque chose d'unique dans ce texte étonnant. L'élément le plus marquant pour moi est le mystère qui plane autour du récit et la lenteur de sa narration qui ne nous dévoile que le strict nécessaire, nous faisant peu à peu prendre la mesure d'un univers si proche du notre et en même temps si loin. de ce rythme découle une impression hypnotique, comme si je flottais alors que toutes les péripéties éclatent en bouquets colorés autour de moi.

Le deuxième point à souligner est le naturel du récit et la facilité des dialogues. Ils nous embarquent aux côtés de Will Bear (ce n'est qu'une de ses multiples identités) qui sillonne les routes des Etats-Unis en compagnie de son chien Flip pour livrer d'étranges colis tout en se shootant aux buvards imprégnés de vodka. Pendant son temps libre, il réfléchit à son épitaphe, hésitant entre le délicieux « C'est un scandale ! » et l'efficace « Ha ha ha ». Méfiant et discret, on sent qu'il n'est pas un extrémiste dangereux mais un homme qui a choisi de vivre en étant fidèle à ses convictions dans une société chaotique où se côtoient milices, faux prophètes, services secrets, êtres génétiquement modifiés et drones.

Si la découverte de ce monde instable, post-apocalyptique et futuriste, tout en étant si semblable au nôtre, constitue déjà un récit génial, l'intrigue tient à l'apparition d'une jeune femme qui prétend être la fille biologique de Will ; une découverte qui sera le point de départ d'un immense et fascinant complot à la "The Truman Show" (1998). C'est étrange mais en suivant Will, j'ai ressenti une certaine douceur dans cette Amérique dégénérée, ou en tous cas une véritable chaleur humaine, sans doute grâce à la sensibilité particulière du narrateur auquel je me suis beaucoup attachée.
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Six ans après Une douce lueur de malveillance, Dan Chaon revient avec Somnambule un nouveau roman noir grandement teinté de science-fiction. En effet le background est purement science-fictif entre dystopie et postapocalyptique, et l'auteur nous immerge dans ce futur "proche" par petites touches insidieuses en nous amenant à penser que nous sommes dans un présent bien réel.

Mais Somnambule est avant tout un immense road-trip à travers les Etats-Unis, où l'on suit Will Bear ou William Baird ou Bill Berh... différents pseudonymes que notre héros se donne et qu'il regroupe sous le doux et parlant sobriquet de "nébuleuse brumeuse". Ce mercenaire de cinquante ans sillonne les routes des Etats-Unis à bord de son camping car en compagnie de son pitbull, alternant les missions allant du vol au meurtre pour survivre. Hors du système, d'ailleurs il n'a pas de papiers, il essaye de passer incognito en se jouant de la télésurveillance, utilisant des téléphones portables jetables. Son quotidien est mis à mal quand une jeune fille se disant sa fille biologique le contacte sur ses téléphones anonymisés. Sa paranoïa d'un niveau déjà très élevé atteint l'acmé mais le désir de rencontrer une possible progéniture est trop fort et l'amènera à se dévoiler.

Dan Chaon fait de son personnage antipathique, alcoolique, violent, drogué et meurtrier... un être auquel on s'attache et qui nous devient sympathique. On se prend d'amitié et d'empathie pour cet homme peut-être père, qui est dépassé par les événements qu'il pensait contrôler. On le suit dans ses déambulations d'Etat en Etat à la recherche de son passé (et de son futur). Comme dans son précédent roman, Dan Chaon plonge le lecteur dans la folie humaine quand l'obsession défie l'entendement.

Prenant tout son temps dans l'immense majorité du récit, il jette en pâture de nombreuses idées (probablement trop) dont certaines demandent une suspension d'incrédulité assez élevée, avant de clore son histoire un peu trop rapidement mais qu'importe la destination, c'est le voyage qui vaut le déplacement et celui-ci mérite amplement que l'on s'y attarde.

Pour conclure, Somnambule est un roman coup de poing, violent et tendre à la fois, non dénué d'humour tout en étant très noir, qui restera longtemps dans les esprits.


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Un homme, pas très net, qui vit en marge de la société et effectue des opérations peu claires sous de nombreuses identités en traversant l'Amérique au volant d'un camping-car . Il y a même une liste des multiples identités du personnage au début du livre … la Nébuleuse brumeuse) Avant de partir sur les routes il a été emprisonné, est devenu fugitif, a été enfermé en hôpital psychiatrique. Il n'apparaît sur aucun registre, sa naissance n'a jamais été déclarée à l'état-civil et sa mère - une sociopathe - était déclarée comme morte avant sa naissance. Mais il y a un marqueur qu'il ne peut effacer : son ADN.. Et lui qui se pensait fantôme, intraçable, invisible, a laissé sa trace dans une banque de sperme… Il semblerait même qu'il n'a pas qu'un enfant mais plus d'une centaine…
Will Bear (il se fait appeler comme ça) et Flip (son pittbull) ne sont pas à priori des personnages sympathiques et sont tous des des traumatisés de la vie, qui se méfient de tous et de tout. Il va se retrouver harcelé par des appels téléphoniques sur ses multiples portables réputés intraçables. Au téléphone une voix de femme : elle dit être sa fille biologique et se sentir en danger…
Au fil des conversations téléphoniques une relation va se nouer entre Will Bear et la jeune fille, Cammie. Will va retrouver en elle sa mère (le même rire) et les expériences de sa vie passée. Tous deux ont grandi sans père, tous deux souffrent de troubles mentaux depuis l'enfance. Mais est-ce sa fille? Existe-t-elle? N'est-elle pas un produit de l'Intelligence artificielle? Il connait des tas d'événements historiques qui se sont passés dans les régions qu'il traverse. Coïncidence ? Sa fille a fait des études d'Histoire… Est-ce vrai ? Est-ce-un moyen de s'identifier à elle? On va se rendre compte que plus ça va et plus Will révèle qu'au fond de lui, il voudrait être partie d'une relation, d'une famille et qu'il s'accroche de plus en plus à la possibilité d'avoir une fille, il voudrait tellement y croire.…
Bill carbure aux micro-doses de LSD et à bien d'autres substances …

Et il y a aussi la question de la confiance… A qui se fier ? Des amis? A Esperanza ? Les gens sont-ils virement ce qu'ils sont ? Et la question de nos origines, la recherche de nos parents, de nos racines, de notre hérédité. Will se demande à quoi il sert, à qui il est relié, si il a un passé, un avenir …
Ce qui m'a un peu plombé la lecture, outre le fait que j'ai été nettement déboussolée et que l'auteur m'a perdue dans ses allers-retours , c'est qu'aucun des personnages ne m'a été sympathique …

Une expérience de lecture unique, telle est l'opinion de Laura Kasischke. On ne peut que lui donner raison. le terme dont il se qualifie « la Nébuleuse brumeuse » qualifie parfaitement le roman dans sa globalité.
J'ai eu un peu de mal avec cette lecture. Il faut dire que je ne suis pas trop habituée à ce genre de livres
Un grand merci à Francis Geffard aux Editions Albin-Michel - Terres d'Amérique pour leur confiance.
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J'étais tombée sur ce livre un peu par hasard, alors que je parcourais les nouveautés du catalogue de Lirtuel (la bibliothèque belge francophone en ligne), sans envie particulière, si ce n'est celle de lire un bon livre. Celui-ci a très vite attiré mon attention : le titre, la couverture avec son appel « Une expérience de lecture unique » et son illustration qui ne laisse pas indifférent ; l'auteur, par contre, aussi grand que soit son nom sur la couverture, je suis quasi certaine que je n'ai jamais rien lu de lui, autant que je pense avoir déjà vu son nom passer plus d'une fois en librairie et/ou sur les réseaux. Allons-y donc !

Eh bien, si j'ai été de plus en plus prise par la narration tout au long des plus de 350 pages de ce livre, malgré quelques passages peut-être un peu trop longs à mon goût, je suis très mitigée sur la fin, ce sentiment « tout ça pour ça » car ça se termine en eau de boudin...
Ce livre se présente comme un road-trip à travers les Etats-Unis. le personnage principal, qui s'exprime tout au long du livre en narrateur à la 1re personne du singulier, est employé pour diverses tâches qui font penser parfois à un truand, parfois à un chasseur de primes ; en gros c'est un mercenaire itinérant, payé pour exécuter diverses tâches, que le lecteur découvre petit à petit au fil de sa lecture, et dès le tout début. Ce n'est donc pas divulgâcher que de citer quelques-unes de ces tâches, qu'il résume dans une énième prise de conscience aux 75% du livre, et qui sont de toute façon annoncées dans le 4e de couverture : « transporter des prisonniers, livrer des paquets, poser de explosifs, espionner, gardes des usines abandonnées, (…), assassiner des gens sans importance. La routine. » Que vous ayez déjà lu le livre ou non, cela dit tout … et rien tout à la fois ! Je vous laisser découvrir / imaginer quel type de « paquets » il lui arrive de livrer, par exemple ; pour moi ça a été l'un des passages les plus durs du livre – peut-être parce que l'un des plus vraisemblables, aussi, hélas !

Bref, pour ce faire, comme n'importe quel homme de l'ombre pense-t-on au début, il utilise diverses identités – appelons-le Billy, le prénom qu'il garde le plus souvent - et s'efforce de rester intraçable, utilisant par exemple une dizaine de téléphones différents que personne n'est censé pouvoir appeler. Son petit monde tranquille et sans véritable autre souci que respecter les échéances qui lui sont dictées, et s'occuper le mieux possible de son chien Flip, un pitbull avec qui il a développé une véritable relation de confiance - ce qui le présente d'emblée, implicitement, comme quelqu'un ayant quand même un potentiel d'empathie ; ce petit monde, donc, est tout à coup secoué quand un desdits téléphones se met à sonner, puis tous les autres, et qu'une jeune femme lui annonce qu'elle est sa fille et qu'elle a besoin de son aide…
On est ainsi plongés dans une véritable autre dimension, un nouvel état d'esprit où notre protagoniste, qui jusqu'alors vivait sa vie sans trop se poser de questions, se retrouve confronté à lui-même, à ses choix, mais aussi à son passé qui remonte à son esprit par bribes, alors qu'il avait tout fermement cadenassé. On sent dès ce moment que cet homme, en quelque sorte homme-machine sans états d'âme (un état qu'il définira lui-même à plusieurs reprises comme de « larbin »), s'inquiète pour une autre personne que lui-même ou que son chien et, même si tout et tous autour de lui font comprendre qu'il s'agit peut-être, sans doute même, d'un piège, il se laisse aller à essayer de mieux connaître cette soi-disant fille, et peut-être vraiment l'aider.

À partir de là, c'est-à-dire très vite, le road trip n'est plus tout à fait le parcours aléatoire et tranquille d'un mercenaire polyvalent, mais s'apparente peu à peu à une course-poursuite, contre des « méchants » qui resteront flous du début à la fin (mais non moins dangereux !), dans un monde que l'auteur avait laissé croire être le nôtre au début, mais qui s'avère peu à peu légèrement différent (ou pas ?). On avance ainsi par petites doses dans un monde qui touche quand même au post-apo, avec des caméras de surveillance absolument partout, fonctionnant sur la reconnaissance faciale désormais généralisée, glissées à tous les carrefours mais aussi dans des drones et autres robots prenant diverses apparences plus ou moins sympathiques pour mieux tromper le citoyen lambda. Tout au long de sa route, Billy traverse d'anciens quartiers devenus des chancres, s'arrange pour éviter autant que possible les désormais inévitables barrages à l'entrée des villes, affronte des coupures d'électricité qui immobilisent une ville entière en quelques secondes, ou encore croise des milices privées de plus en plus nombreuses (et violentes) à une époque où les services publics de police ne fonctionnent absolument plus, tandis que les sectes pullulent, selon un mode qu'il décrit (aux 97% du livre ! mais là aussi on l'a compris très vite dès le début) : « (…) vous savez que ce genre de sectes va et vient comme les ondulations d'une rivière, elles sont oubliées puis remplacées, encore et encore. »
Post-apo, donc, et pourtant si proche de notre monde (occidental) actuel...

Et donc, oui, on se laisse happer par une ambiance de plus en plus oppressante, à peine reposés par quelques moments plus tranquilles. On se croirait vraiment dans un de ces films d'action à gros budget tellement américains, où les héros affrontent 1.000 morts dont ils sortent vainqueurs – et ici, en plus, l'écriture est plutôt visuelle, donc cette façon d'appréhender les choses fonctionne ! Sauf que, comme dans de tels films, le but est de provoquer le lecteur, le faire frémir tout en lui laissant de temps en temps un peu de répit, le tout sans trop appeler à l'intellect, qui est même ici trop souvent oublié, surtout quand il s'agit de tous ceux qui se mettent à vouloir rattraper Billy et/ou l'empêcher d'aider ou simplement retrouver sa peut-être fille. On nous dit à plusieurs reprises qu'ils sont nombreux, on nous parle de sectes et autres puissants qui lui en voudraient, mais les raisons qui les poussent à pourchasser notre pauvre larbin qui a osé avoir une étincelle d'humanité, restent donc très floues, et on n'aura finalement jamais de vraie réponse à ce pourquoi, pourtant bien légitime !

J'ajouterai à cette déception, alors que tout avait bien commencé (et même duré presque jusqu'à cette fin bâclée !), quelques petits éléments qui n'arrangent rien.
D'abord, on l'a compris, Billy sillonne les Etats-Unis, et l'auteur ne manque pas de nous dire qu'il franchit les frontières entre tel ou tel État, qu'il prend telle ou telle route, etc. Hélas, une fois de plus, pour le lecteur francophone européen et pas forcément passionné par les Etats-Unis au point d'en connaître par coeur les différents États et les routes principales, tout ça c'est du chinois. Et moi j'en ai marre de ces éditeurs, surtout quand il s'agit de grandes maisons, qui ne prennent pas la peine d'ajouter une petite page, une toute petite page, en début ou en fin de livre, pour montrer une carte au lecteur ! Cette présomption que le monde entier devrait connaître la géographie des Etats-Unis m'agace au plus haut point !! Si une même histoire avait eu lieu en Chine, ou mettons au hasard entre les différentes républiques ex-soviétiques d'Asie centrale, on y aurait sans doute eu droit, à une carte, mais pas les États-Unis parce que c'est censé être connu ?!? Je rêve !
Par ailleurs, quelques erreurs – probablement de traduction – traînent çà et là, et à nouveau, comment est-ce admissible chez un éditeur de cette ampleur ? Je dis erreurs de traduction mais je n'ai pas lu ce livre en v.o. (et ne le ferai pas) ; cependant, la façon dont sont exprimées certaines phrases est tellement maladroite, que ça fait automatiquement penser à du mot-à-mot traduit péniblement, que personne n'utiliserait spontanément en français. Par exemple, aux 39% du livre : « E. porte un très long T-shirt avec un thermocollant Titi dessus, (…) » Sérieusement ? Qui parlerait ainsi d'un t-shirt imprimé (à l'effigie de) Titi ? le thermocollant est sans doute très réaliste, mais en français ça fait technique, on se croirait dans un cours de couture et autres applications pour tissus. Ce n'est pas du tout approprié dans le contexte de ce livre, et de ce passage-là en particulier. Ou encore, aux 57% : « En général, elle ne répondait généralement pas à ce genre de choses (…) ». On peut dire que c'est en général sans commentaire… (rire jaune)

Ainsi donc, je peux confirmer que, oui, ce livre est une expérience de lecture unique, qui tient en haleine pendant presque toute sa durée, malgré quelques petites longueurs de-ci, de-là. Il peut même beaucoup plaire, si toutefois on ne recherche pas un fond plus fouillé, si on est insensible aux quelques erreurs (de traduction ?) et si on accepte de se laisser mener par ce gentil mercenaire qui devient peu à peu humain, tout simplement, dans un monde partagé entre sectes et autres puissances (qui resteront hélas trop obscures pour une vraie compréhension du livre) qui a perdu toute humanité.
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J'ai lu Somnambule de Dan Chaon paru fin février chez Albin Michel que je remercie pour l'envoi. C'est un livre de la collection Terres d'Amérique que j'aime beaucoup ! Je ne connaissais pas du tout Dan Chaon et ce fut une belle découverte !
 
Au volant de son camping-car, accompagné de son fidèle pitbull, Will Bear sillonne les routes d'une Amérique ravagée par les coupures de courant et envahie de drones géants. En tant que mercenaire itinérant, il accomplit sous de multiples identités diverses missions, majoritairement illégales et parfois au péril de sa vie. Mais sa bonhommie naturelle et ses microdoses quotidiennes de LSD. Jusqu'à ce qu'une jeune femme l'appelle sur l'un de ses téléphones, pourtant intraçables. Elle prétend être sa fille biologique et se dit en grand danger.
 
"Jouant avec les codes du roman noir et de la dystopie, Dan Chaon nous propulse dans un monde dominé par la violence et la technologie – un univers à la fois si loin et si proche du nôtre." C'est ce réalisme qui est toujours un peu glaçant dans les romans d'anticipation de ce genre.
 
Nous allons suivre Will dans un road trip au travers de cette Amérique méconnaissable mais finalement pas si éloignée de la réalité que ça et dans laquelle se côtoient les organisations criminelles, les hackers, les sectes et autres cultes extrémistes, les suprémacistes blancs, le tout sous la surveillance quasi-constante des drones omniprésents.
 
J'ai trouvé Will hyper touchant, presque naïf, malgré la lourdeur de son passé et dans cet univers froid et impitoyable. S'il exécute ses missions avec un certain détachement, l'arrivée de cette présumée fille va nous révéler un pan de sa personnalité très émouvant. Nous allons parler d'amour filiale, de recherche d'identité…
 
J'ai aimé la plume de l'auteur et l'addictivité de ce roman dans lequel pourtant l'action n'est pas omniprésente… C'est une lecture différente de ce que je lis habituellement, une lecture que j'ai trouvé parfois anxiogène, dérangeante mais en même temps touchante et remplie d'émotions.
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Sans existence officielle, Will Bear, un des noms de sa nébuleuse brumeuse, sillonne l'Amérique à bord de L'étoile du berger, son camping-car, en compagnie de Flip, son fidèle pit bull.
Ce mercenaire cinquantenaire au passé sombre travaille pour une société secrète. Trafic d'êtres humains, de bébés, sabotages, voire assassinats, Will n'a aucune morale. Mais il est profondément humain. On le perçoit avec son amitié pour Experenza, son amie d'enfance ou pour Flip, cet animal qu'il a sauvé des combats de chien.
Et son coeur va continuer de s'attendrir lorsqu'une jeune fille le harcèle sur ses téléphones pourtant intraçables. Cammie prétend être sa fille !
Cet appel téléphonique bouleverse sa routine. Il ramène le passé à la surface. Fils d'une sociopathe, Will n'a jamais connu son père. Quelques allusions laissent penser qu'il a commis l'irréparable ou que sa mère l'a vendu pour éponger ses dettes. Prison, hôpital psychiatrique, le jeune homme n'a jamais connu la chaleur d'un foyer. A dix-huit ans, hébergé par un ami, il a largement vendu son sperme pour survivre.
Toujours en mouvement depuis sa naissance, propriété d'un patron sans foi ni loi, peut-il offrir quelque chose à Cammie ?
Dan Chaon construit son récit comme une enquête, un roman noir mais dans un environnement futuriste. le pays est soumis à d'étranges coupures de courant, les drones de surveillance survolent l'espace, des robots circulent parmi les humains. Des humains surveillés, parfois équipés de traceurs dans certaines parties du corps.
Si Will Bear veut croire en sa paternité, même si ses amis ou son patron le mettent en garde contre des hackers. Cammie est-elle réellement sa fille ? Résultat d'un don d'ovule et de sperme, portée par une jeune tibétaine ? Fait-elle partie comme elle le prétend d'une étrange donatrie ?

L'attrait de ce roman tient essentiellement dans la personnalité de son personnage principal. Il faut dire que roman noir ou dystopie ne sont pas vraiment mes univers de prédilection. Par contre j'ai aimé trouver sous la carapace d'un vieux mercenaire, les blessures de l'enfance et l'humanité d'un homme qui se laisse attendrir par un chien ou une gamine. Un road movie qui est finalement une quête de sens, une ultime route vers une vie plus chaleureuse.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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